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Henri Morisset (Traducteur)
EAN : 9782070309757
144 pages
Gallimard (29/09/2005)
3.72/5   18 notes
Résumé :

L'heureux événement dont rêve Ruby c'est de déménager enfin, de quitter cet immeuble avec ses escaliers si fatigants à monter. Il le faut, elle se sent malade, à bout de souffle, et ses jambes sont si lourdes ! Mais le destin semble bien en avoir décidé autrement... Pour l'aider à la ferme, Mrs. Mc Intyre a embauché une " Personne Déplacée ", un Polonais qui a fin la guerre et les persé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Si vous rêvez d'un peu de douceur, de sérénité, en cette période difficile, ne lisez pas ces deux nouvelles! Extraites du recueil si bien intitulé : " Les braves gens ne courent pas les rues" ( au sens premier du terme, ce pourrait être un bon slogan pour rester chez soi...), elles ne sont pas faites pour vous redonner le moral!

La première dont je préfère le titre américain " A stroke or good fortune", un coup de chance, car il est moins explicite, nous présente la rondelette Ruby, qui a bien du mal à monter les escaliers pour rejoindre son logement et qui rêve de déménager... Tous les gens qui gravitent autour d'elle sont peu sympathiques, comme elle, même si l'on comprend ses réticences au vu de son enfance. J'ai moyennement aimé cette histoire.

La deuxième" La Personne Déplacée "est excellente. L'auteure observe au scalpel le microcosme d'une ferme du Sud des Etats-Unis, où vient travailler une famille de polonais ayant échappé aux camps. Le racisme primaire s'exerce ici avec force , et bêtise évidemment, venant à la fois de Mrs Shortley, blanche employée depuis quelques temps avec son mari dans la ferme, ainsi que deux Noirs, qui voient d'un mauvais oeil la grande efficacité que déploie " La Personne Déplacée"...

L'observation juste et non dénuée d'humour que Flannery O' Connor fait de ses semblables est certes fort pessimiste, mais elle montre bien que leurs peurs personnelles, inconscientes très souvent , leur ignorance peut les mener aux pires pensées, aux pires actes...

J'ai aimé découvrir l'univers sombre et acéré de l'auteure mais j'ai besoin maintenant d'un peu de zénitude... Au programme, un roman de contemplation japonaise...
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C'est avec deux nouvelles que j'ai découvert le style de Flannery O'Connor.
La première, "Un heureux événement" est une micro-nouvelle centrée sur le personnage de Ruby, une femme à qui il a été prédit que toute cette période se finirait par un heureux événement.
Le lecteur se doute bien de quel événement il est question, sauf que pour Ruby, il ne peut s'agir que d'un déménagement, et c'est à ses dépens qu'elle va apprendre la nouvelle et que cette perspective va devoir faire son chemin.
Ruby est malmenée tout au long de la nouvelle, tout d'abord par son corps qui la trahit en lui faisant défaut pour une simple montée d'escalier, par un voisin qui la retient en lui posant d'étranges questions, et par une voisine qui finira par lui faire admettre la réalité tout en se moquant de son physique "gonflé".
Mais au-delà de tout cela, Ruby est une femme qui a peur et qui a comme réflexe pour se préserver de se voiler la vérité, tout en devenant méchante avec les personnes qui cherchent en un sens à l'aider : "Si j'étais aussi célibataire que toi, j'irais pas me mêler de dire aux gens mariés ce qu'ils ont à faire."
La deuxième nouvelle s'intéresse à Mrs Mc Intyre qui vient d'embaucher pour l'aider dans sa ferme un polonais avec sa femme et ses enfants.
Désigné par le terme de "Personne Déplacée" parce qu'il a fui avec sa famille les persécutions nazies, ce discret petit homme ne parlant pas un mot d'anglais va vite s'attirer la haine des autres personnes présentes dans la ferme.
Car contrairement aux autres, il travaille dur, il se donne du mal, et il réussit, très vite il attise l'envie des Shortley et des Noirs présents à la ferme, alors qu'il apparaît aux yeux de Mrs Mc Intyre comme un sauveur : "Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Cet homme là-bas, et du doigt, elle désigna le point lointain où avait disparu la Personne Déplacée, il faut qu'il travaille ! Il a besoin de travailler ! [...] Cet homme est mon salut.".
Mais Mrs Mc Intyre est une femme qui se laisse influencer, et celui qu'elle voyait comme un sauveur va finir par devenir encombrant.
Elle est aussi rongée par la peur de ne pas avoir assez d'argent pour payer les personnes qui travaillent pour elle et surtout pour avoir de quoi vivre, elle est de toute façon pauvre mais comme elle a tendance à jouer sur la corde sensible il est difficile de percevoir jusqu'à quel point elle l'est.
Au-delà de l'envie, tout comme Mrs Mc Intyre, Mrs Shortley est elle aussi rongée par la peur, mais une peur universelle, celle de l'autre.
Et tout comme dans la première nouvelle, la peur engendre ici aussi la méchanceté, à commencer par celle de Mrs Shortley qui n'hésite d'ailleurs pas à penser que les Européens sont attardés par rapport aux Américains : "C'était le genre de choses qui arrivaient tous les jours en Europe, où les gens n'étaient pas aussi avancés qu'ici.".
Ce n'est pas du racisme, mais bien la peur de l'autre, de ce qu'il représente et du danger qu'il pourrait avoir sur soi-même.
Ces deux nouvelles permettent assez bien de cerner le style de Flannery O'Connor, très ancré dans le sud des Etats-Unis, avec une présence de la religion catholique et des questions morales qu'elle soulève, ceci se ressentant particulièrement dans la nouvelle "La personne déplacée".
J'ai beaucoup aimé sa plume et l'analyse qu'elle fait de la nature humaine dans les interactions entre les différents personnages, mais ces deux nouvelles sont malheureusement trop courtes pour permettre de bien cerner et apprécier son style, elles laissent un goût de trop peu que je manquerais pas de combler en lisant soit l'un des deux romans écrits par Flannery O'Connor soit un recueil complet de nouvelles, voire même les deux.

