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sur 532 notes
Quand je referme Les évasions particulières, je me dis que l'histoire de ces trois soeurs, Sabine, Hélène et Mariette, pourrait continuer, aller au-delà de cette nuit pleine d'espoirs du 10 mai 1981. Peut-être que Véronique Olmi qui m'avait séduit avec Bakhita, va poursuivre cette épopée sociétale qu'elle avait su bien présenter aux Correspondances de Manosque 2020 ?
Bruno et Agnès Malivieri, les parents, sont des catholiques forcenés qui se sont mariés très jeunes. le père, instituteur dans un collège catholique est le plus rigoriste des deux mais Agnès est sur la même longueur d'ondes. Tout au long de cette saga familiale, les références et les obsessions religieuses reviennent et se confrontent à l'évolution des moeurs que Bruno et Agnès ne peuvent accepter que contraints et forcés.
Tout débute avec Hélène (11 ans), la cadette qui, régulièrement, part vivre chez David Tavel qui a épousé Michelle, la soeur d'Agnès. Cet homme est riche, vit à Neuilly, possède un domaine à Villers, au bord de la mer, en Normandie, et dirige des entreprises. Il s'est pris d'affection pour sa nièce et aide financièrement Bruno pour éponger les dettes de son père. Cette situation est un peu compliquée. Elle crée une sorte de malaise latent entre Hélène et Sabine, sa soeur aînée. Il y a aussi le problème avec un enfant mort-né qu'Agnès a mis au monde avant ses trois filles.
Une fois le décor planté à Aix-en-Provence où vivent les Malivieri, Sabine, Hélène et Mariette, la plus jeune, fille chétive qui fait de grosses crises d'asthme, le temps va passer. L'actualité, les événements sociaux, les jalousies, les rencontres, les fâcheries émaillent ce parcours familial.
Le 19 mai 1974, Giscard est élu et Bruno et Agnès ont évidemment voté pour lui. Bruno s'oppose formellement à ce que sa femme travaille. Hélène se passionne pour l'écologie, le bien-être animal et devient végétarienne.
Avec Éléonore, une lesbienne très émancipée, elle fume son premier joint. Ainsi, malgré une éducation rigoriste, les mises en garde et les interdictions basées sur le catholicisme rayonnant de l'époque, Sabine, Hélène et Mariette découvrent, expérimentent, aiment, restent solidaires.
Avec Aix-en-Provence, c'est Paris qui prend peu à peu la plus grande importance car Sabine veut être actrice, s'essaie au théâtre, passe des castings pour le cinéma. Hélène poursuit ses études toujours aidée financièrement par l'oncle David. Quant à Mariette, elle découvre la musique grâce à Laurence et surtout Joël, le disquaire, qui lui fait écouter et apprécier Léo Ferré.
En sept parties, Les évasions particulières confirme l'excellence de l'écriture de Véronique Olmi. Malgré tout, j'ai ressenti quelques longueurs, une tendance au verbiage de temps à autre, allongeant inutilement la lecture.
Par contre, j'ai beaucoup apprécié de revisiter ces années que j'ai vécues, l'emprise du catholicisme et de ses rituels et je savourais les moments où Sabine, Hélène ou Mariette se dégageaient de ce carcan pour, par exemple, se joindre aux manifestations en faveur de Gabrielle Russier, pour la libéralisation de l'avortement, pour que le Larzac reste aux paysans ou lors de l'enterrement de Jean-Paul Sartre.
Comme elle l'a expliqué à Manosque, Véronique Olmi parle de ce qu'elle a vécu et bien connu, glissant certainement une part d'autobiographie dans ce roman où l'on fume beaucoup et partout. Hélas, il en était ainsi dans les salles de réunion, dans les appartements, les voitures et personne n'osait se plaindre.
Heureusement, les choses ont évolué dans le bon sens. Quant au bien-être animal cher à Hélène qui nous gratifie d'une extraordinaire séquence détaillant l'élevage industriel des cochons, si des progrès ont été accomplis, il reste énormément à faire sans pour cela que nous devenions tous végétariens.
Dans la folie de la nuit du 10 mai 1981, la joie était immense mais la déception n'en sera que plus grande lorsque le candidat Mitterrand devenu Président cèdera aux multiples pressions des lobbies pour édulcorer son programme…

