AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,44

sur 78 notes
Le parc à chiens est un livre bouleversant et passionnant à lire même si le lecteur est quelque peu dérouté et déstabilisé par l'écriture mystérieuse de Sofi Oksanen.
L'histoire nous parle de deux jeunes femmes : Olenka et Daria dont l'amitié s'est transformée en pacte avec le diable.
La toile de fond de cette histoire, c'est un pays : L'Ukraine et quel pays si peu anodin en vérité.
Sofi Oksanen nous fait traverser avec de grandes enjambées son histoire. de la révolution orange de 2004 où l'Ukraine tente de se détourner de la Russie et s'orienter vers l'occident.
Hélas, elle sera vite rattrapé par le géant Russe qui provoquera une guerre et annexera la Crimée, et un conflit armé larvé existe toujours aujourd'hui laissant l'Ukraine meutrie
L'histoire nous permet de découvrir tous les couloirs dangereux et tristes laissés notamment à des jeunes femmes qui pour échapper à un sort incertain vendent leurs ovocytes sans comprendre vraiment qu'elles mettent leurs vies et leur santé en danger. Un monde impitoyable où il faut survivre avec ce que l'on peut offrir, ici,c'est le don d'ovocytes.
L'histoire met aussi l'accent sur ces régions minières de l'Ukraine où les hommes ne sont pas mieux lotis, exploitant un charbon qui leur coûte la vie.
Là, encore d'autres hommes cherchent le pouvoir et la domination au détriment du plus grand nombre, la corruption, les plans diaboliques foisonnent.
On ressort un peu meurtri de ce roman mais diantre qu'ils nous ouvrent les yeux et en grand sur cette période qu'on appelle" pudiquement "l'Ukraine post soviétique.


À lire sans aucun doute.
Commenter  J’apprécie          445
Je me souviens de la lecture des "Vaches de Staline »; cette auteure finlandaise situe ses romans dans l'Est de l'Europe, et cette fois c'est l'Ukraine et en particulier le Dombass qui l' intéresse .
Nous sommes en 2016 à Helsinki et Olenka, une jeune femme au passé déjà lourd qu'elle fuit la peur au ventre trouve assise près d'elle sur un banc qui fait face au parc dédié aux chiens une femme qui est le pilier de son récent passé tumultueux, dangereux, Daria.
Dans une autre vie, en Ukraine leurs pères étaient des amis. C'etait là qu' Olenka, mannequin , s'était reconverti en femme d'affaires assez troubles, le commerce d'ovocytes et de mères porteuses. Les pays de l'Esr après l'effondrement de l'Union soviétique étaient prêts à tout pour sortir de la misère, mais jamais sans danger;
Olenka réussit à intéresser une puissante famille mais ce sera la fin d'une période faste pour elle et Daria deviendra son cauchemar.
C'est un roman de femmes fortes pour la plupart, souvent à vendre et victimes de la violence des hommes.
C'est un grand roman qui demande une lecture attentive, un puzzle à reconstituer, parce que c'est un vrai faux thriller dans lequel Olenka s'adresse à un homme qu'elle aime et que surtout elle craint mais qui nous est inconnu.
Commenter  J’apprécie          233
Un parc au coeur d'Helsinki, un parc à chiens plus précisément dans lequel se reconnaissent deux femmes et un couple accompagné de deux enfants. Ces deux femmes se retrouvent. Hasard ou coïncidence ? Dans les premières pages beaucoup de mystère autour d'Olenka et de Daria. le rythme est intense, nous sommes très vite happés par l'histoire. Car Sofi Oksanen sait nous tenir en haleine, en revenant en arrière, dans le passé... C'est ainsi que nous découvrons qui est Olenka et sa relation avec Daria.

Ensuite j'ai trouvé malheureusement des longueurs, avec un rythme différent, moins haletant et plus étouffant. J'ai le sentiment que ces allers-retours dans le passé, entre l'Ukraine post-soviétique et la Finlande aujourd'hui m'ont littéralement perdu. A la fin seulement mon attention est revenue.

