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3,39

sur 281 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce recueil rassemble une dizaine de nouvelles, dont le personnage central est à chaque fois une femme. Mais ne croyez pas qu'il s'agisse de Trop de Bonheur, comme le suggère le titre, car chacune de ces femmes, incomprises, seules malgré la foule qui les entoure, est à la recherche de bonheur, de joie, d'équilibre.

Alice Munro a fait des nouvelles sa spécialité. Elle part d'un détail sans importance pour embarquer son lecteur vers une destination inattendue, parfois même déstabilisante. Cela a le mérite d'être efficace, techniquement parlant. Mais j'ai été laissée au bord de la route durant ce voyage et en refermant ce livre ai constaté que rien n'avait imprimé ma mémoire.




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Trop de bonheur ? Attention, la riante Alice est railleuse.

Aucune des nouvelles de ce recueil(1) ne conduit le personnage central (des femmes en général chez Munro) à une fin dramatique mais elles laissent toutes de l'amertume, un sentiment d'inquiétude indéfinissable, à cause de ce qui a eu lieu, parfois violent, mais aussi à cause de ce qui ne s'est pas produit. le sentiment que la vie réserve encore quelques mauvaises surprises, car l'âme est un abîme incompréhensible et les rapports humains compliqués, pas sereins malgré l'espoir obstiné. Trop de malheur, oui. Alice Munro trouve dans le quotidien matière à développer des événements bouleversants qui soulèvent des questions. de là, sans doute, l'ombre qui prolonge chaque lecture : persistance, malgré les incises psychologiques aiguisées, d'un malaise venu du silence qui infuse le récit, où tout ne saurait être dit, ce qui en fait d'ailleurs l'élégance. Ainsi, à la fin de la nouvelle éponyme consacrée à la mathématicienne Sofia Kovalevskaïa, en rendant son dernier souffle, celle-ci semble murmurer: Trop de bonheur. Nostalgie du bonheur trop espéré avec Maxim ? Soulagement de mourir ? Euphorie ? Sentiment d'accomplissement ? Comme dans toute nouvelle estimable, il appartient au lecteur, parfois troublé, de régler la belle indécision.

Alice Munro n'écrit que des récits courts et pense d'ailleurs qu'elle n'écrira jamais de roman, ce qui est compréhensible car ses nouvelles sont des romans condensés. Elle se plaît beaucoup dans le style narratif au passé, sans beaucoup de dialogues et la présence d'un narrateur extérieur qui explique le sens des événements, avec la contribution régulière de sentences lumineuses nourrissant la portée du récit. On la compare à Tchekhov. Les thèmes de ce recueil sont ceux qui habitent les histoires de la canadienne depuis ses débuts en 1968: les petites gens, l'enfermement et la séparation des couples, maris infidèles et violents, la cruauté des enfants et la recherche du bonheur avec son corollaire inévitable, l'émancipation féminine qui est au centre de la première histoire du livre, Dimensions, une manière de sublimer le sujet à travers une mère qui voit son mari tuer ses trois enfants.

Il y a chez cette écrivain envie et plaisir de raconter. Tout semble aller à l'intuition, venir aisément, le plan rigoureux semble faire défaut car il arrive que l'imagination courre et morde sur le bas côté pour donner dans le détour superflu. Ceci est sensible dans la nouvelle appelée "Fiction": une esthétique du récit court demande, à mon avis, un certain dépouillement préférable à une densité exagérée qui dessert le fil principal. Mais voilà: Munro est une conteuse généreuse.

Trop de bonheur raconte en cinq brefs fragments les derniers jours romancés de la mathématicienne Sofia Kovalevskaïa. On y éprouve l'allocentrisme de Munro qui s'immisce naturellement dans la peau d'une femme du siècle précédent, russe et surdouée pour les mathématiques. La nouvelle avait été publiée dans le Harper's Magazine en 2009.

