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sur 285 notes
Un roman sur le thème du vampire qui… vampirise d'innombrables autres oeuvres et le temps du lecteur

Pas du tout fan de Twilight ou de Bit-Lit, assez allergique au steampunk qui partage avec ce roman un cadre Victorien, c'est avec méfiance que j'ai abordé ce roman. Mes à-priori étaient-ils justifiés ?

Newman vampirise le monde artistique

A la base, Anno Dracula part d'une question : que se serait-il passé si, dans le roman de Bram Stoker, le fameux Comte avait mis en déroute l'équipe de van Helsing, avait bâti une véritable invasion silencieuse en transformant de plus en plus d'humains en vampires, puis en faisant venir des vampires qui lui étaient inféodés d'Europe Centrale ? Que ce serait-il passé s'il avait réussi à séduire et épouser la Reine Victoria en plein veuvage et à devenir Prince consort, c'est-à-dire dans les faits le véritable maître de l'Angleterre ?

Très logiquement, certains personnages du roman de Stoker, ainsi bien évidemment que certains personnages historiques (en raison de l'époque et du fait que l'intrigue est basée sur les meurtres de Jack l'Éventreur), sont de la partie. Newman utilise aussi, en tant que héros, deux personnages créés pour d'autres romans ou écrits (dont Geneviève, créée à la base pour le monde de… Warhammer). Mais le recyclage de personnages ne s'arrête pas là, en réalité il ne fait que commencer : dans la postface, l'auteur explique, en détails, d'où est venu chaque personnage secondaire, de quelle oeuvre de littérature de genre, de littérature blanche ou de cinéma (de la Hammer, bien entendu, mais pas que). C'est l'occasion pour vous de tester vos connaissances historiques, littéraires ou cinématographiques, mais il y a tellement d'emprunts, dont certains de personnages tertiaires du roman en question, ou même de romans / films relativement peu connus du grand public, que l'exercice va se révéler malaisé. Tout de même, certains personnages imaginaires ou historiques seront connus de tous, à commencer par Jekyll & Hyde, le Docteur Moreau, Elephant Man, Holmes ou bien entendu Jack l'Éventreur.

Univers

Bien, donc imaginez une Angleterre uchronique de 1888, dans laquelle Dracula est aux commandes du pays, et où une portion significative de la population du pays est formée par des Vampires. Les gens cherchent activement à recevoir le Baiser des ténèbres, car celui-ci donne rien moins que l'immortalité (et fige la personne à l'âge qu'elle avait au moment de sa transformation). Mais le vampire n'a pas intérêt à faire disparaître l'humain normal, car il lui est indispensable en tant que réserve de sang et pour faire tourner le pays de jour. Car le vampire de Newman, particulièrement celui qui vient juste de le devenir, est mortellement sensible aux rayons du soleil. Même les Anciens comme Dracula le supportent, certes, mais difficilement.

Clairement, une atmosphère très Troisième Reich plane sur la description de ce royaume vampire : du camp de travail / rééducation / concentration de Devil's Dyke (accessoirement garde-manger pour les vampires) aux descriptions de la très SS / Gestapo « Garde Karpathe (Sic) », l'influence est très claire. Et forcément, vu le thème, les protagonistes et le fait que la grosse majorité de l'intrigue se déroule de nuit, l'ambiance ne peut être que ténébreuse.

Le Vampire chez Kim Newman

Il est nettement sous-entendu par l'auteur que le Vampirisme ne relève pas de la magie mais d'une maladie ou d'une mutation, transmissible lorsque le vampire et l'humain qu'il veut transformer boivent respectivement le sang de l'autre. Malgré tout, il y a certains éléments surnaturels, qui classent le roman dans le Fantastique (et l'Horreur, bien entendu), comme l'absence de reflet des vampires ou les capacités des Lignées. En effet, comme dans certains univers de la littérature vampirique, l'un d'eux peut créer une « lignée » en transformant des humains en ses semblables, et en leur transmettant ses pouvoirs spécifiques (transformation en animal, contrôle des animaux, télépathie, etc). En vieillissant, le jeune vampire ainsi créé finira même par ressembler à son « père en ténèbres ». Plus un vampire est âgé, plus il est puissant. le statut redouté et envié d'aîné est ainsi acquis après au moins deux vies humaines d'existence.

