Cette première expérience de l'univers de
Yôko Ogawa s'avère enrichissante, empreinte de poésie et d'une certaine dose de tristesse, voire de quelques soupçons de surréalisme.
Dans "
Petites Boîtes", l'autrice nous conte l'histoire d'une narratrice habitant dans une ancienne école maternelle, où tout est naturellement petit, à la taille des enfants qui la fréquentaient autrefois. S'adaptant à cet univers minuscule, cette demoiselle prend soin des bâtiments et tâche de conserver l'atmosphère qui y régnait lorsque des bambins rendaient cet endroit vivant. Elle accorde une attention particulière à l'auditorium, où une multitude de boîtes en verre habille des étagères. Dans ces
petites boîtes, des parents admirent leur enfant décédé poursuivre leur existence, les enrichissant de divers objets qui permettent à la vie de s'écouler paisiblement.
Dans ce roman, la prose poétique de l'autrice permet à des thèmes sombres de passer simplement, sans malaisance. Les enfants inondent le roman de leur présence, malgré le fait que ce monde semble dépourvu de leur vitalité. La contact avec l'invisible, ces enfants disparus, se fait également au travers des concerts "de soi à soi". Les parents confectionnent de petits instruments qu'ils installent aux lobes de leurs oreilles : petite lyre dont les cordes sont des cheveux des enfants, grelot fabriqué à même des os, ... Lors de ces concerts, le vent produit une musique pour les parents uniquement, permettant à ceux-ci un contact avec leurs enfants.
L'ouvrage voyage dans ces thèmes morbides, où la mort est omniprésente, mais pourtant presque délicate et apaisante. La plume d'
Ogawa permet de voyager sereinement dans cet univers particulier, baigné par le rêve, par le deuil, par la solitude, mais également par la bonté humaine de ces personnages attachants et bienveillants.