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3,9

sur 1491 notes
(Il ne s'agit pas ici d'une critique au sens habituel, mais d'une digression autour du livre)
À partir du mois de juillet de sa deuxième année à l'université, Tsukuru Tazaki a passé six mois à essayer de mourir. Déçu de son échec, il passera alors les 15 années suivantes à essayer de ne pas vivre. Cela, il l'a fait extrêmement bien.

La raison de son ennui existentiel extrême était que ses quatre amis les plus proches Aka, Ao, Shiro et Kuro, dont il était inséparable depuis 10 ans, avaient annoncé qu'ils ne voulaient plus jamais lui parler.

Plutôt que de leur demander pourquoi, il avait décidé cela était du à son nom. Aka signifiait Rouge, Ao signifiait Bleu, Shiro signifiait Noir et Kuro signifiait Blanc. Son nom n'avait pas de couleur ; cela signifiait simplement faire une montagne d'une taupinière. « Je suis incolore », pensa-t-il.

Quand il atteint presque l'âge de quarante ans, Tsukuru avait visité presque toutes les gares du Japon et avait conçu un panneau d'affichage sur une plate-forme de banlieue à l'extérieur de Tokyo. Plus impressionnant encore, il avait finalement rencontré une femme qui ne pensait pas qu'il était temps qu'il grandisse un peu.

"Je pense que je t'aime bien", a-t-il dit à Sara, alors qu'il pénétrait dans son vagin inutilement décrit en termes d'humidité excessive.

"Je t'aime bien aussi," répondit-elle. "Bien que je ne puisse m'empêcher de penser que tu es plutôt détaché et que tu as des problèmes personnels non résolus."

"Comme le grand professeur Donald Rumsfeld l'a dit un jour, 'Il y a des choses connues ; il y a des choses que nous savons que nous savons. Nous savons aussi qu'il y a des inconnues connues ; c'est-à-dire que nous savons qu'il y a des choses que nous ne savons pas. Mais il y a aussi l' inconnu inconnu, ceului dont nous ne savons pas que nous ne le savons pas.'"

"C'est vraiment très profond."

Tsukuru a pris le train à grande vitesse pour Nagoya, réfléchissant à la perfection du café qu'il buvait. Ao travaillait dans un showroom Lexus. « Comment se fait-il que tu ne m'aies jamais dit pourquoi tu as arrêté de me parler ? demanda Tsukuru. "Parce que tu nn me l'as jamais demandé," répondit Ao. « C'est parce que Shiro a dit que tu l'avais violée.

"Je ne l'ai pas fait."

"Je sais."

Tsukuru a traversé la ville pour rencontrer Aka. "Je n'ai pas violé Shiro," dit-il. "Je sais ça," dit Aka. "L'eau sous les ponts. Personne ne m'aime non plus, maintenant je suis un formateur d'entreprise à succès."

Il a fallu un certain temps avant que Tsukuru ne puisse se rendre en Finlande pour voir Kuro et entre-temps, il a vu Sara tenir la main d'un autre homme. Il se demanda s'il devait dire quelque chose mais décida de ne pas le faire.

"Je ne l'ai pas violée", a déclaré Tsukuru à Kuro.

"Je n'ai jamais pensé que tu l'avais fait. J'ai seulement pris le parti de Shiro parce que je pensais qu'elle était un peu instable."

"Peut-être que, d'une certaine manière, je l'ai violée. de la même manière, peut-être que je l'ai même assassinée."

"Peut-être que nous l'avons tous fait."



A son retour au Japon, Tsukuru a senti qu'il avait un peu plus de couleur en lui. Il a téléphoné à Sara.

"Je suis prêt à m'engager dans une relation amoureuse à long terme avec toi. Peux-tu me dire si tu sors avec un autre homme ?"

Sara marqua une pause. "Je t'appellerai dans trois jours et je te le ferai savoir."
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Premier roman lu en anglais et premier roman que je lis de Murakami, cela a peut être influencé mon expérience. J'ai apprécié cette histoire mystérieuse, la façon dont l'auteur a d'aborder l'intimité des personnages, la psychologie poussée de ceux-ci, le sentiment d'inquiétante étrangeté... Un peu déçu par le style très neutre cependant, peut être cela est il volontaire afin de coller à la personnalité très effacée, voir complétement dépressive et plombante du personnage principal.
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Un roman bouleversant, et assez différent des autres romans de Murakami.
Ce n'est pas ici le monde magique côtoyant le réel, mais plutôt un récit d'un réel parfois étrange.

