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3,58

sur 194 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Joshua Seigl est un riche écrivain, séduisant, reconnu. Il est atteint d'une mystérieuse maladie qui le contraint à engager un assistant. Après plusieurs entretiens infructueux, il engage contre toute attente une jeune femme du nom de Alma. Illettrée, pauvre, ils sont de deux univers totalement opposés. Elle est également défigurée par des tatouages ratés.On sent immédiatement qu'elle a une vie horrible. Joshua décide de prendre sous son aile la jeune femme, qui n'est pas aussi innocente qu'il semble le croire. Peu à peu elle nourrit une grande haine envers son employeur, tout en éprouvant de très forts sentiments envers lui. Elle devient peu à peu indispensable à l'écrivain, l'aidant au jour le jour dans des tâches basiques.
Je ne saurais décrire les sentiments contradictoires, extrêmement complexes que chacun des personnages a pour l'autre. Ils sont changeants, étranges. Leurs deux mondes se confrontent avec une grande violence. Chacun à leur façon, ils sont émouvants, pathétiques, antipathiques. On voit qu'ils ont chacun été profondément blessés par la vie. Ils ne savent comment se comporter l'un envers l'autre. le roman est presque entièrement centré sur cette relation qui les unit. On suit l'évolution de chacun des personnages, la haine d'Alma qui se développe de plus en plus, Joshua qui est avilisé par sa maladie. Alma est touchante, c'est une pauvre fille qu'on a envie de protéger, bien qu'elle ne soit absolument pas vulnérable, elle est très forte et déterminée. Elle est surtout paumée... Quant à Joshua, il contemple sa vie d'un oeil neuf de par sa maladie. Il est parfois ridicule, ne se rendant pas compte des sentiments de son assistante, tout autocentré qu'il est. Il est complètement aveugle à ce qui l'entoure, ne pensant qu'à ses traductions et sa maladie.
Ce roman est dur, vrai. Les descriptions sont très réalistes, comme celle du corps d'Alma, que l'auteur ne cesse de nous dépeindre. Oates n'atténue rien, c'est pourquoi ce roman peut être un choc. Elle l'exagère rien non plus, déchirant sans bruit la fine couche des apparences afin de nous renvoyer la vérité avec fracas. Il n'y que l'auteure qui soit capable de retranscrire aussi bien la complexité des émotions, des instincts, des passions, la façon dont toute notre vie modifie nos perceptions. C'est donc un livre violent, brisant tous nos espoirs au fil des pages. L'ambiance est malsaine, lourde, noire mais on ne peut que continuer avec avidité, toujours plus proche du fatal dénouement. L'être humain est décrit dans toute son ambivalence et sa laideur. On referme le livre le souffle coupé. Si vous ne l'avez pas lu, lisez-le en sachant que de toute façon, il vous laissera couché par terre. N'espérez rien.
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Joyce Carol Oates a une écriture bien particulière, qui dans ce roman m'a totalement convaincue. L'histoire est celle de Joshua Seigl, héritier d'une riche famille dont la presque totalité de la famille a disparu dans la Shoah. Une quinzaine d'années plus tôt il a écrit un livre sur l'holocauste et depuis essaie de retrouver l'inspiration.

La fille tatouée, Alma Busch, est pauvre et même un peu « simplette ».
Voila pour les deux personnages principaux.
Deux autres personnes ont un rôle important dans ce roman : Sondra Blumenthal, l'amie de Joshua et Dmitri l'amant d'Alma.

L'écriture est envoûtante car elle dissèque (à la troisième personne) les pensées de chaque protagoniste: Joshua, qui est malade et voit ses forces décliner, Alma qui a toujours été victime des hommes, Dmitri qui est rempli de haine contre tous...
On sent que cela va mal finir et on finit par s'attacher aux personnages avec leurs qualités et leur défauts.

Joshua embauche la silencieuse Alma pour l'aider à trier ses papiers puis à l'aider dans sa vie quotidienne. La première fois que Joyce Carol Oates nous montre les pensées d'Alma est un moment fort du livre tant les pensées de celle ci sont tranchées (et un peu effrayantes) .

