AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 195 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les braves gens ne courent pas les rues, c'est vrai, mais les bons livres non plus. Eh bien, croyez-moi si vous voulez, mais d'après moi, Flannery O' Connor a signé l'un de ceux-là, indubitablement. Flannery O'Connor, c'est d'abord un style, une façon bien à elle de dépeindre ses personnages, de les ficher dans des lieux qu'on imagine sans peine et qu'on croit voir défiler devant nous dans chacune de ses nouvelles.

Une part prégnante de ce style tient aussi à l'humour, omniprésent sous sa plume, mais pas de cet humour gras, qui colle aux doigts, aux pages, au texte. Non, imaginez plutôt un regard en coin, pétillant, espiègle, non dénué d'ironie, de sarcasme même, parfois, et qui balaye de temps à autre les draps de votre corde à linge, comme les souffles d'une gentille brise d'été.

Tout ceci donne une impression de tranquillité, de légèreté, de plaisant, de micro farce. Vous roulez paisiblement, avec le ron-ron du moteur, sourire aux lèvres, vitre baissée, un coude à la portière et puis PAF !, au moment où vous vous y attendiez le moins, subitement, Flannery O'Connor change de ton, donne un grand coup de volant et serre le frein à main à bloc.

Demi-tour à la barbare, vos pneus crissent à vous rompre les tympans, votre sourire s'évapore, vous vous retrouvez hébétés à contre-sens dans un nuage de poussière. le moteur calé. Silence. Vos commissures s'affaissent, vos yeux s'arrondissent, votre front se plisse, une inquiétude sourde et noire volète maintenant par saccade autour de vous, comme une vaurienne chauve-souris. Tandis qu'un fort malaise s'empare de vous, elle vous laisse là, Flannery, en plan au beau milieu de la campagne, le cul sur votre siège, le volant entre les mains et les guibolles qui flageolent, dans l'incertitude la plus totale, à ne plus savoir si vous devez en rire ou en pleurer, à ne plus savoir qu'en penser, ni où vous êtes, ni comment vous vous appelez.

Voilà, c'est ça le style Flannery O'Connor dans Les braves Gens ne courent pas les rues. C'est une expérience littéraire particulièrement savoureuse, typique, typée, et comme tout ce qui est typique et typé, qui ne conviendra pas forcément à tout le monde. En tout cas, quand ça accroche, ça vous laisse un goût unique dans le palais et je ne serais pas surprise que cette auteure ait influencé grandement quelqu'un comme Alice Munro.

Je dois vous avouer que je ne m'y attendais pas. Alors je suis allée voir d'un peu de plus près qui était cette écrivaine, dont le renom n'avait jusqu'ici que vaguement effleuré mon oreille. Je découvre une drôle de personne, sosie quasi parfaite de mon ex-tante Ghislaine avec laquelle je ne partage pas que des bons souvenirs. Je lis que la dame était fervente catholique et comprends à présent pourquoi je lui trouvais un air de bigote effarouchée, un ferment de bonne-soeur. Mais comment diable cette évadée du couvent arrive-t-elle à pondre par dizaines des nouvelles fulgurantes, troublantes, dérangeantes ?

À la lecture, j'aurais presque cru qu'elle était puissamment athée et qu'elle voyait d'un oeil revêche la pratique religieuse. C'est étonnant, pour moi, les deux visions du personnage ne cadrent pas du tout l'une avec l'autre : dans l'une je perçois une brave pécore moralisatrice, très sage, très propre sur elle, rigide (avec ou sans f devant), assise sur les bancs de l'église, les cuisses bien serrées avec ses petits gants blancs et son sac à main sur les genoux ; de l'autre, je vois un regard acéré, féroce, lucide sur la société, des sens aiguisés, à fleur de peau, ultrasensibles, ultrajouissibles, ultracontagieux ne s'interdisant aucune outrance.

Voilà le mystère Flannery O'Connor pour moi. La seule réponse que j'aie pu trouver jusqu'à présent, c'est que sur le berceau de la dévote, un ange de la littérature a déposé le génie, le germe rare dont tous les écrivains marquants sont infusés, aussi improbable que puisse être leur milieu d'extraction.

