"
Anno Dracula" m'avait séduit au delà de mes espérances : le style de
Kim Newman, son imagination débordante, l'univers Steampunk qu'il avait inséré dans un roman fantastique plutôt classique, tout cela faisait en sorte qu'on plongeait au coeur d'une aventure peu ordinaire et palpitante.
Qu'en est-il de cette suite?
Franchement, c'est une réussite à mes yeux!
Alors que le premier opus se déroulait en 1888 à Londres en pleine période Victorienne, "Le Baron Rouge Sang" se passe en 1918 durant la Première Guerre Mondiale en France, sur les lignes du front de l'Ouest.
On y retrouve Charles Beauregard, agent des services secrets du Diogene's Club, Kate Reed la ténébreuse journaliste vampire et bien évidemment Dracula, devenu Graf von Dracula, conseiller personnel du Kaizer.
Ici, Newman nous plonge véritablement au coeur de l'horreur de la Grande Guerre : ça pue la mort, la peur, la boue et que l'on soit sang-chaud (humain) ou vampire, la seule perspective est de finir déchiqueté par les balles ou les obus allemands.
Mais il nous fait découvrir également un pan de l'histoire militaire qui pris naissance durant ce conflit : l'aviation militaire. En effet, avec l'avancé de l'industrialisation et les progrès techniques, les merveilleuses machines créés pour le bien -être de l'humanité furent très vite réappropriées et détournées par l'armée afin de s'assurer la suprématie des mers, des terres ou des airs.
Nous découvrons donc l'escadrille alliée des Condors et du côté allemand la compagnie JG1, le cirque volant du légendaire Baron Rouge, Manfred von Richtofen.
J'avoue ne pas être calé en militaria mais les recherches de Newman sont tellement pointues que je découvris avec fascination les fameux biplans de ce cruel conflit, leur maniement et les conditions de vols extrêmes des pilotes.
Les descriptions des combats aériens sont prenantes et j'avoue m'être laissé embarquer avec les pilotes malgré le fait que je ne suis pas grand fan de romans de guerre.
Et puis,le fait de transformer le Baron Rouge et son escadrille en Monstres volants, en véritables machines de guerre vivantes est une idée qui m'a de suite emballé. Honnêtement, je donnerais cher pour voir ces monstres ailés se battre contre des biplans sur grand écran!
Certains regrettent l'univers du premier roman. Pourtant, tout s'y retrouve dans cette suite : le fantastique est omniprésent et le côté Steampunk est encore renforcé par ces terribles machines volantes qui sentent l'huile chaude et le cambouis. Dans "
Anno Dracula" l'ambiance était lourde, grise du fait des décors d'un Londres en pleine révolution industrielle. Ici, tout est rendu plus oppressant par le fait que ces hommes ont existé et se sont réellement battus dans ces conditions épouvantables.
Et que dire des scènes se passant dans le laboratoire des docteurs Caligari et Ten Brincken ou dans l'antre du docteur Moreau, adepte d'expérimentations cruelles et sadiques sur des vampires estropiés aux combats. L'ambiance y est glauque, c'est sale, ça pue la souffrance et la peur, comme dans le repaire d'un certain Leatherface!
En résumé, excellente suite à mes yeux qui tient toutes ses promesses du début à la fin.
J'en viendrais presque à espérer que Newman nous ponde une suite se passant durant la seconde guerre mondiale...
Qui sait.
Note : 8/10