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EAN : 9782268050805
279 pages
Les Editions du Rocher (05/11/2004)
3/5   4 notes
Résumé :
Le livre que vous avez entre les mains n'est pas une biographie universitaire.
C'est le récit du parcours exceptionnel d'un homme à l'âme agitée, d'un littérateur qu'on appellerait aujourd'hui un humaniste. Né un an avant l'arrivée des papes dans Avignon, mort deux ans avant que la papauté ne revienne à Rome, François Pétrarque (1304-1374) est le premier des géants de la littérature moderne. Il a vécu à une époque charnière de notre civilisation ; le Moyen Ag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je dois avouer que ma connaissance de ce poète florentin du XIVème siècle, pourtant à l'origine, avec Dante Alighieri et Boccace, de la Renaissance littéraire partie d'Italie et essaimant en France au travers de la Pléïade, était limitée. Il m'est même arrivé de la confondre avec ses chers auteurs latins !... rappel phonétique de Pétrone probablement...

Cette biographie romancée que proposent Claude Mossé et Nicole Pallanchard est fidèle à son titre et à sa quatrième de couverture. Reposant sur un évident et qualitatif travail d'Historien, cette biographie met en scène un homme de 44 ans, célébré dans toute l'Europe de son temps comme un poète de génie, mais torturé par les malheurs du temps, ceux de son temps, souffrant de la peste, et ceux de son âge, sentant venir la sénescence.

En outre, la romance s'ouvre judicieusement en 1348, à la mort de sa muse, Laure, et alors que le Vaucluse et l'Italie, où se situe l'intrigue, subissent la peste noire. Pétrarque y est dépeint comme l'incarnation même de l'homme que poursuit la briéveté de la vie, se réfugiant dans la vanité des plaisirs matériels, écho au Decameron de son ami Boccace. Plus que sa poésie, c'est le caractère complexe de ce héros de romance que les biographes font voyager, au gré de ses amitiés et de ses fuites en Europe, jusque dans les années 1360.

Pétrarque y apparaît comme un homme parfois lâche -mais qui l'eût été face à "la grande pestilence" ?-, sensible aux honneurs de sa célébrité, à la fois diplomate avisé, préservant ses propres intérêts financiers auprès de ses protecteurs Colonna ou du Saint Siège, et sincère dans ses efforts de restaurer l'autorité du Pape en Italie pour la grandeur de Rome et le bonheur de sa patrie italienne ; à la fois se réfugiant dans l'amour élégiaque le plus élevé et vulgaire coureur de jupons à succès au hasard de ses vagabondages.

Cette biographie romancée du vagabond amoureux est donc une composition assez réussie, intelligente et agréable dans sa mise en scène romanesque, claire et honnête dans ses apports historiques et biographiques. Il me semble que l'amateur d'Histoire aussi bien que l'admirateur des poètes humanistes ou le curieux qui, comme moi, cherchera une lecture point trop ardue, aux mises en scène agréables, invitation au voyage en d'autres temps et lieux, y trouveront leur compte.





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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Tu assures vouloir achever ta vie dans l'écriture et la méditation à Vallis Clusa et tu brûles à présent de te rendre à Paris. Je crois que je ne te comprendrai jamais. En aucun lieu tu n'as le désir de demeurer. Sais tu que cela porte un nom ? La fuite ! Tues lettré, reconnu pour ta nouvelle manière de versifier sur les chose de l'amour, avec moins de fariboles que ces troubadours qui, sur d'aimables musiques, s'en vont de cour en cour conter des fables à ne faire rêver que les faibles d'esprit, et tu ne cesses d'errer ça et là, ne t'arrêtant définitivement nulle part, incapable de choisir une demeure fixe. Cela m'étonne de toi...

Francesco ne pouvait le nier, il respectait assez le cardinal de Talleyrand pour vouloir s'expliquer :
(...)
Je sais que Sénèque a dit "la meilleure marque d'un esprit bien fait est de pouvoir rester en place et demeurer avec soi-même". Il ne me semble pas que cet auteur que j'admire (...) ait écrit cela en le pensant vraiment. Je crois que mes pérégrinations ont contribué à me donner une constance,qui dans ma jeunesse me manquait. Peut-être même de la fermeté dans les mission qui me furent confiées. De grands chefs de guerre, de grands lettrés n'ont conquis leur gloire qu'en franchissant le seuil de leur chambre. Les Apôtres ont parcouru pieds nus les contrées les plus éloignées, leurs coprs erraient dans les lieux les plus âpres, ballotés sur terre et sur mer, leur coeur demeurait au ciel.

