Totaux
Ton temps têtu te tatoue.
T'as-ti tout tu de tes doutes ?
T'as-ti tout dû de tes dettes ?
T'as-ti tout dit de tes dates ?
T'a-t-on tant ôté ta teinte ?
T'a-t-on donc dompté ton ton ?
T'as-ti tâté tout téton ?
T'as-ti tenté tout tutu ?
T'es-ti tant ? T'es-ti titan ?
T'es-ti toi dans tes totaux ?
Tatata, tu tues ton tout.
La Langue Verte, 1954
Verdures
Grande cuvée
Vigneron, la cuve
Mousse à gros bouillons,
C'est comme un Vésuve,
Ton vin morillon.
Du sang militaire,
Du jus de saison,
On voit que la guerre
T'en verse à foison.
Mais qui peut tant boire ?
Un flot combattant
Se jette au pressoir.
Mais qui boira tant ?
Surtout qu'il en faut
Du goût pour la crampe
À celui qui lampe
Ce rouge nouveau !
Sacré sang des hommes,
Quelqu'un trouve doux
Ce vin rogomme.
Donc en boirez-vous,
Ou bien faudra-t-il
Que ce vin futile
S'en aille à l'égout ?
Donc, vous boirez tout,
Visibles archanges
Qui gérez si mal
Ces lourdes vendanges
Du règne animal.
NAUFRAGE
Quand flanche à la vague
Tout le saint-frusquin,
C’est grande noubague
Chez la gent requin.
Ce qui fit ripaille
Excessivement,
La panse et l’entraille,
Les ameublements !
Les hauts baldaquins,
Quelle hostellerie
Pour les gueuseries
Des merlans taquins.
Bien-sûr, c’est joli,
Sur les fonds de vase,
Les armoiraglases
En limba poli,
De plume ou de laine
Deux cents matelas
Pour les entrechats
Du peuple sirène.
Et vive la joie :
Dans l’Escurial
turbots et lamproies
Se donnent un bal.
Mais quel soleil triste,
Ô triste et fraudeur
Est séminariste
De ces profondeurs
Malgré les harpistes
D’algue, exécuteurs
De concerts flatteurs.
Mais quel soleil triste.
Jeanne Moreau - Chanson à Tuer
Plante ce couteau, minette
Mais droit au coeur s'il te plaît
La besogne à moitié faite
Et les meurtres incomplets
Font horreur à l'âme honnête
Qui n'aspire qu'au parfait
Qui n'aspire qu'au parfait
Parfait, parfait, parfait
Les couteaux à cran d'arrêt
N'ont cure des pâquerettes
L'homme dort comme un boulet
Plante ce couteau, minette
La nuit saoule de planètes
Ne se souviendra jamais
Ne se souviendra jamais
Jamais, jamais, jamais
Droit au coeur, au coeur discret
Qui dans son profond palais
Sait mourir sans chansonnette
Plante ce couteau, minette
La nuit saoule de planètes
Ne se souviendra jamais
Ne se souviendra jamais
Jamais, jamais, jamais
Ne se souviendra jamais
Paroles: Norge
Musique: Michel Philippe-Gérard
+ Lire la suite