Indéniablement c'est un grande plume que celle de Sofi Oksanen, c'est juste que dans ce roman il y a peut être un peu trop de tout... ?


#Leparcàchiens #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          210
Sofi Oksanen c'est une auteure que j'ai découverte il y a quelques années par son troisième roman, qui est celui qui l'a fait connaître en France, Purge. C'est un roman qui m'avait beaucoup plu, et que j'aimerais relire à l'occasion. J'ai depuis acheté quelques autres de ses romans que je n'ai jamais pris le temps de lire. Je n'ai pas hésité une seconde lorsque la maison d'éditions Stock l'a proposé en lecture sur Netgalley. Sofi Oksanen partage son roman entre Finlande et Ukraine, étant elle-même finlandaise par son père et d'origine ukrainienne par sa mère. C'est ce mélange de culture qui me plait tant dans ces romans, cet entre-deux permanent, un pied dans la culture slave, un autre dans la culture scandinave avec quelques détours dans la balte Estonie.

Nous accompagnons Olenka, une narratrice qui partage les mêmes origines que Sofi Oksanen mais qui vit désormais dans un pays qui n'est pas le sien, la Finlande. On la retrouve dans un parc à chiens, en pleine observation d'une famille, surprise par l'un des fantômes de son passé, qu'elle pensait avoir laissé définitivement derrière elle, Daria. À partir de là, le récit d'Olenka remonte le temps et débouche sur une alternance de chapitres, les uns s'ancrent au présent de ce parc à chien, les autres reviennent sur le passé d'Olenka. Car à travers les échanges acides des deux femmes, faites de piques, d'accusations, de reproches, les peurs et craintes d'Olenka, que réveille chez elle le retour impromptu et inattendu de Daria dans sa vie, on comprend que l'une et l'autre sont en fuite. de quoi, de qui, c'est ce que va nous dévoiler peu à peu Sofi Oksanen. Sans oublier la nature des liens des deux femmes.

La vie d'Olenka a commencé en Finlande pour se poursuivre en Ukraine : C'est une formidable immersion dans ce pays qui nous est peu connu qu'elle dépeint à travers la vie familiale, une approche toutefois très réaliste d'un peuple qui vit dans des conditions difficiles et gangrené par le travail au noir, les trafics, les organisations mafieuses à mille lieues de cette Finlande riche. L'Ukraine a dû compter sur ses propres ressources à la fin de l'ère soviétique, et elles ne sont pas légions. Si les hommes vont encore travailler dans les mines, les jeunes et jolies femmes ont choisi la voix du mannequinat, on se rappelle toutes et tous à quel point ces filles de l'est ont pu représenter – et continuent d'ailleurs – un idéal fantasmé pour certains : de belles jeunes femmes malléables à souhait, il y en a qui s'en accommodent fort bien. Ça, c'est la partie visible de l'iceberg. On sait tous également comment certains ont surfé sur le physique parfait slave de ces jeunes femmes pour construire ces réseaux de mariage arrangé pour hommes occidentaux esseulés, ce qui pour moi s'apparente plus ou moins à de l'exploitation humaine. Mais ici, on va plus loin, on apprend que des agences se font leur beurre sur le dos – ou plutôt le système reproductif – de jeunes femmes désargentées à travers les dons de gamètes.

