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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Challenge plumes féminines 2021 – n°12

J'avais acheté ce roman à l'époque d'un challenge ABC mais au final, je ne l'ai jamais lu. Il aura fallu l'aide de la pioche de Décembre pour qu'il sorte enfin de ma pal. Ça sera ma première lecture de cette auteure et une totale découverte car j'espère qu'à l'époque de mon choix, le résumé m'avait intrigué.

Finalement, il s'avère que c'est le premier tome d'une série assez dépaysante, l'enquête se déroule en Afrique du Sud. L'histoire se déroule en 1952 en plein coeur de l'apartheid où un inspecteur-chef doit résoudre le meurtre d'un capitaine de police. Comme dit l'auteure : « Le crime n'avait pas de couleur ». L'entrée en matière est rapide : un appel semble être un canular mais on envoie quand même quelqu'un au cas où. Il y a bien eu un meurtre et l'enquête se lance en suivant. Au fur et à mesure de celle-ci, on apprend à connaître le personnage principal et les moeurs de l'époque. Dépaysement assuré, dans tous les sens du terme. L'enquête est longue et délicate car tout est nimbé de secrets et de la différence entre les « races » (blanc, noir et métis). Malgré tout, le style de l'auteure est agréable et se lit plutôt bien même si elle l'agrémente de termes zoulous ou afrikaans qui ne sont pas traduits. C'est assez long et lent à lire mais l'atmosphère est suffisamment atypique pour maintenir mon attention sur l'histoire. Certains passages sont malgré tout assez rudes à lire, il m'a fallu m'y reprendre à plusieurs fois mais les 100 dernières pages ont été lues bien plus vite que les précédentes tant il me tardait de connaître la fin de cette enquête très complexe en bien des points…

Comme vous l'aurez compris, ce premier tome a été une excellente découverte. Même s'il a été long à lire, j'ai apprécié découvrir cette région du monde en plein apartheid où les règles étaient bien différentes suivant les « races » et les circonstances. J'ai longtemps cru que l'inspecteur Cooper était « noir » du fait du comportement des autres vis-à-vis de lui. Malla Nunn a écrit 4 romans avec l'inspecteur Cooper mais seulement deux ont été traduits en français. C'est dommage car ça nous permet de voir une réalité non décrite dans les livres d'histoire. Je remercie Pat0212 de m'avoir aidé à le sortir de ma pal, il n'aurait pas dû y rester autant de temps. Je conseille donc aux amateurs de romans policiers dépaysants de découvrir cette auteure et sa série en plein coeur de l'apartheid. Pour ma part, je me procure le tome 2 dès que possible et je pisterai si la suite sera traduite, bien que cela m'étonnerait, le tome 1 a quasi 10 ans.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Afrique du Sud , à proximité de la frontière avec le Mozambique, un homme, afirkanner et policier est trouvé mort. C'est un inspecteur chef, Cooper, venant de Johannesburg qui se trouve chargé de l'enquête. Nous sommes en 1952, l'Afrique du Sud, s'enfonce dans l'apartheid, séparant de plus en plus, métis, noirs et blancs, alimentant leur théorie par une lecture étrange des évangiles . Dans un tel contexte, tout le monde cache quelque chose ce qui ne facilite pas l'enquête. Pour compliquer le tout on envoie du "renfort" une sorte de groupe aux méthodes très semblables à celles des SS et en parfaite concurrence avec Cooper.

C'est un très bon polar qui dessine l'Afrique du Sud de l'époque avec un flic complexe et une enquête qui se déroule avec un bon rythme .

Comme il s'agit d'une trilogie j'espère retrouver Cooper et continuer cette série.


Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Ce roman était intéressant pour en apprendre plus sur l'ambiance qui régnait en Afrique du Sud au début des années 50. En effet, en plus de suivre une enquête policière, l'auteure distille quelques informations dans ses descriptions. Nous y voyons le racisme ambiant, l'Apartheid ovni-présent et la sévérité des nouvelles lois votées par le National Party. Les Boers ou Afrikaners ne doivent pas avoir de contacts avec des métis ou des zoulous. Ces derniers ont même des chemins qu'ils doivent emprunter pour se déplacer, que l'on appelle sentiers cafres ! Je suis encore choquée de ce que j'ai pu lire.

J'ai aimé découvrir certains paysages sud-africains, notamment le veldt (ces grandes étendues sauvages). J'ai aussi apprécié découvrir quelques mots zoulous (même si je ne retiendrai sûrement que yebo = oui).

