AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782842420499
159 pages
Éd. Circé (19/06/1998)
2.67/5   3 notes
Résumé :
Mendele Moïkher Sforim (1836-1917) est né dans une petite bourgade juive de la Russie blanche et a reçu l'éducation de la plupart des jeunes juifs de l'Empire russe. Très tôt, il choisit l'expression littéraire yiddish comme moyen de lutte et d'éducation. Avec ce roman, il a légué à la postérité un don Quichotte qui est parfois son propre Sancho doué d'humour, de poésie et de dérision.
Que lire après Les voyages de Benjamin IIIVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mendele? le vendeur de livres? Au sein de la sainte trinité litteraire yiddish il tient le role du pere (le fils etant Sholem Aleikhem et Isaac Leib Peretz le saint esprit) et celui de grand-pere ou de grand reformateur pour ce qui est de la litterature hebraique moderne. Je me devais donc de le lire et de vous en parler.


Il a ecrit Les voyages de Benjamin III en yiddish puis il a lui meme traduit son livre en hebreu, devenant le pionnier sinon l'inventeur d'une langue hebraique moderne qui mele aux strates bibliques celles des poetes du siecle d'or sepharade, celles rabbiniques tardives, et meme quelques expressions yiddishisantes.

Ce livre est ecrit avec beaucoup d'humour. On rit a chaque page. Mais ce n'est pas un humour bon enfant. C'est une satire piquante, cinglante, sans pitie ni retenue, de la mentalite des juifs des shtetls et des petites villes d'Ukraine. Et cela aussi est nouveau.
Mendele met en scene deux anti-heros quichottesques, completement ridicules et sans aucun des traits de la grandeur de Don Quichotte. le heros de Cervantes est empreint d'ideaux sublimes, universels. Derriere son aspect derisoire se revele une ame pure et noble, un chevalier romantique autant que chimerique, que nous ne pouvons qu'aimer tout en souriant a ses deboires. Rien de tout cela dans le Benjamin que nous presente Mendele, ni dans son accompagnateur Sendrel, qualifie de Sendrel-la femme. Ils sont tout simplement betes, leurs demarches et leurs actions aberrantes, leurs paroles ineptes.
Nourri d'elucubrations messianiques, de legendes sur les dix tribus juives disparues et sur de soi-disants anciens explorateurs qui les auraient retrouvees derriere des fleuves mythiques, etourdi par les ecrits de vrais voyageurs juifs qui avaient tourne en Mediterranee et au Proche Orient, notre Benjamin part lui aussi a la recherche de ces tribus ainsi qu'a la recherche du plus court chemin pour atteindre la Terre Sainte. Croyant avancer il ne fera que tourner autour de son village, symboliquement nomme Tounyadevke en yiddish et Batalon dans la version hebraique, les deux appellations pouvant etre traduites par Parasiteville. Les petites villes de l'entourage qu'il visitera auront droit aux surnoms de Stupideville, Ivreville, etc. le propos de Mendele est clair: son Benjamin n'est pas un cas particulier, isole, il represente toute une juiverie empreinte de concepts de vie et de pensee anachronistes, sans aucune prise avec la realite. C'est toute la vie des shtetls, galoutique, ghettoique, qui est chimerique. Benjamin III n'est que le parfait representant de son milieu, de la societe ou il vit.

Au fait, Benjamin III? le troisieme? C'est qu'il est persuade qu'il va renouveler les prouesses de deux vrais voyageurs qui l'ont precede: Benjamin de Tudela et Israel Joseph Benjamin, et qu'il va devenir aussi celebre qu'eux.
Benjamin de Tudela (1130 - 1173) est un voyageur espagnol qui, voulant decrire les moeurs et les differentes traditions des communautes juives de la Mediterranee et du Moyen Orient a apporte enormemement au savoir de son epoque sur la geographie et l'ethnographie des regions qu'il avait parcouru. Et son “Sepher Hamassaot”, “Le Livre des Voyages”, a ete traduit en Latin puis en la plupart des langues europeennes.
Israel Joseph Benjamin (1818 - 1864) est un juif roumain qui fit deux periples, l'un de Constantinople jusqu'a Kaboul, l'autre de l'Italie a l'Afrique du Nord. Il publia d'abord en hebreu ses impressions de voyage sous le nom de plume de Benjamin II, puis les fit traduire en francais, et en 1856 parait son “Cinq Années de Voyage en Orient, 1846-1851”, qui recoit un bon accueil.

Le Benjamin de Mendele se veut Benjamin III, mais il ne peut etre que la risible caricature de ces “predecesseurs”, comme il n'est qu'une pietre caricature de Don Quichotte. A travers ce personnage Mendele pond une tres dure critique du judaisme du shtetl. Dans d'autres livres il fera preuve de plus de compassion, de plus de tendresse. C'est qu'il les aime quand meme, ses congeneres, mais ici il veut leur mettre en face un miroir non voile. Il espere peut-etre les faire changer.

Quoi qu'il en soit, nous avons la un grand classique de la litterature yiddish. Un grand livre, drole par la forme et apre par le fond, qui merite amplement l'engouement qu'il connait depuis 150 ans.
Commenter  J’apprécie          597


autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11137 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}