C'est en premier lieu l'histoire d'un être qui s'est réalisé sur le plan professionnel: il a réalisé son rêve de construire des gares et de les aménager, mais qui ne s'est pas réalisé sur le plan affectif, un être "incolore", effacé, ne sachant pas s'affirmer, et en cela, il est touchant mais aussi énigmatique.
C'est aussi l'histoire d'un groupe d'amis adolescents très heureux et très soudés dont le héros va se trouver brutalement exclu, sans que ses amis lui en donnent la raison. Et, tel qu'il est, c'est à dire quelqu'un d'effacé et ne sachant pas communiquer, il ne demandera rien et souffrira terriblement au point de se laisser dépérir, puis se ressaisir par une sorte d'ascèse quotidienne, où l'activité sportive jouera une grande part. Mais il demeurera un être solitaire, ne s'attachant pas, sauf dans une amitié ambiguë avec l'étrange Haida (la seule partie où l'on retrouve cet univers parallèle et angoissant si caractéristique de Murakami).
Puis sa rencontre avec Sara changera sa vie. Celle-ci le décidera à accomplir le voyage vers ces anciens amis, un "pèlerinage", auquel l'oeuvre musicale de Liszt (Les années de pèlerinage) fera contrepoint. Il apprendra la vérité sur son rejet du groupe et derrière celle-ci, beaucoup de choses insoupçonnées: le drame de la déraison de Blanche, celle qui l'a accusé de viol, et la protection qui lui fut assurée par le groupe, l'amour que lui vouait Noire et qu'il n'avait pas perçu..
La fin, faite de sérénité (la contemplation des voyageurs dans une gare), et de l'attente de Sara (lui répondra-t-elle qu'elle veut vivre avec lui, il se résigne à attendre son appel) est merveilleuse.

Un roman dont les résonances m'ont longtemps accompagné après en avoir fini la lecture, plus encore que les autres romans de l'auteur.
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L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage est extrêmement différent de 1Q84. Si 1Q84 était une oeuvre fantastique et surréaliste, ce roman-ci est on ne peut plus ancré dans la réalité. Haruki Murakami signe ici un très doux roman d'apprentissage délicieusement intrusif. le lecteur rentre complètement dans l'âme de Tsukuru, en découvre tous les rouages et apprend à connaître ses plus grosses faiblesses et blessures. Si je devais dire une seule chose sur ce roman, c'est qu'il est profondément humain.

Pourtant, malgré le réalisme de son oeuvre, Haruki Murakami réussit une fois de plus à y parsemer quelques petites scènes fantastiques, tout simplement en y intégrant quelques légendes urbaines. Il faut savoir que les Japonais sont friands des contes et légendes, dans lesquels ils voient des leçons de vie, et que ça se ressent dans beaucoup d'oeuvres. Haruki Murakami le fait extraordinairement bien et ce sont quelques jolies histoires fantastiques qui viennent par moments entrecouper le récit pour finalement lui donner encore plus de profondeur. J'adore cette manière de faire qui est, comme je le disais, très propre au folklore japonais.

Enfin, je ne peux parler de ce livre sans évoquer Hélène Morita, la traductrice francophone d'Haruki Murakami. Avec son écriture très travaillée et qui va toujours dans le détail, elle parvient à transmettre tous les messages dissimulés dans l'oeuvre de l'auteur et lui rend complètement justice. Elle saisit complètement les subtilités de la langue japonaise, mais également toutes les métaphores propres à Murakami, et réussit à les retranscrire avec brio en français. En tant que voix de l'auteur, le traducteur porte l'oeuvre sur ses épaules et le succès de celle-ci dépendra souvent de son talent. C'est encore plus le cas dans une langue aussi différente de la nôtre que peut l'être le japonais. Et je pense, en toute honnêteté, que sans le travail irréprochable de Hélène Morita, Haruki Murakami n'aurait jamais eu le succès qu'il connaît chez nous. C'est suffisamment important que pour être souligné.

