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C'est une étude et une dénonciation des valeurs morales de la civilisation. C'est aussi un rappel des anciennes façons de procéder, comme par exemple lorsqu'on jugeait un acte seulement selon ses conséquences. Ce qui a bien changé depuis longtemps.
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C'est un livre pour les adeptes de philosophie, de sociologie, mais aussi pour ceux qui ne sont pas figés sur leurs "valeurs" sans même savoir sur quelle base elles reposent. C'est un livre qui, au milieu d'autres ouvrages de l'auteur, propose autre chose.
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Bonne lecture...
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Belle découverte du texte de Nietzsche dans sa version livre-audio offerte par Babelio et l'éditeur (Thélème), via une opération masse critique (je remercie vivement les deux). Une fois n'est pas coutume, je ne parle donc pas ici du contenu, mais du contenant, atypique, qui porte et sert le texte avec précision. Une pochette simple, sans chichis, un CD, pour 2h55 de lecture offerte. Ça tombe bien, ma villégiature en campagne s'annonçait, juillet débarquant avec son soleil caniculaire.

Première expérience auditive pour moi depuis l'école maternelle. La voix du lecteur - Julien Allouf - est belle, posée, le ton clair, on boit les mots du philosophe à la moustache, avec facilité et enthousiasme. J'ai donc testé cette écoute sur la route des vacances, parfait accompagnement de circonstance. Attentif au moindre détail du pamphlet critiquant le dogmatisme des philosophes chrétiens et platoniciens, la route file à toute berzingue. On ne voit pas le temps passer, ni l'essence filer. Attention cependant, l'abus de Nietzsche sur le macadam peut entraîner de sérieuses pannes d'essence.

Je l'avoue, le concède volontiers, les aires de repos ont peut-être été quelque peu écourtées à l'occasion, afin de rejoindre le philosophe allemand, mais il faut me comprendre, on arrivait sur la partie originale dans laquelle Friedrich pousse à remettre de la créativité dans une pensée trop ancrée dans les croyances. Ça vous fait aisément sauter un pipi ou deux.

Idiotie de l'homme se fantasmant subitement éclairé, je me sentais bien plus apaisé au volant de mon véhicule, éloigné des bisbilles habituelles, concentré sur l'"esprit libre" que Nietzsche tentait de faire naître en moi (j'ai manqué d'expérimenter cette liberté en fraudant deux ou trois péages autoroutiers, en vain, ma liberté n'était pas placée dans le larcin).

Bref, ce que je cherche à démontrer ici, c'est l'absolue modernité du texte, ancré dans notre quotidien, résonnant aujourd'hui plus que jamais, universel et inventif. Il est certain que je vais me pencher plus régulièrement sur ce genre de propositions (le catalogue des éditions Thélème est très intéressant et fourni), parfaites pour s'instruire sur la route, relativiser la vie, au lieu de hurler sa bile au volant.
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Par Delà le bien et le mal peut ressembler à un cri pour l'indépendance du philosophe, ou mieux ses Lumières. Nietzsche ouvre son livre sur les préjugés des philosophes. Oui, les philosophes aussi ont des préjugés, leur science n'est pas si objective qu'ils le prétendent.

On entre aussitôt dans le monde Nietzsche, on aborde la côte du perspectivisme. Bien qu'il y ait des pensées non approuvées par le lecteur, l'explorateur- lecteur peut très bien voir des décors exotiques, des sculptures étranges, surprenantes, il continue son exploration en acceptant la découverte d'un monde, celui d'une subjectivité avec des points de vue autres que les siens. Ce monde qui nous apparaît éclaté, sans frontières, a sa cohérence et porte un projet.

Nietzsche rejette de ses terres le dogmatisme en matière de philosophie. le philosophe ne doit pas être assimilé à Oedipe, qui cherche uniquement une réponse à des questions ; il apprendra à détrôner l'art du Sphinx, à savoir poser des questions audacieuses, dangereuses ; et découvrir dans une archéologie leur matière première, leur fondation. Par là, la philosophie sera considérée comme problématique. On s'interrogera sur la valeur de vérité. Au-delà, une rupture fondamentale s'opère : la recherche est astreinte à une exigence d'authenticité, ou de radicalité.