"Bien des gens qui n'ont pas étudié les mathématiques les confondent avec l'arithmétique et les considèrent comme une science austère et aride. Alors qu'en fait, c'est une science qui requiert beaucoup d'imagination." (Sofia Kovalevskïa)

Jonathan Franzen expliquait en 2004, dans un article du New York Times, pourquoi il faut lire Alice Munro. Avec le Prix Nobel, la voici définitivement reconnue tandis que la short story gagne des lettres de noblesse.

J'ai lu ce recueil dans une version numérique (ePub) très correcte, avec une bonne table des matières. Juste un manquement, les noms des traducteurs n'y figurent pas: Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso.

(1) À l'exception de "Trop de bonheur".
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Comment les femmes surmontent-elles les traumatismes de la vie ? Les petits drames du quotidien, les authentiques tragédies ? C'est ce dont nous parle Alice Munro.
Une femme, dont on sait qu'elle a totalement changé de vie, va visiter son mari interné dans "Dimensions".
Dans "Fiction", une femme se voit rappeler son divorce douloureux lors de sa rencontre avec une jeune romancière.
Dans "Wenlock Edge", une étudiante sérieuse, pour rendre service à sa colocataire, n'ose pas refuser une visite chez un vieillard louche.
Une mère voit son fils aîné, victime enfant d'un accident grave, s'éloigner radicalement de sa famille dans la nouvelle "Trous-profonds".
Une veuve doit affronter une intrusion effrayante chez elle dans "Radicaux libres".
"Visage" montre une enfant manifestant maladroitement sa solidarité avec son voisin à la joue marquée.
"Des femmes" tournent bizarrement autour de la chambre d'un malade.
Dans "Jeu d'enfant", la narratrice et sa copine de colo cherchent à échapper à une voisine handicapée trop collante.
"Bois" raconte la passion de Roy pour le bûcheronnage...
Et pour finir, "Trop de bonheur" narre la vie de la mathématicienne Kovalevskaïa.
Les héroïnes de ces nouvelles sont des femmes ordinaires, des toutes jeunes filles, des mères, des femmes âgées... Leurs émotions sont décrites méticuleusement au travers d'objets ou de petits gestes qui nous parlent, immédiatement. On ne peut échapper à cette analyse minutieuse, au point pour ma part d'avoir dû faire une très longue pause après la lecture de la première nouvelle. C'est une écriture remarquable, mais pas une lecture plaisante.
Traduction presque irréprochable de Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso.

Challenge Nobel
Challenge Globe-trotter (Canada)
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Voici une autre lecture qui me laisse un peu..... pas très réjouie !!! Première lecture pour moi de ce prix Nobel de littérature, et ce que je me suis en dit en refermant ce recueil de nouvelles, c'est que ce n'était surement pas la bonne pioche ! À la lecture, pour être franche, je me suis souvent plus ennuyée que d'être captivée. Je ne saurai, par contre, pas du tout expliqué le pourquoi du comment... Une impression globale de tourner un peu en rond, de courtes nouvelles qui me paraissaient bien longues, sans rythme. Dommage, parce que je n'ai, pour le coup, plus du tout envie d'ouvrir un autre bouquin de cette auteure canadienne !
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Dix nouvelles très différentes, toutes aussi prenantes, où l'auteur instille à chaque fois un ingrédient inattendu : accident, meurtre, infanticide....
.
Bonheur, malheur, relations de couple ou parents/enfants, tout y est abordé mais avec une recherche de l'élément déclencheur, parfois insoupçonné.

Avec des mots simples, Alice Munro nous emmène où on ne s'attend pas!

Il est rare que je lise des nouvelles parce que, quand l'histoire est prenante, j'ai vraiment envie d'en savoir plus. Ce qu'il m'est arrivé aussi avec ce recueil!
Par contre, malgré le titre, ne vous attendez pas à du bonheur à chaque page, c'est plutôt sombre, voire même très sombre!