Les vampires de la Lignée de Dracula (la majorité de ceux d'Angleterre) sont aussi susceptibles de développer des mutations permanentes rappelant la morphologie d'un animal, comme des poils très drus par exemple. Certaines prostituées vampires s'en servent pour attirer des clients aux goûts disons… particuliers.

L'auteur va au bout de sa logique

J'ai beaucoup apprécié le fait que l'auteur tire très minutieusement les conséquences de sa transformation de l'Angleterre en pays dirigé par des vampires, avec une partie de la population transformée en ces créatures. Un exemple : certaines prostituées sont des vampires. Cela ne les sort pas du caniveau, et elles sont obligées de continuer leur activité. Cela leur crée aussi un nouveau besoin, celui de se nourrir de sang. Mais de nouvelles opportunités se sont aussi créées : au lieu de se faire payer en argent, elles peuvent aussi se faire payer… en sang, en évitant de tuer le client. Client qui, au-delà de banales faveurs sexuelles, pourra aussi chercher à assouvir de troubles fantasmes en se faisant sucer le sang ou en allant trouver une de ces prostituées avec des mutations quasi-animales décrites plus haut.

Anarchy in the UK

Si pour certains, le Vampirisme est une opportunité (d'immortalité ou sociale / économique), si pour d'autres, l'obéissance à la reine (même une reine vampire) prime sur tout, pour certains autres, en revanche, la domination du Prince consort Dracula est inacceptable. Plus le roman avance, plus une sorte de mouvement contre-révolutionnaire se développe, mouvement qui balaye large, des socialistes aux chrétiens intégristes.

Bref, malgré sa puissance et sa cruauté, le Nosferatu est haï d'une partie de la population, qu'aucun avantage au monde, immortalité ou autre, ne convaincra d'abandonner son humanité ou son pays aux ténèbres. Il faut dire que la justice à base d'empalements, les exactions des vampires (l'un d'eux se sert par exemple de son pouvoir hypnotique pour violer et boire le sang des femmes impunément durant le roman) et leur extrême brutalité, celle de la Garde Karpathe (Sic) notamment, ne font rien pour arranger la situation (brutalité qui, avec celle de Jack, donne lieu à quelques scènes franchement gores ou horrifiques). Ce sont les meurtres de Jack l'Éventreur qui vont mettre le feu aux poudres.

Intrigue, style & rythme

Toute l'intrigue du roman est structurée autour des meurtres de Jack, dont, je le précise, l'identité est très vite dévoilée. On suit Beauregard, un humain normal (non-Vampire) agent secret du gouvernement (enfin, du gouvernement… de fidèles de la Reine, plutôt), qui va être conduit à faire équipe avec la belle Geneviève, une vampire française encore plus vieille que Dracula en personne. le duo fonctionne bien, mais pas du tout avec les ressorts semi-comiques ou au contraire fortement antagonistes qui sont des classiques avec ce genre de protagoniste à deux têtes. Une originalité de plus du roman, à mon avis.

Si la structure de l'intrigue est rythmée par les meurtres, le rythme lui-même est constant. Certains romans proposent une montée progressive du rythme, d'autres un début lent suivi d'une brutale accélération, sans décélération avant la fin. Anno Dracula maintient le même rythme, prenant et haletant, du début à la fin. C'est facile et agréable à lire, et c'est avec regret qu'on lâche le roman. L'auteur a, enfin, bien su rendre l'ambiance et les convenances victoriennes, sans excès de style lourd ou pénible à lire.

Malgré tout, il faut prévenir la lectrice ou le lecteur potentiel : c'est gore, c'est horrifique, c'est sanglant par moment, que ce soit à cause des meurtres de Jack ou des exactions des Vampires.

Un roman original, avec beaucoup de qualités… et que des qualités ?