Olenka en tant que coordinatrice dans une de ces cliniques, en tant que jeune femme ukrainienne qui a épuisé toutes ses chances d'être à nouveau modèle en Europe, doit survivre comme toutes ses compatriotes. C'est à ce moment-là que l'on se rend compte à quel point elles sont devenues tributaires des besoins des exigences des Américains et Européens argentés en demande d'enfant. Sofi Oksanen n'épargne rien ni personne et encore moins son héroïne, qui profite de la pauvreté de son pays, et de la naïveté de ses compatriotes, pour se faire une situation. Elle démonte ce système de petits arrangements, démontre à travers ce récit acéré et désabusé de quelle façon chacun essaie tirer de profiter de l'autre à travers ce qui n'est, une fois encore, qu'une autre façade de ce trafic d'êtres humains. C'est effrayant : L'Ukraine y apparaît comme un vivier à embryons, à utérus où les fécondations in-vitro sont pratiquées sur les filles comme leurs cheveux sont coupés, colorés, coiffés. L'acte médical devient une marchandise monnayée comme une autre. Sofi Oksanen a pris sous sa plume une femme qui s'est fait piéger dans un système pernicieux, où les victimes elles-mêmes finissent par devenir les exploiteurs, et qui va payer le prix fort de son ambition.

Encore un roman passionnant de l'auteure finlandaise qui n'hésite pas à aller au coeur des méandres d'un système perverti par l'argent dans une société divisée où les plus pauvres ont bien du mal à s'en sortir en dehors des voix extrêmes. Les filles sont devenues des machines à bébés, piquées, gavées d'hormones, il y a des bêtes que l'on traite mieux que cela, pour que leur réserve ovarienne soit multipliée par trois, par quatre et ponctionnées. Cette réflexion qu'elle pousse sur le fonctionnement de la société ukrainienne est celle d'un échec à la fois collectif, où les plus riches ont argent et enfants, et personnel, où les donneuses finissent bien souvent par être atteintes de cancer, stériles, hyperstimulées, au point où elles finissent elles-mêmes avoir besoin d'une FIV. Olenka est cette figure de la déraison qui frappe une société encore mise à l'écart, écrasée par ceux, les gens d'autres pays, qui viennent se servir chez eux, comme on se sert à l'épicerie du coin.

L'auteure finlandaise réussit à illustrer l'écart qui sépare l'Ukraine de ces pays riches, qui ne manquent de cellules reproductives en état de fonctionnement. Olenka se sent forte, mais les choses finissent par lui échapper, victime ou tortionnaire, les rôles se mélangent, pour elle et Daria, car finalement le pouvoir, l'argent, la possibilité de mener l'existence choisie appartient toujours aux mêmes. L'histoire d'Olenka illustre les rapports de force en jeu en Ukraine, entre l'Europe de l'Ouest et ces pays d'Europe de l'Est, qui cherchent à s'émanciper de la domination russe, qui restent encore en état de dépendance.

C'est une fiction réellement passionnante, celui du destin d'Olenka, qui s'appuie sur une réalité sordide et glauque, sur les faiblesses d'une Ukraine toute en contradiction, qui allie modernité et archaïsme, des progrès de la médecine (dont celle médicalement assistée) face au travail sans protection dans les mines, du manque d'eau potable, d'une Ukraine gangrenée par les crimes organisés. le parc à chiens est typiquement le genre de romans que j'aime lire, celui d'une plume efficace, d'une narration bien construite, d'un discours historique solide et précis et d'une vision aussi unique que juste et profonde sur l'état de l'Ukraine.






Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          160
Une rencontre dans un parc à chien d'une ville de Finlande va faire ressurgir crainte et souvenirs à la narratrice du dernier livre de Sofi Oksanen. Pourquoi Olenka s'est-elle enfui d'Ukraine ? Qui est cet homme à qui elle s'adresse dans ce récit et pour qui elle fait remonter peu à peu les souvenirs du passé ? le lecteur va assembler peu à peu les pièces du puzzle données dans le désordre et comprendre l'indicible d'une époque ternie par les trafics en tout genre et notamment celui des dons d'ovocytes dans lequel notre héroïne a trempé. A partir de là, une course contre la montre est lancée et Olenka, désespérée fera tout pour survivre, c'est d'ailleurs son leitmotiv depuis toujours : sortir de sa condition initiale, espérer plus et échapper à la malédiction familiale mais ses différentes tentatives ne finiront qu'à l'aider à accepter son histoire familiale et ses origines. Avec en toile de fond toute une page peu glorieuse de l'histoire de l'Ukraine et de l'Estonie balayées par les violences politiques on retrouve dans ce roman des thèmes chers à l'auteur, comme dans son oeuvre précédente, elle nous donne ici, une fois de plus, des personnages dont les destinées semblent inéluctables….
Commenter  J’apprécie          100
Dans un parc à chiens à Helsinski, Olenka est assise sur un banc d'où elle observe un couple et ses enfants. Une femme vient s'asseoir sur le même banc, il s'agit de Daria.
Le regard des deux femmes se croise, elles se connaissent, mais c'était dans une autre vie, c'était une autre histoire, c'était en Ukraine.
Pourquoi Daria est là, dans la même ville qu'elle ? Olenka a peur car si Daria a pu la retrouver d'autres le peuvent aussi.

Dès les premières pages du livre j'ai été prise par cette histoire où le suspense est présent dès les premières pages. L'auteur a une façon de poser des écrans de fumée, de laisser le lecteur dans le floue afin qu'il n'ait d'autres choix que d'avancer dans le récit pour enfin connaître l'histoire de ces deux femmes.
C'est un roman captivant, il nous décrit cette société de l'époque post communiste, comment la corruption régnait en maître et rendait la vie totalement insécure pour la plupart des citoyens.
Le récit permet également de se rendre compte que nos modes de vie sont différents, nous n'obéissons pas aux mêmes codes, nous n'avons pas le même passé.
L'auteur a su trouver les mots justes pour nous plonger dans cette atmosphère angoissante.

Un seul point négatif dans cette lecture, vers le milieu du livre j'ai trouvé une certaine longueur, j'avais le sentiment de tourner en rond et de décrocher.
Commenter  J’apprécie          90
Sofi OKSANEN. le parc à chiens.

Ce roman se déroule sur une petite trentaine d'années, des années 1990 aux années 2016. Nous évoluons entre Helsinki, la Russie et ses ex-républiques satellites en particulier en Ukraine et dans le Donbass. Des frissons passent dans le dos à l'évocation de ces dernières régions : les villes citées nous interpellent. Il y a encore la guerre entre la Russie, l'Ukraine…. Sofi OKSANEN est spécialiste des romans évoquant les liens qui unissent, séparent ces divers états. Ce roman est paru en 2019. L'autrice a des dons de voyance. Elle écrit : Une marionnette de Moscou, un véritable salopard ! (page 108). Devinez qui est cité sous ces termes. Une raison pour la déporter dans un goulag ou la faire disparaître de façon très discrète !

En 2016, Olenka est assise sur un banc, dans un jardin public, un parc à chiens. Elle observe un couple et ses deux enfants jouant avec leur schnauzer. le petit garçon a bien le nez de son père, mais sa peau diaphane est celle de la narratrice Olenka. Comment est-ce possible, ils ne se connaissent pas ! Elle fui. Elle se cache, se terre. Elle a dirigé une société commercialisant des ovocytes et recrutant des mères porteuses pour des couples en mal d'enfants. Une autre jeune femme la rejoint et prend place à ses côtés. Bien que des années se soient écoulées, elle reconnaît son amie, sa protégé Daria. Ces deux jeunes femmes sont natives de la même région minière. Leurs pères étaient déjà amis. Ils sont morts tragiquement. Que s'est-il donc passé ? Comment une amitié longue de dizaines d'années a-t-elle pu fondre comme neige au soleil. La misère les a uni, la richesse, la jalousie, la corruption les ont séparé.