Un livre convaincant à la fin surprenante !
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Joshua Seigl a 38 ans. Auteur et traducteur, sa santé lui joue des tours, il décide d'engager un assistant. Mais il ne supporte aucun des candidats très qualifiés qui se présentent, sabote délibérément les entretiens. Sans doute parce qu'il n'accepte pas d'avoir besoin de quelqu'un.
Son choix sera celui du hasard : Alma, 27 ans , "l'air d'une épave qui aurait flotté de la ville en contrebas jusqu'à ce quartier de petites boutiques, de boulangeries et de restaurants de luxe". Alma , à peine un être humain, bousillée par une vie rude,toute sorte de violences subies, les excès de toute sorte. Alma qui est couverte de tatouages qui la défigurent. Elle est une chose, à peine un animal, a un besoin désespéré d'être aimée qui attire les pervers, les manipulateurs.
Joshua Siegl la croise et décide que ce sera elle, son assistante. Elle semble avoir plus besoin de lui , que lui d'elle : c'est sans doute ce qui rassure cet homme qui ne voit en elle qu'une âme à aider, à accompagner, à instruire peut-être.
C'est pour cela qu'Alma va haïr cet homme, de toute ces forces. Elle croit le détester parce qu'il est Juif (ce qu'il n'est pas), mais le lecteur comprend qu'elle le hait si fort parce que c'est le seul homme qui n'essaie pas d'abuser d'elle, ni de l'exploiter, il est correct et même respectueux avec Alma : c'est un comportement qu'elle ne peut pas comprendre, qu'elle imagine calculé pour l'humilier.
La Fille Tatouée est un roman d'une grande violence. Les personnages vivent dans un brouillard, chacun le sien, tourné vers ses émotions , ses obsessions. L'espoir n'y est qu'un mirage cruel, on flotte dans le sordide.
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A ma droite, un prof d'université, juif cultivé et névrosé ; à ma gauche, une jeune white-trash cabossée par la vie, antisémite sans trop savoir pourquoi : deux univers largement explorés par la fiction américaine, mais qui s'y rencontrent rarement. C'est le cas ici, et le résultat est à la hauteur du talent de JCO, dont le style fait merveille dans cette histoire de double rédemption. Seul bémol, la fin un peu mélodramatique m'a un poil déçu, mais c'est véniel au regard du plaisir que m'a apporté cette lecture.
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La fille tatouée, c'est la rencontre entre Joshua Seigl, écrivain renommé mondialement, passionné de Virgile et d'Alma Busch, jeune femme sensuelle, analphabête, originaire de Pennsylvanie,. Si ces deux-là se rencontrent, c'est le hasard. Alma va devenir l'assistante de Joshua. Chacun des deux personnages a ses secrets, son passé. Des liens se créent entre les deux, de la passion, de l'amour, de la haine aussi. Un excellent roman pour lequel j'ai donné 5 étoiles.
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La fille tatouée, c'est la rencontre entre Joshua Seigl, universitaire renommé mondialement, passionné de Virgile et d'Alma Busch, jeune femme sensuelle, analphabête, originaire de Pennsylvanie,. Si ces deux-là se rencontrent, c'est http://storage.canalblog.com/18/71/511296/37191345_p.jpgun peu le fruit du hasard, vous imaginez bien. Lui est atteint d'une maladie neurologique dégénérescente, et a besoin d'un assistant à demeure. Lorsqu'il la croise, travaillant chez un libraire, peinant sur les livres à sortir d'une caisse, il a une sorte d'attirance immédiate pour cette femme si loin de son monde, si "brut de décoffrage".
Alma, arrivée dans la ville huppée de Carmal Heights affamée et perdue, est tombée sous la coupe de Dmitri, souteneur à ses heures, qui n'hésite pas à s'en servir comme de la viande à vendre au plus offrant. Originaire d'une région minière très pauvre, où l'anti-sémitisme est la norme, Alma vibre rapidement de haine pour Joshua, le "Juif", et pour se faire "aimer" de Dmitri, elle n'hésite pas à voler chez son employeur, pour prouver qu'elle "vaut quelque chose", pour que Dmitri la "voie".
Rapidement, les rapports entre Joshua et Alma vont se compliquer, et quelque part s'équilibrer: il a besoin d'elle, elle se nourrit de la haine. La spirale tragique s'enclenche, mais ne mènera pas à la fin attendue.
Evidemment, ce roman pourrait se lire comme une simple "fable terrible" sur l'anti-sémitisme. Mais La fille tatouée est bien plus que cela. Oates propose ici une variation sur l'âme humaine ("alma" en espagnol), sur les relations humaines dans toute leur complexité. Et démontre, au final, que quel que soit notre milieu, nous avons tous un besoin viscéral d'être aimés. Alma, m'a parfois fait penser à une bête (Il sentait chez Alma Busch une volonté implacable, aveugle, tâtonnante, plus puissante que la sienne. Ses yeux lui semblaient littéralement aveugles, les yeux d'une créature sous-marine, nourrie par les ténèbres. p.327), ses réactions sont animales, instinctives. En somme, Joshua/Alma, c'est un peu l'acquis face à l'inné. Il tente de lui parler de l'Holocauste, dont Alma a entendu (et est donc persuadée) que cela n'a jamais existé, mais devant la défiance de son assistante (les films sont faux, les photos [de l'Holocauste] peuvent être fausses aussi Mr Seigl!), Joshua est déstabilisé. Alma, par ses réactions, son comportement, sa sensualité un peu bestiale, l'excite et l'agite. Alma de son côté oscille entre la haine et la compassion, entre la défiance et l'envie d'être aimée par cet homme intelligent.
Au-delà de la simple (si l'on peut dire) dialectique du maître et de l'esclave, Oates montre et dissèque les rapports dominants/dominés, hommes/femmes (et les violences faites aux femmes), les différences de classes et les incompréhensions/haines tragiques qui en découlent, la difficulté d'être Juif (les attentes de perpétuation de la Mémoire, le devoir envers les morts et les vivants, la lutte contre le négationnisme etc). L'uteure évoque aussi les questionnements sur la littérature, le rapport à la vérité du roman et la réalité des faits avérés historiquement. Oates nous parle également (ce qu'elle avait déjà fait dans Les Chutes) d'une Amérique industrielle et ouvrière à l'abandon, une nature ravagée et des habitants malades du capitalisme sauvage.
Il y a tellement de choses à dire sur ce roman fort et dérangeant! Je finirai sur le style Oates, toujours aussi précis, taillé au scalpel, collant parfaitement à ses personnages. Ce n'est pas facile à lire, dans le sens où l'ambiance est oppressante, certaines scènes pas piquées des vers, mais c'est véritablement un roman à lire.
Lien : http://ya-dla-joie.over-blog..
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Joshua Seigl est un écrivain dont le talent est reconnu tout comme son gout d'indépendance et son caractère particulier...
Joshua Seigl est le reflet parfait de Philip Roth (dont Joyce Carol Oates s'est inspirée)...