En premier lieu, la morale. Nietzsche distingue une typologie de la morale, elle est donc vue comme un problème. Il affirme que la morale a été considérée uniquement en tant que phénomène descriptif. Nietzsche se demandera : pourquoi la morale ? de là, sa généalogie du bien et du mal, d'abord le bien/ le bon est ce qui est bénéfique à la communauté, puis ce qui s'en distingue par la suite, devient mauvais. Il gratte ainsi le palimpseste de la morale.

Dès lors, c'est la navigation des « dangereux peut-être » qui s'ouvre pour le philosophe. Son exploration est ponctuée de question comme : pourquoi le vrai et pas le faux ? Pourquoi l'Un plutôt que le multiple ? Que nous cache cette valeur de vérité ? Nietzsche dira que la « pensée consciente du philosophe » est imputée aux « activités instinctives ». Alors, il pourra dire aussi que renoncer au faux, c'est renoncer à la vie ; qui est perpétuel changement, perpétuelle sculpture. Par conséquent, toute quête, toute fouille répond à des "exigences physiologiques".

Le platonicisme est vu comme un « christianisme du peuple ». La volonté de puissance agit ; les philosophes aussi objectifs qu'ils se prétendent, veulent forger le monde à leur façon ; de là, un « instinct tyrannique » nous dit Nietzsche, de là, cette volonté de vérité unique. Toute philosophie n'est pas aussi froide, aussi distante de la subjectivité : le philosophe voit dans les réponses des « confessions de son auteur, des sortes de mémoires involontaires ». Nietzsche déconstruit par là le « préjugé » de vérité unique, dès lors, il n'y aura pas qu'une seule vérité, mais des multiples interprétations. de son voyage, le philosophe n'aura pas la même vision que les autres navigateurs. C'est une expérience unique que rend possible le perspectivisme. Ce sera une quête dont la boussole d'orientation sera la vie.

A l'esprit de « préjugé » il opposera un esprit « libre » ou encore « aristocratique ». Contre le nihilisme des philosophes, ou du christianisme, Nietzsche refonde les valeurs cardinales : le courage, la lucidité, l'intuition et la solitude. Cet esprit « a le respect de soi », il ne cherche nullement la mortification. Il a le « courage d'aventuriers », « une curiosité agile et subtile » qui lui permet une exploration riche sur la mer de la connaissance. Il se distingue, de ceux qui restent sur les côtes, ne contemplant que la lumière du soleil immuable. Aussi, se dirige-t-il aisément au sud, que Nietzsche dit être « une grande école de guérison de l'esprit » : la santé, l'épanouissement se trouvent à la côte méridionale. le philosophe fuira la côte septentrionale, l'Europe, l'Allemagne, dont il voit l'étendard du nihilisme, son drapeau flotter au loin.

Nietzsche fait sortir la philosophie de son « obscurantisme », de ce qu'il qualifie de dogmatisme ; pas de réfutation de doctrine, mais à l'horizon, autres terres d'explorations. Mais tout ne se vaut pas, car il faut évaluer, ce qui implique une forme interprétative.

Par delà le bien et le mal, c'est dépasser le bien et le mal, valeurs du christianisme. Niezsche ne proclame pas l'absence de tout "bien" ou "mal."
Si Dieu est mort, l'hypocrisie continue, ces valeurs sont vides de substances. L'homme va pouvoir, dans cette aurore nouvelle , créer de nouvelles valeurs et rechercher ce qui est bon pour lui.
Il s'agit plus d'une forme de sagesse que de morale. Ainsi Zarathoustra défend le bon égoisme : se développer individuellement pour pouvoir apporter sa richesse à l'autre. N'est-ce pas là un signe de santé après un long voyage ?

