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EAN : 9782842611569
247 pages
Le Serpent à plumes (14/02/2001)
4.19/5   8 notes
Résumé :
A Port-à-l’Écu, village perdu des Caraïbes, un groupe d'Haïtiens, guidé par le songe d'Amédée Hosange, embarque sur un frêle trois-mâts dans l'espoir d'échapper à une vie misérable. Hanté par le souvenir de son île, Normand Malavy, Haïtien exilé au Québec, par en quête de ses racines et se rend à Miami. Établissant de subtils "passages" entre les temps et les lieux, Emile Ollivier narre dans ce roman les destins croisés des personnages unis par le drame de l'exil.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un voilier de fortune prend la mer à Port-à-L'Ecu, Haïti : un seul vrai marin à bord, Amédée Hosange, et des êtres fuyant la misère, la malédiction et la tyrannie. En parallèle, on croise le personnage de Normand Malavy, Haïtien exilé au Québec, qui tente d'échapper à la douleur de l'exil et à ses cauchemars en se rapprochant de son port d'attache pour se diriger vers le bord de mer, à Miami.
C'est l'histoire de vies restituées par les souvenirs d'un ami, d'une amante, d'une épouse, dans une prose superbe et parfaite, une des plus belles de notre époque qui donne voix à ces êtres arrachés à leurs racines par des drames, par la dictature, par la colonisation, condamnés à une éternelle errance et qui survivent grâce aux rêves, à la réminiscence édulcorée d'un monde idéalisé et paradisiaque et à l'espoir d'un possible retour.
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Un très beau et douloureux roman qui alterne entre deux histoires, celle d'Amédée Hosange, respectable "capitaine" haïtien et celle de Normand Malavy, émigré haïtien réfugié au Québec.

Le premier s'embarque à bord d'un rafiot pour tenter de rejoindre l'Amérique et d'échapper à la pauvreté qui règne sur ce qui fût la Perle des Antilles, tandis que le second tente de surmonter sa mélancolie et son blues de son île natale.

Leurs deux histoires sont racontées et dévoilées au fur et à mesure du roman par les femmes qui partagent la vie des deux protagonistes, laissant pressentir les drames qui viendront clôturer le récit.