Il vit seul. Et c'est mieux ainsi... Il a une soeur qui l'insupporte et puis les autres aussi l'insupportent...et puis c'est tout...

Il vit seul, et c'est mieux ainsi....car il apprend qu'il est atteint d'une maladie incurable, et que ses jours, comme des pages d'un livre, sont comptés...

Il vit seul, et....il serait temps de mettre de l'ordre dans ses papiers, de mettre au propre certains manuscrit, de ranger un tant soit peu...

Il vit, seul un soir, cette fille au bar.... Seule elle aussi, avec cet horrible tatouage sur son visage, qui sans cette tâche pourrait ne pas être moche...

Il vit la singularité de cette fille tatouée... Elle se nomme Alma... Elle aussi illettrée que lui est cultivé, aussi ignorante que lui est instruit, aussi antisémite que lui est juif....

Alma hait les juifs, car on lui a toujours dit de les haïr....
Joshua est juif, car dans sa famille on l'est depuis la nuit des temps....

Que peut-il arriver à ce binôme si mal assortit ? La haine de l'un assaisonnée de bêtise et d'ignorance face à l'amitié de l'autre saupoudrée de la connaissance et du pardon ?...

Joyce Carol Oates, une fois de plus nous offre une grande leçon d'humanité....

Avec ces temps où l'ignorance et l'obscurantisme semblent prendre le dessus, il est bon d'ouvrir un livre comme "La Fille tatouée" et se laisser embarquer par le talent de Joyce Carol Oates....


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La fille tatouée s'appelle Alma ; elle échoue à Mount Carmel Avenue, comme une « épave qui aurait flotté de la ville en contrebas jusqu'à ce quartier vallonné de petites boutiques, de boulangeries et de restaurants de luxe ». Elle sait à peine lire, et semble complètement dénuée de curiosité intellectuelle. Son regard est vide et sans expression, dans un visage jeune, sensuel, à la peau très blanche. Mais elle dégage une sorte de puissance érotique qui ne laisse pas les hommes indifférents. Pauvre, abandonnée, elle semble une proie facile.

Qui aurait pu deviner que Joshua Seigl, frisant la quarantaine...(lire la suite en cliquant sur le lien ci-dessous)

Lien : http://www.litterama.fr/arti..
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