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3,63

sur 360 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai emprunte ce livre, l'edition bilingue de Folio, a un des copains chez qui je me ravitaille habituellement.
-Tu l'as lu en russe?
Il me repond en un jargon inconnu. A son sourire angelique je comprends que c'est un collier d'obscenites. Je lui rends mon plus soigne rictus ironique et je lui fauche un deuxieme livre, pris au hasard. A petit crime petit chatiment.


Cette edition contient une preface de l'auteure ou elle s'etend sur ses antecedents juifs. Depuis son arriere- arriere- grand-pere, elle les decrit tous un livre a la main, la Bible ou un quelconque traite de morale religieuse. Et cette preface m'a pousse a relever certains details du livre, auxquels j'aurais prete moins d'attention sans elle, autres que l'amour de la lecture, qui est un de ses themes principaux.

C'est le recit d'une vie relativement tranquille, en des temps difficiles. Et tous les accents que j'ai economises ailleurs doivent etre mis sur relativement. Sonietchka, une jeune femme assez disgracieuse, trouve l'amour. Son mari est un peintre qui avait quitte (avait fui?) l'URSS et apres avoir tourne un peu partout est revenu. Persona non grata, on l'exile quelque part en Asie et elle le suit par amour. Ils arrivent a vivoter, se debrouillant meme une maison assez vaste. Les annees passent, leur maison etant destinee, comme tout l'entourage, a la demolition, on les reinstalle dans un tout petit appartement en ville. Ils continuent a vivoter, on lui alloue meme un atelier ou il peut peindre a sa guise. Leur fille, une jeune qui se veut libre, amene une amie a la maison, une jeune fille qui a du jusque la se prostituer pour vivre, et a elle aussi on trouve une place dans ce petit appartement. Oups! le mari aussi lui trouve une place dans son coeur et nous avons droit a un triangle amoureux pas tout a fait classique, avec separation partielle et consentement total. Sonietchka, a l'ebahissement de tout son entourage, trouve que son mari merite un amour de vieillesse. Quand il mourra, elle se demenera pour qu'il aie droit a un hommage et un enterrement dignes de lui. Et sa fille partie a Petersbourg, puis avec le temps en Israel, elle finira sa vie sans regrets, se refugiant dans la lecture.


L'ecriture, qui se veut simple, sied a merveille a l'histoire de cette simple femme, une survivante, a l'endurance plus solide que toute revolte. Et revele en filigrane, sans s'appesantir, l'aprete des temps.

En filigrane aussi, nous sont presentees des identites feminines differentes, pas seulement fruit d'epoque differentes. Comme une legere etude sur les conditions des femmes et leurs changeantes adaptations.

En filigrane aussi, la sovietisation, la dejudaisation si l'on veut, du judaisme russe. Sonietchka, diminutif de Sophia Iossifovna, Sophie fille de Joseph, est d'une ascendance juive dont elle n'a que faire. Mais quand elle recueille la jeune fille qui lui volera son mari, elle le fait comme une “mitsva, une bonne action, et pour elle qui, au fil des annees, percevait de plus en plus distinctement ses origines juives, c'etait a la fois une joie et un devoir agreable a remplir”.
Son mari, Robert Victorovitch, en fait "Ruwim, le fils d'Avigdor", a eu “des revirements foudroyants et joyeux du judaisme aux mathematiques”. “Dans sa jeunesse, Robert Victorovitch avait ete lui aussi au centre d'un tourbillon de courants invisibles, mais c'etaient des courants d'une autre nature, intellectuelle. [...] Durant ces annees cruciales de l'avant-guerre, ce petit cercle d'adolescents juifs precoces, des teen-agers, comme on dirait aujourd'hui, etudiaient non le marxisme, alors a la mode, mais le Sepher ha-Zohar, le Livre des Splendeurs, le traite fondamental de la cabale”.
Un de ses amis peintres, Timler, “fils d'un menuisier de village, avait fait deux ans d'etudes dans un kheder (ecole religieuse juive)”. Devant le triangle amoureux de son ami il s'exclame: “Que c'est beau!... Lea et Rachel… Je n'avais jamais realise a quel point Lea pouvait etre belle…” (Dans la Bible, ce sont les deux femmes de Jacob, Rachel etant la plus belle et la plus aimee. Dandine).


Je serais passe outre ces details sans la preface de l'auteure. Je leur ai donne peut-etre trop de place sinon trop d'importance, mais je suis convaincu, en fin de lecture, que ce livre n'est pas seulement une belle histoire russe, pas seulement un touchant portrait de femme, mais aussi, bizarrement, l'hommage de l'auteure a ses ancetres, ces juifs qui avaient toujours un livre en main.
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Sonietchka n'est pas très jolie, mais ce n'est pas un problème car Sonietchka est passionnée par la lecture.
L'impensable pourtant se produit, lorsque Robert emprunte des livres dans la bibliothèque où elle travaille, et que Sonietchka abandonne la lecture pour l'épouser.

