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EAN : 9782381910482
104 pages
Anamosa (20/01/2022)
4.09/5   16 notes
Résumé :
Repenser l'universalisme classique, ce n'est pas réveiller le démon du particularisme, de la pureté biologique et des passions fascistes. Ce n'est pas non plus tomber dans le piège de l'identité comme fondement de toute légitimité, ni couper la République en deux. C'est, tout au contraire, chercher le chemin d'un humanisme à la mesure du monde.
Partout, des plateaux de chaînes info aux tribunes des grands hebdomadaires, des interviews présidentielles aux phén... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je n'avais pas dit mon dernier mot ! Déçue par Emancipation : luttes minoritaires, luttes universelles ? j'ai persévéré et commandé à ma libraire préférée cet Universalisme par Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang chez Anamosa. La collection se propose de « s'emparer d'un mot dévoyé par la langue au pouvoir, de l'arracher à l'idéologie qu'il sert et à la soumission qu'il commande pour le rendre à ce qu'il veut dire. » Michel (Foucault) je sais que tu n'es pas loin de ces lignes et que tu souris de contentement. Et moi donc !
Pour des raisons personnelles, j'ai trouvé il y a quelques années sur ma route Léopold Sédar Senghor, son itinéraire politique, ses oeuvres, sa place d'homme d'Etat, d'académicien et de lettré. Sa civilisation de l'universel. Et depuis, je me bats avec cette notion pour essayer de démêler ce qu'elle a de porteur des dangers de certaines de ses acceptions.
Par les temps qui courent, il est facile d'exacerber les postures au point de ne laisser aucune complexité à des notions et de les opposer gaillardement afin d'alimenter la polémique. D'un côté l'universalisme républicain qui déclare l'homme « sans étiquette » afin de mieux protéger l'égalité entre tous. de l'autre, des hommes et des femmes qui refusent que soit niés une histoire, une différence de traitement de fait, le scandale d'une république qui exclut. le risque fustigé : que cette demande de reconnaissance soit le terreau d'un particularisme défaisant l'unité républicaine.
Evidemment, vu comme ça, on a peu de chances de s'en sortir. C'est que, pour Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang, nous ne sommes sortis de la décolonisation que pour entrer dans une colonialité. Dans un régime qui impose le silence et le déni sur tout le colonialisme et demande à tous de s'intégrer en faisant fi du passé. C'est en se taisant qu'on oubliera. C'est dans ce silence que se forgera le creuset égalitaire. Et c'est faire montre de dolorisme victimaire ou de sentiment antidémocratique que de voir les choses autrement. Je retrouve la réflexion déployé dans le remarquable Ci-gît l'amer de Cynthia Fleury.
Incroyable comme ce mécanisme résonne avec celui développé dans les groupes où l'incestuel règne. Logique de domination par le langage, par l'imposition de ce qui peut être dit, pensé, montré et de ce qui ne peut exister et dont on ne parle donc pas.
Fort de ce principe, l'universalisme ne peut être que celui de l'homme blanc, la domination condescendante et ethnocentrée d'une Europe elle-même coupée de ses douleurs et de ses origines métissées. Ce petit livre le montre admirablement. L'analyse est fine, elle revient sur l'assaut du Capitol par les partisans de Trump, sur les discours de nos hommes politiques, la mise à distance prudente qu'ils font des revendications noires, les cantonnant à de nécessaires luttes américaines, loin de notre France, terre des droits de l'homme, forcément exempte de ce type de problématiques. Elle montre tous les impensés derrière le mot « universel » et met en avant ce qu'il faudrait y voir pour que la notion soit opérationnelle. Un universel qui prenne en considération cet espace-temps où nous sommes tous les produits des colonisations successives, en tant que colons, en tant que colonisés, et où le décentrement du regard vers la possibilité d'un autre point de vue coexistant avec le nôtre est la seule manière de faire.
C'est vif, c'est intelligent, c'est percutant, éclairant. C'est court aussi. Une fulgurance qui fait du bien et qui remet les idées en place.
Je ne sais pas encore ce que cet éclairage fait à l'universalisme de Senghor, où placer exactement sa vision mais nul doute que mon regard est déjà décrassé de bien des scories. Suite au prochain épisode !
