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Citations sur Les Evasions particulières (159)

— Les filles, vous êtes jeunes, vous verrez, il y aura toujours des vieux pour vous faire croire que vous allez vivre dans un monde atroce et que c'était mieux avant. Ne les croyez pas.
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Cela les avait soulagées d'apprendre que jamais leurs parents ne divorceraient, que ce malheur-là ne pouvait avoir lieu, mais il y avait dans cette indissolubilité une énergie puissante qui donnait au mariage la force d'une condamnation. La fête prenait des allures de servitude placée sous la surveillance d'un dieu veillant au juste respect du contrat.
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Lorsque Agnès était rentrée ce soir-là, elle avait sursauté quand elle avait allumé la lumière et l'avait trouvé assis dans l'entrée sur un tabouret, comme un homme qui, la carabine dans les mains guette un voleur. Le voleur, c'était elle.
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Aujourd'hui l'amour avait pris une autre tournure, il s'était affranchi de la morale chrétienne, même s'il en avait inventé une autre, celle d'une liberté sans limites qui incluait les enfants, que beaucoup d'intellectuels s'accordaient à considérer comme consentants et parfois provocants. Françoise Dolto, Sartre et Simone de Beauvoir avaient signé une lettre ouverte à la commission de révision du code pénal, il fallait abroger ou modifier la loi sur le détournement de mineur et "reconnaître le droit de l'enfant à entretenir des relations avec des personnes de son choix". On refusait l'expression "attentat à la pudeur sur mineur" si l'enfant était considéré consentant, s'il n'y avait pas de signes de violence, et on signait inlassablement des pétitions. "Si une fille de treize ans a droit à la pilule, c'est pour quoi faire ?"
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Quand Sabine avait eu ses premières règles, Agnès lui avait dit, Tu es une femme maintenant, fais attention. Elle avait cru qu'elle devait faire attention à ne pas tacher ses draps ou ses jupes. Et puis elle avait compris qu'il s'agissait d'autre chose. Elle pouvait avoir une enfant. Elle venait de basculer du côté du péril.
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L'ordre immuable des choses était un apaisement.
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Aimez-vous ! Mais aimez-vous donc les uns les autres ! tout en sachant pertinemment que c'était impossible, une véritable chiennerie, un massacre programmé, et bien loin de vous aider à vivre, ce conseil vous assignait au découragement et à l'impuissance.
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- Tu n'as pas vu dans Aix les affiches d'un film avec Annie Girardot ? Une rose rouge posée sur une fiche de renseignements ? Tu n'as pas vu ?
- Non, c'est quoi ?
Sa mère regardait ses mains avec tendresse, les paumes ouvertes vers le plafond de la cuisine, elle dit dans un souffle :
- C'est "Mourir d'aimer".
- Mourir d'aimer ?
- Oui, c'est comme ça qu'ils appellent l'histoire. Cette femme, Gabrielle Russier, elle était professeure à Marseille et à son âge... trente-deux ans... A son âge elle a... elle a couché avec un de ses élèves, oui, il avait seize ans. Elle a fait de la prison pour ça. Bien sûr. Et les parents de cet élève sont professeurs ici, à la fac d'Aix. Et les affiches du film sont dans toute la ville...
- Je comprends.
Elle dit cela pour qu'ils s'arrêtent de parler. Mais elle ne comprenait rien, sûrement parce qu'ils ne comprenaient pas eux-mêmes d'où venaient leur peine et tant d'embarras. Ce fait divers bouleversait leurs croyances, troublait le plan intègre et juste qu'ils avaient établi pour leur vie et qu'ils auraient aimé unique et universel. Leur morale chrétienne excluait la désorganisation des sentiments, mais tout près de chez eux une femme de leur âge avait souffert jusqu'à oublier ses enfants, ouvrir le four et plonger la tête dedans. Comment ne pas en être profondément ébranlé ?
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Il y eut ce silence dans lequel chacune repensait à ce qui venait de se dire, et l'imagination se mêlait à l'ignorance, tant d'ignorance qu'il semblait qu'être adulte était un état à part, dans lequel rien de ce que nous étions avant ne subsistait, une mue qui lâcherait l'ancienne peau dans le silence et l'oubli, et on vivrait ainsi, soudain conscients de toute chose, connaissant les codes, les lois, prenant sans hésiter des décisions importantes, connaissant des gens, d'autres adultes avertis avec qui on partagerait ce monde qui accueillait notre participation sans faille.
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C'était le printemps, un printemps qui lançait en plein ciel des bouquets d'odeurs généreuses et charnelles, et quand elle fut dans la rue, elle sentit glisser et disparaitre le temps d'avant, quatorze années et plus encore, son temps à elle et celui des autres qu'elle portait sans le savoir, le mythe de la perfection, la famille unie et indestructible. Elle l'avait déposé là ce mythe, dans le jardin et la maison de l'enfance. Elle avait aimé y croire, mais il était inventé, maintenant elle le savait, et elle comprit avce une fierté émue qu'elle avait grandi. Elle traversa la rue et ne se retourna pas, ignorant que derrière elle le jardin gardait, enraciné et fier, le souvenir de son passage.
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