Une magnifique anthologie- Citadelle et Mazenod savent y faire! étui raffiné et photos de toute première qualité!- qui a l'originalité de mettre en relation la sculpture et la littérature...
Si on a bien souvent , depuis le "Ut pictura poésis " du poète Horace, mis en liaison la peinture et la littérature, il est plus rare en effet de mettre une oeuvre tridimensionnelle en lien avec la littérature.
Sans doute, comme le notent les auteures de cette anthologie, Claire Barbillon et Sophie Mouquin, parce qu'on les confondait sous le même vocable d'"ymage" et que, de ce fait, on distinguait mal les images bidimensionnelles des "images taillées".
La peinture, pour se faire saisir, décrire, pour inspirer l'écriture ne demande pas de déambulation, elle peut se faire d'un point fixe, plus propice au commentaire que la sculpture qui requiert le mouvement, le toucher, le changement de point de vue.
Pourtant que de beaux textes écrits pour de non moins belles statues!
Dans la sculpture antique, on trouve - entre beaucoup d'autres- Virgile pour le Laocoon, Leconte de Lisle pour la Vénus de Milo, Théophile Gautier pour l'Hermaphrodite endormi.
Donatello a inspiré Georges Didi-Huberman comme André Suarès, et Michel-Ange, Baudelaire aussi bien que Sigmund Freud!
Les grands sculpteurs modernes ont eu leurs chantres aussi: Jean Arp fait rêver Eluard, Calder, Jacques Prévert et Louise Bourgeois, Julia Kristeva!
Plaisir double pour le lecteur: suivre d'un oeil émerveillé les formes voluptueuses ou les volumes inquiétants d'une sculpture et chercher à y retrouver les rêves et les pensées d'un autre...
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Un bel ouvrage qui montre que la sculpture a su inspirer nombre d'auteurs dont Baudelaire, Gautier et Malraux.
Lire la critique sur le site : Lexpress
A propos de" Tête" d'Alexander Archipenko
La Tête.
La guillotine est le chef- d'oeuvre de l'art plastique
Son déclic
Crée le mouvement perpétuel
Tout le monde connaît l' œuf fixe, l’œuf d'un inventeur
La sculpture d'Archipenko est le premier œuf ovoïdal
Maintenu en équilibre intense
Comme une toupie immobile
Sur sa pointe animée
Vitesse
Il se dépouille
Des ondes multicolores
Des zones de couleur
et tourne dans la profondeur
Nu
Neuf
Total.
Blaise Cendrars Dix-neuf poèmes élastiques .
A propos de l'Âge mûr de Camille Claudel
Œuvre étonnante, inouïe , sans parenté dans l'art des volumes! Le sculpteur jusque-là s'était pris à une masse, quelque chose d'assis et de contrepesé sur soi-même ; ceci naît d'un déchirement! ce qui nous saute aux yeux en tant que principe de l’œuvre entière, c'est du vide, créé, c'est cette espèce d'ogive tragique, cet espace, cette distance que crée un bras en fonction déjà de son arrachement à la main. Et, se détachant sur ce vide, une griffe, une serre, qui va se refermer sur sa proie...
Paul Claudel.
A propos de L'Esclave mourant de Michel-Ange:
"Ainsi ces lourds Géants, las de leur force exsangue,
Ces Esclaves qu"étreint une infrangible gangue,
Comme il les a tordus d'une étrange façon;
Et dans les marbres froids où bout son âme altière,
Comme il a fait courir avec un grand frisson
La colère d'un Dieu vaincu par la Matière.
Théophile Gautier, Les Trophées.