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Avec Les évasions particulières c'est plus d'une décennie qui nous est donnée à revivre. Cette saga familiale nous entraîne en effet de l'après Mai 68 jusqu'au 10 mai 1981, date de l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République.
Véronique Olmi a choisi le cadre d'une famille catholique modeste habitant Aix-en-Provence pour nous conter les évasions particulières des trois filles de Bruno et Agnès Malivieri.
Il y a Hélène, qui depuis sa petite enfance fait des allers-retours entre Aix chez ses parents, c'est le temps de l'école et Neuilly, chez son oncle et sa tante, c'est le temps des vacances. Elle doit à chaque fois s'adapter vite et sans montrer d'effort pour passer de la grande simplicité au luxe bourgeois, où le vouvoiement est de rigueur.
Sa soeur aînée Sabine, rêve d'être artiste et d'aller à Paris. Quant à la benjamine, Mariette, d'une nature fragile et maladive, surnommée par les siens « la souris », elle restera avec ses parents, bientôt détentrice de secrets inavouables.
Malgré quelques jalousies, les trois soeurs resteront unies et parviendront chacune à trouver leur voie et à s'affranchir non sans mal de la morale et de la religion dans laquelle elles ont été éduquées de façon tellement prégnante.
Cette saga familiale est avant tout la chronique d'une époque riche en événements et traversée par de nombreux bouleversements.
En 1971, la sortie du film Mourir d'aimer, inspirée de l'histoire vraie de Gabrielle Russier, cette professeure tombée amoureuse d'un de ses élèves est un scandale pour les parents Malivieri. Est évoqué le conflit social chez Lip, incompréhensible pour le banquier qu'est l'oncle. D'autres mouvements et revendications éclatent tout au long de la décennie et jalonnent la vie de la famille, mais c'est surtout l'émergence du féminisme que l'auteure a bien su retranscrire et bien sûr la promulgation de la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse.
L'autre thème omniprésent et porté par Hélène est l'écologie avec notamment la prise en compte de la souffrance animale. La page 433 du roman relatant le sort réservé aux truies dans les élevages intensifs m'a d'ailleurs carrément révulsée bien que je sois déjà très attentive à ce sujet et déjà assez avertie me semblait-il.
Elle met en exergue les grandes figures de l'époque, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre dont nous suivrons l'enterrement, Gisèle Halimi, Simone Veil ainsi que les présidents Pompidou, Giscard, jusqu'à l'élection de Mitterrand sur laquelle se termine le roman sans oublier l'avis à la population qu'avait lancé Coluche.
Grand moment également que la montée des gens du Larzac sur Paris et me sont revenus en mémoire ces paroles « le Larzac restera, notre terre servira à la vie, des moutons pas des canons, jamais nous ne partirons, Debré, de force, nous garderons le Larzac ! »
J'ai vraiment pris un grand plaisir à revivre cette décennie par l'intermédiaire de cette famille et j'ai apprécié pouvoir me replonger dans cette ambiance revendicatrice, à juste titre. J'ai trouvé cependant que les personnages manquaient un peu de relief, d'esprit de décision et de panache et d'autre part, je suis restée assez incrédule devant le geste d'abandon de la mère.
Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est la présence de cette religion qui maintient les gens et notamment les femmes dans un rôle secondaire, un rôle de domesticité pure et simple les empêchant tout bonnement de vivre leur vie et leur sexualité, les bloquant dans leur épanouissement. Même si cela a évolué, je reste sceptique et concernant le droit à l'avortement il faut rester toujours vigilant !

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Si « les amitiés particulières » ont imprimé la mémoire des lecteurs, ce ne sera probablement pas le cas avec « Les évasions particulières » qui reposent sur une intrigue invraisemblable (exemple : une mère accouche et abandonne son enfant, sans que le père s'en rende compte), et ennuyeuse noyant le lecteur dans des détails insipides.

