En bonne latiniste et historienne, c'est le titre de ce livre d'
Amélie Nothomb qui m'a intriguée et donc attirée au départ. Les "Catilinaires" sont en effet une série de 4 discours célèbres de
Cicéron (consul romain), dénonçant les agissements de Catilina (homme politique romain), un véritable exemple d'éloquence.
Et, comme d'habitude avec cette romancière, le choix du titre est à la fois surprenant et amusant.
Le thème principal, repris dans le résumé sur la quatrième de couverture, m'a également séduite : ce couple de retraités cherchant la solitude et une vie paisible à la campagne, vie rêvée qui sera perturbée par un voisin plus qu'intrusif.
"La solitude à deux, tel était le rêve d'Emile et Juliette. Une maison au fond des bois pour y finir leurs jours, l'un près de l'autre. Etrangement, cette parfaite thébaïde comportait un voisin. Un nommé Palamède Bernardin, qui d'abord est venu se présenter, puis a pris l'habitude de s'incruster chez eux chaque après-midi, de quatre à six heures. Sans dire un mot, ou presque. Et cette présence absurde va peu à peu devenir plus dérangeante pour le couple que toutes les foules du monde…"
Dans
Les Catilinaires, l'auteure montre à quel point on ne sait rien de soi. C'est d'ailleurs avec ce questionnement sur la connaissance de soi que commence et finit le roman.
Mais c'est aussi un récit sur la tyrannie et relative perversité des rapports humains.
Amélie Nothomb y suscite une réflexion sur ce qu'on est amené à supporter par politesse et/ou gentillesse, sur les conséquences du manque d'assertivité et sur le pouvoir de la "victime".
Dans ce livre, on retrouve aussi l'un des sujets favoris de la romancière, surtout dans ses premiers écrits : le dégoût et la fascination provoqués par un corps difforme.
J'ai apprécié ce roman noir, cruel et audacieux. Je l'ai en effet trouvé particulièrement bizarre et dérangeant mais il ne sera pas mon préféré, même si c'est justement parce qu'elle écrit toujours des histoires originales, peuplées de personnages banals ou inquiétants que j'aime cette écrivaine.
De plus, je n'ai pas vraiment pu m'attacher aux personnages, dont les caractéristiques et évolutions sont pourtant très bien décrites.
La plume de l'auteure est, comme toujours, excellente et agréable à lire, alternant légèreté, cruauté, vitalité et réflexion, avec une bonne dose d'humour mordant.
Ce court roman, dans lequel elle a pris le parti d'une narration à sens unique (on ne connaît que le point de vue d'Emile et Juliette), était peut-être moins rythmé que d'autres. Toutefois, je trouve qu'il est haletant (j'avais besoin de savoir où cela allait nous mener) et se lit donc très vite. J'ai particulièrement savouré la montée progressive de l'angoisse, du suspense, et la fin assez inattendue...
Amelie Nothomb excelle dans l'art de créer une atmosphère lourde et oppressante. Petit à petit, le dégoût et le malaise s'installent, malgré le cadre idyllique dans lequel l'action se déroule, tandis que le rêve vire au cauchemar.