Commencé avant qu'elle n'obtienne le prix Nobel de littérature 2013, j'en profite pour l'intégrer dans mon challenge Nobel!
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S'il y a une chose dont on est sûr en refermant ce livre, c'est que le bonheur en est absent. Les personnages dont on traverse les existences l'ont peut-être frôlé, imaginé, poursuivi, mais celui-ci ne se laisse pas atteindre. C'est un miroir aux alouettes, une grande illusion.
Alice Munro retrace la vie de gens ordinaires, principalement des femme. Elle présente ses personnages et les relations qu'ils entretiennent entre eux, les fait évoluer dans des paysages enneigés où il est difficile de distinguer les choses, dans des forêts sombres où on se perd, dans des maisons où on se cherche, dans la promiscuité d'un autocar... Ses personnages confrontés à des situations souvent dramatiques – assassinat, infanticide, prostitution, déviance, traumatisme, handicap... – plongent dans leur passé où se trouve l'origine de leurs souffrances, un instant furtif, un geste, une parole, une image. Ils tentent « d'attraper » ce moment, celui-là même qui les fait basculer aujourd'hui.
Avec minutie et précision, l'auteure se rapproche de ses êtres de papier en opérant une sorte de zoom. le lecteur entre dans leur intimité, entrevoit leur faiblesse, leurs crainte, leurs blessures, leur cruauté aussi. On assiste alors à un déplacement du sujet initial. L'image que le personnage renvoie se déforme jusqu'à être parfois monstrueuse. le lecteur est lui-même déstabilisé par ces glissements et donc par le dénouement des histoires. Car d'autres tourments se greffent ; manipulations, dissimulations, solitude, secrets enfouis... modifiant les perceptions premières.
Les existences que nous racontent Alice Munroe ne sont pas lisses, elles sont au contraire rugueuses, les apparences sont vite balayées d'un revers de la main. La vie n'est pas une route droite, elle est jalonnée de bifurcations. le drame évoqué dans chaque nouvelle n'est pas le thème principal, il s'agit plutôt pour l'auteure de mettre à jour ce qui l'a provoqué, le mécanisme psychologique, la pièce qui a entravé le rouage.
Une lecture âpre pour moi. Au fil des nouvelles, j'espérais voir une lueur d'espoir qui n'est jamais arrivée. En revanche, la construction des histoires est parfaitement maîtrisée. Les personnages ont de l'épaisseur, la nature est en communion avec les comportements des uns et des autres et les va-et-vient entre passé et présent ne sont jamais confus. Elle parvient à décrire l'âme humaine avec une telle justesse que cela en est inquiétant.

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Un recueil de nouvelles qui porte bien mal son titre : on ne peut pas dire que les personnages pèchent par excès de bonheur !!!! Plus sérieusement, des nouvelles canadiennes, centrées pour la plupart sur des figures féminines fortes.
Pas très branchée "nouvelles", je dois reconnaître qu'Alice Munro possède un talent incroyable pour rendre crédibles en peu de pages ses personnages ; alors qu'on ne partage qu'un moment de leur vie, ils ont une vraie épaisseur, des traits précis, c'est bluffant. le style est maîtrisé, en revanche que c'est complexe ! Souvent des allers-retours dans le temps, on s'y perd un peu, c'est très dense. Mais les situations choisies m'ont plu, ainsi que le rythme de chaque nouvelle. Finalement, c'est la nouvelle éponyme que j'ai le moins aimée, l'histoire d'une mathématicienne russe en Norvège... Compliquée et fouillis...
Un beau talent littéraire, une auteure qui gagne à être découverte pour ces qualités.
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Les personnages tendent vers le bonheur. Un bonheur qui n'est pas vraiment présent dans le livre. On côtoie des personnages très différents qui vivent une expérience que personnellement je ne qualifierai pas d'heureuse. Ils se construisent.