Quel dommage, car le projet de décrire la libéralisation des moeurs enclenchée par les événements de mai 68 et accélérée par le septennat giscardien, laissait espérer une réflexion sur le dilemme liberté / libération mais sombre hélas dans un catalogue de toutes les péchés imaginables (drogue, infidélité, pédophilie, prostitution, etc.) et laisse les victimes (bien naïves) aller de désillusion en désillusion jusqu'à la décomposition familiale finale.

N'est pas Zola qui veut, et Véronique OLMI dont j'ai apprécié le merveilleux « Bakhita », prend la roue de Serge JONCOUR et de « Nature humaine » ou de Grégoire DELACOURT avec « Un jour viendra couleur d'orange ». Ces romans sont tous désespérants et à mes yeux ennuyeux.
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Quelle claque !
Je n'attendais rien en particulier de ce roman. Je m'étais même fait la réflexion que je risquais de trouver longues les 500 pages ... Il n'en fut rien.
J'ai avalé ce roman en trois jours et j'en sors encore bouleversée.
Il ne s'y passe pourtant rien d'exceptionnel. C'est l'histoire de trois soeurs, Sabine, Hélène et Mariette nées dans les années soixante, dans une famille modeste d'Aix-en Provence. Chacune d'entre elles va suivre un parcours différent. Sabine, l'ainée, rêve de faire du théâtre à Paris.
Hélène, toujours entre deux eaux, partageant sa vie entre la sphère familiale à Aix et la vie bourgeoise de ses oncle et tante à Neuilly, s'engage pour la cause animale. Mariette, la petite, la "Souris" , la plus secrète, se perd dans les silences de la musique.

Ce roman m'a beaucoup touchée - et même parfois émue aux larmes - car j'y ai retrouvé une part de moi-même dans chacun des personnages. J'y ai retrouvé aussi mes trois filles, mes parents, mes proches...L'écriture est simple mais belle. L'auteure parvient à pénétrer au plus profond des êtres, dans ce qu'ils ont de plus intime, dans leurs pensées honteuses et douloureuses, dans leurs espoirs secrets ...


Ce livre m'a sans doute également interpellée car il raconte un pan de l'Histoire que j'ai moi-même vécu.
Le carcan traditionnel, familial et religieux qui laisse la femme au foyer et qui se heurte soudain à son émancipation...
La montée de la gauche au pouvoir avec cette joie explosive et pleine d'espoir un certain 10 mai 1981.
La lente prise de conscience de la nécessité de prendre soin de la planète.
Et tout simplement, l'évolution des moeurs et les balbutiements d'un monde au bord de la crise de nerfs...

J'espère de tout coeur que Véronique Olmi a prévu une suite à cette saga familiale.
En attendant, je vais me pencher vers d'autres romans de cette auteure que je viens de découvrir avec enthousiasme.
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Bruno et Agnès sont conservateurs catholiques d'un milieu très modeste.
Leurs trois filles Sabine, Hélène, et Mariette vont traverser la décennie de 1970 à 1981 chacune avec leur personnalité, leurs faits de vie.
Sabine au caractère bien trempé se révèle plutôt critique envers les faits qu'elle observe, grâce à ses lectures aussi. Elle deviendra comédienne à Paris.
Hélène fréquente le milieu de la soeur aînée de sa mère à Neuilly. Elle se laisse éblouir par le luxe et réalise néanmoins des études de biologie.
Mariette, à la santé plus fragile, reste dans son milieu sous l'influence de sa mère.
Entre les soeurs règne une belle entente avec beaucoup de franchise amenée par la soeur aînée.
le roman constitue une véritable étude sociologique de ces dix années tellement importantes pour la femme.
Sabine sera marquée par le drame de Gabrielle Russier.
Véronique Olmi souligne l'importance de Gisèle Halimi et Simone Veil et bien d'autres.
L'autorisation de la pilule contraceptive et la libéralisation de l'avortement sont des avancées majeures pour la femme.
J'ai fêté mes 18 ans en Belgique en 1974 : nous bénéficiions du planning familial mais pas de libéralisation de l'avortement. Notre pays était en retard sur ce point.
Les médecins qui le pratiquaient ou qui manifestaient pour le droit à l'avortement se faisaient emprisonner, encore en 1977.
Nous ne bénéficiions pas de la majorité à 18 ans. Elle est arrivée bien après en Belgique.
Un petit clin d'oeil au souvenir de Ménie Grégoire que j'écoutais sur RTL je crois. Elle nous ouvrait une oreille bienveillante sur les problèmes que l'on pouvait rencontrer en tant qu'adultes.
Par contre, le milieu familial des trois jeunes filles me semble bien fermé. C'est une fiction évidemment.
Un beau point de vue sociologique de ces onze années en France mais les personnages manquent d'intensité afin qu'on puisse s'y attacher ainsi qu'au roman qui présente quelques longueurs, je dirais plutôt quelques enlisements surtout autour des plaintes du personnage d'Agnès, la maman.