Soyons clair, cette fois c'est un vrai roman de vampires, pas de doute là-dessus (notamment sur un point mineur mais qui me paraît personnellement important, la nette relation entre vampirisme et érotisme). La démarche de continuation et de transformation appliquée au roman de Bram Stoker est intéressante, bien que pas particulièrement originale. Les qualités d'écriture de l'auteur sont certaines, ses personnages principaux intéressants, le monde et l'idée centrale du roman sont bien décrits et exploités, mais…

… Mais la fin ne m'a pas parue très satisfaisante, un peu cousue de fil blanc, pas super-réaliste et surtout tronquée par rapport à la façon dont d'autres événements sont beaucoup plus largement décrits. de plus, la surabondance de placements de personnages appréciés par l'auteur dans d'autres oeuvres, littéraires ou non, fait parfois frôler l'overdose au lecteur.

Dans l'ensemble, cependant, c'est une lecture extrêmement recommandable, pour l'érudition historique de l'auteur, sa démarche d'hommage à l'oeuvre de Stoker, la méticulosité de la construction et de l'exploitation de l'univers, le mélange Dracula + Jack l'Éventreur, les qualités d'écriture et le rythme prenant du roman (les chapitres courts aidant beaucoup à donner envie de poursuivre la lecture, au passage), le sympathique duo de protagonistes, et ce, et c'est le plus important, que vous soyez amateur de vampires ou pas.

Retrouvez une version (légèrement plus) longue de la critique sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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C'est en 1476 qu'est officiellement décédé le voïvode Vlad III « l'Empaleur », plus connu depuis le roman de Bram Stocker sous le nom de Comte Dracula. Mais imaginez un peu que ce cher comte refasse surface en Angleterre à la fin du XIXe et parvienne à s'insinuer dans les bonnes grâces de la reine Victoria, jusqu'à obtenir d'elle qu'elle le nomme Prince consort... C'est le parti pris de Kim Newman qui nous offre avec « Anno Dracula » un roman qui pourrait sembler au premier abord très classique mais qui réserve malgré tout de bonnes surprises. le casting en est d'ailleurs une, puisque le récit nous permet de croiser aussi bien Dracula que van Hellsing mais aussi Bram Stocker, Joseph Merrick (plus connu sous le nom d'Elephant man), Lestrade, et bien sûr Jack l'Éventreur. Car au-delà de la présence de Dracula dans la capitale londonienne, le coeur de l'intrigue repose essentiellement sur la présence à Whitechapel d'un assassin baptisé « Scalpel d'argent » qui s'en prend depuis plusieurs nuits aux prostituées exerçant dans le quartier. le point commun entre toutes ses femmes : leur condition de vampire...

Bien que s'appuyant sur des événements et personnages aujourd'hui encore bien connus du grand public (qu'il s'agisse de Dracula ou de Jack l'Éventreur), le récit de Kim Newman propose une approche différente de la question en corsant l'affaire grâce à la présence de ces fameux vampires. Car l'intérêt du roman ne réside pour une fois pas tant dans la découverte des caractéristiques et du mode de fonctionnement de ces redoutables créatures buveuses de sang que dans celle de leur intégration dans la société de l'époque. Un parti pris original qui permet à l'auteur d'aborder des thèmes beaucoup plus variés tels que le patriotisme ou encore la xénophobie. Outre le contexte, l'intrigue est elle aussi de bonne facture et, si le fait que l'identité de Jack l'Éventreur nous soit révélée dès la toute première page peut au premier abord déstabiliser, l'auteur a su conserver tout au long du roman la maîtrise complète de son récit dont les nombreux rebondissements maintiennent le lecteur en halène du début à la fin. Belle réussite également en ce qui concerne les personnages, à commencer par les deux protagonistes au passé mouvementé à propos desquels on aurait d'ailleurs souhaité avoir un peu plus de renseignements.