Concernant l'enquête, celle-ci était intéressante et bien menée. Il n'y a pas eu de temps mort dans le récit, qui au contraire fourmillait de rebondissements. J'ai eu cependant un peu de mal à m'attacher aux personnages, et même à Emmanuel Cooper que j'ai trouvé un peu trop vulgaire. Peut-être le faisait-il exprès, mais il aurait pu parfois être un peu plus délicat. Je serai par contre curieuse d'en connaître un peu plus sur lui, sur son parcours et ses démons.

Encore une fois, j'ai été particulièrement choquée par le comportement de ces hommes blancs qui se croyaient les maître du monde, simplement du fait de leur couleur de peau. Leur impunité est choquante, tout autant que du peu de cas que les policiers faisaient des affaires dont les victimes étaient des métis ou des zoulous.
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Merci à Babélio et à la jeune Maison d'Edition Des Deux Terres (2003) de m'avoir donné l'opportunité de découvrir la première enquête de l'inspecteur Cooper dû à la plume de Malla Nunn.


Nous sommes loin des brumes londoniennes de Holmes et Watson, loin du high-tea des policiers victoriens, loin du boulevard Richard Lenoir où flotte toujours l'ombre de Maigret, nous sommes bien dans "d'autres terres". Et c'est ce qui rend ce policier particulier, intéressant et interpellant. Car au-delà d'une simple enquête policière exaltante, c'est l'Histoire d'un pays, d'une nature, d'habitudes, de moeurs, de morale, de catégories sociales qui nous claquent au visage.

1952, Afrique du Sud, le veldt, un corps, pas n'importe lequel : celui du capitaine Pretorius, un blanc, un afrikaner. C'est toute l'horreur de la ségrégation sociale qui s'élève au faîte de la violence la plus vile. Les blancs (opposition entre anglais et hollandais), les métis (à qui la partie de sang noir empêche pleinement leur reconnaissance...) et les noirs (qui, selon les lois de l'apartheid, spirituellement ne sont pas des êtres humains à part entière), tout ce monde se côtoie, s'évite, se méprise, se hait. La vie n'a pas le même prix selon que l'on soit blanc, sang mêlé ou zoulou.

Un inspecteur-chef de Jo'burg, Emmanuel Cooper, chargé de l'enquête, devra tirer "prudemment" tous ces fils, comprendre les non-dits, dominer ses répulsions pour arriver à démêler l'écheveau. Par le cafre, on le suit d'une communauté à l'autre, on comprend son respect et sa méfiance. le plus terrible est encore cette loi sur l'immoralité (qui transforme la réelle immoralité en quelque chose d'inexistant), la chasse au communiste, la rivalité et la cruauté de la "Security Branch" qui pourrit le pays au nom d'une société sans morale : l'homme dans toute sa splendeur bestiale... Chez les Boers, la religion offre une fois de plus une dimension proche de l'exaltation démente qui fait perdre leurs repères aux faibles d'esprit (la mère - le jeune fils Pretorius). Tous les actes répréhensibles commis viennent des interdits : victimes (le père - le fils - l'anglais King) et Victimes (Davida...). Les personnages qui entourent l'inspecteur sont aussi marqués par ce lien de dépendance que représentent leur attachement au maître et le cheminement qu'ils devront accomplir pour accepter les faits. L'ombre des années de guerre 1940-1945 sont continuellement présentes dans les "maux de tête" de l'inspecteur revenu au pays qu'il aime : d'une souffrance à une autre. La présence de Zweigman (le docteur juif à l'épouse apeurée) reste mystérieuse mais évocatrice d'autres maux.

Le livre emmène de page en page dans un univers étouffant, violent, d'une densité psychologique qui remue, d'une réalité sociologique effarante (tenter de s'en sortir par des études pour une métisse est impossible, se faire passer pour blanc et renoncer à son identité...). le souffle qui entraîne ne laisse aucun répit à la flânerie, il assène les vérités que nous "digérons" mal mais c'est ainsi, on ne peut réécrire L Histoire. Nous faire comprendre ce pays est une gageure réussie. Plus que l'écriture d'un policier, l'auteur campe une Afrique du Sud de 1952 dans tout ce qu'elle avait de... je cite une de ses phrases : "le sommet de la pyramide du mal". L'extrême fin du roman laisse une porte ouverte à un certain espoir qui pourrait ne pas être utopique... L'enquête policière est tout à fait crédible, on la suit et on commence à deviner qui est le coupable lorsque Cooper lui-même y parvient.

