Le titre de ce polar sorti en 1954 ne vous est sans doute pas inconnu, puisqu'il a été adapté par John Sturges en 1955 (Bad Day at Black Rock) avec Spencer Tracy et
Robert Ryan dans les rôles principaux. Howard Breslin, qui utilisait le pseudonyme de
Michael Niall pour ses romans policiers, nous offre un neo western de la plus belle eau.
Eté 45, un homme mystérieux arrive à Black Rock, petite ville d'ouvriers agricoles et d'éleveurs de bétail.
« Sous le soleil qui montait dans le ciel, les ombres se rapetissaient dans la rue centrale de Black Rock. La chaleur , cette chaleur sèche de haut-fourneau, devenait intolérable. le sable poussiéreux semblait se décolorer et se désagréger. Pas le moindre souffle d'air, et peu d'ombre. On avait eu le même temps hier, on aurait le même temps demain. Pourtant, ce jour-là, n'était pas comme les autres. La ville en prit conscience moins d'une heure après l'arrivée de Macreedy. »
On se croirait revenu au temps du far West, lorsqu'un lonesome cowboy surgi dont ne sait où venait malmener l'apparente quiétude d'un patelin oublié.
Macreedy s'installe, et observe. le lecteur, comme la poignée d'habitants, doit attendre une cinquantaine de pages pour connaitre la raison de sa venue. Il est à la recherche d'un citoyen japonais résidant jadis à Black Rock, disparu peu après l'attaque de Pearl Harbor.
Très vite, la quiétude se lézarde, l‘homme devient l'objet de toutes les curiosités et de toutes les attaques, jusqu'à la déflagration finale, un duel revisité entre un homme et les potentats locaux.
Breslin/Niall distille habilement suspens, et tension, qui vont crescendo.
Un homme est passé est un anti-western qui tourne le dos aux schémas manichéens. Il nous offre une vision sombre de l'Amérique, dénonce la discrimination subie par les Asiatiques lors de la seconde guerre mondiale, le racisme et le maccarthysme qui a atteint son paroxysme en 1953 et 1954, lors de l'écriture du roman.