Un mariage, suivi d'une maternité presque miraculeuse, qui épanouit la jeune femme au delà de toute attente. Robert et leur fille Tania sont vraiment ce qu'elle attendait de la vie. de son côté Robert, l'artiste peintre qu'une relégation pour son esprit trop libre avait détourné de son travail le reprend, et s'amuse malgré les aberrations et les tracas du système soviétique. Sans aucun doute Robert et Sonietchka sont heureux. Et même quand Robert la trahit, Sonietchka salue le destin pour avoir donné à son mari vieillissant une belle jeune femme à aimer et à peindre.

C'est avec un humour irrésistible que Ludmila Oulitskaïa, dans une société soviétique inquisitrice et tracassière, brosse le portrait d'êtres terriblement attachants — l'altruiste et généreuse Sonietchka qui voue un amour inconditionnel à sa fille, son mari et la maîtresse de celui-ci. Robert et sa puissance créatrice que rien n'arrête, pas même un système visant à éliminer les gens comme lui. Tania, jeune fille résolument libre, et son opportune et bien séduisante amie à qui on a envie, comme eux, de tout pardonner.
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Les pauvres parents avait su me captiver, et je savais que Ludmila Oulitskaïa ne saurai me décevoir dans une nouvelle lecture.
C'est donc Sonietchka, que je viens d'accompagner le long de son existence étrangement lumineuse.
Sonietchka, les aléas de cette vie soviétique semblent glisser sur elle, sans jamais entamer son bonheur... Cette sorte de joie de vivre, cet optimisme permanent, éclairent cette femme grande et physiquement laide.
Heureuse Sonietchka, qui représente un genre de personnage tout à fait original et nouveau pour moi! Comme si la boulimie de lecture de cette femme avaient constitué une sorte de vaccin contre toute déprime!
Les autres protagoniste de ce court roman, ne sont pas en reste de pittoresque: Robert, le vieux mari artiste,Tania, la fille unique et jasia la fille adoptive et jeune maîtresse De Robert!.. Drôle de ragoût à la sauce de l'ancienne URSS, avec ses parfums de liberté sous-jacente, de contraintes et de corruption... Dans une sorte de comédie jamais grossière, Sonietchka m'a fait passer un agréable moment que je recommande donc à ses futurs visiteurs.
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Sonietchka vit en Bielorussie avec ses parents.
Elle est totalement imprégnée de ses lectures et devient bibliothécaire.
Elles est consciente de son physique ingrat mais n'en fait pas un drame ni un complexe.
Un jour, à la bibliothèque, elle fait la connaissance d'un artiste peintre récemment libéré des camps de concentration.
Il désire l'épouser.
Sonia va connaître, le bonheur, des soucis, des trahisons.
Mais elle traverse les épreuves en les acceptant, sans haine, sans ressentiment en témoignant beaucoup d'empathie pour les personnes qu'elle aime.
A la fin de sa vie, elle replongera dans la lecture et continuera à cultiver sa richesse intérieure qui lui permet de résister à tout.
Le premier roman de Ludmila Oulitskaïa est une découverte grâce à la liste de Fanfanouche 24 et sa liste "Les livres qui prennent soin de vous.
PS: Ne lisez pas la quatrième de couverture, elle livre toute l'histoire.
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Russie, dans les années 1910. Sonia vit encore chez ses parents. Elle a vingt-sept ans et ne se plaît que dans la lecture et la solitude. La journée, elle travaille dans une grande bibliothèque municipale où elle trouve plaisir à manipuler les livres. C'est là qu'elle rencontre un beau jour Robert. L'homme cherche des ouvrages de littérature française. Sonia s'engage dans cette recherche avec plaisir et trouve ce qu'il lui faut.
Victor revient quelques jours plus tard. Il demande Sonia en mariage.
Il est peintre. Elle est rêveuse. Ils auront une fille, et mèneront une vie de découvertes et de voyages avec beaucoup de sérénité.

C'est alors que la lecture, si chère à Sonia, vient au second plan. Sa vie est celle des déplacements en Europe, en Afrique et en Russie. Puis, après le temps de la guerre, du deuil, et des trahisons, il y a celui des rencontres, de la culture et de l'évolution sociale.

Sonia se plaît dans ce rôle de mère et d'épouse. C'est une femme mystérieuse, douce et calme sachant s'adapter aux changements de vie que lui imposent Robert. "Sonietchka" est un beau portrait de femme discrète et passionnée.

Après "Ce n'était que la peste", il s'agit de ma deuxième rencontre avec Ludmila Oulitskaïa. J'ai beaucoup aimé ce roman abordant les thèmes passionnant des livres et de la famille dans la Russie du XXème siècle.