La convoitise, le blanchiment d'argent, les vengeances, les plans diaboliques, altèrent ce récit glaçant. Les débuts de nos jeunes femmes , dans le mannequinat, les grisent. C'est une période où tout leur réussit. L'argent coule à flots, les voyages, les robes de grands couturiers, les bijoux constituent leur quotidien. Chaque médaille a son revers et la concurrence est là… Peu importe de sacrifier sa santé, le paraître est signe de richesse. Il faut aller de l'avant à tout prix. La beauté, est un univers impitoyable. Tous les bas coups sont permis…. jusqu'à une certaine limite. Il ne faut pas franchir la frontière sous peine de poursuites. Et lorsque vous êtes rattrapés par votre passé, il est difficile d'effacer vos traces. L'ennemi vous chasse sans trêve. J'aime beaucoup cette autrice qui nous présente, dans chaque roman, un page peu glorieuse de la Russie. J'ai été bouleversée par l'histoire de ces deux femmes et de leurs familles.Bonne lecture. ( 06/10/2022)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
Commenter  J’apprécie          90
C'est dans ce parc à chiens, à Helsinki, que se retouvent tout à coup Olenka la narratrice, et Daria, qui se connaissent depuis toujours ; mais Olenka vit cachée en Finlande depuis certains évènements et pour fuir une vengeance. Elles observent toutes les deux une famille, font attention à ne pas être reconnues mais ne peuvent s'empêcher de regarder attentivement les enfants... Quel est leur lien avec ce jeune garçon et cette petite fille ?

Magnifiquement construit par des aller-retour entre différentes périodes, et différents lieux de l'existence de ces deux femmes dont on peut dire qu'elles furent prises "dans les tourbillons de l'Histoire" selon la formule consacrée, le dernier livre de Sofi Oksanen (La purge, Les vaches de Staline...) écrivaine brillante et romancière-historienne nous mène de l'Ukraine post-soviétique à la Finlande actuelle et nous éclaire sur ce qui fait l'existence des populations de ces régions d'Europe de l'est et du nord.
Sont dénoncés les conditions de vie très difficiles en Ukraine, magasins vides et retraites insuffisantes, les trafics en tout genre, et les possibilités de s'enrichir pour les jeunes femmes dans le mannequinat, ou les mariages arrangés par des agences, ou encore les dons d'ovocytes et les gestation pour autrui pour que des femmes riches mais stériles puissent avoir des enfants...

L'autrice revient sur les décisions que l'on prend à certains moments de sa vie, leurs conséquences et les responsabilités que l'on a donc dans le déroulement de son destin ; mais a-t-on vraiment le choix quand il s'agit de survivre ?
Le livre est une sorte de longue lettre qu'Olenka écrit à l'homme qu'elle aime ; mais les relations amoureuses ont-elles leur place dans ce contexte ?

Livre fort, dérangeant sur les pratiques qu'il soulève, passionnant ; à lire absolument pour comprendre ce qu'il se passe dans cette partie du monde.

