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3,63

sur 360 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je viens de reprendre ce petit roman de Ludmila Oulitskaïa lu il a plus de quinze ans et ce fut comme si je le découvrais car je ne me rappelais pas de grand chose.
Il se lit en quelques heures et le personnage de Sonietchka est intéressant : une petite femme sans attraits, grande lectrice, humiliée alors qu'elle était collégienne est demandée en mariage. Sa vie change alors, elle se comporte en parfaite ménagère et délaisse sa passion pour la lecture.
Elle traverse bien des épreuves - guerre, communisme, déménagements forcés, adultère dès son mari - mais garde toujours le sentiment profond d'être gâtée par la vie, et de façon imméritée.
Au crépuscule de sa vie, elle retrouve la lecture et le roman s'achève par ces mots :
« le soir, chaussant sur son nez en forme de poire de légères lunettes suisses, elle plonge la tête la première dans des profondeurs exquises, des allées sombres et des eaux printanières. »
N'est-ce point le plaisir que nous éprouvons avec les livres ?
Cela dit, je dois admettre que je ne me suis pas attaché au personnage de Sonietchka, son indéfectible sentiment de bonheur m'a paru trop étrange , mais j'ai apprécié son parcours, ainsi que les fines allusions à ce qu'était la Russie a l'époque soviétique,
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Dans l'URSS des années 30, Sonietchka est une jeune fille solitaire passionnée de lecture. Avec "un nez en poire et un derrière en forme de chaise", elle n'attire pas vraiment les regards, mais elle s'en accommode parfaitement, surtout depuis ce jour où, adolescente, elle a été humiliée par un de ses condisciples. Cet incident la "délivre à tout jamais du besoin de plaire, de séduire et d'ensorceler", et elle se replonge avec bonheur et bonne conscience dans les romans.

Forcément, elle devient bibliothécaire.

Un jour, Robert, un artiste peintre plus âgé qu'elle, se présente à la bibliothèque et, le lendemain, demande Sonietchka en mariage. A 27 ans, la jeune femme quitte son monde de fiction pour la vie réelle : "pendant ses années de mariage, la jeune fille irréaliste qu'avait été Sonietchka s'était métamorphosée en une femme d'intérieur assez pratique". Elle ne rêve plus au fil des pages mais désire "passionnément avoir une maison normale avec l'eau courante dans la cuisine, une chambre pour sa fille et un atelier pour son mari, avec des boulettes de viande hachée, de la compote de fruits et des draps blancs empesés qui ne soient pas confectionnés de trois bouts de tissu de taille différente". Sonia est heureuse et consciente de son bonheur, dont elle s'émerveille d'autant plus qu'elle le vit comme une sorte d'imposture : "au fond de son âme, elle s'attendait secrètement à tout instant à perdre ce bonheur, comme une aubaine qui lui serait échue par erreur, à la suite d'une négligence. [...] et ne cessait de se répéter : « Seigneur, Seigneur, qu'ai-je fait pour mériter un tel bonheur... »".

Et quand, vieillissante, Sonietchka se retrouve à nouveau seule, loin d'être amère, elle remédie à sa tristesse en se replongeant dans la lecture, "dans des profondeurs exquises, des allées sombres et des eaux printanières".

Sonietchka est un personnage peu banal : coeur pur et paisible, elle se laisse porter par la vie, s'adapte à tout sans se plaindre alors qu'elle en aurait tous les droits, tant elle est malmenée par l'égoïsme de son entourage et par les événements qui secouent l'URSS au milieu du siècle passé.

Ce qui m'a le plus frappée, c'est sa résignation, sa certitude de ne pas mériter d'être heureuse. Pourquoi ? Parce qu'elle est laide et aime la lecture, elle n'aurait pas le droit d'être aimée pour ce qu'elle est, de s'épanouir aussi dans la "vraie vie" ? L'auteure ne développe pas le thème et se contente de dresser le portrait d'une femme et de son époque, avec détachement et concision, sans empathie et guère plus d'émotions, mais avec quelques traits d'humour. Je n'ai pas compris le sens de ce court roman, à supposer qu'il y en ait un. Voilà donc un texte singulier qui me laisse un peu perplexe.

