Quelques mots d'abord sur Mendele Moikher Sforim que je ne connaissais que de nom pour avoir lu quelques lignes sur lui dans l'ouvrage d'
Isaac Bashevis Singer intitulé
Un jeune homme à la recherche de l'amour, sorte d'autobiographie spirituelle de l'auteur. Né en 1838 dans ce que l'on a coutume d'appeler la zone de résidence (des Juifs) de l'empire russe et mort à Odessa en 1917, Mendele Moikher Sforim grandit dans une famille pauvre et perd son père très jeune. Sans argent, il voyage entre l'Ukraine et la Biélorussie en compagnie d'un mendiant rustre appelé Avreml Khromoy, le boiteux. C'est ce dernier qui lui inspire
Fishke le boiteux. Deux vendeurs de livres se rendent vers une ville de Pologne afin d'y vendre des livres pieux. En chemin, ils rencontrent
Fishke,le boiteux, qui leur fait le récit de sa vie. Sforim brosse un tableau sans concession du petit monde juif dans lequel évolue Fishke. Boiteux, on l'a marié à une aveugle qui gagne sa vie en mendiant dans leur shtetl de résidence. Or un jour, le couple croise le chemin d'une "organisation " d'handicapés à la tête de laquelle un chef machiavélique n'hésite pas à profiter du handicap des uns et des autres pour s'enrichir et assoier son autorité, gagnant à ses activités malhonnêtes la propre épouse de Fishke. Fishke ne tarde pas à tomber amoureux d'une autre jeune femme qu'il appelle la bossue. Mais le chemin vers l'amour et la liberté est semé d'embûches... Fishke a plusieurs occasions d'échapper à un destin tragique... Il a le choix à maintes reprises mais ne prend aucune décision !!! Faut-il comprendre que Fishke est un faible, un homme soumis dénué de tout caractère et sans ressort ? Faut-il comprendre que les Juifs pourtant opprimés par les Gentils, sont aussi capables de s'entreopprimer? Ou faut-il comprendre que Fishke est le symbole d'une communauté juive pour laquelle tous les espoirs sont vains et toute révolte par conséquent inutile ? Sforim est peut-être le grand père de la littérature yiddish dans la mesure où il est le premier à écrire dans cette langue que beaucoup considéraient à l'époque comme inadaptée à une création littéraire sérieuse, mais le message de ce récit n'en demeure pas moins sombre et dépourvu de tout espoir... le dénouement est tout aussi imprévu que sombre.