Alors, séduite également par L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage ? Oui, et complètement. Je comprends de plus en plus le succès de cet auteur et je suis heureuse de m'être enfin plongée dans ses ouvrages. D'ailleurs, il est évident que je vais poursuivre mon pèlerinage dans l'oeuvre de Haruki Murakami.
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Déclinaison très personnelle du roman d'apprentissage, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage est un texte intrigant et riche en symboles, que j'ai dévoré presque d'une traite.
Méticuleux et assez froid, le style m'a pourtant d'abord un peu rebutée - surtout après l'enchanteresse Maison de Mariam Petrosyan - mais il correspond de très près au personnage, à ce sentiment de vide qui le caractérise et fait de lui une sorte de marionnette, répondant de manière machinale aux ressorts de l'existence sans pleinement lui appartenir. Puis peu à peu, alors que le pèlerinage s'accomplit, l'écriture s'emplit elle-même de chaleur et de mystère - mais le suspense, déjà, a capturé le lecteur, de plus en plus curieux de savoir ce qui a bien pu briser ainsi ce groupe si parfait.
Le plus intrigant, toutefois, est peut-être bien ailleurs : dans cette autre amitié interrompue sans motif que Tsukuru a dû vivre avec Haida, un étudiant rencontré lors de ses premières années à Tokyo. A ce mystère-là, aucune explication ne sera donnée, le lecteur ne peut qu'interpréter à sa guise les signes suggérés par un rêve et une histoire. Un rêve érotique, dans lequel Haida apparait et que Tsukuru ne parviendra jamais à démêler du réel. Une histoire que le jeune homme lui a contée, arrivée autrefois à son père et qu'il finit peut-être par reprendre à son compte.
De ces détails étranges, Murakami fait naître de puissants symboles - sur l'harmonie fragile des êtres, la difficile connaissance de soi, le pouvoir du rêve, du fantasme, du subconscient. Sur cet autre en soi qui nourrit la folie, ce démon qui dévore les plus fragiles - ce sixième doigt monstrueux et pourtant si banal qui désunit autrefois la main parfaite formée par les cinq adolescents.
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Habituellement, j'aime Murakami pour l'originalité de ses textes oniriques et son imaginaire particulier. J'aime me perdre dans son univers unique. Or j'avoue avoir été bien déçue par ce roman plutôt réaliste et bien loin de ce que je connaissais de l'auteur. Je me suis même souvent ennuyée dans cette histoire qui traîne un peu en longueur aux nombreuses répétitions, et je n'ai pas réussi à m'intéresser vraiment à la quête de vérité du héros. Ce n'est pas un roman inintéressant, mais trop banal à mon goût. Selon moi, Murakami a fait bien mieux.

On reconnaît tout de même la « marque » de l'auteur (ce qui m'a donné envie de lire le livre jusqu'au bout malgré tout) à travers l'omniprésence du rêve, le caractère étrange de certains personnages, une réalité parfois trouble et poétique... mais je n'ai toutefois pas été transportée par ce roman comme je m'y attendais.

Cela ne m'empêche pas de souligner que c'est un roman bien construit, comme tous les romans de Murakami, et que la psychologie des personnages est extrêmement bien travaillée.
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Je m'étais pourtant fixé comme règle de n'octroyer un 5 etoiles qu'auxlivres que je jugerais aptes à m'accompagner sur cette fameuse île déserte tant promise...car , non, je n'emmènerais pas ce livre avec moi....il ne s'agit évidemment pas d'un chef d'oeuvre qu'on se sent capable de relire tous les ans...et pourtant....Murakami fait partie de mes 5 auteurs préférés et j'étais resté sérieusement sur ma faim avec la série Q84...Ce livre est resté 2 mois sur ma pile et régulièrement se faisait doubler par des achats ou prêts plus récents et puis voilà...il m'a accompagné lors de mon séjour à Rome pour Noël et j'ai pris beaucoup de plaisir....J'ai retrouvé le style simple, presque minimaliste mais précis dans la description des personnages et des leurs hisotires et émotions...et l'histoire est belle , simple aussi et proche du lecteur ( de moi en tous cas...) . On a tous je crois la fausse banalité de Tsukuru et les souffrances d'ado nous ramènent à des souvenirs compliqués....merci à Haruki Murakami pour ce livre....qui m'a ému....
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Le dernier roman d'Haruki Murakami surprend, car l'auteur abandonne ici ce qui faisait le piment de ses autres récits, le fantastique ou du moins les allers et retours entre la réalité et l'étrange, dimension métaphorique où sa sensibilité s'exprimait pleinement.

Le thème de la solitude, l'importance de la musique demeurent dans ce dernier ouvrage, qui se lit comme une longue introspection, même si le personnage principal n'est pas le narrateur.
Dès les premiers chapitres, la souffrance poignante de l'abandon, ressentie par le héros, provient de son éviction d'un groupe d'amis dont il faisait partie depuis quelques années, composé de cinq lycéens, deux filles, trois garçons, unis comme les doigts de la main, dans un quintette parfait, d'ouverture, d'harmonie et de complémentarité.