Kim Newman signe avec « Anno Dracula » un roman divertissant et bien plus réfléchi qu'on pourrait le croire. Les vampires y sont pour une fois traités non plus comme des créatures sombres et solitaires vivant à l'insu de tous, mais au contraire comme partie intégrante d'une société qui souffre de plus en plus de cette cohabitation forcée. A ceux qui auraient apprécié le roman, sachez qu'un autre ouvrage de l'auteur, « Le Baron rouge-sang », remet en scène certains personnages présents ici dans le contexte du début du XXe siècle.
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Dans ce roman, l'auteur part du postulat que Dracula n'est pas mort et qu'il a même épousé la reine Victoria.
La vie à Londres est donc bien différente de celle qu'on croit connaître, puisque les vampires y vivent maintenant au grand jour et se multiplient chaque nuit.
De nombreux personnages ayant réellement existé jouent un rôle dans cette histoire, que ce soit Jack l'éventreur, Bram Stoker ou Oscar Wilde, mais on y trouve aussi des personnages de romans comme les docteurs Jekyll ou Moreau, par exemple.
L'évocation de la vie au XIXème siècle est particulièrement bien décrite, on ressent le froid, la pluie et la peur dans les ruelles de Whitechapel, on accompagne les messieurs dans leurs clubs, on tente d'apporter un peu de réconfort à tous les malheureux vivants dans les taudis de la capitale, on se rend à des soirées dans les beaux quartiers où on boit du champagne toute la nuit.
Un premier tome très addictif où la quête d'un meurtrier sanguinaire va être au coeur des préoccupations de chacun.
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Reçu dans le cadre de Masse Critique sur le mois de la fantasy, je tiens tout particulièrement à remercier l'équipe de Babelio ainsi que les éditions Bragelone pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.

Anno Dracula fut d'abord publié sous la forme de "novela" puis il y eu plusieurs éditions qui furent retravaillées entre temps. L'histoire se déroule à Londres en 1895 et les vampires ou plutôt les "non-morts" cohabitent en toute harmonie, si je puis m'exprimer ainsi, avec les sang-chaud, bref les gens comme vous et moi. le comte Dracula, après avoir soumis la reine Victoria par la force et lui avoir donné "le baiser fatal", s'est proclamé prince consul et règne dorénavant sur toute l'Angleterre.
Voilà pour le contexte. Quant à l'intrigue, il s'agit d'horribles crimes, tous commis sur des prostitués mais qui sont aussi des vampires jusqu'alors non-élucidés. Cela ne vous rappelle rien ? Si, bien évidemment l'histoire de Jack L'éventreur, qui fut d'abord appelé, ici, à tord, "Scalpel d'argent".
Charles Beauregard, membre du Diogene's Club, une sorte de société secrète, est chargé d'enquêter sur l'affaire aux côtés de la police. Il se liera alors d'amitié (voire plus ? ) avec la vampire Geneviève Dieudonné, qui lui sera d'une aide précieuse.