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Nietzsche offre au sein de cette oeuvre une critique extrêmement acerbe d'une part de la société qui l'environne, sous plusieurs aspects: la morale, l'art, la religion, etc. et d'autre part des textes philosophiques classiques.
Vraiment très intéressant à lire, car cela donne à réfléchir (comme tout texte philosophique par définition). de plus, la plume de l'auteur est souvent soignée, agréable, voire poétique.
Ce qui est moins positif selon moi: certains propos sont extrêmement courts (parfois une seule phrase), par conséquent la thèse exprimée n'est pas expliquée, ce qui peut rendre le texte difficile à comprendre (même si certains propos longs sont aussi difficiles à comprendre). J'ai moins aimé également les pages à propos des femmes, au cours desquelles se fait jour toute la misogynie de l'auteur.
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Le philosophe trompe le lecteur quand il met en scène son propre monde dans un système comme le firent Kant et Spinoza...
C'est la figure du philosophe que déboulonne en premier Nietzsche dans ce livre....
Composé d'environ 300 aphorismes.
Un "genre" que maîtrise parfaitement bien le meilleur philosophe à moustache, selon moi.
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"Par delà le bien et le mal" de Nietzsche, une plongée dans l'effervescent bouillon des idées du 19e siècle, car il s'aventure là où la morale conventionnelle hésite à mettre le pied. C'est un joyeux cocktail de pensées qui peut secouer et désorienter autant qu'il peut éclairer.

Contextuellement, imaginez l'Europe de la fin du 19e siècle, une époque de bouleversements sociaux et intellectuels. Nietzsche, un penseur iconoclaste, se lève dans ce tumulte, remettant en question les fondements mêmes de la morale, de la religion et de la vérité. L'ombre de la montée des idéologies, les questionnements sur la science, tout cela forme le fond sur lequel Nietzsche peint ses visions audacieuses. Bien que je n'adhère pas vraiment et ne comprends certainement pas toujours où il veut en venir. Je m'admet bien coupable d'être mauvais lecteur ici.

L'oeuvre elle-même, avec son style non conventionnel, évoque un voyage intellectuel. Imaginez-vous sur un radeau philosophique naviguant dans des eaux agitées. Les maximes cinglantes de Nietzsche sont comme des vagues provocatrices, parfois vous propulsant vers de nouvelles perspectives, parfois menaçant de vous submerger.

La structure chaotique du livre reflète probablement le tumulte de l'époque. Les sections courtes et percutantes semblent être des éclats de pensées qui fusent dans toutes les directions. C'est une exploration intellectuelle, mais parfois, on se demande si on a pris un virage trop brusque.

L'impact de Nietzsche réside dans sa capacité à défier le statu quo. Son rejet de la morale traditionnelle et sa recherche d'un surhomme font écho aux bouleversements de son temps. Les idées émergentes sur la volonté de puissance s'inscrivent dans la transformation sociale en cours.

En résumé, "Par delà le bien et le mal" est un produit de son temps, une fusée philosophique dans une époque de changements. Bien que je donne un 3/5 en raison des secousses intellectuelles parfois turbulentes, il reste une fenêtre fascinante sur une période où les certitudes vacillaient et où Nietzsche cherchait à donner un nouvel élan à la pensée humaine.
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Très beau titre mais c'est encore plus beau en allemand : Jenseits von Gut und Böse.
Je n'y ai pas compris grand-chose il faut l'avouer, cela m'apprendra à vouloir philosopher au-dessus de mon QI. Pour essayer de comprendre ce monsieur je pense me rabattre vers des auteurs qui m'auront mâché le travail, en évitant les philosophes qui voudront en profiter pour se mettre en avant en se payant directement sur la bête ; ils sont nombreux dans cette corporation. J'ai retenu quelques passages, ceux que j'ai compris et qui m'ont interpelé. C'est pas toujours politiquement correct tout ça, c'est pour cela que ça m'intéresse.
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"Moraliser ne serait-ce pas immoral?" comme le dit l'auteur. C'est exactement ça. Nietzsche nous demandes ici pourquoi la morale devrait être moralisée. Chaque chose n'aurait de valeur que parce que nous lui en donnons une. Il n'inverse pas la morale, mais il essaye de voir ce que pourraient donner les choses en voyant au-delà de la morale d'où le titre Par-delà bien et mal. Il nous parle de religions, de philosophes, de la noblesse, de la vertu, des scientifiques et même de l'Europe avec des lunettes de l'époque évidemment.