Malla Nunn est "aussi cinéaste et a trois films à son actif", cela se ressent : l' écriture alerte racontant lieux, personnages et dialogues rendent la lecture très visuelle.

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Le capitaine de police Pretorius vient d'être assassiné. il était blanc et capitaine de police, ce qui suffisait à le rendre très influent. L'inspecteur Emmanuel Cooper, arrivant tout droit de Jo'burg va tenter seul contre tous de découvrir ce qui s'est réellement passé et non cette vérité qui arrange bien du monde. Il est aidé dans son enquête par Shabalala, enquêteur zoulou droit et honnête et un vieux médecin juif allemand au passé trouble. Très vite, Cooper se heurte aux membres de la Security Branch, au service du National Party, des Blancs peu scrupuleux et déterminés à faire payer n'importe quel Noir, communiste de surcroît. La famille de la victime, respectables Afrikaners, tout du moins en apparence sont quant à eux décidés à faire justice eux-mêmes.

Ce livre est à l'opposé de ce que je peux lire et affectionne habituellement. Point d'ambiance londonnienne, d'époque victorienne ou de froid polaire. Ici tout est étouffant, la haine tenace et les rivalités inter-raciales omniprésentes. Cette région d'Afrique de Sud, à la frontière du Mozambique est hostile par son climat social. Nous sommes dans les années 50, et les lois pour la suprématie des Blancs régissent le pays. Les Afrikaners, les Zoulous et les Métis doivent cohabiter sans se "mélanger" et la hiérarchisation des races laisse peu de place à la communication et à l'altruisme. L'enquête policière est passionnante et la notion de justice toute relative. Parmi les nombreux personnages, on trouve de véritables pourritures, grisées par un semblant de pouvoir, de braves gens victimes de leur couleur de peau et condamnées à subir éternellement et des hommes qui luttent tout simplement. L'inspecteur Cooper et Shabalala sont de ceux-là.

J'ai beaucoup appris au sujet de l'histoire de ce pays, j'ai été sidérée et scandalisée par certaines lois ou règles de l'époque et par la condition des Noirs qualifiés de sous-hommes. C'est noir et terrible car véridique et la fin n'a rien d'un happy end dans le sens où on l'entend.

Un excellent moment de lecture instructif et prenant, différent et à découvrir.


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Mes connaissances de l'apartheid se limitent aux souvenirs de lycée. Ce livre était donc très intéressant pour moi et m'a permis de mieux appréhender (voir de découvrir) les lois de ségrégation à travers une enquête policière : la ségrégation était non seulement physique (les populations noires, métisses et blanches vivent dans des quartiers séparés et vont dans des magasins différents) mais elle atteignait tous les aspects de la vie (la loi d'immoralité en particuliers interdit deux personnes de "races" différentes de se toucher et bien sûr d'avoir une relation intime). J'ai aussi découvert à travers ce livre la différence entre les Afrikaners et les autres blancs, le mythe de la tribu africaine blanche et le mythe religieux du "peuple élu" qui semblait très ancré dans le courant conservateur alors au pouvoir.

Concernant le roman en lui-même, l'intrigue est bien mené et le roman a un bon rythme, le héros étant un policier blanc non Afrikaner. Cependant, les personnages sont caricaturaux : les fermiers Afrikaners forts comme des boeufs, sûrs de leur bon droit, réfléchissant comme des pois chiches, agent de police zoulou, très bon traqueur, silencieux, intelligent et coureur infatigable, méchant flic plus intéressé par son avancement que par la vérité et jouant facilement des poings pour faire avouer les suspects… et le héros passe une bonne partie de son temps à essayer d'éviter le tabassage en règle des fermiers (je l'ai vu comme une façon de montrer que dans cette société, certaines personnes étaient de fait au-dessus des lois).
L'intrigue est cependant très cohérente, avec des motivations non évidentes, des témoins méfiants auxquels il faut soutirer des informations et plein de secrets bien cachés dans une petite ville.... L'intérêt de l'intrigue réside plus particulièrement dans les mobiles qui révèlent la souffrance engendrée par la société fracturée de l'apartheid, dans toutes les couches de la société.