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J'ai toujours apprécié les histoires familiales. Je me suis donc glissée avec bonheur et grand intérêt dans celle de trois soeurs: Sabine, Hélène et Mariette, sur une période relativement courte, entre 1970 et 1981.

Issues d'une famille catholique modeste d'Aix -en-Provence, elles vont, chacune à leur façon vivre , dans les doutes et la douleur parfois, l'émancipation de la femme. Je les aimées toutes les trois: Sabine, la passionnée, la révoltée, et ses rêves parisiens de cinéma, Hélène, écartelée entre luxe bourgeois et milieu simple dès la plus tendre enfance, et la petite dernière, Mariette, secrète et si sensible.

L'auteure analyse en profondeur les changements sociaux vécus par ces trois filles qui deviennent des femmes et s'éloignent de plus en plus de leurs parents dépassés, perdus, qui ont aussi leurs chagrins intimes. Je me suis reconnue en elles, dans leurs pensées, leurs désirs, car j'avais à peu près leur âge durant ces années. Loi Veil sur l'avortement, le film" Mourir d'aimer", les chansons de David Bowie, l'école mixte... et l'image finale qui se dessine sur l'écran de télé de Francois Mitterrand , en ce mois de mai 1981...

Une radiographie juste d'une époque de bouleversements, et trois portraits fort attachants, tout en intériorité. Un vrai régal de lecture!
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Lu en audio (c'est bizarre d'écrire cela mais je n'arrive pas à le penser autrement) avec la voix de l'auteure. Cela donne forcément une teinte particulière à la critique rapide que je vais faire. Je crois néanmoins qu'il y a un petit supplément d'âme à cette version audio car j'ai emprunté le livre juste pour trouver une ou deux citations à insérer dans mes commentaires et en feuilletant j'avais du mal à retrouver l'ambiance d'écoute. V. Olmi a mis du coeur dans sa restitution sonore, elle vivait son livre, elle doit livrer là quelque-chose de son intimité.
C'est donc pour moi essentiellement un livre d'ambiance. Celle des années 60, 70, 80 : celles qu'on nomme abusivement peut être les « trente glorieuses ». Période décrite de manière languissante par des regards féminins se voulant féministes.
N'y cherchez pas un roman historique, même si l'on y croise quelques grandes figures de cette époque, des présidents successifs à Mme S. Veil en passant par Mme S. de Beauvoir et M. J.P Sartre, des évènements plutôt franco-français : Mort de M. Pompidou, le Larzac, l'attentat de la rue Copernic... Tout cela forme un arrière-plan très partiel, choisi pour calibrer certains états d'âme des héroïnes : avortement, droit des femmes, homosexualité, bisexualité...
On peut être d'ailleurs un peu surpris de l'absence quasi totale de références internationales (un peu le Vietnam, mais pour l'écologie de l'agent orange...), comme si ces femmes vivant originellement en province, n'étaient pas intéressée par la marche du Monde.
Ce qui manque pour moi à ce long roman, c'est une vraie intrigue : on brosse beaucoup de portraits, on rencontre pas mal de personnages mais finalement, il y a assez peu de relief chez chacun d'eux.
Ce sont ces femmes vivant les bouleversements que l'on sait concernant leurs droits qui sont mises en avant, à tel point qu'après la moitié du livre, je mélangeais les (petits)amis masculins rencontrés. le seul à sortir un peu du lot est le père des trois filles, dont la description au fil des situations est douce-amère, à tel point que je soupçonne Mme Olmi d'y avoir mis beaucoup de sa relation personnelle avec le sien. Mais ceci, comme d'habitude, n'engage que moi.
C'est donc en résumé un roman intimiste axé sur les états d'âme de quelques femmes vivant l'évolution de la société française et de ses moeurs.
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La fratrie Sabine, Hélène et Mariette n'a été engendrée par Mme Olmi que pour raconter à travers leurs vécus l'histoire de celles et ceux qui sont nés entre 50 et 60.
