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EAN : 9782711200177
390 pages
Les Arènes (06/02/2019)
4.5/5   16 notes
Résumé :
Leningrad, juin 1941. Lorsque l’URSS entre en guerre contre le IIIe Reich, Nikolaï Nikouline a 17 ans. Engagé comme radio, il est tour à tour artilleur, puis soldat de l’infanterie. Quatre ans plus tard, il ressort miraculeusement vivant du vaste carnage qui, avec 27 millions de morts, totalise le plus grand nombre de pertes civiles et militaires de la Seconde Guerre mondiale.
Pendant ces quatre années, il a vécu au plus près l’horreur du front de l’Est, l’en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
SURVIVRE ET PRESERVER

“L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien" (G. Patton).

Ces deux témoignages écrits par des combattants de 1ère ligne combattant dans les conditions les plus sauvages qui soient peuvent se lire l'un derrière l'autre.

Le fond est le même que ce soit du front de Leningrad à Berlin après un passage par les Pays Baltes et Dantzig (Gdansk) en Poméranie ou lors des assauts amphibies de la 1ère division de Marines sur Peleliu et Okinawa. La même haine, la même peur, la même fureur, la même bestialité...La première force de ces Grands Témoignages réside en la présentation réelle de ce qui fût et non de ce qui fût ensuite recréé. Personne n'est épargné. Qui sème le vent (Allemagne, Japon) récolte la tempête. Après la logique interne de la Guerre à outrance prend le dessus.

Les différences absolument considérables résident dans le soin qu'ont le corps des officiers, l'intendance, les services de santé de leurs troupes d'assaut. Les Marines s'occupent le mieux possible de leurs soldats. On se rend compte qu'il y a une vraie attention.

Les Frontoviki sont laissé à l'abandon, envoyés au massacre avec comme corollaire un carnage sans fin qui rappelle les descriptions apocalyptiques des combattants de tranchée de 14-18 (cf les peintures d'Otto Dix, les écrits de Junger, le mémorial de Verdun sur les lieux de l'affrontement). On voit qu'en 1944, les Russes savent désormais mener des offensives combinées interarmes de très grande envergure, que le matériel américain est présent (camions Studebaker, jeeps...).
Mais de 1941 à mi-1943, on bouche les trous avec de la chair humaine. L'incurie soviétique est sans limites..
"Bir-Hacheim le rombier" (http://www.bir-hacheim.com) écrit que seule la folie russe pouvait stopper la cruauté mortifère nazie...Il a raison....Quel anéantissement...!

Une fois en Allemagne, les russes perdent tout contrôle. C'est une armée ivre qui s'empare de Berlin.
La population civile de Prusse-Orientale devient de la chair à pillage, meurtre et viol...
Voilà la réponse à la destruction "façon terre brulée" des terres russes, à la mise à mort d'enfants, d'adultes, à la liquidation des prisonniers (sans parler du traitement spécifique de la "Question juive").
La Wehrmacht se souille littéralement y perdant son honneur tant revendiqué. Les "ostkampfers" se révèlent être des fils de reitres et de lansquenets. le retour du bâton se fait sous la forme d'un fléau de Dieu...

Ce que je trouve admirable dans ces témoignages c'est que ni NikolaÏ Nikouline, ni Eugen Sledge (rajoutons bien sûr Mario Rigoni Stern avec son "Un sergent dans la neige") n'ont perdu leur âme.
Ils ont préservé, on ne sait comment, une part d'humanité.
L'auraient-ils perdue qu'il n'y aurait rien à commenter, ni à justifier ou à reprocher...
Le Marteau-Pilon écraseur de chair et d'os est un Moloch affamé révélateur de la face la plus noire de notre espèce. Ne pas le croiser sur sa route est un Cadeau.
On le doit à celles et ceux qui s'y collèrent.
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Alors, certes, je vais radoter en disant que n'est pas Genevoix qui veut.
Mais j'ai vraiment été marqué voire remué cette année par la lecture de "Ceux de 14".

La prose de Nikolaï Nikouline n'est pas autant bouleversante (l'est-elle d'ailleurs moins du fait qu'il s'agit du front de l'Est de 1941 à 1945 ?) et pourtant l'homme est loin d'être un illettré.
Après le conflit, il présentera une thèse de Doctorat sur l'oeuvre de Pieter Bruegel l'Ancien à l'Université de Leningrad, puis deviendra guide conférencier et conservateur au musée de l'Ermitage, et enseignera l'Histoire de l'Art à l'Académie des Beaux-arts de la même ville.