Alors, c'est vrai, toutes les nouvelles de ce recueil ne m'ont pas toutes autant plu les unes que les autres. Certaines m'ont même franchement laissée indifférente : ce fut le cas par exemple d'Un heureux Événement ou des Temples du Saint-Esprit. Mais en revanche, je considère des nouvelles comme Tardive rencontre avec l'ennemi, Les braves Gens ne courent pas les rues ou encore La Personne déplacée comme des petits chefs-d'oeuvre, chacune à leur façon, surtout si l'on considère que l'auteure n'avait que 28 ans lors de la publication.

En somme, je vous dis bravo, chère Flannery O'Connor et merci pour ce moment que vous m'avez fait passer. Pour le reste, souvenez-vous que les bonnes critiques ne courent pas les rues et que celle-ci ne déroge pas à la règle. Comme toutes les autres, elle ne reflète que mon avis du moment, ce qui doit forcément vous inciter à prendre du recul avec toutes et à songer qu'elles ne signifient, dans le fond, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1688

Dans mon voyage littéraire interstellaire, ce sont comme autant d'astres à découvrir, d'étoiles qui me clignent de l'oeil, ces autrices et auteurs mythiques que j'ai la chance enfin d'approcher, parmi lesquelles la grande Flannery O'Connor, qui malgré une vie brève et marquée par une maladie incurable, a produit une oeuvre littéraire stupéfiante, qui ne ressemble à aucune autre.

Et j'en débute la lecture par celle du célèbre recueil de dix nouvelles « Les braves gens ne courent pas les rues », dont la première donne son titre au livre. Une lecture que je projetais de faire depuis longtemps, et voilà que c'est accompli, donnant l'envie d'en lire d'autres et je projette de poursuivre ma découverte par « Mon mal vient de plus loin ».

Une oeuvre féroce dans sa description cruelle de toutes les facettes du mal, de la bêtise à la méchanceté, et féroce aussi par son humour qui donne encore plus de relief aux travers détestables de notre humanité.
Mais, selon l'autrice, catholique convaincue et fervente, dans un Sud des Etats-Unis où la tradition protestante sert souvent de paravent aux pires comportements, cette vision où les humains sont mesquins, bêtes et méchants, c'est celle d'une humanité ratée qui ne peut être sauvée que par la rédemption divine (Ceci dit, on n'est pas obligé de la croire totalement pour la lire!)

Car dans toutes ces nouvelles, ce sont des êtres au mieux d'une grande bêtise, comme ce grand-père borné et raciste de « le Nègre factice », qui, en voulant montrer à son petit- fils ce qu'est la grande ville, se perdra, et ne devra son salut qu'à un noir de cette ville, ou bien ces deux jeunes écervelées de « Les temples du Saint-Esprit », ou encore cette femme rondouillarde qui refuse avec force l'idée d'enfanter et sur laquelle s'abat une grossesse qu'elle nie dans «Un heureux évènement » , ou enfin ce grotesque général de cent quatre ans, amateur de jolies filles, qui assiste à la soutenance de Thèse de sa fille de soixante six ans!
Mais il y a aussi des prédicateurs fous dont les discours vont conduire à la mort un enfant exalté dans « le fleuve », un jeune vendeur de bibles qui se révèle être un horrible pervers dans « Braves gens de la campagne », etc…
Et enfin il y a tout ce monde des petits propriétaires blancs, sournois, mesquins, racistes, imbus d'eux-mêmes, dont la cupidité, la volonté de pouvoir sur l''autre, l'employé, donc « l'inférieur», peut conduire au crime atroce dans « La personne déplacée », la plus extraordinaire selon moi des nouvelles, tant par sa construction que par son écriture.
Et pour terminer, celle qui donne le titre au livre, où comment la parole voulue bienfaisante d'une vieille grand-mère sera sans effet sur un féroce assassin évadé de prison.
En fait, tout le monde est bête et/ou méchant, les enfants avec ceux qui les hébergent, la fille avec sa mère, ou son père, le grand-père avec son petit-fils, les propriétaires avec leurs employés, les prêtres, les prédicateurs, personne n'est épargné.

