Roméo sans Juliette n'est pas qu'une sinistre histoire d'amour. C'est aussi une histoire de choix. Décider de préparer son avenir, ou de le détruire. Prendre les bonnes décisions, afin d'éviter le pire.
Avec ce roman terrible et saisissant,
Jean-Paul Nozière nous montre que la vie d'un individu peut aisément glisser d'un extrême à l'autre. Qu'un enfant, dénué de tout repères familiaux, peut très vite être embarqué dans des choses qui le dépassent. À cause des mensonges de ses proches, de la dureté de l'éducation de certains parents, mais aussi et surtout à cause de ses propres choix. Comment Roméo, garçon fainéant et indécis, est-il devenu ce malfaiteur ? Qui l'a précipité vers l'abîme ? Lui seul.
Roméo s'est laissé happer par l'influence des autres, leurs convictions idéologiques et politiques, malgré lui. Au début, il souhaitait tuer l'ennui, en jouant avec le feu, savourant l'excitation, l'adrénaline, que procurent ces intants de danger. Puis il a eu peur des représailles. Seulement, faire marche arrière est délicat, voire impossible, lorsque l'irréparable a été commis.
Quant à Juliette, elle tient avant tout à se protéger de cette mauvaise influence qui gravite près de chez elle ; se préserver de l'indifférence que lui témoigne Roméo. Leur amour ne tient qu'à un fil ; Juliette attend qu'un miracle se produise. L'égoïsme et le mépris lui permettent de supporter l'attente, de tenir à distance la bêtise, la haine, et la violence. Elle souffre de l'attitude de Roméo, de ce qu'il devenait. Elle culpabilise de ne pouvoir empêcher ce changement. Pourquoi Roméo préfère-t-il traîner avec des gens racistes et dangereux, qui plus est de parfaits inconnus, plutôt qu'avec celle qu'il aime ?
Ces deux personnages m'ont fendu le coeur. On les voit se chercher, s'éloigner, se heurter ; on craint qu'ils ne se perdent pour toujours. Qu'ils soient devenus trop différents. Ou pire, que l'un d'eux ne pardonne pas à l'autre...
J'ai tout aimé de cette histoire, absolument tout : la narration, présentée sous forme de flash-back et de récits alternés des deux protagonistes ; la plume de l'auteur, douce, fluide et mélancolique ; le titre, qui laisse présager le pire ; et la fin, émouvante.
Un roman à mettre entre toutes les mains d'adolescents amoureux, ou à la dérive.
En librairies le 13 mai.
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