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En France, l'universalisme fait l'objet d'un monopole intellectuel dans le discours politico-médiatique et serait menacé par un « nouvel antiracisme », « racisme déguisé » utilisant des concepts essentialisants et menaçant l'ordre républicain en déclenchant une guerre des races. Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang se proposent d'analyser ce pseudo-universalisme, d'établir « l'archéologie d'une falsification », puis d'ébaucher un « universalisme postcolonial ».
(...)
Alors qu'une inversion orwellienne est à l'oeuvre dans les discours politico-médiatiques dominants, Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang nous offrent des outils pour les décrypter et construire une résistance.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Tiré de la très stimulante collection le Mot est faible des éditions Anamosa, ce livre vient mettre de grands coups de pieds dans la fourmilière du fourre-tout "universalisme".

Dénonçant les travers d'un universalisme de façade, de mots, de posture, les auteurices promeuvent l'avènement d'un universalisme réel - et non décrété -, nécessairement postcolonial. Rien à voir donc avec la logorrhée médiatique, le prêchiprêcha politique et autres injonctions masquant les véritables intentions et idéaux de qui les prononce.
Le continuum colonial entre Europe et USA est un fil rouge majeur des analyses de l'ouvrage, tout comme la continuité entre le traitement des colonies et celui des territoires ultramarins ou des "quartiers populaires". Vomir Trump sans voir de quoi il est l'emblème, et en quoi cela nous concerne et nous représente aussi en Europe en général, et en France en particulier, est une marque d'aveuglement pointée par Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau.

Le livre invite aussi, dans ses premières pages, à une intéressante réflexion sur le terme "allié·e", que l'on retrouve régulièrement dans les vocabulaires de luttes. Je ne suis pas forcément totalement convaincu par le point de vue des auteurices, mais c'est intéressant !

J'ai beaucoup aimé aussi la fin, sur la ville comme espace postcolonial et le traitement de la question des statues rendant hommage à des figures brutales - a minima - de l'histoire de France. Ni à laisser, ni à totalement détruire, elles peuvent "simplement" être déplacées, comme cela s'est fait à Berlin par exemple, pour être exposées dans un espace où elles seront remises en contexte et où l'on choisira de venir les voir.

Court, percutant et limpide. Une lecture fort recommandable.
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La collection "Le mot est faible " des éditions Anamosa, entend "s'emparer d'un mot dévoyé par la langue au pouvoir, de l'arracher à l'idéologie qu'il sert et à la soumission qu'il commande pour le rendre à ce qu'il veut dire". Ambition plus que salvatrice dans un monde où le débat politique perd de son sens. Je rentre dans cette collection grâce à la masse critique de Babelio et avec un concept qui déchire la gauche actuellement, l'universalisme.
Le livre démarre en plaidant pour un universalisme antiraciste. Les auteurs montrent que l'antiracisme est désormais vu comme une menace pour l'universalisme. Pour eux, l'universalisme doit être pensé avec une vision post-colonial, à l'inverse de ce qu'ils qualifient de "pseudo-universalisme". Ils pointent la manière dont le terme a été falsifié, vidé de son sens originel pour des discours politiques eurocentrés. L'universalisme tel qu'il est défini par certaines élites politiques permet en réalité de garder la main sur le roman national. Les auteurs rappellent que les effets de la colonisation ne sont pas terminés. Les traitements des banlieues et des Dom-Tom portent encore la marque de ces années de domination. le pseudo-universalisme permet également de se défausser des crimes, de nier que nos institutions sont les héritières d'atrocités faites à d'autres populations.
Après avoir défini le pseudo-universalisme et ses impostures, les auteurs proposent un universalisme " à la mesure du monde". Ils définissent le chemin vers une pensée postcoloniale qui serait l'affaire de tous. Cela passe par l'éveil des consciences historiques, la prise de position de tout ce qui le souhaite et le renoncement aux certitudes. C'est en acceptant un débat réellement ouvert à tous et où chacun peut s'exprimer malgré ses particularités que la voie d'un nouvel universalisme est possible. Les question du voile et du choix des statues sur les places de nos villes sont posées.
