Il en est des romans comme de certaines maîtresses (ou de certains amants) qui promettent beaucoup mais tiennent peu!
Félicia en fait partie. Pourtant, à sa décharge (?), notons que
Stendhal, adolescent, en devint fou : "Je lisais avec délices les Contes de la Fontaine et Félicia. Mais ce n'étaient pas des plaisirs littéraires. Ce sont de ces livres qu'on ne lit que d'une main, comme disait Mme***."
Félicia, jeune fille décomplexée et fort peu farouche, ne vit que pour ses plaisirs : ses mémoires n'ont d'autre objectif que de nous en instruire. le crédo de notre héroïne est simplissime : "Quand j'ai réussi à me rendre heureuse de moment en moment, j'ai tiré tout le fruit que je pouvais attendre de mon système." Des amants, des fredaines, point d'amours!
"J'ai satisfait hier un désir immense, en me livrant au plus aimable des hommes : je viens de goûter de vrais plaisirs avec un autre qui n'est pas sans agréments. La nature a trouvé son compte à ce partage, que condamnent à la vérité les préjugés et le code rigoureux de la délicatesse sentimentale. Il y a donc nécessairement un vice dans la rédaction des lois peu naturelles dont ce code ridicule est composé."
Abandonnée dans son enfance, la jolie mutine est adoptée par Sylvina et Sylvino qui vont l'élever dans une atmosphère de libertinage raisonnable. Perdant sa fleur dans les bras du chevalier d'Aiglemont, elle attirera dans son lit des hommes du meilleur monde : de robe (un évêque), et d'épée (Lord Sidney, Lord Kinston, un marquis...). le jeune Monrose lui donnera son pucelage.
Si la première partie du roman est savoureuse sans être très originale, les trois suivantes se traînent ; on y retrouve tous les clichés du genre : ecclésiastiques libidineux, erreurs sur la personne, chassés-croisés de sommiers, pièces dérobées pour voyeurs, tentatives de viol, etc.
La fin de l'histoire est édifiante : Félicia se découvre fille de Lord Sidney et soeur de Monrose! Bien entendu, leurs relations incestueuses (à leur insu, n'exagérons pas!) ne sauront être un obstacle au bonheur de leurs retrouvailles.
Ni l'érotisme rose bonbon, ni la manière débraillée de Nerciat n'ont suffi à me rendre heureux.
Un coup pour rien...