Des trente glorieuses, tout y est ou presque. Un inventaire dressé comme une prédication, glacé comme un catalogue où les madeleines de Proust y sont vendues en paquets géants à 3 pour le prix de 2.
J'y ai rebondi comme un caillou en mode ricochet sur une mer d'huile mazouté par l'Amoco Cadiz. En clair, j'ai eu du mal à pénétrer leurs vies tant la mienne me sautait au visage.
Ci-git la nostalgie : La colo, le caté, les copains, le premier joint, l'amour, le conjoint, la famille, la France déjà loin du Maréchal Pète-joint.
Avec des parents super-cathos, raides de leurs convenances et de leurs secrets cachés sous le tapis deux des filles vont « monter » à Paris avec leurs envies et leurs lubies, prêtes à s'émanciper du poids de la province des années 70, faire du théâtre et la révolution sexuelle pendant que « Bolino » à la télé, révolutionne les pâtes.
Elles iront défendre la cause animale et les paysans du Larzac pendant que Roger Lanzac fait tourner des gros éléphants dans sa petite piste aux étoiles. Lutteront pour le féminisme naissant, la contraception et l'avortement avec Simone Veil et Gisèle Halimi comme alibis.
Une des filles sera blessée à l'attentat antisémite de la rue Copernic, ta mère déjà déboussolée aura été rattrapée par la fracture des générations, un vrai raz de marée à cette époque où pour exemple mon père avait encore sa gabardine à martingale en tergal et écoutait Tino Rossi alors que je ne portais que des franges et des jeans pattes d'ephs et que je m'excitais sur « My generation » des Who. Des qui ?

Et c'est Mitterand qui achèvera ce roman en 1981, bras levés sur la terrasse bourguignonne de son succès pendant qu'il pleut sur les sourires de milliers de gens venus fêter l'événement à la Bastille alors que le monde s'effondre sur ceux qui pleurent chez eux.

Tout ça pour dire que ce roman a des relents d'avant qui peuvent faire tripper des types comme moi mais si vous êtes nés après 80, passez votre chemin, vous ne serez pas dans le mouv' et vous risquez de vous y ennuyer.

« Julien Clerc chantait « Ma préférence » en sourdine, c'est toujours un peu cafardant, ces mots d'amour adressés à d'autres »

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Bruno et Agnès sont pauvres, catholiques modérés mais convaincus, habitent dans une cité d'Aix en Provence où les murs sont en carton. L'appartement est petit, un trois pièces. Ils ont trois filles, Sabine, Hélène et Mariette. Bienvenue dans les années 1970, les appartements petits, fonctionnels et sans charme, le papier peint à grosses fleurs ou à losanges qui donne la migraine, le petit électroménager orange et les bouteilles de verre consignées, les écoles de filles et de garçons séparées, les cours de cuisine et de coutures pour les unes, le bricolage pour les autres.

Bruno est enseignant dans un établissement privé et religieux. Agnès est évidemment femme au foyer. Sabine amorce son adolescence, s'ennuie et ne supporte plus l'autorité de ses parents. Elle attend avec impatience sa majorité, 21 ans à l'époque. Pour Bruno, elle sera femme au foyer, Sabine a d'autres rêves dont celui de devenir actrice.

Hélène a une vie un peu à part dans la famille. Elle part toutes les vacances scolaires à Paris, chez sa tante, la soeur d'Agnès et son oncle. Ils ont une belle vie aisée, chez eux les enfants vouvoient leurs parents. Un petit arrangement familial contre un chèque tous les mois qui permet à Bruno de régler les dettes laissées par son père. Hélène doit s'adapter aux deux familles, peinant à retrouver sa place quand elle rentre chez ses parents, profitant de cette vie aisée quand elle est à Paris. Elle prendra conscience de la souffrance des animaux lorsque son chien, celui de la famille riche, va mourir de chagrin. Lutter contre la souffrance animale deviendra son combat.