"Une heureux événement" et "La personne déplacée" sont deux courtes nouvelles donnant un assez bon aperçu du style littéraire de Flannery O'Connor sans toutefois le dévoiler complètement.
Une bonne entrée en matière que je souhaite désormais combler car ce que j'ai pu lire jusqu'à présent m'a donné envie de continuer à découvrir cette auteur et son style qualifié de "Southern Gothic".
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un heureux événement, par Flannery O'Connor. Deux nouvelles d'un auteur qu'il (me) fallait connaître, dont la réputation comporte à la fois un catholicisme militant et une vision critique, une analyse intrusive autant que morale du Sud des Etats-Unis, une écriture au scalpel.
Ruby, le visage méconnaissable ("Sur la joue, droite une feuille craquelante de chou vert était collée : elle avait dû faire la moitié du chemin avec"), femme simplette, ignorante, "dont la silhouette évoquait une urne funéraire", Rufus, "une lavette", un "bon à rien intégral", Laverne, célibataire, moqueuse, voire méchante, et ridicule aussi, … la montée des escaliers jusqu'à son appartement va apprendre à Ruby ce qu'elle ne veut pas entendre. L'heureux événement qui l'attend n'est pas ce qu'elle croit !
Flannery 0'Connor exécute ses personnages, sans pitié, et même avec une certaine cruauté. Ils sont grossiers et rustres ou foldingues et ridicules Les aime-t-elle ? On se le demande. On se demande où se situe la morale dans cette première nouvelle.
La deuxième, "La personne déplacée", est plus longue, plus complexe, plus intéressante. Elle va plus au fond des personnages, Madame Mc Intyre, propriétaire terrienne, veuve ou divorcée de ses quatre maris successifs, emploie deux "nègres" plutôt nonchalants, un couple, Mr et Mme Shortley, qui s'occupe des vaches et de la laiterie, et qui ne fait pas de zèle, enfin, sur les conseils d'un prêtre, une famille polonaise ("personnes déplacées") dont le chef de famille, Mr Guizac, est un travailleur compétent et acharné qui permet à la propriété de renouer avec les bénéfices. Mais l'ardeur du Polonais ne plaît pas à tout le monde, et il le paiera cher. La chute de la maison Mc Intyre est dès lors programmée.
Des thèmes comme le racisme et l'antiracisme, le patriotisme étroit et l'universalisme, la lutte sourde entre le catholicisme et le christianisme réformé (le protestantisme), la misogynie, sont abordés avec distance et finesse. La culpabilité de Mme Mc Intyre hésitant à renvoyer le Polonais, atténue la brutalité des rapports humains, la méfiance que les uns et les autres se vouent. Mais le drame semble inévitable…
On peut alors avoir envie d'approfondir l'oeuvre de Flannery O'Connor.
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Un écrivain du sud des Etats-Unis peu connue, contrairement à son homologue masculin Faulkner, peut-être à cause de sa vision très religieuse dont elle fait état dans ses autres récits. Pourtant son écriture et le monde qu'elle décrit est très proche de ceux de Faulkner.

La 1ère nouvelle était bien, sans plus. En revanche la 2ème (La Personne Déplacée) est vraiment très bien, d'une cruauté et d'une vérité incroyables. Un récit très poignant à découvrir.
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Deux nouvelles de l'écrivain "du Sud" Flannery O'Connor. La première nouvelle m'a laissé un peu sceptique (j'avoue ne pas avoir compris la chute de l'histoire). En revanche j'ai adoré la seconde nouvelle qui raconte l'arrivée après la seconde guerre mondiale d'une famille de réfugiés polonais dans une ferme tenue par une veuve acariâtre. Les rapports entre ces nouveaux arrivants, la patronne, les ouvriers agricoles blancs et les noirs sont décrits de façon admirable. Cette nouvelle est un roman en miniature et c'est souvent ce que j'aime dans les nouvelles !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(...) à son avis, la religion était essentiellement destinée à ceux qui n'étaient pas assez intelligents pour éviter le mal tout seuls. Pour des gens comme elle, des gens doués de sens pratique, la religion était une occasion de se réunir et de chanter en choeur ; mais, si elle y avait réfléchi plus sérieusement, elle eût estimé que le diable en était le chef, et Dieu un accessoire.
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C'était le genre de choses qui arrivaient tous les jours en Europe, où les gens n'étaient pas aussi avancés qu'ici.
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Mrs Shortley regarda le prêtre et cela lui rappela que ces gens avaient une religion arriérée. On ne pouvait dire ce qu'elle était au juste puisqu'il n'y avait pas eu de réforme pour éliminer les balivernes.
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Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Cet homme là-bas, et du doigt, elle désigna le point lointain où avait disparu la Personne Déplacée, il faut qu'il travaille ! Il a besoin de travailler ! [...] Cet homme est mon salut.
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Si j'étais aussi célibataire que toi, j'irais pas me mêler de dire aux gens mariés ce qu'ils ont à faire.
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