Un style très agréable et une très belle plume. Je ne suis pas une grande fane des nouvelles et pourtant j'ai apprécié. Notamment la nouvelle appelée "Des femmes". un homme atteint de leucémie et alité, est entouré de femmes. On ne sait pas trop ce qui se passe mais on sent un coup tordu, un quelque chose qui se trame dans son dos.
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Dans ce recueil de dix nouvelles, Alice Munro met en scène des femmes, mères, jeunes filles ou épouses. Dans chacune, un drame se cache : infanticides, meurtres, accident, maladies, séparations. Mais l'auteur possède un art particulier de ne pas s'attarder sur l'évènement dramatique mais d'en détourner la blessure en décochant finalement une issue étrange, inattendue.Ainsi, dans la première nouvelle, Dimensions, Doree qui change d'identité suite au meurtre de ses trois enfants par son mari, perçoit un chemin, une compréhension lors d'un accident de voiture dont elle est témoin.
Ou dans Radicaux libres, Nita, veuve, fait entrer par mégarde un assassin chez elle. Au lieu de céder à la panique, l'auteur décrit une rencontre autour d'un thé qui dévoilera de sombres secrets.
" Dans la vie il y a peu d'endroits et parfois peut-être un unique endroit, où il s'est passé quelque chose, et puis il y a tous les autres."
L'auteur, dans chaque nouvelle, dans chaque vie de femme, tente de trouver cet endroit, ce moment où il s'est passé la chose importante qui mène au destin.
Certaines nouvelles rappellent des souvenirs d'enfance très marquants comme un accident qui met en évidence le rejet d'un père, une tâche de naissance qui défigure mais suscite une amitié irraisonnée, une expérience qui dévoile le corps et l'âme, une coalition deux adolescentes face à une jeune handicapée.
Les sentiments les plus refoulés remontent à la surface lorsque le personnage vieillit ou approche de la mort. Des plus simples comme le questionnement de l'enfant de la maîtresse du mari au plus grave comme le meurtre.
Dans la dernière nouvelle, Trop de bonheur, l'auteur raconte un étrange voyage de Sofia Kovalevskaïa, une célèbre mathématicienne russe. Sofia contracte un mariage blanc avec Vladimir Kovalevski afin de pouvoir partir étudier en Europe. C'est une nouvelle très riche et intéressante qui dépeint le milieu difficile pour les femmes érudites, la vie de sa soeur Anna, aimée de Dostoïevski mais qui épousera un communard. Par un étrange destin, Sofia rencontre un médecin dans un train qui la ramène chez elle, il devinera sa mort prochaine et lui fera faire un détour pour éviter une épidémie fictive. La vie de Sofia mérite sans aucun doute un récit plus complet (et si possible chronologique) et si un tel roman existe, je suis prête à le lire de suite.
Ces nouvelles sont intéressantes car elles sont centrées sur des femmes simples et exceptionnelles à la fois. Elles sont surprenantes car l'histoire est au départ prenante grâce au don de narration de l'auteur puis la fin étonne par cet étrange détournement. Cette manière de faire m'a quelque peu déroutée, me laissant souvent frustrée par le dénouement. Mais, Alice Munro nouvelliste célèbre maîtrise ainsi cet art d'intéresser, d'étonner et de faire réfléchir en peu de pages.
Trop de bonheur, je ne l'ai pas vraiment ressenti dans ces nouvelles tout de même assez sombres, même si finalement, l'auteur parvient à finir chaque fois sur une note d'espoir.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Trop de bonheur, titre d'une des nouvelles de ce recueil, est celle qui m'a le plus accrochée. Alice Munro déploie toute sa sensibilité d'écrivaine dans ce survol de la vie de Sofia Kovalevskaïa née en 1850 et qui fut la première femme à obtenir un doctorat en mathématiques en 1874. En même temps que le parcours chaotique de Sofia, c''est aussi toutes les inégalités de la société russe tsariste, le sort des femmes au XIXe siècle et les séquelles de la Commune de Paris qui sont relatés dans ce court récit historique.
Les autres nouvelles ne m'ont pas paru aussi bien fignolées, mais demeurent, somme toute, intéressantes. Et c'est souvent le cas dans ce genre de littérature : la brièveté nuit nécessairement au développement des personnages et de leur histoire. La prochaine fois, je lirai plus probablement un roman de cette auteure.
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