Mariette est toute petite au début du roman et dort dans la chambre de ses parents. Elle a de l'asthme sévère et passe des moments compliqués. Elle va grandir sans ses soeurs et se retrouve avec des parents mal assortis, une mère qui construit son indépendance comme un combat et non comme une émancipation.

Le décor est posé, la famille en place pour le départ dans un grand huit émotionnel et libertaire que représente cette décennie jusqu'à l'élection de François Mitterrand. Chaque membre de la famille va devoir grandir, évoluer et s'adapter et si j'ai un souvenir heureux de cette époque car effectivement comme Sabine j'aspirais à une liberté totale et sans le joug familial, cette famille va rencontrer bien des problèmes et devoir constamment se remettre en question. le roman est rythmé par les événements politiques, culturels et féministes.

Si les trois filles se cherchent, trébuchent, se relèvent et continuent leur avancée dans leur vie de jeunes adultes avec cette toute nouvelle liberté pour les femmes, les parents font une descente aux enfers assez impressionnante. Il est très intéressant de suivre l'évolution d'Agnès qui pourra apprendre un métier et travailler après le départ des deux grandes à Paris. Elle osera avoir des rêves et des projets mais fera un volte-face sidérant, mettant Mariette, la petite dernière dans la confidence d'un secret assez bouleversant.

Ce livre avait, pour moi, un goût de nostalgie. Les personnages sont travaillés à l'extrême dans leurs sentiments et cela donne un ressenti d'insécurité plus que de liberté. Effectivement les évasions sont particulières.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Fin des années 60. Bruno Malivieri est enseignant dans une école privée à Aix-en-Provence. Agnès, son épouse est mère au foyer. Ils élèvent leurs trois filles, Sabine, Hélène et Mariette, dans la tradition catholique, avec l'aide des Tavel, le couple fortuné formé par Michelle, la soeur d'Agnès, et David, son époux. L'oncle et la tante accueillent Hélène à toutes les vacances et arrondissent les fins de mois de ses parents. Deux familles presque parfaitement stables...
Oui mais, de mai 1968 à l'élection de François Mitterrand en mai1981, la société française vit de profondes mutationss, que les familles subissent ou accompagnent : Sabine et Hélène deviennent de jeunes adultes en recherche de liberté ; Mariette devient une pré-ado curieuse de tout ; même Agnès s'interroge sur son rôle au foyer et trouve un travail ; Bruno en est déboussolé. Et puis, la famille cache aussi quelques lourds secrets...

Le hasard a voulu que je lise ce livre juste après Nature humaine de Serge Joncour. Ces deux ouvrages décrivent deux tranches de vie familiale, l'une dans la décennie post-68, avec les répliques sociétales du séisme de mai, l'autre sur le quart de siècle qui précède l'an 2000. Les contextes familiaux sont très différents ; Véronique Olmi ne nous parle pas des tourments de la paysannerie confrontée à l'industrialisation, mais d'une famille urbaine ancrée dans des traditions religieuses et confrontée à des transformations auxquelles les enfants adhèrent et que les parents ne comprennent pas...
Les deux auteurs ont également choisi des angles de vue différents. le personnage central de Nature humaine est le fils (l'agriculture était un monde d'homme !). Chez les Malivieri de Véronique Olmi, il n'y a que des filles, ce qui donne prétexte à mettre l'emphase sur la conquête de libertés féminines : contraception, avortement, liberté sexuelle et homosexualité, travail des femmes... Ce sont donc là deux romans tout à fait complémentaires.

L'écriture de V. Olmi est plus complexe que celle de S. Joncour. le livre se lit moins facilement, mais ce n'est pas un défaut majeur. On le referme cependant avec le sentiment que l'auteur en a fait un eu trop : on imagine mal qu'il puisse arriver autant de mésaventures dans une seule famille...
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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