Dans cet ouvrage, toutes sortes de personnages, fictifs ou non, se croisent. Aussi, le lecteur ne devra-t-il pas s'étonner d'y rencontrer Florence Stoker (l'épouse de Braam Stoker), Sherlock Holmes, la reine Victoria, Sherlock Holmes, le vampire Lestrade, Oscar Wilde et bien d'autres encore. Tous ayant vécus (réellement ou non) sous l'époque victorienne. Un énorme travail de documentation et une intrigue passionnante, le tout écrit dans une écriture agréable à lire et divisé en de courts chapitres. Bref, que demander de plus ? Un régal ! Un petit bémol cependant pour la fin (la fin alternative est aussi un peu décevante et bien plus sanglante que la fin qui a été adoptée). A découvrir !
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Des suites de "Dracula", j'en ai déjà lues, et pas forcément les meilleures. Toutefois, avec "Anno Dracula", j'étais plus optimiste, ne serait-ce que grâce aux notes du livre sur Babelio. La réédition du livre, magnifique, en est aussi pour quelque chose!
Bref, j'ai pénétré dans l'univers chaotique de 1888 où les vampires sont presque plus nombreux que les sang-chaud. La reine Victoria, elle aussi vampire, a épousé Vlad Tepes qui règne en bourreau sur le pays. Or, alors que le sang coule déjà en abondance, que le flog londonien obstrue la vue de quiconque et que Withechapel grouille de prostituées aux canines acérées, voilà qu'un mystérieux tueur entreprend de les dépecer. Mystérieux? oui et non puisque le lecteur connaît dès le début son identité. Les enquêteurs, eux, vont mettre quasi 500 pages à le démasquer. Entre temps, nous errerons dans les bas-fonds de Londres aux côtés de Charles de Beauregard (sang-chaud membre du Diogène's club) et de Geneviève Dieudonné (vampire vieille de plusieurs siècles mais au physique d'une jeune fille de 16 ans).
Nous y retrouverons un grand nombre de personnages aussi bien réels (La famille Stocker, Oscar Wilde, la reine Victoria et j'en passe) que fictifs (les personnages de Bram Stocker notamment), ce qui confère une grande richesse au livre de Kim Newman qui qualifie lui-même son roman de vampirique puisqu'il emprunte énormément aux autres, pour en faire une oeuvre vraiment originale et personnelle.
Si certaines personnes s'exaspèrent de ces vampires qui brûlent au soleil ou que seules des lames argentées peuvent tuer, alors qu'elles passent leur chemin car ici, l'auteur conserve intactes toutes les croyances traditionnelles sur ces êtres. Personnellement, j'ai justement apprécié ce fait.
"Anno Dracula" est un roman riche et foisonnant qui sous certains aspects, me faisait penser à la série "Penny Dreadful" avec Eva Green, sous les traits de laquelle, d'ailleurs, j'imaginais Geneviève Dieudonnée. (Pour le coup, impossible de l'imaginer telle qu'elle est décrite dans le livre).
C'est une belle découverte et je lirai avec plaisir et curiosité les 2 tomes qui suivent ce volume.
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Dracula a fait sa place en Angleterre, il est marié à la reine VIctoria et est donc le prince consort.
Les vampires vivent en "plein jour", ils cohabitent plus où moins bien avec les sang-chaud. Mais un tueur de prostituée vampire fait rage et l'espion Beauregard est chargé d'enquêter avec l'aide de Genenive (un très ancien vampire).

J'avoue avoir été très déstabilisée par les premières pages....
Mais je me suis vite passionnée par l'histoire et été prise d'amitié par Beauregard et geneviève. Il faut dire que l'on retrouve de nombreux personnages du Dracula de Bram Stocker ainsi que d'autres de la littérature vampirique ou non. On a d'une certaine façon l'impression d'être entouré d'amis , ou tout au moins de gens que l'on a déjà rencontré.

Heureusement que ce livre a une suite car je suis un peu restée sur ma faim.
Sans être aussi passionnant que le Dracula de Bram Stocker (qui restera sans doute le must du must en la matière ), ce livre est bien pensé et est intriguant par son originalité de faire vivre ensemble vampires et êtres humains
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Anno Dracula et moi avons failli couper court assez rapidement à notre petite aventure livresque. Et c'est uniquement parce que je déteste ne pas finir un livre que j'ai acheté, que j'ai poursuivi ma lecture. Je rassure tout de suite les fans du roman, je me félicite d'avoir poursuivi, car au final, une fois la première partie de l'oeuvre finie, l'histoire devient très prenante et il est assez difficile de quitter les personnages auxquels on s'attache. Mais la trame met, à mon goût, beaucoup trop de temps à se mettre en place. Et c'est assez pénible. Pour moi, le début se résume assez à des tergiversions politiques qui nous plantent le décor, mais qui sont tellement peu intéressantes que le plus important se trouve noyé dedans. Je ne sais pas combien de personnages nous sont présentés au début et qui au final n'apparaissent qu'à ce bref moment où ils sont cités pour ne plus rien avoir à faire dans la suite de l'histoire… Sans compter les élucubrations de politiciens qui s'envoient des fleurs à tout, où les discussions mondaines sans grand intérêt… du coup, je m'étais demandée si j'avais bien compris le résumé du roman, car mis à part les deux premiers chapitres, j'attendais le côté thriller fantastique toujours et encore.

