On pouvait penser que pour Gen et sa famille le pire était derrière eux... Hélas, même une fois la pix signée, la vie reste très dure pour les vaincus et d'autant plus lorsqu'ils sont rescapés d'Hiroshima. En effet, ces survivants sont un poids pour les autres qui peinent déjà à manger à leur faim. Et ils font peur ces gens qui portent en eux un mal inconnu et qui meurent encore des semaines, des mois, des années après le bombardement.
Ce 2ème tome de l'intégrale est peut-être encore plus poignant que le précédent. Après la colère et la sidération provoquées par l'horreur indicible de la bombe atomique, ce volume inspire plutôt la résignation et le désespoir. La dureté de la vie quotidienne est montrée dans toute sa crudité et la nature humaine se révèle dans toute sa médiocrité et sa cruauté. Par exemple, Gen trouvera un travail bien particulier, s'occuper d'un rescapé d'Hirsohima si "abîmé" que sa propre famille refuse de l'approcher.
Mais
Nakazawa n'est jamais manichéen. Il rappelle que, souvent, les bourreaux sont aussi victimes et souffrent eux aussi, à l'image de
la méchante mémé qui fait tout pour expulser Gen et sa famille qui est anéantie par la mort de son fils tué lors de la guerre et les choses ne sont pas aussi simples qu'elles en ont parfois l'air.
Les gens qui ont enlevé la petite soeur de Gen l'ont fait avec des intentions quasi-humanistes et d'ailleurs ce passage est quasi insoutenable dans ce qu'il montre de détresse humaine.
"Gen d'Hiroshima" est décidément une lecture très éprouvante. Si cette lecture ne vous touche pas c'est que vous êtes mort à l'intérieur.