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EAN : 9782267030969
256 pages
Christian Bourgois Editeur (13/09/2018)
3.58/5   6 notes
Résumé :
À Méjico, un coup de feu était une fleur dans un jardin ou la pluie sur le visage, un phénomène qui n’intéressait personne, sauf ceux qui pouvaient en profiter.
Omar, garçon sans ambition, se laisse entraîner dans une liaison avec Catalina, sa cousine éloignée, brocanteuse de son état. Plusieurs individus menaçants vont bientôt faire exploser sa placide existence, la seule solution sera la fuite. Dans ce roman plein de sang, de violence et d’amour fou, les pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On connaissait le Mexique des réfugiés républicains espagnols à travers les romans de Jordi Soler qui était parvenu à retracer le parcours de son grand-père, un combattant parmi tant d'autres accueilli grâce à la politique du président Lázaro Cárdenas del Río. C'est au tour du romancier Antonio Ortuño de s'attaquer à sa mémoire familiale via le destin mouvementé de descendants de militants exilés. On ne peut qualifier Méjico de roman autobiographique. C'est un grand roman noir duquel, en dépit de la distance instaurée par l'auteur, s'échappent au détour d'une phrase ou d'un chapitre ses souvenirs familiaux, des anecdotes héritées des grands-parents, des paroles de chansons qui ont survécu à la traversée de l'Atlantique comme elle ont pu perdurer de l'autre côté des Pyrénées.
Méjico (avec un J, una Jota, l'explication se trouve malicieusement dissimulée dans le texte) est un récit implacable qui synthétise la relation violente entre l'Espagne et le Mexique à travers les aventures souvent tragiques de combattants anarchistes.

"Le fracas n'attira personne. A Méjico, un coup de feu était une fleur dans un jardin ou la pluie sur le visage, un phénomène qui n'intéressait personne, sauf ceux qui pouvaient en profiter. » La violence exacerbée est le moteur des romans de Antonio Ortuño parce qu'elle est indissociable de l'histoire de son pays, à tel point que son très bon roman La file indienne, sur le massacre de San Fernando est particulièrement éprouvant à lire. Dans Méjico, la violence subie par les militants et grévistes dans l'Espagne des années 20, la violence de la guerre civile espagnole, la violence de l'exil, d'abord dans les camps de concentration français puis dans les pays d'Amérique du sud, est comparable à la violence quotidienne qui broie les vies des citoyens depuis de nombreuses années. L'écriture est comme toujours chez Ortuño remplie de hargne, de cynisme et d'une brutalité prompte à dépeindre une horreur devenue banale.

Heureusement, Méjico est aussi un roman sur les idéaux et l'engagement. La figure quasi messianique de Buenaventura Durruti« (...) en entendant les paroles enflammées de Durruti, ce type aux yeux bridés comme un Chinois et aux principes de bon catéchiste (...) » se détache et se retrouve dans les agissements de certains personnages qui ont la fidélité à leurs convictions chevillée au corps, prêts à tous les sacrifices, quite à devenir les derniers des Mohicans: « Mais la vie n'est pas si salope, mon cher. Tu sais ce que j'ai ici? Tiens, laisse-moi sortir mon portefeuille. Voilà. C'est un magazine, un morceau de magazine, daté du mois d'août 1944. C'est en français, je l'ai trouvé par hasard chez le coiffeur. C'est sorti, il y a moins de deux ans. Tu vois ça? C'est Paris. Les Alliés à Paris, après avoir mis à la porte les putains de nazis. Et ça c'est le drapeau de la République, sur un tank, oui. C'est les nôtres, merde, qui entrent à fond dans Paris. Et celui-là? Putain de la Vierge Marie, si c'est pas León, le fusil à l'épaule! regarde! regarde! Il est debout. »
Les histoires qui bondissent et rebondissent de décennies en décennies permettent au lecteur de recoller les morceaux d'une mémoire fragmentée. C'est un jeu de piste auquel on se livre d'autant plus volontiers que l'odyssée triste et passionnante des exilés s'achève dans un pays d'accueil aussi oppressant que la terre qu'ils ont quittée.
Je remercie les éditions Christian Bourgois pour l'envoi de ce roman reçu dans la cadre de l'opération Masse Critique.
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Moi je suis mexicain
Et j'en fais mon orgueil
Depuis que je suis né
Je méprise la vie
Aussi bien que la mort

Un thriller historique truculent, difficile à lâcher une fois entamé. L'auteur nous embarque dans deux histoires, celles de deux générations emprises avec L Histoire.
On suit d'un côté, en terre d'accueil mexicaine, à Veracruz, 1946, la fuite de Yago et Maria, Yago qui s'était résigné à tout. À la guerre, au camp de concentration, à la mitraille qui avait défoncé sa jambe, à la France, au navire, à la république dominicaine, exilés espagnols, réfugiés de la guerre civile espagnole et le nazisme.

...le mois de février 1940 étant déjà bien avancé, avec la France en guerre et les ports transformés en bains de sang d'hommes et de femmes de toute la planète, avec de très bonnes raisons de fuir les Nazis et la vague de collaborateurs qui les accompagnaient, ils embarquèrent.

De l'autre, Omar, petit-fils de Yago et Maria, à Guadalajara, 1997, sous le joug de la mafia mexicaine, qui traversera l'Atlantique dans l'autre sens, pour fuir en Espagne. Haine et vengeance seront au coeur de sa fuite.

D'autres personnages, hauts en couleur, rentrent dans cette danse violente et macabre, des personnages entre qui s'était développée une haine née de rivalités et poursuivie au fil des batailles et des exils, jusqu'à ce que le sang coule.