Talleyrand (...) ne satisferait pas inutilement l'orgueil du poète toscan, mais il devait convenir qu'avec Dante Alighieri, Giovanni Boccacio, Francesco Petrarca, et quelques autres dont il ne connaissait que le nom, l'Italie de ce XIVème siècle, tout comme naguère Rome, participait superbement de nouvelles curiosités, et que peut-être l'agitation que soulevaient ces esprits, pas toujours compris par les gens d'Eglise et malmenés par les tribunaux de l'Inquisition, serait reconnue dans les temps à venir comme une victoire sur l'ignorance, comme une véritable Renaissance. (...)

- Si je rencontrais, poursuivit le poète, sous le ciel un endroit bon, ou plutôt non mauvais, pour ne pas dire détestable, je m'y arrêterais corps et coeur, et pour toujours. Hélas je voyage encore et je semble condamné à voyager sans fin. Avec la vieillesse, je suis atteint par les douleurs du corps, mais il y a si longtemps que je souffre des fièvres de l'âme... peut-être si on me rendait la santé, je les supporterais plus courageusement.

- Plût à Dieu que ta maladie ne soit pas mortelle ! se contenta de répondre le cardinal.
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Francesco souhaitait que sa vie s'écoulât lente, méditative, pure. Du vagabond amoureux il ne restait rien. A la surprise d'avignonnais encore vivants qu'il avait naguère connus. A l(étonnement aussi des villageois qui vivaient là où l'étroit vallon devient plaine, et qui voyaient passer, essouflé, sans comprendre le but de ces randonnées pédestres, toujours solitaire, cet homme aux cheveux gris, au profil étrangement calme, au pas ample et mesuré. (...)
Là, dans son cher vallon, Guido Sette était venu le chercher. Il avait surgi comme pour briser l'harmonie dans laquelle le poète s'habituait à demeurer enfermé. Il avait sollicité Francesco avec tant d'insistance qu'il avait réussi à le convaincre de quitter pour quelque temps ce exil volontaire, afin d'aller plaider la cause de la paix, à Paris, auprès du roi de France.
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Il n'y avait que l'écriture pour lui donner, sinon la joie, au moins quelques heures de sérénité. L'écriture et les randonnées jusqu'à la source tumultueuse. Il aimait ce lieu sombre, austère, conforme à sa nature. Il aurait préféré y vivre à l'écart des humains, partageant sa solitude avec les animaux sauvages et les oiseaux, plutôt que dans n'importe quelle importante cité (...).
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Plaire aux femmes, lui répétait Francesco, s'impose inévitablement, même aux hommes les plus graves. Nos ecclésiastiques prétendent ignorer ces usages, font mine de n'en avoir aucun souçi et reçoivent dans leur lit des beautés auxquelles ils s'appliquent à enseigner les pratiques de l'amour et le pouvoir que donnent la grâce et la beauté.
(...)
Francesco n'avait pas tenu rigueur à son frère de ses propos, il aurait aimé que celui-ci comprît qu'il s'adonnait à ces raffinements, sans doute excessifs, parce qu'amoureux de toutes les choses de la vie, il était terrorisé à l'idée de perdre sa jeunesse. S'il se regardait du matin au soir dans le miroir, c'était de peur d'y découvrir les sillons que l'âge ne peut éviter. S'il prêtait tant attention à sa chevelure, déjà marquée par la tonsure, c'était de crainte d'avoir le crâne entièrement dégarni. Et si, dans la journée, il gardait la tête couverte d'une capuche, il devait la retirer au moment de prouver que les désirs de la passion qu'il exprimait n'étaient pas que langage de poète.
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"Ici, tout est merveille. De grands hêtres, des prés verdoyants, des brises suaves et le chant des oiseaux qui s'élève de toutes parts. Un lieu pour tout dire, en tous points semblable aux Champs Elysées, paisible refuge pour les Muses, l'endroit du monde que j'aime le plus."
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