AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782359070118
150 pages
Les Editons de La Frémillerie (01/01/1900)
3.88/5   4 notes
Résumé :
A propos du film " Mê Thao " de la réalisatrice Viet Linh, Prix du Festival de
Bergame 2003, on a pu lire : " Tiré du roman " Chua Dan " (La Pagode du Luth) de l'écrivain Nguyên Tuân, sans conteste l'une des plus grandes figures de la littérature vietnamienne du XXème siècle, Mê Thao met en scène des thématiques viscéralement vietnamiennes. Les relations intriquées et ambiguës qui peuplent le film, le culte de la beauté statufiée et l'arrogance qu'il traduit,... >Voir plus
Que lire après La Pagode du luthVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tout d'abord, je remercie chaleureusement Babelio et les Editions La Fremillerie qui m'ont fait confiance en m'envoyant ce livre contre une critique libre et non rémunérée.

Il faut d'abord commencer par parler de la composition du livre qui peut surprendre. Il y a tout d'abord une note du traducteur, que je trouve personnellement essentielle à la compréhension de l'oeuvre, certains éléments demandent à être appréhender avec le contexte de l'époque pour faire sens. Il y a ensuite une préface, et autant son contenu est lui aussi essentiel, autant il aurait été bien plus judicieux de la mettre en postface vu qu'elle déflore totalement le contenu de l'histoire donc si, comme moi, vous n'aimez pas qu'on vous spoile toute l'histoire lisez là à la fin de votre lecture.

Nous avons donc ensuite trois parties concernant le récit en lui-même :
I. Mise en scène
II. Confidence en contrée insalubre
III. Epilogue

Tordons le cou de suite à l'épilogue qui, comme nous l'apprend la note du traducteur, est une partie ajoutée sur commande pour faire la propagande de la révolution, aucun intérêt pour le récit, il renseigne néanmoins sur un contexte historique particulier. Je l'ai lu mais, effectivement, il nuit au récit qui lui mérite le détour.

Ce récit donc présente deux temporalités différentes. Dans la première partie intitulée « Mise en scène », le lecteur est plongé dans un camp de prisonnier avec deux protagonistes principaux que l'on voit se rapprocher pour lier une ébauche d'amitié. J'ai été frappée par le côté contemporain de cette première partie. Je m'attendais à ce que j'ai trouvé finalement dans la deuxième partie, à une écriture plus ampoulée mais le camp de prisonnier offre définitivement un cadre proche et connu qui, s'il se passe dans une contrée méconnue de beaucoup, permet néanmoins facilement de se dérouler le film sans être perdu ou dépaysé. Les conditions de vie et de travail, les liens avec les gardiens, les amitiés au sein du camp sont passionnantes. C'est un passage que j'ai beaucoup aimé et qui tranche énormément avec le second, nous sommes ici dans la banalité froide d'un camp où chacun cherche à sa façon un peu de réconfort et de chaleur humaine, le contraste entre les deux temporalités met superbement chacune des parties en valeur.

En effet, dans la vie quotidienne de ce camp de déportés, ce prisonnier-là était représentatif d'une classe d'intellectuels passionnés d'action et nourris d'illusions, pour qui la Révolution était devenue une religion et qui gardaient en toutes circonstances un moral inébranlable à l'instar des moines sur la voie de la perfection.

La seconde partie, le récit dans le récit intitulé Confidence en contrée insalubre, présente une histoire surnaturelle teintée d'une horreur poétique mais néanmoins fatale. Dans cette partie, nous avons un trio de protagonistes principaux, un quatuor si l'on personnifie le luth hanté. Linh, nommé ici Lanh Ut, que nous découvrons en deuil de sa défunte femme, Ba Nho, contremaître du domaine et ami du jeune maître en deuil, et enfin, Dame To, une chanteuse renommée qui s'est retirée suite au décès de son époux.
Dans cette partie, le héros est Ba Nho, il est celui qui invite le surnaturel dans l'intrigue et l'affronte dans une danse macabre poétique. J'ai adoré cette partie non seulement parce que ce personnage est touchant au possible mais également parce que tout y est emprunt d'une douceur et d'une mélancolie exotique. C'est un passage définitivement émotionnel qui met l'accent sur le deuil, la souffrance, la dévotion et le désir. le lecteur baigne dans la prose poétique très sensuelle qui met tous les sens en éveil et est bercé par les métaphores du vers à soi et de la musique. Deux champs lexicaux opposés qui se marient pourtant sublimement dans une danse où l'éphémère côtoie l'éternel.

Le côté horrifique de l'histoire est plutôt bien traité, il arrive par touches subtiles puis finit par prendre toute la place pour servir une morale à qui voudrait bien l'entendre. Celle que pleurer ce qu'on a perdu est important mais que ça ne doit pas nous faire oublier ce que l'on a encore. Et en extrapolant un peu, on peut pousser la réflexion plus loin, les morts sont morts et les vivants sont vivants, ces derniers ne doivent pas cesser de vivre pour les morts, la vie est aussi un devoir que l'on se doit et que l'on doit à nos chers disparus.

In fine, la première partie intitulée Mise en scène n'en est vraiment qu'une, une excuse pour plonger dans ce récit mis en abyme qui, lui, est un conte ou une fable fantastique, délicieusement exotique et parfaitement servi par une écriture délicate.

