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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Des « filles de feu » on retient en général « Sylvie » ; mais c'est d'une autre nouvelle que je veux vous parler, « Angélique », véritable objet littéraire non identifié.
Il s'agit d'une nouvelle épistolaire où nous suivons le narrateur-écrivain en quête d'un livre introuvable, sujet d'un de ses articles, tandis que plane sur lui la menace de la censure de l'amendement Riancey : «L'amendement Riancey plaçait les écrivains dans l'obligation de ne plus rien imaginer, puisque l'administration menaçait de sanctionner les journaux qui publiaient des romans, lesquels s'éloignent de l'analyse historique et du compte rendu de faits matériellement vrais. » (Michel Brix)

Mais comme toutes les véritables quêtes (et peut-être la littérature), celle-ci est déceptive ; très vite nous nous égarons, de digressions en récits enchâssés, dans une errance aussi charmante que déstabilisante qui constitue finalement le véritable but du récit ; ce faisant, bien entendu, le récit s'écrit malgré et contre la censure, affirmant avec malice les pouvoirs du romanesque et plus généralement de la littérature.

Il y a du Sterne dans cette nouvelle, et déjà du Perec et du Borges («Comme tous les hommes de la Bibliothèque, j'ai voyagé dans ma jeunesse ; j'ai effectué des pèlerinages à la recherche d'un livre et peut-être du catalogue des catalogues » ; Borges, « La bibliothèque de Babel »).
Il y a surtout une déclaration d'amour à la fiction, au livre, à la liberté absolue du récit. Je vous incite vivement à lire cette nouvelle pour vous y perdre comme moi avec le sourire, et en compagnie De Nerval, qui vous prévient : « Ces jeunes filles fallacieuses nous firent faire une route bien étrange » (Angélique)…
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Ni roman, ni nouvelle, ni théâtre, ni poésie, ni autobiographie, ni fiction, ce recueil, "Les Filles du Feu", ne peut se classer dans un genre, il serait peut-être tout cela en même temps, une sorte de joyeux capharnaüm littéraire. de la très grande littérature, inspirée de Dante et de Virgile, où Nerval cherche à définir un univers indécis et fantasmé, trouble et ambigu; un univers où ombres et rêves ont l'apparence de la réalité.
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Pour écrire "Les Filles du Feu" et "Les Chimères", je me dis souvent que Gérard de Nerval -archétype du poète maudit et torturé, comme les a tant aimé le XIX°siècle- a puisé à l'encre des rêves et de ses cauchemars. Peut-être dans son sang, ses angoisses et ses espoirs.
Qu'il a emprisonné sur le papier ses obsessions et les hallucinations qui venaient le hanter, volutes lourdes et soyeuses.
Qu'il a décroché les étoiles aussi belles que dangereuses qu'il aimait pour les réunir en un bouquet étrange, aux contours flous et brillants comme des diamants.
Qu'il a essayé de dompter sa mélancolie et les ténèbres et d'apprivoiser la mort.
Qu'il a rêvé le passé et l'amour et l'absolue douleur des amants et des fantômes.
Qu'il a dénudé la langue pour la revêtir délicatement de ses mots, dentelle blanche et noire, finesse et piège, opaline arentèle.
Qu'il a dansé, peut-être embrassé la folie avant qu'elle ne l'enlace elle-même.
Qu'il est retourné dans le Valois et qu'il y a été aimé.

"Les Filles du Feu" sont étrangement belles et complètement inclassables: poèmes, nouvelles, contes, théâtre... C'est difficile de les décrire, de les raconter. On en garde surtout une impression de grâce fugace, des images, la sensation que le poète a partagé avec nous de ses rêveries, de ses sensations... Ce poète pourtant si secret, à peine esquissé, comme si Gérard de Nerval voulait s'effacer, s'oublier et ne pas faire d'ombre à ses créations un peu fragiles, un peu fées, un peu mystérieuses malgré son érudition et sa souffrance face à un monde en pleine mutation. C'est que le temps passe et ne revient jamais. C'est que les fleurs fanent et que les amours s'oublient.

"Les Chimères" sont aussi tissées de rêves et de nuées. Elles aussi, plus que "Les Filles du Feu" même, donnent cette impression étrange et languissante de se situer à la frontière du rêve et de l'éveil. Comme ce moment insaisissable et éphémère, elles ont l'air irréelles, secrètes. Chaque poème a sa musique propre, ses couleurs mais il ne les livre jamais toutes en même temps, ni avec la même intensité. Et tant pis s'il nous inquiète au passage.

Et finalement si"Les Filles du Feu" ressemblent aux chansons de John Denver, aux complaintes anciennes reprises par Malicorne et Kate Rusby, "Les Chimères" ont l'inquiétante étrangeté et la beauté singulière des chansons de Air, de Still Corners ou de Sufjan Stevens.

De la beauté et de l'émotion pure. Presque des larmes.
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Ensemble de nouvelles aussi différentes qu'énigmatiques, Aurélia, notamment, semble être une plongée dans la folie de l'auteur, Angélique, est la recherche d'un article ou bien d'un auteur oublié, Sylvie, c'est le rêve et l'enfance entremêlés... Toutes ces nouvelles sont très différentes, et unies seulement par la plume inégalable du maître, par le fil fantôme de la poésie.
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Cinq étoiles et même plus, si cela était possible. Je me suis éveillé à la littérature en lisant Sylvie… Récit? Poème? Rêverie? Cinquante ans après ma première lecture, j'hésite encore… Tout comme Nerval hésitait entre Aurélie… et Sylvie. "L'une était l'idéal sublime, l'autre la douce réalité". Voilà longtemps que j'ai choisi la douce réalité…
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Une écriture magnifique, stylée à la prose travaillée. Histoire intense et inspiration géniale, nuancées par un sentimentalisme un peu trop léger parfois.
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Ce volume contient :
Petits châteaux de Bohême - Les Filles du Feu : Angélique / Sylvie / Jemmy Octavie / Isis / Corilla / Emilie - Les Chimères - Promenades et Souvenirs.Je me suis régalé comme à chaque fois à la lecture De Nerval...
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Le premier livre de Gérard de Nerval que j'ai lu. J'ai adoré, tant Les Filles de feu que Chimères. Je m'y suis plongée très régulièrement durant mon adolescence et ma vie de jeune adulte. Ai délaissé quelque peu la poésie lorsque mes enfants étaient en bas âge, mais ce serait véritablement un des premiers dont je me ressaisirais.
Pour moi, il y avait plus ou moins à l'époque Rilke, de Nerval et Musset et pas grand chose d'autre, même si j'avais lu Rimbaud et Verlaine. Si si, j'étais assez exclusive !
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Excellent ouvrage. J'ai apprécié lire les nouvelles du si tourmenté Nerval, ses fameuses Filles du Feu, des bijoux singuliers de la littérature ; sa poésie, quoiqu'étrange, mystérieuse, quasi fantasmagorique, est l'une des plus belles qui soient. Nerval prouve ici qu'il fut un grand écrivain, nouvelliste et poète. Dommage qu'il fût mort si tôt ! Ses promenades furent par ailleurs toutes aussi délicieuses.
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Ces filles du feu sont les filles de la nuit de tous ceux qui se livrent sans faiblir à l' " l'épanchement du songe dans la vie réelle".
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