Ce court texte est d'une très grande densité. Ils décortique le terme et trace la voie d'un nouvel universalisme où chacun pourrait se retrouver. Un ouvrage passionnant qui permet de prendre du recul par rapport aux débats identitaires nauséabonds du moment. Passionnant et très accessible !
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Petit opuscule d'à peine 100 pages, Universalisme, de Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang nous emmène sur l'histoire de ce concept, ses angles morts et ses limites.
en une dizaine de courts chapitres les auteurs démontent le concept d'universalisme tel que forgé pour les intellectuels et l'élite française pour évoquer cette pensée qui reste racisme et discriminatoire dans son fond, renforçant une colonialiste qui n'en fini jamais, en France, dans les banlieues mais aussi dans les relations avec les territoires d'outre mer. Iels montrent également la filiation entre le racisme français et américain et l'influence de la pensée républicaine française dans le racisme d'outre mer.
En déconstruisant les discours universaliste dévoyé et en décolonisant l'espace public
En invoquant les figures méconnues et invisibilisées de plusieurs auteurs racisés, Suaudeau et Niang invitent à accepter d'être un pays post colonial, seule manière pour eux de ne pas devenir un pays post-républicain.
Si ce petit ouvrage ne bouscule pas les montagnes il a néanmoins le mérite de remettre les choses à leur place et d'inviter à reconsidérer ce qu'on considère comme inamovible et inchangable dans notre façon de penser universalisme et antiracisme.
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critiques presse (2)
NonFiction
04 mai 2022
L’universalisme républicain est parfois accusé de reposer sur une assise coloniale et raciste. Peut-il servir de référence à l’antiracisme ?
Lire la critique sur le site : NonFiction
Notre intellectuelle franco-sénégalaise [...] nous revient avec une petite bombe de 100 pages, co-écrite avec Julien Suaudeau, sobrement intitulé Universalisme, un concept humaniste blanc puissamment interrogé par une conscience postcoloniale…
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'universalisme de la conscience historique n'est ni une mise en accusation de l' homme blanc, ni une posture victimaire propre à la “génération offensée“, ni une culture de la repentance attachée à l'expiation d'un privilège, ni une concurrence des mémoires.
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Un jour de grève, fin mai 1967, la gendarmerie tire sur la foule qui manifeste dans les rues de Pointe-à-Pitre. Les ouvriers du sucre réclament une augmentation de salaire. « Les Nègres reprendront le travail quand ils auront faim », répond le préfet Pierre Bolotte. Quelque temps plus tard, nommé en Seine-Saint-Denis, celui-ci créera la BAC. Des colonies à l'outremer et aux banlieues, I'universel et l'ordre républicain sont les noms politiquement corrects du contrôle social et de la domination. (23)
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Notre essai se veut à la fois une critique de la raison pseudo-universaliste et une ébauche de l'universalisme postcolonial, qui doit oeuvrer à une société post-raciste.
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De tous les empires européen de l'ère moderne, aucun n'a plus que la France occulté la sauvagerie coloniale derrière le voile de sa mission “civilisatrice“: l'universalisme classique est à la fois une fausse monnaie et un instrument de conquête, l'arme du crime et la rivière où on la jette.
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Nous formons ici l'hypothèse que ce que les pseudo-universalistes appellent universalisme n’est ni une valeur, ni un principe, ni un concept. Il s'agit d'une arme doctrinale à laquelle on a assigné trois fonctions principales : refouler l’histoire du colonialisme français, maîtriser le roman national et présenter le racisme comme un objet lointain, étranger, obsolète, sans aucune réalité ni actualité dans la France d’aujourd’hui.
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Video de Mame-Fatou Niang (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mame-Fatou Niang
Entretien avec Mame-Fatou Niang, Alain Policar et Julien Suaudeau. Dans leurs ouvrages, ils montrent comment l'idéal universaliste a été détourné pour préserver des hiérarchies sociales, mais mérite encore d'être poursuivi. Extrait.
Pour voir l'émission intégrale : https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/180222/sauver-l-universalisme-malgre-ses-devoiements#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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