Ce qui m'avait intriguée, aussi, était le fait que l'auteur avait décidé d'imaginer ce qu'il se serait passé si Harker et ses acolytes n'avaient pas vaincu Dracula dans le roman éponyme. J'avais lu Dracula de Bram Stocker lorsque j'étais adolescente et cette lecture m'avait fasciné au point que j'avais dévoré par la suite les grands classiques du même genre. J'étais donc très curieuse de voir ce que la « survie » de Dracula aurait pu changer. Et en un sens, même si on ne voit au final Dracula que quelques instants, je trouve que l'idée a été très bien menée. J'ai juste été un peu désappointée que Dracula ne soit pas plus « présent ». le titre du roman portant son nom, je m'étais attendue à le voir quasiment durant tout le livre. Mais ce n'est pas plus mal. Cela nous permet de découvrir deux personnages que j'ai adoré suivre : Charles et Geneviève. le duo que forment ces deux-là a été le point de départ de mon envie d'en savoir plus sur Anno Dracula. Geneviève est vraiment un personnage attachant et très réussi. Son « grand âge » n'en fait pas quelqu'un de pédant qui a tout vu et qui sait tout. Non, elle reste au contraire très humaine dans sa conduite, chaleureuse et bienveillante. Elle m'a tout de suite charmée. Charles, lui, a tout du gentleman anglais et il n'en fallait pas plus pour me plaire. Et leur duo est très intéressant, entre la réserve de cet homme mystérieux et le naturel désarmant de la vampire.

Ce qui est aussi une réussite est la présence de nombreux personnages connus, fictifs ou réels. J'ai vraiment adoré cet aspect là du roman. Et même si certains sont seulement cités, il était très agréable de voir s'entrecroiser les personnages des romans de l'époque ou des êtres ayant réellement existés (Jekyll, Lestat, Sherlock Holmes, Lestrade, tous ceux du roman de Dracula, Jack l'Éventreur, ses victimes, les policiers ayant participés à l'enquête…). J'allais très souvent sur la page wikipédia consacré au roman pour en apprendre un peu plus sur les protagonistes que je ne connaissais pas. C'est très ingénieux et original. Pour ma part, j'adhère totalement (je ne sais pas si cela est le cas des puristes par contre…).

L'intrigue en elle-même se concentre vraiment sur les meurtres de l'Éventreur. Je connais bien entendu l'histoire « originale », mais le plus important dans Anno Dracula est de voir mais aussi de comprendre le tueur, car à de nombreuses reprises des chapitres lui sont consacrés. On entre ainsi dans son délire, suivant ses pas macabres et voyant peu à peu l'explication à tout cela. Il est difficile de ne pas avoir pitié de lui d'ailleurs… Malgré l'horreur très présente dans le roman, l'auteur nous permet de cerner Scalpel d'Argent et c'est à mon sens le plus important. Les meurtres et donc l'enquête menée par Charles et Geneviève se retrouvent intimement liés mais tissent en même temps une toile autour d'eux. Différentes intrigues se mêlent donc avec justesse et nous permettent de mieux appréhender la nouvelle société anglaise que Dracula a créée. Ces derniers passages n'étaient pas forcément mes préférés, même s'ils avaient leur importance. Je préférais de loin retrouver mon duo préféré. Ce qui arrivait fort rapidement à chaque fois. D'ailleurs, j'ai souvent trouvé que les passages d'un chapitre à un autre était assez abrupte. Tout comme la fin… C'est assez déstabilisant même si on finit par s'y habitué…

L'ensemble a donc été une très bonne lecture qui a quelques défauts à mon goût. Je ne sais pas si je lirais les suites de Anno Dracula même si la curiosité me poussera sûrement à le faire dans un avenir proche.
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Difficile de mettre ce livre dans une étiquette ! Une uchronie ? Un roman fantastique ? De l'Urban Fantasy ? Peut-être pourrait-on dire une uchronie fictionnelle, car le roman déborde d'un concept original et jubilatoire. C'est parti !

Anno Dracula joue la carte de l'atypique. Le postulat de base est simple : Van Helsing, le chasseur de vampires, et ses compagnons n'ont pas su arrêter le redoutable Dracula. Le vampire s'installe donc à Londres et devient tout naturellement Prince Consort en épousant la veuve Victoria. Il étend son ombre maléfique sur l'Empire et le vampirisme se répand dans les rues de Londres, devenant la dernière mode pour les aristos en quête d'immortalité et de nombreuses prostituées avides de proposer des expériences particulières.