Mais si c'est cruel, qu'est ce que c'est drôle. On rit, jaune certes, mais on rit de toute cette accumulation invraisemblable de la laideur humaine.
Et le lecteur est entrainé par ces histoires, par leur rythme et leur écriture, l'emploi de l'argot, si bien rendu par le traducteur, une personne que l'on oublie souvent, et qui est si importante pour nous restituer la substance d'un livre.
Car il faut lire la façon dont c'est raconté, l'humour décapant, la construction, la concision, l'art de la chute, souvent terrible, parfois moins.
Et puis, Flannery O'Connor est une autrice du Sud des États-Unis, de ce Sud de petites gens, misérables, qu'ils soient blancs, et encore plus « nègres », un mot que l'on ne peut plus écrire, mais qui correspond bien au contexte des années 1930-1940.
Mais aussi une autrice bien différente, de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, de l'autre écrivaine du Sud, Carson McCullers, à l'écriture poétique et pleine d'humanité.
Ici, c'est la description cruelle et tellement drôle de l'être humain dans toute sa bêtise et sa malfaisance .
Mais, bien sûr, il n'y a aucun intérêt à comparer O'Connor et Mc Cullers, c'est comme si on voulait comparer Beethoven et Mozart, Rembrandt et Picasso, les chutes du Niagara et le Lac Majeur, ou même Poutine et Staline (encore que…).
Commenter  J’apprécie          395
La Georgie dans les années 50, racontée en dix nouvelles implacables.
En quelques mots, nous voici dans la chaleur étouffante du Sud: bouteilles de coca-cola gardées au frais, chemins poussiéreux, blancs et noirs cohabitant, décrits sans complaisance.
Flannery O'Connor a l'art du portrait: l'aspect physique, la manière de se tenir, la voix, le regard, les pensées, tout y passe, et ce sont en général les dames qui trinquent.
Apparaît de temps en temps une gamine plus maligne que le reste et qui a un air de Frankie Adams - Carson McCullers -, ce sera elle qui portera ce regard critique et pourtant naïf sur ces mesquineries mêlées de stupidité qui l'entourent.