C'était fluide à lire et quelquefois même poétique, comme il le dit lui-même: il n'écrit pas de philosophie ennuyeuse comme les autres (il a à ce moment-là, cité Kant disant que ça n'enlevait rien à sa qualité, mais...). J'ai été étonnée de voir comment certaines choses étaient très visionnaires, même si d'autres fois en prédisant le futur il s'était trompé. Cela nous fait réfléchir sur plusieurs notions. Je n'ai mis que quatre étoiles parce que j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de références inexpliquées (même avec les notes), à des philosophes polonais ou d'éminents scientifiques dont on n'a jamais entendu parler à notre époque. Mais c'est le temps qui veut ça. J'ai aussi été choquée par certains propos que l'auteur tenait sur les femmes, certaines fois il disait qu'elles étaient capables, d'autres qu'elles étaient hystériques et qu'en travaillant elles gâchaient leur féminité, la société future nous a montré le contraire. Encore seulement 4 étoiles parce que j'ai été très déçue par la huitième section sur les peuples. Je m'attendais à une section palpitante partant à la machiavel sur le pouvoir, la politique, le comportement humain, et en fait pas du tout. Il parlait du peuple allemand, ce qui normal puisqu'il est allemand, un peu des Français, mais ce n'était pas ce qu'on pouvait s'attendre à voir dans cette section. Il y a également plusieurs paragraphes que je n'ai pas tout à fait comprit (assez peu), je pense que je relirai ce livre dans le futur, et que je comprendrai mieux à ce moment-là.

Mis à part ces points négatifs, j'ai adoré ce livre visionnaire, qui fait réfléchir, qui change du gnangnan habituel, qui choque, qui bouleverse, et bouscule les mentalités. Je ne sais pas si c'est l'allemand ou la traduction, mais le style, bien qu'un peu difficile, était vraiment magnifique. C'était réellement agréable de lire un livre de philosophie comme ça. A lire et à relire!
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Nietzsche, j'en ai entendu parlé lors de mes cours de philosophie au lycée. J'avais envie de découvrir cet auteur par l'un de ces textes et Par-delà le bien et le mal est donc le premier de ses ouvrages que je découvre.

Je l'ai découvert en livre audio et je pense finalement que ce format n'était pas très bien adapté dans mon cas. En effet, le rythme imposé du lecteur n'était pas forcément celui dont j'avais besoin : j'aurais aimé par moment revenir quelques passages en arrière, relire une phrase ou passer plus de temps sur un passage - chose que l'on peut aisément faire avec un livre papier mais pas tellement avec un livre audio -.
De plus la version audio ne présente que le texte du chapitre I au chapitre IV si bien que le texte fini très abruptement (je ne sais pas combien de chapitres composent le texte papier).

Concernant le contenu de cet essai, je suis un peu déçue. En effet, l'ensemble me donne l'impression de gros fouilli. Les thèmes abordés sont nombreux (point positif si on ne s'intéresse pas à un thème particulier) mais ceux-ci le sont trop à mon goût, ne permettant pas un développement clair et profond des idées (but principal selon moi d'un texte philosophique...).

Rien n'a de grâce aux yeux de Nietzsche et il critique un grand panel d'auteurs tout au long de cet ouvrage. Sa vision de la femme, très misogyne, m'a particulièrement dérangée, me laissant un goût amer à la fin de mon écoute.
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Alors là nous sommes sur du lourd, puisque l'oeuvre philosophique de Nietzche nous demande de méditer sur la morale, ses principes et ses entraves.

Un texte qui, à mon sens, est à replacer dans le contexte de l'époque (l'essai est paru en 1886). En effet, par exemple, on trouve des passages d'une grand misogynie, tout du moins lu avec le recul de notre temps...

Concernant la lecture... et bien il faut s'accrocher et se débattre avec le vocabulaire poussé et tortueux de l'auteur !

Celui-ci tente de pousser au maximum les mots pour que le lecteur saisisse le fond de sa pensée ; ce qui nécessite lecture et relecture... et réflexion sur certains passages.

Un livre qui se mérite, donc !
Lien : http://jeanmarc06.wixsite.co..
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