Premières phrases : " Helsinki, 2016. Tout aurait pris une autre tournure, peut-être, si je l'avais reconnue immédiatement et si j'étais partie en courant. Mais je ne l'ai pas fait ; je n'ai même pas regardé dans sa direction lorsqu'elle s'est assise au bout du banc, avec des mouvements lents, signes de la douleur humaine. Souhaitant lui faire comprendre que je n'étais pas désireuse de bavarder, je feuilletais bruyamment le livre posé sur mes genoux. Je n'étais pas dans le parc pour avoir de la compagnie."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
Commenter  J’apprécie          92
Le parc à chiens sera le lieu de la rencontre des principaux personnages du livre : deux jeunes femmes, Olenka et Daria et deux jeunes enfants, Aino et Väinö.
Il faudra lire consciencieusement page après page, l'histoire qui nous est racontée.
Des lieux, Finlande, Estonie, les régions ukrainiennes du Donetsk et de Dnipro, près, très près, (trop près ?) du monstrueux voisin, à travers les années nous suivrons l'errance de ses personnages et les tentatives de l'Ukraine de s'affranchir de l'influence russe pour rejoindre l'occident.
On ne choisit pas le lieu où on naît … une constatation accablante qui parfois est déjà un drame !
Les régions minières de l'Ukraine ne sont pas un paradis …
Comment survivre et essayer de s'enfuir quand on est une belle jeune fille, certains proposent une solution, organiser le don d'ovocytes …
Comment survivre et essayer de fonder une famille avec un avenir, ici c'est d'exploiter le charbon même si on doit y laisser sa vie.
D'autres cherchent le pouvoir, la réussite passant par la corruption et l'exploitation de la naïveté de certains.
Une lecture difficile, mêlant astucieusement les différentes étapes d'une vie cabossée, nous laissant devant le spectacle désolant de ce qu'était l'Ukraine avant les tentatives de colonisation du « grand frère ».
Commenter  J’apprécie          80
Par l'auteure des inoubliables Purge et Les Vaches de Staline, un roman qui propose, une nouvelle fois, une formidable plongée en profondeur dans les zones les plus troubles et déshéritées de l'ex-Union Soviétique, comme un thriller dont l'inspiration rappellerait les meilleures histoires de John le Carré ou de Don Winslow !
Un jour de 2016, dans un parc d'Helsinki, où les gens viennent promener leurs chiens, Olenka, assise sur un banc, observe une petite famille, quand brusquement une femme s'assied, sans demander autorisation, à l'autre bout du banc. Immédiatement, elle reconnait l'intruse, et comprend qu'elle est brusquement rattrapée par son passé, un cauchemar qu'elle a fui, en changeant d'identité dans son exode d'Ukraine en Finlande. Avec le retour de Daria dans sa vie, elle sait qu'elle ne peut plus échapper à une poursuite infernale dont le terme ne peut être que mortel pour elle… Cette première scène entraîne d'emblée le lecteur dans un récit plein d'angoisse, une tension que Sofi Oksanen réussit à maintenir tout au long du livre. le roman est construit comme un puzzle, alternant les temps et les lieux, l'Helsinki de 2016, l'Ukraine des années 2000, l'Estonie de l'enfance. le point de vue est constamment celui d'Olenka, reconstituant en jonglant entre présent et mémoire, son destin personnel, d'une forme d'apogée sociale à la déchéance et à la détresse qui sont désormais les siennes. Sans cesse, elle s'adresse à un « tu » mystérieux, un compagnon devenu potentiel ennemi, qu'elle craint puissamment après l'avoir follement aimé, et dont l'identité, très lentement dévoilée, gardera une part d'énigme pratiquement jusqu'à la fin du livre.
Au-delà du roman noir, l'intrigue acquiert une forte dimension politique, en évoquant le commerce des corps féminins, de ces femmes d'Europe de l'Est que l'on exploite comme donneuses d'ovocytes ou mères porteuses, victimes d'une industrie lucrative, qui s'accompagne de multiples trafics, avec leur lot de corruption et de vengeances. Mais l'aspect le plus intéressant du texte, là où l'art de Sofi Oksanen nous touche le plus profondément, c'est l'impressionnante fresque qu'il propose des territoires perdus de l'ex-Empire Soviétique, de la région de Snijné en Ukraine, où la narratrice aura vécu son adolescence, ravagée par la pollution et la pauvreté, de ce coin d'enfer du Donetsk meurtri par l'activité des mafias et la guerre qui oppose aujourd'hui les nationalistes ukrainiens aux séparatistes soutenus par la Russie. Ah, la foutue poisse des slaves, la mélancolie des marges orientales de l'Europe… Quand un roman d'atmosphère vous distille ces venins avec une telle puissance, pourquoi bouder votre plaisir ?
Commenter  J’apprécie          81




Lecteurs (189) Voir plus



Quiz Voir plus

Purge, de Sofie Oksanen

En 1939-1945, l’Estonie était rattachée à :

La Finlande
La Russie
L’Allemagne

10 questions
291 lecteurs ont répondu
Thème : Purge de Sofi OksanenCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..