Pour conclure, nous avons ici, une oeuvre qui mérite d'être connue, un conte horrifique vietnamien où la mort danse en mesure sur un luth hanté et où l'auteur rappelle que qu'avoir perdu un trésor précieux ne doit pas nous faire oublier ceux que nous avons encore et que vivre est aussi un hommage aux morts. Une belle découverte que je recommande chaudement.
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
Commenter  J’apprécie          50
Merci Masse critique de m'avoir permis de découvrir ce livre.
J'ai été dérouté par la construction. Tout d'abord cette longue introduction pour expliquer ce qui va suivre. Mais pourquoi la mettre avant le récit? Cela pour moi gâche le plaisir de la découverte, avec des passages sortis hors contexte. J'ai donc sciemment sauté ce prologue pour le lire à la fin. En le lisant après le récit, alors je l'ai trouvé beaucoup plus intéressant.
Ensuite vient le court roman en lui même. J'ai été transporté, surtout dans la 2ème partie. Je l'ai trouvé beau, poétique, bien traduit. J'ai été enveloppé dans cette histoire tragique, et la 1ère partie qui finit par faire sens....Magnifique. Les notes de traduction m'ont plus dérangé qu'été vraiment utiles, elles avaient tendance à me sortir du récit, j'ai donc la aussi décidé de ne pas toutes les lire. le contexte suffisait le plus souvent à comprendre, et même si certains termes ne l'étaient pas ou demeuraient flous....Était-ce si grave? J'ai préféré lire ce récit avec les mots vietnamiens originaux, je le trouvais plus vrai ainsi.
L'histoire est belle. Une histoire d'amour et d'amitié entre un maître et son employé, une histoire d'amour entre une chanteuse et son mari. Tous ces personnages, dignes d'une tragédie antique, qui se battent pour ne pas sombrer....
J'y ait vu de belles allégories, la musique bien sûr, le deuil....Et j'ai aimé que finalement il y ait 2 parties au récit : celle du présent, froide implacable, qui nous permet de percevoir ce qu'était la colonisation du Vietnam, et celle du passé, romantique.
La 3ème partie n'apporte rien et de savoir que c'était une obligation (comme expliqué dans le prologue) m'a permis de m'en détacher. Pour rendre hommage à l'auteur il fallait l'insérer, mais ce n'est pas ce qui fait l'intérêt de ce roman.
Pour finir le 4ème de couverture était pour moi inutile ainsi fait. En effet j'ai cherché des infos sur le film soit disant tiré du roman et l'histoire n'a absolument rien à voir. Donc faire un lien entre les deux....Bof pour moi.
En résumé, une belle découverte, j'ai vraiment été transportée au Vietnam. Dans la forme, j'aurais procédé autrement (les explications à la fin, une sélection plus serrée des notes de traduction pour ne garder que les essentielles) mais cela n'a pas gâché ma lecture que j'ai dévoré en 2 jours.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai reçu ce livre grâce à la dernière Masse critique Babelio et aux éditions de la Frémillerie, merci! 🙂

J'avais choisi ce livre parce que je voulais découvrir un peu la littérature vietnamienne et je n'ai pas été déçue, c'était vraiment une bonne lecture! le traducteur a préfacé et annoté le texte, ce qui permet aux lecteurs-trices peu familier-e-s avec cette culture de ne pas être perdu-e-s. Je recommande malgré tout de ne lire la 2e moitié de la préface qu'après le roman, parce que cette partie-là est spoilante.

Le texte est découpé en 3 parties distinctes. Il semble que le texte d'origine était une nouvelle, qui a ensuite été insérée entre deux épisodes écrits sur forte incitation du parti communiste au pouvoir, afin de faire passer une idéologie plus conforme à la politique de l'époque. Ces trois épisodes sont tous intéressants à leur manière, bien que le dernier, qui sert d'épilogue, soit un peu faiblard à mon avis.

De nombreux thèmes sont abordés: le deuil, la nature, la musique, les traditions, la colonisation et bien d'autres encore. J'ai été très sensible aux descriptions de l'environnement, que j'ai trouvées très belles, et à la façon dont le thème de la musique et des sons est abordé.

Une très chouette découverte, à la fois pour l'immersion dans une culture que je connais très mal et pour l'histoire en elle-même. J'espère avoir l'occasion de découvrir d'autres livres de l'auteur et d'autres écrivains vietnamiens.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Jamais Dame To n'avait ressenti avec tant d'acuité cette émotion et cette souffrance comme elles sont exprimées aujourd'hui par le luth. Car le tricorde libère ici toute sa hargne, comme pour la rejeter entièrement dans l'espace. Il s'étrangle de refouler le chagrin au fond du cœur du mélomane. Il est la confidence qu'on ne saurait dévoiler. Il est le motif d'agacement qu'on garde jalousement enfoui. Il exsude la plainte de l'âme d'un être privé d'ami. Il est la frustration physique d'une union interrompue. Il est le cri déchirant des promesses du fidèle amour. Il est l'écho lancinant des vagues qui viennent mourir sur la plage le soir. Il est la rafale impuissante devant les minuscules fentes de la claire-voie. Il est la crise de rhumatisme aiguë d'une fin d'automne gorgée de pluie. Il est l'éparpillement lascif des feuilles tombant de leurs branches. Il est la frêle langueur du champignon anonyme aux lamelles jaunies et dépareillées. Il est le coup de l'éternel et injuste destin qui frappe une existence paisible. Il est le misérable sort d'une vie vouée à la soie et au bambou. Il est l'inextricable enchevêtrement d'une histoire inachevée...
Commenter  J’apprécie          00
En effet, dans la vie quotidienne de ce camp de déportés, ce prisonnier-là était représentatif d'une classe d'intellectuels passionnés d'action et nourris d'illusions, pour qui la Révolution était devenue une religion et qui gardaient en toutes circonstances un moral inébranlable à l'instar des moines sur la voie de la perfection.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : littérature vietnamienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5267 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}