Ces dix nouvelles, à l'atmosphère bien caractéristique, sont un délice à lire, bien que l'arrière-goût soit amer. Et c'est confinée chez elle, dans sa grande demeure, que Flannery O'Connor écrira ces récits sur son univers contemporain.
Commenter  J’apprécie          382
Livre dont on entend beuacoup parler et que j'ai lu par curiosité. Flannery 0'Connor décrit l'Amérique du rêve américain, mais, hélas, pour ses personnages la vie n'est pas un rêve.
Dans chacune de ces dix nouvelles, des braves gens sont confrontés à des salauds et s'en tirent tant bien que mal, souvent plutôt mal.
Une grand-mère est en butte à la famille de son fils qui l'héberge et lui fait sentir chaque jour combien elle a de la chance et pourquoi elle doit accepter leurs railleries sans broncher...
La brave Mrs Connin a la charge du fils d'un couple de marginaux qui la font tourner en bourrique et moque ses croyances religieuses.
Dèjà en but aux taquineries de Mrs Pritchard, la femme de son fermier, Mrs Cope a trop bon coeur et se fait flouer par le fils d'une ancien employé.
Nelson, né à Atlanta n'a que dix ans mais un caractère bien trempé, il en fait voir de toutes les couleurs à son grand-père Mr Head. Quand ce dernier décide de lui donner une leçon, les choses partent en vrille.
Mr Shiflet, un trimardeur manchot, n'hésite pas à flouer une vieille femme et sa fille handicapée.
Un vieux général de 104 ans doit assister à la remise de diplôme de sa fille de 62 ans...
Ruby cherche à se persuader qu'elle couve une maladie grave alors qu'elle n'est qu'enceinte de quatre mois, une catastrophe pour elle...
Des portraits d'une Amérique proche de celle des Raisins de la colère. La pauvreté y est omniprésente, la religion aussi qui donne aux braves gens une explication facile, acceptable et rassurante des raisons de leur situation.
Vous avez quatre abcès dentaires mais Dieu aurait pu vous en donner cinq ou plus, remerciez-le assure Mrs Cope à Mrs Pritchard, en rajoutant je ne manque jamais de remercier Dieu chaque jour, des grâces qu'il me fait...
Certains pourraient rire des situations décrites par l'auteure, mais si elle fait preuve d'un humour parfois grinçant, le drame n'est jamais loin ramenant le lecteur à la triste réalité.
Zones rurales abandonnées, villes segmentées en quartiers et ghettos, services publics et sociaux cruellement absents, indifférence des citoyens entre eux, travail partisan de la police, enfance laissée en déshérence...
Dans cette société, malheur à celui qui est sur le dernier barreau de l'échelle sociale, il est le bouc émissaire idéal pour celui qui le précède et qui en fait la source de tous ses maux. Réflexe connu du petit blanc ciblant le noir ou l'immigré.
Paradoxe maintes fois vérifié jusqu'à aujourdh'ui dans l'Amérique de Trump où l'on a glorifié celui qui exploite pour vilipender les étrangers, les noirs où les communistes supposés être à l'origine de tous les malheurs de la société.
Livre de référence qu'il faut lire absolument. Pour son côté rageur et iconoclaste. Pour sa remise en cause de l'obscurantisme religieux. Pour son côté libérateur. Pour son actualité malgré son grand âge.
Rien n'a changé ou si peu entre l'année de sa première publication en 1953 et 2021. Les braves gens ont toujours du souci à se faire, les salauds ont de beaux jours devant eux...
Commenter  J’apprécie          344
Le recueil est composé de dix nouvelles dont l'action se situe dans le Sud des Etats-Unis dans les années 50, un Sud arriéré, pétri de religion, croyances et préjugés, pas encore sorti de la guerre de sécession et de la ségrégation.
Les rapports de classe et de race sont exacerbés, entre les maîtres et les serviteurs, les propriétaires et les ouvriers agricoles. Les noirs, "nègres" dans le livre, font partie du paysage, en arrière plan, pas vraiment humains, inspirant le désintérêt, voire la peur. Ce sont des ombres qui se profilent à l'horizon. Les juifs rescapés de la Shoah apparaissent également.
Il y a toujours un plus faible que soi, à qui on peut asséner des vérités, avec qui pérorer, mais parfois les situations connaissent des retournements spectaculaires, ou de brusques accélérations dramatiques, comme dans la première nouvelle Les braves gens ne courent pas les rues, qui commence comme une comédie et bascule subrepticement dans l'horreur, en nous cueillant à froid.
Les historiettes relatent fréquemment des rencontres fortuites, malencontreuses entre des personnages suffisants, trop sûrs d'eux, naïfs, et des escrocs, psychopathes qui les ensorcellent et manipulent.
Ce sont parfois des histoires de duperie, de supercherie, où des vieilles filles au physique ingrat, handicapées, sous le joug de leur mère, sont la proie de bonimenteurs et autres charlatans.
Les prédicateurs sont légion, mais la religion n'apporte aucune rédemption, aucun secours, dans ce monde violent, où paranoïa, jalousies et haine de l'autre dominent, et où la mort interrompt souvent le cours des évènements.
Et pourtant, le ton des récits est léger, badin, masquant la cruauté sous des dehors cocasses, et c'est ce qui en fait l'originalité et la puissance narrative.
Où Flannery O'Connor est-elle allée puiser son inspiration ? Dans son histoire personnelle, marquée par une grave maladie invalidante qui l'emportera, après son père, à l'âge de 39 ans, par une vie à la ferme avec sa mère, dans un contexte de religion et de racisme ? Elle a incontestablement fait preuve de dons d'observation stupéfiants qui lui ont permis de livrer des contes alliant noirceur et véracité sociale.
Leur lecture m'a permis de mieux appréhender le Southern Gothic, et de mesurer l'influence que Flannery O'Connor a eue sur des écrivains, parmi lesquels Joyce Carol Oates.
Commenter  J’apprécie          284
Merci à Guillaume Galienne et sa magnifique émission "ça ne peut pas faire de mal" sur France Inter. C'est grâce à lui que j'ai acheté ce recueil de nouvelles. Je suis très surprise d'être la première à en faire la critique, et un peu intimidée, du coup...
C'est excellent. C'est du grand art, d'autant que l'art de la nouvelle n'est certainement pas des plus aisés. C'est concis, percutant, parfois glaçant. Elle nous conte le destin de petites gens dans le sud des Etats Unis, des destins sombres, parfois terribles: une famille partant en vacances, enfants insupportables et belle-mère envahissante, qui rencontre un serial killer; un jeune garçon, délaissé par ses parents, tombant sous la coupe délétère d'un prédicateur illuminé...
En quelques mots, l'atmosphère est donnée, une atmosphère lourde, où couvent violence, racisme, méchanceté et peur de l'autre.
Une grande plume, qui rivalise sans peine avec les novellistes talentueux que sont Raymond Carver et Alice Munroe.
Commenter  J’apprécie          192
Les braves gens ne courent effectivement pas les rues ! En dix nouvelles d'une précision ciselée, Flannery O'Connor en fait la démonstration.

