Des critiques élogieuses, un nombre conséquent de lecteurs, la notoriété grandissante de
Kim Newman sont autant d'invitations à découvrir cet
Anno Dracula, premier tome. Il s'agit là d'une suite osée de l'oeuvre de Bram Stocker puisque Dracula est sensé avoir triomphé de ses ennemis avant d'être devenu le Prince consort de Grande Bretagne, Lord protecteur et époux de la reine Victoria…
Un programme aussi ambitieux peut a priori friser, sinon tomber, dans le ridicule (proposer Dracula en guide suprême d'une population de vampires triomphante peut en choquer plus d'un). Pourtant le talent de l'auteur, son érudition, sa passion et un travail de plusieurs années (comprendre plusieurs décennies) font de ce roman une pièce rare, un véritable chef d'oeuvre.
Tous les amateurs du XIXème siècle seront comblés en jetant leur dévolu sur
Anno Dracula. Les références les plus connues sont nombreuses : L'étrange cas du docteur Jekyll et de Mister Hyde, Sherlock Holmes, Jack l'éventreur, Éléphant Man… celles qui sont moins connues le sont encore plus (d'où une lecture attentive des annexes, encore enrichies lors de la parution d'une seconde édition).
L'histoire est passionnante à suivre du début à la fin. Pour ne jamais lasser son lecteur, Newman fait appel à plusieurs personnages et retrace leurs aventures. L'impression de nouveauté est omniprésente et les rebondissements et autres surprises restent nombreux de la première à la dernière page. Dommage toutefois que le style direct ait ici été privilégié. Cette entorse est le seul reproche que l'on peut formuler.
Bien plus qu'un simple ouvrage de fantasy,
Anno Dracula doit être mis entre toutes les mains (du moins celles dont les propriétaires auront lu Dracula). L'histoire est un témoignage sur le comportement humain, avec des concepts tels que la notion de survie, de juste cause, de droit de plus fort. Placer ici des camps de concentration et y envoyer notamment Sherlock Holmes et Bram Stocker est une manière habile de rappeler qu'il s'agit là d'une invention anglaise.
Ce livre, sombre mais agréable, long (près de 500 pages) mais lu aisément est à multiples facettes : il ne déçoit pas. Qui plus est, il permet également de s'insérer à la lettre K du challenge ABC Critiques…