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Michel Chandeigne (Traducteur)Patrick Quillier (Traducteur)Maria Antónia Câmara Manuel (Traducteur)
EAN : 9782070314683
192 pages
Gallimard (20/05/2004)
3.92/5   18 notes
Résumé :
trad. du portugais par Maria Antónia Câmara Manuel, Michel Chandeigne et Patrick Quillier , préface de Patrick Quillier, 192 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Poésie/Gallimard (No 395)
Que lire après Matière solaire - Le poids de l'ombre - Blanc sur blancVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
“I see your True colours shinin' throught” chantait Cyndi Lauper. La poésie de Eugénio de Andrade est faite de ces chromatiques des garçons et des saisons, des fruits et des nuits.

“faire d'un mot une barque
c'est là tout mon travail”

C'est une balade agréable mais un peu répétitive : l'invariabilité des mots alliée à l'unicité du thème le tout dans un style très abstrait et les couleurs ne s'attardent pas, elles passent en quelques traits, sur l'immensité du blanc de la page… on finit par se perdre dans ce labyrinthe de strophes éthérées, gémellité des quatrains, homogénéité des vers, arrive un moment où l'on a comme l'impression d'être déjà passé par là.

“La lumière que nous foulons est si parfaite
qu'elle ne peut mourir, comme ne meurt
l'éclat du regard qui t'a vu te dévêtir.”

Parfois, sans prévenir, entrelacée au milieu de strophes bucoliques s'entre-ouvre brusquement le chapitre du désir. Cette poésie, nettement plus incarnée, d'une calme (homo)sensualité me rappelle vaguement le poète grec d'Alexandrie Constantin Cavafis, la “sensation palimpseste” en moins.

Mais quand Cavafis semble revivre les états antérieurs de sa vie intime au moment de l'écriture, comme si les souvenirs primitifs à nouveau étaient accessibles, le tout avec ce qu'il faut de narratif pour égrainer un embryon de contexte, même indécis ; chez de Andrade au contraire, rien n'est circonstancié autour du désir, à peine les lumières et les couleurs sont elles esquissées, et les avatars des saisons fruitives et gazouillantes évoqués, c'est tout. On ne peut deviner s'il s'agit d'un souvenir ou d'un fantasme.

Le charme du poète portugais réside dans cette sybilline gémination entre le désir et la lumière, fugace, enivrante, aveuglante, et douloureusement éphémère des saisons.

Qu'en pensez-vous ?
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Voilà un recueil dont le titre est tout à fait juste. le soleil est très présent, pas forcément sous son aspect le plus éclatant, il se nuance d'ombres, sa lumière peut être indirecte. Mais en tout cas, ce soleil de mots et d'images iradie, et m'a réchauffé le coeur de ses doux rayons ...

Ces textes ont été écrits au seuil de la vieillesse , entre 1980 et 1984. Eugenio de Andrade est mort en juin 2005. On y ressent le retour vers l'enfance, le goût de la chaleur de l'été portugais, la volonté de s'accorder au rythme des saisons.

C'est une langue sensuelle, tout en clarté et en concision, qui chante le pays natal, le désir, la nature.

" Mais comment faire durer
Jusqu'au dernier moment
cette bouche, ce soleil?

Il faut l'aimer,
patiente et haute,
là où la flamme chante"

La mer , les oiseaux, le vent, tout un monde aérien et léger se déploie, et s'accorde aux sensations du poète :

" Je travaille avec l'amère et fragile
matière de l'air"

Ce qui m'a attirée et touchée dans ce recueil, c'est cet émerveillement persistant face au monde, malgré les angoisses et les souffrances., ce lumineux partage de mots.

Solaire, décidément, oui, et comme j'ai aimé cette belle vision du poète qui" tient le soleil endormi dans ses bras"....
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Ce recueil débute par une celebration de la matière solaire: des corps, du sexe, du soleil de l'été, de la beauté physique.
Suit le poids de l'ombre, l'automne, l'odeur des pommes en train de pourrir au pied de l'arbre, la décrépitude du corps, des regrets teintés de lucidité.
Des textes lus et relus sans aucune entrave de la traduction.
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Ces courts poèmes touchent par leur simplicité et pourtant les choses les plus nécessaires à la vie sont là : le soleil, la mer, les arbres, les oiseaux, le corps, le désir.

La lumière du soleil y est à la fois chaleureuse, brûlante, mouillée, obscure. L'été est plus qu'une saison : c'est l'enfance, c'est un corps, c'est le pays du poète et la matière même de sa poésie. Même si une certaine mélancolie traverse le recueil, le poète célèbre le monde et communie avec la nature, amoureusement, joyeusement, fraternellement, sensuellement. La vieillesse et la mort deviennent elles-mêmes solaires. Cela m'a fait penser au Cantique de Frère Soleil de Saint François d'Assise.

A lire comme on prend un bain de soleil !
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« Solaire » est le mot parfait pour décrire ce recueil. Les mots sont comme des caresses reçues à la fin d'une journée d'été. L'auteur jouit de la nature et de l'effleurement des corps. Une lecture pleine de chaleur qui permet de poser le cerveau et de se laisser glisser.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
“bien sûr, tu les désires, ces corps
où le temps n’a pas encore planté
ses cornes profondes — le désir n’est-il pas
l’ami le plus intime du soleil ?
Oui, tu les désires, comme si chacun
d’eux était le dernier, le dernier corps
que ton corps ait le pouvoir d’aimer.”
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Traverser le matin jusqu'à la feuille
des peupliers,
être frère d'une étoile, ou son fils,
ou peut-être père un jour d'une autre lumière de soie,

ignorer les eaux de mon nom,
les secrètes noces du regard,
les charbons et les lèvres de la soif,
ne pas savoir comment

l'on finit par mourir d'une telle hésitation ,
un si grand désir
d'être flamme, de brûler ainsi d'étoile
en étoile ,

jusqu'à la fin.
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MATIÈRE SOLAIRE 1980
I


Tu pourrais apprendre à la main
un autre art,
celui de traverser le verre ;

tu pourrais lui apprendre
à creuser la terre
dans laquelle tu suffoques syllabe après syllabe ;

et même à devenir eau,
là où, à force d'être regardées,
les étoiles tombaient.

p.23
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La vérité, c'est que je n'ai jamais su le nom
de cette fleur qui dans certains regards
s'ouvre dès l'aube
maintenant il est trop tard pour le savoir.
Ce que je sais, c'est que même dans le sommeil
il y a une rumeur qui ne dort pas,
une manière pour la lumière de se poser, la trace
d'une larme brûlante.
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Tu appuies ton visage sur la mélancolie et tu n'entends
même pas le rossignol. Ou est-ce l'alouette ?
Tu peux à peine supporter l'air, partagé
entre la fidélité que tu dois

à la terre de ta mère et au bleu
presque blanc où l'oiseau se perd.
La musique, donnons-lui ce nom,
a toujours été ta blessure, mais aussi

au milieu des dunes ton exaltation.
N'écoute pas le rossignol. Ni l'alouette.
C'est en toi
que toute la musique est oiseau.

(Blanc sur blanc, IV)
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Video de Eugénio de Andrade (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugénio de Andrade
EUGÉNIO de ANDRADE - Poeta português
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