Rejeté sans phrases et sans explications par les autres, via un appel téléphonique abrupt, Tsukuru ne demande pas les raisons de cette éviction, la souffrance le cueille de plein fouet, et avec une discrétion et un mutisme bien japonais, à l'aube de sa vie d'adulte, il sombre dans un état dépressif qui le mène aux portes du suicide et le marquera à jamais, moralement mais aussi physiquement. Un second chagrin d'amitié le frappera ensuite, lorsqu'un jeune étudiant avec lequel il s'était lié, Haida, disparaîtra de sa vie sans aucune explication ni adieu. Dès lors, malgré quelques liaisons féminines, sa vie sera marquée par le travail (ingénieur, il conçoit et améliore des gares) et une solitude irrémédiable qu'il finit par attribuer à sa personnalité sans relief, incolore, indigne de susciter l'amitié ou l'amour. Une culpabilité irraisonnée, la peur de souffrir à nouveau, l'amènent à refuser de nouvelles connaissances et à mener une vie rangée, monotone et sans saveur.

Lorsque Sara, une jeune femme qui l'attire de plus en plus, lui demande de mettre au clair les origines du noeud de souffrances qu'il cache inconsciemment en lui, il va sur ses conseils reprendre contact, seize ans plus tard, avec ses ex-amis aux noms "colorés", Aka et Ao, le Rouge et le Bleu, et apprendre d'eux la mort de Shiro, la belle musicienne de leur groupe, assassinée chez elle par un inconnu. Surtout il comprendra la raison de son éviction : Shiro l'avait accusé de viol dans un récit circonstancié et exigé que le groupe coupe tout lien avec lui.
Pourquoi cette accusation sans aucun fondement ? Ce sera la nouvelle quête de Tsukuru, culpabilisé par ses rêves érotiques impliquant Shiro. Elle le mènera jusqu'en Finlande où Kuro, l'autre fille du groupe, s'est mariée et installée. Leurs retrouvailles éclaireront leur passé commun et le lourd poids qui pèse sur l'âme de Tsukuru.

Récit d'une psychanalyse ? Cela y ressemble beaucoup.
L'originalité du roman tient dans l'origine du sentiment de souffrance et d'abandon, un terrible chagrin d'amité, un sentiment aussi, peut-être même plus douloureux qu'un simple chagrin d'amour, puis qu'ici il influe sur toute la vie du héros.
La musique joue aussi tout son rôle, avec le leitmotiv des "Années de pèlerinage" de Liszt et en particulier du morceau "Le mal du pays", écouté par divers personnages et chargé d'émotions intraduisibles en mots.
Même si le style de Murakami n'est pas réellement littéraire, ni recherché, avec des descriptions parfois assez plates, toutefois le charme, la mélancolie, la musique discrète de l'âme en souffrance, telles qu'elles s'expriment à merveille dans le dernier chapitre, tout en finesse, retiennent l'attention et contribuent à séduire le lecteur.
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Comme tous les livres de Murakami, il faut avoir l'esprit libre, reposé et prédisposé à ce genre de lecture. Il faut être dans un endroit calme, posé qui permet de laisser son imagination vagabondé.
Je n'ai pas su apprécié le début du roman que j'ai lu dans un moment d'agitation. Je l'ai d'abord trouvé long et sans réelle poésie. J'ai donc arrêté ma lecture un temps.
Puis j'ai repris ce roman, un weekend, sur mon balcon, une tasse de thé bien chaude en accompagnement. Et là j'ai su l'apprécié à sa juste valeur. Je me suis identifiée à Tsukuru, un jeune homme en quête de la couleur de sa personnalité et j'ai fini le roman d'une traite.
Le personnage est simple, avec une vie de monsieur tout le monde mais Murakami, comme pour tous ces personnages, a su mettre en avant son moi profond. Chaque lecteur peut s'identifier tout en gardant une part de rêve et c'est ce qu'y fait que je ne loupe aucun roman de cet auteur depuis quelques années.
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Lire un Murakami est toujours un enchantement.
Son univers très personnel nous plonge à chaque fois dans une fiction qui flirte avec le fantastique.
Ici, dans "L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage", l'auteur nous présente Tsukuru, celui qui n'a pas de couleur, qui après une amitié très forte avec trois amis, se retrouve brutalement rejeté, sans en comprendre la cause. Une histoire très simple, dans laquelle le jeune homme va se questionner sur sa vie afin de pouvoir avancer.
Mais Murakami est joueur, le roman ne finit pas vraiment, laissant votre imagination libre de poursuivre.
Un livre magnifique.
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