Quoi qu'il en soit, en ces temps perturbés par la distanciation et le confinement, il serait réconfortant de pouvoir, comme Sonietchka, traverser cette période sombre "en irradiant toujours du même bonheur résolument paisible et mystérieux". Je ne doute pas que la lecture et les livres y contribuent. Joyeux Noël à toutes et tous !
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Sonietchka est une jeune fille pour qui les romans sont aussi réels que la vie autour d'elle. C'est tout naturellement qu'elle travaille dans une bibliothèque. Elle y rencontre un lecteur qui à sa grande surprise la demande en mariage. Elle se donne à son nouveau rôle d'épouse puis de mère, s'étonnant toujours de sa chance qu'elle trouve imméritée quels que soient les aléas de sa vie. Elle a moins le temps de lire. Sa fille partie, son époux mort elle replonge dans ses fictions.
La quatrième de couverture dit que Sonietchka est un personnage féminin pur, lumineux. C'est assez vrai. Mais je m'interroge sur le propos du livre. On pourrait croire que l'intention était de montrer quelqu'un pour qui la vie dans les romans est aussi puissante que la vie réelle. Dans ce cas pourquoi faire de Sonietchka une fille laide, qui n'intéresse longtemps personne, pourquoi la faire plus ou moins abandonner la lecture pendant son mariage pour n'y revenir avec ardeur que dans la solitude. Finalement cela illustre le propos que m'avait adressé une collègue : « la lecture, c'est pour les frustrés. »
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J'ai moins aimé ce roman que les nouvelles extraites des recueils "pauvres parents" et "mensonges de femmes" : pourtant, écrit en 1992, il a la caractéristique d'avoir été publié chez Gallimard en 1996 sous sa traduction française avant même d'avoir été publié en Russie, et a reçu la même année le prix Medicis étranger. Il s'agit donc là de la première oeuvre ou de l'une des premières oeuvres de Ludmila Oulitskaïa qui n'était jusque là connue que pour la rédaction d' articles de journaux.
J'ai pour ma part trouvé ce roman à la gloire de la lecture et des bibliothèques un peu balbutiant. Je ne me suis pas attachée à Sonietchka qui m'a semblé manquer un peu d'épaisseur humaine à force de passivité, relative, bien sûr, mais de passivité quand même. Je n'ai pas su capter l'âme de cette oeuvre.
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Un petit livre sur le destin tragique d'une femme ordinaire, aux temps grisâtres du collectivisme soviétique. Le style dégouline d'effrayantes banalités, les personnages étouffent dans le schéma improbable qu'on leur impose, le lecteur rêve de grande littérature russe, et l'auteur farde de ridicule ses ambitions féministes. Il faut être idéologue, critique littéraire pédant ou opposant politique pour goûter ce bortsch sans saveurs !
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Dans la Russie des années 30, Sonietchka, dès son enfance, « tombe en lecture comme on tombe en syncope, ne reprenant ses esprits qu'à la dernière page du livre ». Jusqu'au jour où, après avoir obtenu un diplôme de bibliothécaire, elle trouve un emploi dans la réserve en sous-sol d'une vieille bibliothèque.
Un jour Robert Victorovich, artiste peintre, plus âgé qu'elle, la demande en mariage. de cette union naîtra une fille Tania.

Ravivée à la vie, Sonietchka se consacre alors à ces deux êtres devant lesquels elle est en complète admiration. Admiration et bonheur qu'elle estime injustifiés, car elle est une jeune femme peu avantagée par son physique. Des années plus tard lorsque Robert « goûte aux plaisirs amoureux » avec Jasia, sa maîtresse-, Sonietchka éprouve enfin un certain soulagement ; heureuse qu'elle est alors de pouvoir partager ce pesant fardeau bienfaisant et enivrant avec une autre.

Dans une très belle écriture, Ludmila Oulitskaïa nous propose dans ce court roman, un portrait de femme simple, mélancolique, altruiste, attachante MAIS heureuse malgré les vicissitudes et les mensonges de la vie.

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Tout le talent de Ludmila Outlitskaïa consiste à faire passer sous le ton le plus léger de telles horreurs que la plupart des critiques ici ne semblent même pas les avoir perçues. Arrestations arbitraires, déportations et déplacements, famine et pauvreté, prostitution, pédophilie et drogue tout cela s'efface au profit d'une stoïque liseuse.
Elle même a presque oublié ses origines juives, indifférente à des pratiques jugées archaïques et bourgeoises.
A rebours de la littérature russe qui a été si pesante de culpabilisation, le roman de madame Oulitskaïa passe sur toute morale et sa Sonietchka n'a, à l'inverse de la gouvernance soviétique, aucun jugement sur les êtres qui l'entourent mais une universelle et christique compassion. La veulerie et la dépravation de sa fille unique ou les coucheries de son mari avec une mineure passent sur elle comme un cygne sur le lac Baïkal.