Mais loin de se poser en juge des gens qu'elle décrit, elle y met une grande humanité, et l'on se sent une certaine fraternité avec leurs travers, leurs attitudes, leurs maladresses. On s'empêche également de les juger trop vite à l'aune de notre minuscule expérience. Il y a toujours quelque chose en eux qui trouble, qui émeut, ou qui étonne trop pour cela.
On est cueilli par la cruauté de certaines situations. On se surprend à rire d'un jugement à l'emporte-pièce, d'une décision absurde, d'un évènement incongru. On est touché par la sincérité, la vérité absolue de tous ces personnages.

Beaucoup se sont demandés comment Flannery O'Connor avait pu avoir une telle expérience de l'humanité, du fond de la ferme de Georgie où elle avait grandi et où elle était retournée à vingt-cinq ans, après le diagnostic du lupus érythémateux disséminé qui allait l'emporter quatorze ans plus tard.
Peut-être avaient-ils une conception trop étriquée de ce que pouvait voir, comprendre et écrire une femme issue de la "Bible Belt" du sud des Etats Unis dans les années 50...

Il y a une vraie tradition de la nouvelle au Etats Unis, et il y a une littérature particulière au sud. Flannery O'Connor y trouve toute sa place, c'est un plaisir absolu de savourer chacune de ses nouvelles.
Commenter  J’apprécie          120
Recueil magnifique! Malgré l'ambiance plutôt glauque de ces portraits d'une société rurale inculte et égoïste du Sud des Etats-Unis, à la manière des récits de Faulkner, la tonalité très ironique des récits de Flannery O'Connor les rend particulièrement enthousiasmants. Elle est un peintre remarquable de la bêtise humaine.
Et l'élection de Donald Trump me fait dire que les personnages d'O'Connor n'ont pas fini de courir les rues.
Commenter  J’apprécie          100
Bien entendu, ce qui frappe à la lecture de ces dix nouvelles de Flannery O'Connor, c'est leur réalisme. Mais il faut voir de quel réalisme on parle : O'Connor insinue le trouble dans ses récits aussi bien que dans l'esprit du lecteur avec une redoutable efficacité. L'amusement fait place à l'inquiétude tandis que les certitudes et mieux encore le dogmatisme se défragmentent comme la structure du Titanic. Les nouvelles frappent de manière frontale, il y a une oralité latente qui fait corps avec le texte, O'Connor laisse la parole à ces personnages qui ne comprennent et ne maîtrisent rien.
C'est stupéfiant.
Commenter  J’apprécie          90
Il me semble avoir noté ces nouvelles après avoir écouté un extrait ou même une nouvelle entière de Flannery O'Connor à la radio, et cela m'avait donné envie de pousser plus loin. La première nouvelle, qui donne son titre à l'ensemble, met en scène une famille lors d'une excursion où un enchaînement de circonstances va faire tourner la journée au drame. Dans la seconde, le fleuve, quelques lignes suffisent encore à l'auteur pour camper les personnages et la situation. Et tout aussi remarquables sont Un cercle dans le feu, le nègre factice, Braves gens de la campagne ou La personne déplacée : il faudrait les citer toutes ! Ce qui est remarquable chez Flannery O'Connor, c'est cette économie de mots, ce dépouillement au service d'un mélange de drame et de comédie dont les personnages ne peuvent pas réchapper sans dommage. Ce sont des petits blancs pauvres et incultes pour la plupart, pour qui la religion revêt une grande importance, des gens à l'esprit étroit qui fonctionne par raccourcis, et qui mettent toute leur mauvaise foi dans les approximations qu'ils profèrent. L'auteure n'ayant aucune complaisance pour eux, leur sort qu'elle leur réserve n'est pas des plus tendres.
Dans ces dix textes, les enfants ont souvent le jugement plus acéré et redoutable que celui des adultes, qu'ils observent, comme Flannery elle-même, sans indulgence aucune.
Ce sont là des nouvelles qui pourraient et devraient servir de modèles à tous les aspirants écrivains, des exemples parfaits du genre. Les paysages du sud, dépeints en quelques mots, prennent vie comme par magie sous les yeux du lecteur. Et que dire des personnages, croqués en trois traits cinglants [...]
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (668) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}