En conclusion, un bon moment de lecture, avec un héros sympathique, une découverte de l'apartheid de l'intérieur mais des personnages caricaturaux qui empêche de croire à l'histoire.
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Le paysage de rêve, c'est celui de l'Afrique du Sud dans les années 50.
Ce roman n'est pas une agréable ballade touristique dans des paysages de carte postale mais une plongée en pleine ségrégation avec la répartition de l'habitat en fonction de sa couleur de peau, les blancs au centre des bourgades, les métis dans les quartiers en bordure et les noirs à l'écart des villes avec des chemins à usage spécifique...
La vie est également réglée par des lois de moralité strictes et même chez les Blancs, il y a les Afrikaners, La race pure, et les autres.
Loin d'être un banal documentaire ou réquisitoire, ce premier tome d'une trilogie nous entraine à la suite de l'inspecteur Emmanuel Cooper à la recherche du meurtrier d'un policier blanc et à celle d'un pervers s'attaquant aux femmes métis.
L'enquéte sera doublement difficile pour notre héros, écarté du devant de la scéne par des "super-policiers", il devra secouer les préjugés et franchir les transgressions et son enquéte est passionnante.
Finalement et heureusement, il y a la façade officielle et les histoires secrétes, les passerelles entre les différents mondes et les mélanges de couleur...

J'ai été transporté dans un autre univers dont je n'avais pas appréhendé toute la complexité et l'abomination de cette ségrégation mais ce roman montre aussi que l'homme ,malgré ses faiblesses et la rigidité qu'on peut lui imposer réussit parfois à franchir les frontiéres du racisme.

Lien : http://lejournaldelouloune.o..
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Les années 50, en Afrique du Sud, un capitaine de police blanc est abattu… L'inspecteur Cooper va devoir mener l'enquête pleine de tensions et je dois avouer que c'est assez prenant même si j'ai trouvé certains chapitres longs. En plein Apartheid, la couleur et la double vie du mort va mener notre inspecteur dans une profonde remise en question de la justice. Ce roman policier m'a beaucoup, déjà pour le contexte historique que je connais assez peu et ensuite parce que c'est un bon livre avec une bonne intrigue. On reste assez loin des clichés même si ça ne révolutionne pas le genre.
L'écriture est bonne, l'auteure sait mettre du suspens où il faut pour maintenir le lecteur en haleine mais…certains passages à vide me font baisser la note, sans décrocher non plus, j'ai eu des moments où j'étais moins dedans. On ne va pas se le cacher, ça reste un bon roman policier, une belle découverte d'une auteure qui a grandi au Swaziland, ça ne court pas les rues et j'ai même envie de lire le second tome !
En dehors de ces petits bémols, les personnages sont bons et crédibles, Malla Nunn ne cherche pas la facilité dans son intrigue et oui, c'est un bon polar dans l'ensemble.
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Comment résister à la découverte d'un nouvel auteur policier ? Malla Nunn nous entraîne sur les traces de l'inspecteur Emmanuel Cooper, au temps de l'apartheid, dans une province sud-africaine. Une petite ville ou plutôt une bourgade où tout le monde se connaît et se côtoie depuis des générations et où les lois raciales gèrent le quotidien. L'enquête met en exergue cette ségrégation et les injustices qui en découlent. Si l'intrigue est vraiment très prenante, j'ai surtout aimé l'arrière plan social et racial de l'histoire. On connaît mal l'histoire de ce pays et son passé, et ce livre nous résume très bien les contradictions de l'époque avec trois communautés qui s'évertuent à vivre ensemble en essayant de rester chacune à leur place. Afrikaners, noirs et métis vivent dans des quartiers séparés aux règles bien définies, d'où la difficulté pour l'inspecteur Cooper à enquêter et à découvrir les imbrications et les passerelles existant entre les différents protagonistes de l'histoire. Il faut dire qu'il est freiné dans ses investigations par les membres de la Security Branch, parachutés sur l'enquête pour arrêter le "communiste noir" qui aurait tué le Capitaine Prétorius. Car comment imaginer qu'un blanc aurait pu abattre froidement l'un des siens, un homme respecté dans toute la région pour sa droiture et son honnêteté ? Heureusement, Cooper est épaulé dans son enquête par Shabalala, le policier zoulou, parfaitement au courant des codes et des règles à respecter dans cette ville. Même si ce dernier n'est pas très bavard et s'il a les mains liées à cause de sa couleur de peau, il serai néanmoins une aide précieuse pour démêler les ficelles de l'histoire.