Roman faussement psychologique mais réellement subversif, Sonietchka pose aussi la question de notre implication ou non dans la marche morale du monde avec une inquiétante acuité.
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Allez, je vais mettre un peu de mélancolie sur ce blog. Soniethka, ou Sonia, pour les intimes ou les dyslexiques, est un femme russe un peu particulière : elle n'est pas laide et lit beaucoup, elle "tomb[e] en lecture comme on tombe en syncope, ne reprenant ses esprits qu'à la dernière page du livre" et, "à force de lire sans arrêt, Sonietchka a un derrière en forme de chaise…"

Oui, mais voilà, Sonietchka reste une femme et les femmes ont toutes ce pouvoir de briller, d'illuminer les hommes. C'est Robert (si, je vous jure) qu'elle va faire tomber. Elle n'y croit pas, n'en revient pas qu'un homme, que le bonheur, puisse oser frapper à sa porte, à elle, la vaurienne, celle qui ne mérite pas une vie décente.

Ils auront une fille, Tania. Sonietchka va s'occuper de sa fille comme elle s'occupait de ses livres, amoureusement, affectueusement, éternellement, stoïquement. Tania est moche, grossièrement bâtie par la nature mais plaît énormément aux mâles. Elle se lie d'amitié avec Jasia, son opposé, sauf pour les hommes.

Jasia est seule et envie cette belle famille. Sonietchka l'aime comme son enfant, elle est heureuse. Jasia couche avec Robert, elle ne sait pas pourquoi ; un acte désintéressé.

Sonietchka le comprend très vite mais ne change rien, stoïquement sereine. Elle profite de son bonheur.

Sonietchka m'a illuminé, m'a bouleversé. L'histoire est simple, le style monotone, la vie de Sonia, implacable.

Je me suis reconnu en elle…

Finem Spicere,

Monsieur Touki.
Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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Nous sommes en Russie, ce pays magnifique qui ploie sous la dictature. Sonietchka un être sans grâce et qui ne vit que par ses livres et découvre un peu par hasard le bonheur amoureux en la personne de Robert un peintre sorti des goulags et plus vieux qu'elle. Il lui donnera une fille Tania. Dès lors, la vie de Sonietchka se déroulera au service des autres, ces autres qui vivront à côté d'elle sans trop s'en soucier. Tania sa fille partira dès qu'elle le pourra suivre son amoureux, entre temps elle aura présenté son amie Jasia à son père qui en deviendra l'amant. Jasia, la maîtresse, sera pour Sonietchka comme un deuxième enfant et malgré cette situation de vaudeville cet amour sera bien rendu. Étrangement, c'est cette relation entre ces deux femmes qui est la plus émouvante. Pendant que tout ce petit monde se débat dans les affres du désir et de la survie, Sonietchka garde sa placide sérénité et entier son amour pour chacun sans s'offusquer de rien. La morale de l'histoire est sans doute que pour être heureux, il faut laisser aux autres la possibilité d'exercer leur libre-arbitre. Pour autant, il y a une sorte de mélancolie à voir ainsi passer la vie de Sonietchka qui finira dans son petit appartement seule avec ses livres et… heureuse à sa façon.
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Voilà un petit roman qui se laisse lire, d'autant que l'écriture de Ludmila Oulitskaïa est savoureuse. Malgré son format assez court (une centaine de pages), je ne l'ai pas lu d'une traite car j'avoue avoir mis du temps à adopter ce personnage de Sonietchka. Je le trouvais creux au début, puis j'ai vite compris qu'il était exceptionnel, dans son amour inconditionnel pour la lecture et pour autrui. Et sa vie se déroule sous nos yeux, en l'espace d'une centaine de pages, et l'on finit par attacher de l'importance à ses mots : « Seigneur, qu'ai-je donc fait pour mériter un tel bonheur ? », d'autant que malgré les déceptions, Sonia reste heureuse. J'ai donc fini par m'attacher à Sonietchka, qui a un « nez en forme de poire » parce qu'elle a passé 20 ans de sa vie (de 7 à 27 ans) à lire presque sans discontinuer… et qui va finir sa vie le nez plongé dans la littérature… Au final, la lecture de ce livre a été une belle expérience littéraire.
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