Un récit déstructuré, Antonio Ortuño nous trimbale d'une histoire à l'autre, avec ardeur, vivacité, violence et humanité. Un cocktail détonant qui fonctionne très bien.
Je remercie vivement Babelio et les éditions Christian Bourgois. L'Histoire du Mexique est passionnante et riche; quand la plume est à la hauteur de cette Histoire, il est difficile de ne pas apprécier. Découvrir un auteur, aimer le sujet, aimer sa plume, c'est donc un joli cadeau que je suis ravie de vous faire partager ;-)

Spanish bombs
Rock the province
I'm hearing music
From another time
Extrait de "Spanish Bombs", chanson du groupe The Clash (1979)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Le démarrage sur les chapeaux de roues de ce roman m'a quelque peu désarçonnée. Je n'ai absolument pas compris ce que je lisais dans les premières pages. J'ai donc dû recommencer. Oui car le tout début est un peu tout feu tout flamme.

1997 - 1946 -1997 - 1923 - 1996 - 1926 etc...

Les chapitres alternent entre les époques, entre le Mexique et la guerre d'Espagne et aussi la guerre au Maroc. Malheureusement j'ai trouvé que ça manquait de précisions, j'ai été un peu perdue.

J'ai eu un peu de mal au départ à me situer dans les différents chapitres avec les personnages, mais je me suis dit que sans doute à mesure que j'avancerai dans l'histoire j'arriverais à raccrocher les wagons. Parce que quand-même c'est agréable à lire, même en ayant l'impression de ne pas tout comprendre.

C'est un récit ébouriffant, violent, crasseux, triste parfois, drôle souvent, comme si l'humour pouvait aider à avaler la pilule de l'ignominie.

C'est l'histoire d'une famille, sur plusieurs décennies, qui parle d'exil, de guerre civile, de haines et de représailles.

Je suis restée passablement perdue dans l'histoire, à cause de trop nombreux lieux, personnages, et dates. L'écriture est belle est extrêmement rythmée, mais ça part trop dans tous les sens pour moi.

Ce livre m'a provoqué un long sentiment de malaise et d'angoisse à de nombreux moments, à la limite de la déprime car il m'a donné le sentiment que la vie est plus une vallée de larmes qu'une vallée de roses (oui je sais que c'est le cas mais je préfère faire comme si…). Car, pour certains, la vie n'est qu'un long chemin de croix, où la résilience n'est jamais sûre ni définitive, où tout peut basculer à tout moment.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Antonio Ortuño nous invite à suivre Omar, un garçon sans histoire, à Méjico: sa vie bascule le jour où tremblant de peur, il abat le mari de sa maîtresse, Catalina. Il ouvre ainsi la porte à une crainte tenace et fidèle qui le conduira à repousser ses limites.

Par peur des représailles, Omar se rappelle ses origines espagnoles, concrétisées dans un passeport auquel il n'a jamais vraiment prêté attention. Ses ancêtres prennent alors part à sa fuite, remontant le temps jusqu'à des années de lutte, une époque de dissimulation et de brutalité en pleine guerre civile. Les amenant à traverser l'Atlantique dans l'espoir d'une vie meilleure pour leur famille, période dont témoigne un mystérieux manuscrit. Au fil du temps, la violence semble le dénominateur commun à tous les héros liés de près ou de loin à Omar.

Dans ce roman noir et dense, époques et personnages s'entremêlent dans une fresque mouvementée, un peu folle: une saga familiale, tachée de sang et d'espoirs déçus, oscillant entre thriller et roman historique. Un mélange tout à la fois captivant et détonnant !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Etre Mexicain sans l'être tout à fait et, bien entendu, vivre avec ce reproche, était le curieux destin des enfants d'immigrés dans le pays. México, champion du monde dans la production d'exilés, était en même temps le foyer d'une lourde incapacité à comprendre la condition de fils d'immigrés: pour n'importe quel Mexicain, toute personne qui n'adopte pas les plats typiques et se montre indifférente aux passions et aux phobies locales (engouement pour une certaine musique plus ou moins horripilante, haine de certains pays plus ou moins antipathiques, quand bien même la famille de la victime en serait originaire) devenait irrémédiablement un flippé, un imposteur, un enculé.
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Il se promènerait sur la colline, s'assiérait dans les bars où sa mère avait posé les fesses pendant des années et défierait les hommes qui avaient financé la vie adulte de cette femme à coups d'orgasmes. Là, installé à la lisière du lieu où sa haine prenait source, il déciderait de la méthode avec laquelle il exterminerait ses ennemis. Cela ressemblait à un plan.
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Les flics étaient capables de beaucoup de choses mais aucune qui puisse être qualifiée de scientifique, à moins que la notion de science ne se résume à tourmenter des gens et des animaux dans le but de tester les vertus lissantes d’un shampoing. Affirmer que la police était honnête revenait à dire que le bourreau serait charitable, l’assassin candide et l’éventreur compatissant.
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Ce fut raté. Le sel des années avait blindé la peau du voisin et celui-ci ne sortit jamais du droit chemin. Sa famille fut soulagée lorsque la mère de Concho dut vendre sa maison pour aller vivre avec son fils dans un taudis loué au pied de la colline, imprégné d'une odeur de chèvre et de crotte qui n'était autre que celui de l'échec.
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Sans arrogance aucune, tout humble, telle que Dieu l'avait créée, l'identité mexicaine ne s'offrait pas comme la garantie d'une civilisation - comme la culture française -, c'était à peine une marque au tison que tous les bœufs de la République devaient porter gravée sur leur dos, qu'ils le veuillent ou non. Mexicains au cri de guerre, et si les descendants d’étrangers ne veulent pas s'exécuter, qu'ils la ferment. Après tout, un étranger n'était qu'un Mexicain qui s'ignorait.
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