Une excellente lecture.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Certaines femmes ont de grands destins, ou vivent avec de grands hommes.
Certaines femmes sont belles, désirées, jalousées.
Certaines femmes écrivent, peignent, chantent, jouent du piano, gagnent des défis sportifs.
Ne cherchez pas une femme telle que cela chez Sonietcka.
C'est une femme simple, humble et qui se réjouit du bonheur qu'elle croit ne pas avoir mérité.
Elle vit en Russie dans les années 30.
Ludmila Oulitskaïa a su toucher mon coeur avec cette femme paisible et douce.
C'est un roman merveilleux. A lire en toute modestie.
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Sonietchka de Ludmila Oulitskaïa
Sonietchka avait lu sans discontinuer de ses sept ans à ses vingt ans, « elle tombait en lecture comme on tombe en syncope », pour elle, les personnages imaginaires existaient. C'était l'époque finissante de la NEP. Elle ne s'en préoccupait point, vivant entre le très suspect Dostoïevski, l'ombreux TOURGUENIEV et le sous estimé Leskov. Elle obtint un diplôme de bibliothécaire. La guerre éclata et elle fut déplacée à Sverdlovsk …dans le sous sol d'une bibliothèque! C'est là qu'elle rencontra Victor, un peintre beaucoup plus âgé qu'elle, qui cherchait la liste des auteurs d'ouvrages en français. Elle lui prêta trois livres et deux jours plus tard il revint…lui demander sa main! Au milieu de la désolation des lieux et de la misère, un Robert à bout de forces après cinq ans de camp et une Sonia fragile entament une vie commune, car elle avait accepté de l'épouser! Une Tania naîtra de cette rencontre, Robert exerça des petits métiers, Sonia fit de la couture avec une machine héritée de sa mère. Sonia se demandait chaque comment elle avait fait pour mériter un tel bonheur. Robert ne peignait plus mais composait des jeux étranges, avec des copeaux de bois et du papier, pour sa fille, c'était un artiste étonnant.

Quel superbe portrait de femme nous propose Ludmila Oulitskaïa, sa Sonietchka est une femme lumineuse, résiliante dans une URSS imprévisible, au gré des déménagements et des vicissitudes de leur vie de couple. Un petit livre de 110 pages, une écriture précise et maîtrisée, une très belle découverte.
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Un roman aux allures de nouvelle tant par sa brièveté que par sa teneur.
Sonia ne fait pas la différence entre le réel et l'imaginaire, entre la vie imaginée et la vie vécue. Elle accepte sa vie comme on accepte le destin des personnages décidé par un auteur.
Sonia puise son énergie vitale dans la littérature, son mari dans la peinture, et l'art, sous toutes ses formes, s'installe dans ce foyer atypique de l'après-guerre. Malgré la pauvreté des premiers temps, Sonia voit la poésie dans son existence et se sent chanceuse. Elle continuera de voir son bonheur et sa chance auprès de Jasia qui pourtant devient très vite la maîtresse de son mari sous son propre toit et loin de sa fille Tania qui a quitté le foyer pour ne jamais revenir.
Un roman bref et incisif dénué de jugement moral concentré sur le portrait de Sonia, figure christique et vertueuse de cette femme qui accepte son destin sans ciller et qui parvient à trouver le bonheur là où d'autres y verraient un chemin de croix.
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Portrait morose d'une femme sans atout dans la Russie soviétique, ce texte se laisse néanmoins traverser par la lumière.
Sophia ou Sonia ou Sonietchka, selon le degré de familiarité que l'on entretient avec la protagoniste de ce court récit, est une jeune fille sans relief, nourrissant une passion immodéré pour la lecture. Adolescente fade, elle devient une épouse et une mère encore plus effacée, magée par le quotidien et par son dévouement silencieux à ses proches. Et c'est ainsi que, malgré la vacuité apparente de son existence, elle éclaire le chemin de ceux qui l'approchent. Elle les soutient, les guide, accepte ce qu'ils lui imposent, heureuse de les voir heureux, même si leur bonheur se bâti à son détriment.
Evidemment, on aurait envie de la secouer, de lui demander de s'extraire de cette soumission béate. Mais cette vie sans rêves lui convient, elle qui n'a jamais rêvé de rien. de quel droit la sortirait-on de ces rails, posés par les autres et qu'elle se contente de suivre ?
L'autre lumière de ce roman vient de la plume d'Oulitskaïa. C'est en revanche une lumière plus crue, plus vive, plus brutale par rapport à la veilleuse que représente Sonietchka sur les chemins parcourus par les autres personnages.
L'autrice jette en effet un éclairage sans concession, sans pitié, sans pudeur sur les attitudes de tous, leurs envies, leurs trahisons, leurs égoïsmes, leurs passions.
Et Sonietchka, au milieu de ces révolutions qui secouent tous ceux qui passent dans sa vie, reste immuable, toujours aussi solidement terne, acceptant les chocs, les tempêtes, les lames de fond, sans faiblir, sans faillir. Comme un phare.
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Spectatrice de son destin, Sonietchka, passionnée de lecture, n'attend rien de la vie dont les vicissitudes semblent glisser sur elle. Une histoire qui pourrait être plate si elle ne recélait en elle des clés de lecture plus profondes: l'écriture de Lioudmila Oulitskaïa épouse la froideur des constructions soviétiques et, dans ce dépouillement les personnages ressortent en premier plan, d'autant plus éclairés que le contexte est désolant.
Les livres sont-ils une fuite ou un refuge pour Sonietchka dont toute la vie ne semble avoir été qu'une grande parenthèse? La réponse se trouve en chacun de nous, car prenant le contrepied de cette interrogation, seul l'amour permettra à Robert, son mari, de retrouver le goût de peindre...
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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