Difficile de parler de ce roman sans trop dévoiler l'intrigue, en tous cas je me suis vite laissée prendre au jeu des fausses évidences et des questions sans réponses et j'ai lu ce livre pratiquement d'une traite. Les rebondissements et les chausse-trappes emmènent le lecteur vers de nouvelles pistes, prétextes à découvrir de nouveaux indices. Les personnages sont complexes et se dévoilent au fil des pages, le récit est rythmé et tient le lecteur en haleine tout en nous décrivant le quotidien des gens sous le régime de l'apartheid... Je crois qu'on a du mal à imaginer ce que ces lois raciales impliquaient réellement au quotidien et l'absurdité de certaines situations qu'elles pouvaient engendrer. J'aime beaucoup ce pays que j'ai eu la chance de visiter et que je continue de découvrir à travers sa littérature. Alors est-ce que j'ai aimé ce roman ? Est-ce que cette première enquête de l'inspecteur Cooper m'a plu ? Je n'ai qu'un mot : yebo !
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Hé bien, comme le précise un avis sur la couverture, je l'ai effectivement "lu d'une traite". Il est évidemment question d'une enquête policière mais avant tout, nous plongeons dans une Afrique du Sud des années cinquante en compagnie d'Emmanuel Cooper, ce policier dépêché de Jo'burg avec l'intention de découvrir le coupable, quel qu'il soit… mais tous ne l'entendent pas de cette oreille, surtout pas les "taureaux sadiques" de la Security Branch, élite parmi les blancs, champions toutes catégories de la terreur.

On entre donc surtout dans une atmosphère particulière, celle qui maintient les clivages entre toutes les nuances de couleur de peau, du blanc le plus clair au noir le plus foncé. Cooper marche sur des oeufs et va devoir interpréter les silences, oser ou pas les questions directes selon les situations, selon les interlocuteurs, selon "la direction du vent"… Il sera aidé dans sa tâche ardue et ardente par Shabalala, le policier zoulou qui a appris à se taire quand il le faut (!), et Zweigman, un médecin allemand juif atterri de manière incongrue dans ces contrées sauvages.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Cooper, un être nuancé qui doit rester attentif à la manière dont il agit tant il se sent éloigné de cette façon, noire ou blanche, d'envisager les choses ; il sait qu'avec l'arrivée de la Sécurity Branch, il met en jeu non seulement son poste, mais bien davantage. En effet, qui ne respecte pas les "codes" risque gros, très gros. Il est en outre torturé par des cauchemars incessants liés à la guerre dont il est revenu traumatisé ; en témoignent ses migraines récurrentes, signe de l'effort permanent qui est le sien pour "occulter" ce passé. Ses barrières à lui. le genre de personnalité que l'on quitte avec regret, une fois la dernière page tournée…

L'écriture de Malla Nunn est agréable à lire même si le propos, à l'instar du vécu de chacun, est dur… À noter que la suite des aventures de Cooper doit paraître en 2012.

"Vous devez aller là-bas, ma ‘baas." Son guide indiqua un étroit sentier qui serpentait dans les hautes herbes jusqu'aux rives d'un large fleuve luisant.

Emmanuel hocha la tête pour le remercier et s'engagea sur le chemin de terre. La brise faisait bruire les sous-bois et deux bouvreuils s'envolèrent. Il respira l'odeur de la terre humide et de l'herbe écrasée. Il se demanda ce qui l'attendait.

Au bas du sentier il atteignit la rive et regarda de l'autre côté. le bas veldt scintillait sous un ciel limpide. Dans le lointain, les sommets bleus en dents de scie d'une chaîne de montagnes brisaient l'horizon. L'Afrique pure. Comme sur les phots des magazines anglais qui vantaient les bienfaits de la migration."

"En Afrique du Sud, les Noirs avaient besoin de si peu. Un peu moins chaque jour, c'était la règle générale. le métier d'inspecteur était l'un des rares à ne pas être soumis à la loi interdisant le contact entre les races."

"Il comprenait à présent : c'était à cause de Frikkie van Brandenburg que la Security Branch était impliquée dans cette affaire. le capitaine Pretorius était le gendre de l'un des lions puissants de l'identité nationale afrikaner, un homme qui prêchait l'histoire sacrée de la civilisation blanche tel un prophète de l'Ancien Testament. Rien d'étonnant à ce que les frères Pretorius eussent Zweigman en horreur. Jacob's Rest était trop petit pour contenir deux tribus revendiquant le statut de peuple élu par Dieu.

La rue principale était vide. Les lumières du garage projetaient un cercle jaune dans l'obscurité. Un fragment de mémoire refit surface. Il courait pieds nus dans un petit chemin de terre, environné de l'odeur des feux de bois. Il courait vite en direction d'une lumière. le souvenir se précisa avec plus de force et Emmanuel l'écarta. Puis il le déconnecta."

Un grand merci à Babelio et aux Éditions des Deux Terres pour ce partenariat.
Lien : http://paikanne.skynetblogs...
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