On ressent toujours, au travers de ce récit que l'auteur ne destinait pas originellement à la publication, la désorientation dont ont souffert les troupes de 1ère ligne, qui ne bénéficiaient de la "big picture" de l'ensemble du front et du conflit.
Pour autant, ces soldats ont immédiatement senti qu'ils étaient de la chair à canon, dirigés par une clique de planqués, voleurs et alcooliques qui étaient légion chez les sous-officiers et officiers de cette Armée Rouge des années 1940 qui avait subi de nombreuses purges.
L'URSS avait pour elle une démographie et des ressources pléthoriques, qui lui permettront d'user progressivement puis de submerger la Wehrmacht, mais il est clairement difficile d'être impressionné par la stratégie de l'Armée Rouge sur la période courant de 1941 à 1943.

Nikouline reconnaît d'ailleurs aisément la supériorité allemande en terme d'organisation, et l'incurie de la plupart de ses supérieurs.

L'alcoolisme et la violence des troupes à l'égard des civils effraie ensuite, à l'entrée sur le territoire allemand, mais il est difficile pour nous de se glisser dans la peau du troufion soviétique, et de comprendre son état d'esprit, lui qui a subi 4 ans d'horreurs nazies sur son propre sol.

Nikouline poursuit enfin sur les rencontres et échanges qu'il aura pu avoir, postérieurement au conflit, avec d'autres vétérans, qu'ils soient soviétiques ou allemands... avec d'ailleurs une certaine amertume, constatant que la plupart des "héros" et médaillés survivants n'auront que peu connu la 1ère ligne.
Il est d'ailleurs exceptionnel que quelqu'un qui a passé tant de temps à l'avant ait survécu à cette boucherie et gardé suffisamment de recul et de jugement pour ne pas se mêler aux atrocités commises par ses camarades.

C'est probablement en cela, et du fait qu'il remettait en cause nombre de clichés entretenus par la propagande officielle sur les héros de la Grande Guerre patriotique, que ce récit a tant bouleversé en Russie.
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Comme toujours ce type de lecture me prend aux tripes.
Première fois que je peux lire le quotidien des soldats russes lors de la seconde guerre mondiale.
Ce n est pas triste,c est immonde la façon dont ils sont traités...rien n à évolué, n est ce pas Mr Poutine ?
La guerre et ses délires sont racontés tels quels.
Un bain de sang et de sauvagerie,un manque cruel de respect de la vie humaine.
La Russie est véritablement un autre monde et une autre mentalité.
A lire
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Qui n'a pas pleuré en voyant “Quand passent les cigognes” ou “La balade du soldat” ? Ici est décrite la “vraie” guerre dans toute son abjection, cela n'a rien à voir avec la propagande sur la “Grande guerre patriotique”, mais les millions de morts, les soldats envoyés se faire tuer inutilement, le mépris de la vie humaine, le commandement incompétent, ivre, les privilèges des seigneurs de la guerre. Ayant traversé l'an dernier la région où se déroule le récit, je revois avec émotion les lieux de mort, qui sont oubliés, absent de la mémoire des vivants. Un grand livre qui rejoint la littérature.
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3 années de tranchées face à l'armée allemande autour de Léningrad.
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critiques presse (1)
LeFigaro
14 février 2019
Dans la veine des grands témoignages sur la Seconde Guerre mondiale, les carnets de Nikouline ont bouleversé la Russie lors de leur publication en 2007.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A la guerre, l homme perd tout ce qui constituait sa vie d avant :ses parents, sa femme, ses enfants, ses biens, ses livres, ses amis, son entourage. On lui donne un uniforme qui efface son identité et une arme pour faire le mal.il n à aucun recours face à ses supérieurs, qui sont presque toujours injustes et ivres et qui le forcent à commettre des meurtres et autres atrocités sans réfléchir. En d autres termes, la guerre vous fait perdre figure humaine et vous transforme en bête sauvage qui mange,dort,travaille et tue.
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Pauvres gars de Russie ! Coincés entre le marteau et l enclume de l histoire, entre deux génocides. Exterminés d un côté par Staline,qui les poussait vers le socialisme à grands renforts de balles, et de l autre par Hitler, prompt à liquider des myriades d innocents.
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