Kim Newman parvient à mettre en avant de nombreuses figures. Certaines sont historiques comme Oscar Wilde ou Jacques l'éventreur. D'autres sont issues de la littérature victorienne, comme le Docteur Moreau ou Sherlock Holmes. C'est un livre parfait pour tester sa culture et pour chasser les très nombreuses références. Trop nombreuses parfois car on aura l'impression que l'auteur s'enfoncera dans une forme de name-dropping, multipliant les personnages sans importance pour l'intrigue.

En revanche, l'écrivain dispose d'un talent certain pour créer des personnages nuancés et hauts en couleurs ! Que ce soit Geneviève, vampire française de quatre siècles, ou Charles l'aventurier qui peine à guérir de la perte d'un être cher, ils sont vraiment attachants dans leurs forces comme leurs fêlures. Ils forment ainsi un duo convaincant que l'on a grand plaisir à suivre. Même les personnages plus secondaires sont colorés.

Mais le plus impressionnant, c'est sans doute la capacité de Kim Newman à bâtir un univers cohérent à partir de son postulat de base. En effet, le règne de Dracula et le vampirisme ont un fort impact sur la société victorienne. Que ce soit avec des détails comme la mode qui change pour plonger dans le gothique mais aussi des choses plus importantes comme la politique ou les rapports de force qui se modifient en profondeur. On sent vraiment une société qui mute et adopte de nouveaux codes, où les individus s'adaptent également.

Pour conclure, c'est à mes yeux une lecture qui m'a conquise malgré ses quelques défauts. Entre personnages attachants, écriture rythmée et même une façon de construire la société de manière convaincante. C'est une lecture sympathiques pour les amateurs de littérature vampirique et d'époque victorienne.


Lien : https://www.lageekosophe.com
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Habituellement pas fan de récits de vampires, surtout lassée du vampire pour adolescent, je me suis laissée tenter par cette série qui prenait racine directement dans le récit originel de Bram Stoker.
Je suis tout de suite rentrée dedans et j'ai beaucoup aimé ma lecture.
Le récit est bien construit et assez sombre, les personnages sont attachants et jamais manichéens.
Dans une Angleterre où les vampires cohabitent avec les "sang-chaud", où la population a perdu ses repères, Kim Newman nous emmène dans les quartiers les plus sordides de la capitale britannique sur les traces d'un mystérieux tueur de vampires.
Bourré de références (littéraires, cinématographiques, historiques...), mêlant personnages historiques et fiction, Kim Newman réaliser un tour de force : construire un récit prenant, cohérent et addictif.
En revanche, je pense qu'il est préférable d'avoir lu le roman de Bram Stoker avant car les personnages principaux de Dracula se retrouvent dans le récit de Newman.
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Et si Dracula avait gagné contre van Helsing ? Et si il avait épousé la reine Victoria? A quoi ressemblerait l'Angleterre, voir le monde? Voici le postulat de départ de ce récit. Londres en cette fin de 19ème siècle n'a pas changé, à ce détail près.Pour naviguer dans le brouillard londonien nous allons suivre Charles Beauregard, une sorte d'espion, mandaté pour enquêter sur Jack l'éventreur.Celui-ci éventre toujours des prostituées de bas-étage, mais dorénavant elles sont également vampires, ce qui ne les sauve pas de la misère. le Londres de Dracula n'a pas meilleure mine que le Londres 100% humain, il est même encore pire. La misère est très présente et le seul ascenseur social est le baiser de l'ombre, bien qu'il ne garantisse rien. Ces vampires là ne font pas rêver, ils sont brutaux et sanguinaires. Pour la plupart les êtres humains sont du bétail, sauf pour quelques uns comme Geneviève Dieudonné qui va aider Beauregard. Enquêtes, intrigues, rebondissements, batailles... vont ponctuer le récit et nous tenir en haleine jusqu'à la fin.
(...)
Lien : http://booksandme.canalblog...
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