mémoire
à bout de souffle :
bâillon qui se noue
au cœur
le silence où tu
retombes avec la nuit
sur le jour
— tu ne parles
qu’à ceux qui lisent
sur tes lèvres
le signe
jamais donné
d’anciens baisers que l’on t’enlève
— pensées volées
l’accent du chant
sur le moindre mot
ouvre la bouche
sur les silences du cœur
c’est dans
ses yeux que montrent
— d’heure
en heure — les grandes
marées de l’épanchement
retenues là —
larmes de fond
au bord de l’œil —
derrière les digues de la peur :
les bras croisés sur le regard
la terre regarde le ciel
seulement : c’est son
miroir
— tu changes
les mots en choses :
ricochet contre
les reflets où la terre
se mue en chimères —
face
cachée du vent
où l’être passe
son temps
tu toucheras l’air
que prend le réel
dans tes miroitements
la vérité dort
à l’ombre des voix
venues au monde
par les yeux : la source
d’en-bas
comme vont au bois
les promeneurs d’âmes
que leur ombre égare
au milieu du jour
le cœur étourdi
d’avoir en vain
fait le tour
de ses rêves
— jusqu’au matin
on se réveille
dans ses restes
un peu de fièvre
glaciale comme l’aube
à la place du cœur
Conférence intitulée "Écrire comme forme de la prière", faite à Montréal en 2010 dans le cadre du colloque colloque Sacrifiction organisé par Pierre Ouellet.
Le texte de la conférence est ici : http://parolesdesjours.free.fr/sacrifiction.pdf