Emile Ollivier restitue dans une langue splendide la douleur de l'exil et la fatalité d'une île, aussi belle que cruelle. Je suis encore une fois charmée par la littérature haïtienne!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Amparo revenait de Cuba. Elle n'en revenait pas vraiment. Elle revenait de Cuba sans en revenir. En cela, elle ressemblait à ceux qui, ayant trouvé Jérusalem, continuent à la chercher ailleurs, éternellement, jusqu'au bout du monde, à l'infini, voire au-delà. A cette époque, elle était en difficulté avec Fellipe et lui avait donné rendez-vous à Miami, pour une explication finale, la quatrième en quatre ans. Les deux premières sont toujours les moins pénibles ; la jalousie n'est-elle pas la forme suprême de l'amour ? La troisième, ordinairement épouvantable : elle laisse éclater la douleur des promesses non tenues. La quatrième, toujours la pire : sans amour ni colère, rien d'autre que la lassitude et l'agacement nés de la répétition du même reproche, de la conviction que l'être avec qui l'on vit ne changera jamais, de la triste certitude qu'au fond, on s'en fiche.
La rupture ne se fait pas en sifflotant, les mains dans les poches. Qu'il est difficile de restituer l'autre à la foule ! On crie que tout est fini ; on tremble face à la béance du quotidien ; on recule devant le vide de l'indifférence, on hésite à ouvrir les portes sur les gouffres de la solitude. On peut se payer une fugue, un après-midi tout entier, et se raconter qu'on va prendre le bateau pour mettre fin à des années de vie commune. Au soir, on rentre, on retrouve sa place dans le lit et tandis qu'on s'endort, le bateau s'éloigne de plus en plus. Pour rompre, il faut avoir le courage de franchir l'instant d'après ; pour le franchir, il faut être prêt à utiliser des subterfuges, des moyens qu'on croit éprouvés et qui ne sont que panacées.
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A l'origine du voyage de Normand à Miami, il y avait ce que certains qualifieraient de désoeuvrement ; lui, Normand, y voyait une réponse à une insensible glissade sur le sol sans relief. Qu'aurait-il pu bricoler autour de cette existence ? Comment congédier le nostalgique et l'illusoire ? Longtemps il s'est esquinté à faire des compromis entre le je et le moi. Il y avait eu entre-temps la fragmentation, la perte, ce corps qui se lézardait sous le regard de celui qui l'habitait. Et pourtant, on sentait qu'il était encore heureux de vivre. La chaleur de la vie lui collait à la peau. Il en était le premier étonné et disait avoir lu quelque part - où et quand ? - que nous avons tous deux vies : celle dont nous avons rêvé dans notre enfance et dont nous continuons à rêver, adulte, sur fond de brouillard, la fausse ; et l'autre, celle que nous vivons, la pratique, l'utile, la vraie, celle où l'on finit par être conduit en bière.
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Nous venons d'un pays qui n'en finit pas de se faire, de se défaire, de se refaire. Coureurs de fond, nous avons franchi cinq siècles d'histoire, opiniâtres et inaltérables galériens. Nous avons subsisté et persévéré sur les flots du temps, dans cette barque putride et imputrescible à la fois, dégradable et pérenne. Notre histoire est celle d'une perpétuelle menace d'effacement, effacement d'un paysage, effacement d'un peuplement : le génocide des Indiens caraîbes, la grande transhumance, l'esclavage et, depuis la mort de l'Empereur, une interminable histoire de brigandage. Notre substance est tissée de défaites et de décompositions. Et pourtant, nous franchissons la durée, nous traversons le temps, même si le sol semble se dérober sous nos pas. Malgré vents et marées, malgré ce présent en feu, ce temps de tourments, cette éternité dans le purgatoire, nous continuons à survivre en nous livrant à d'impossibles gymnastiques.
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Je croyais dur comme fer, et Amédée le savait, que cette terre sous nos pieds était ce qu'il y avait de plus solide. On est d'ici, pas d'ailleurs, même prisonniers - comment disiat-il déjà ? - claquemurés, dans cette baie de ronces et de bayarondes. J'étais persuadée que le plus beau pays du monde était celui où les rues sont pavoisées de sourires, où les maisons sont identifiées par des prénoms de connaissances, où les arbres recèlent le nombril d'êtres chers, où le vent prend la voix de l'être aimé, le doux bruit de la brindille cassée au tuyau de l'oreille.
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Le souvenir qu'elle a conservé de La Havane, c'est celui d'une fête foraine : le bourdonnement des guitares, la foule, les flâneries, la paresse des tropiques, le vie des rues mêlée à la vie des boutiques, une rumeur de ruche, La Havane illimitée, éclatante de blancheur et mangée de soleil, dans une ambiance virevoltante d'osselets, de hamacs, de cerceaux, le Malecon où les soirs avares de fraîcheur, cent et cent automobiles baladaient Havanais et Havanaises. La Havane de l'enfance, lachasse aux papillons dans les jardins de Vellado, flots féériques, poissons fabuleux, quatorze variétés de mangues mûres à point, une exposition permanente de meubles démesurés, de statues, d'angelots potelés, joufflus, massés dans les parcs et jardins publics ou alignés à l'infini sur les façades de pierre ; et la danson, que les filles plus âgées qu'elle dansaient en robe de tarlatane, la lumière des tropiques dans les yeux ; elle se souvient qu'au moment de la pause de l'orchestre, les femmes échappaient à l'emprise de leurs cavaliers et regagnaient les fauteuils à bascule ; le repos lui-même refusait l'immobilité...
Elle avit marché dans l'ombre des maisons de Velado, de Miramar, d'Almendare : les rideaux ne volaient plus au vent et les hélices quadripales des ventilateurs encastrés étaeint rouillées. Elle n'avait pas retrouvé la ville de son enfance. La Havane semblait avoir aboli le calendrier dans l'extase de la victoire révolutionnaire...
Son séjour à La Havane : une grande déchirure, une douleur intense. Si elle était restée plus longtemps, peut-être aurait-elle découvert, derrière ce nouveau masque, le visage secret, intime, préservé de la ville longtemps imaginée. Elle n'avait eu qu'une semaine. Cela avit suffi pour constater que la magie avait quitté sa ville. Amparo fixa sur Leyda un regard mouillé : "Jamais plus je ne pourrai vivre à La Havane".
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Vidéo de Émile Ollivier
Les Grands Débats - L… comme Lecture : L'amour des lettres Dimanche 23 septembre 2018 de 15h00 à 16h00 Dany Laferrière - Nathalie Crom « La lecture est une félicité qui se mérite » disait le grand écrivain haïtien Emile Ollivier. Un grand lecteur, Dany Laferrière, partage ses grands moments de lecture et reviennent sur les auteurs qui lui ont procuré cette fameuse félicité. Les livres sont-ils un rempart contre la bêtise ? Un outil de liberté ?
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