AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une histoire d'amour et de ténèbres (102)

Les pires conflits entre les individus ou entre les peuples opposent souvent des opprimés. C'est une idée romanesque largement répandue que d'imaginer que les persécutés se serrent les coudes et agissent comme un seul homme pour combattre les tyrans despotiques. En réalité, deux enfants martyrs ne sont pas forcément solidaires et leur destin commun ne les rapprochent pas nécessairement. Souvent ils ne se considèrent pas comme compagnons d'infortune, mais chacun voit en l'autre l'image terrifiante de leur bourreau commun.
Commenter  J’apprécie          80
De nos jours, l’Europe a changé, elle est pleine à craquer d’Européens. Soit dit en passant, les graffitis aussi ont changé du tout au tout en Europe : l’inscription « Les Juifs en Palestine ! » recouvrait tous les murs quand mon père était enfant en Lituanie. Lorsqu’il retourna en Europe une cinquantaine d’années plus tard, les murs lui crachèrent au visage : « Les Juifs hors de Palestine ! ».
Commenter  J’apprécie          80
Il y avait aussi des réfugiés et des immigrants clandestins, des rescapés, d'anciens déportés à qui l'on manifestait généralement une compassion mêlée de dégoût : pauvres diables, à qui la faute s'ils avaient eu la bêtise d'attendre Hitler au lieu de venir ici quand il en était encore temps ? Et pourquoi s'étaient-ils laissés mener comme un troupeau à l'abattoir au lieu de s'organiser et de résister ? Qu'ils cessent une bonne fois de baragouiner le yiddish, et qu'ils ne se mettent surtout pas à nous raconter ce qu'on leur a fait là-bas, parce qu'ils n'ont pas à s'en vanter et nous non plus.
Commenter  J’apprécie          80
Le mauvais lecteur veut tout savoir, immédiatement, "ce qui s'est réellement passé". Ce qui se cache derrière l'histoire, de quoi il s'agit, qui est contre qui, qui a baisé qui. "Professeur Nabokov" avait questionné un jour une journaliste, en direct, à la télévision, "are you really so hooked on little girls ?"
Commenter  J’apprécie          80
Le plus beau jour de ma vie - je devais avoir six ans -fut celui où papa me fit un peu de place sur l'une de ses étagères pour y ranger mes livres....
... je les disposai à la verticale, comme il se doit : le dos vers l'extérieur et la tranche contre le mur. C'était un rite de passage, une cérémonie initiale : celui dont les livres tiennent debout n'est plus un enfant, c'est déjà un homme. j'étais comme mon père. Mes livres tenaient droit.
Commenter  J’apprécie          80
Dans mon enfance, à la fin du mandat britannique, tout Jérusalem écrivait : à l’époque, il n’y avait guère de radio, pas de télévision, de lecteur de CD, d’Internet, d’e-mail, voire de téléphone. Mais n’importe qui possédait un crayon et un cahier.
Commenter  J’apprécie          70
Or les foudres de papa ne s'exprimaient généralement pas par des pogroms, mais prenaient la forme mortellement sarcastique de la politesse protocolaire la plus raffinée :
"Son Excellence a encore une fois osé maculer le couloir de boue : ôter ses chaussures à l'entrée, comme nous prenons la peine de le faire, nous, pauvres mortels, les jours de pluie, est apparemment indigne de Sa Seigneurie. Sauf que, cette fois, je crains fort que Sa Grâce ne doive s'abaisser à essuyer de ses blanches mains les traces de ses royales empreintes. Ensuite, Son Excellence voudra bien s'enfermer une heure, tout seul dans le noir, dans la salle de bains où il aura tout le loisir de méditer sur sa conduite, faire bon examen de conscience et réfléchir à s'amender à l'avenir."
Maman protestait aussitôt contre la sévérité de punition : "Une demi-heure suffira. Et il n'aura pas besoin de rester dans le noir. Qu'est-ce qu'il te prend ? Tu voudrais l'empêcher de respirer aussi, peut-être ?
"Heureusement que Sa Grâce a toujours un champion enthousiaste qui prend inconditionnellement sa défense, répliquait papa.
Et maman :
"Si l'on pouvait punir aussi le sens de l'humour à la manque qui règne dans cette maison...", mais elle ne terminait jamais sa phrase.

p. 433
Commenter  J’apprécie          70
Il s'évertuait toujours à nous faire rire, maman et moi, avec ses plaisanteries éculées : si vous pilliez un livre, c'était du plagiat. Si vous en pilliez cinq, vous étiez un spécialiste, et si vous en pilliez cinquante, vous étiez un grand savant.
Commenter  J’apprécie          70
Les pires conflits entre les individus ou entre les peuples opposent souvent des opprimés. C'est une idée romanesque largement répandue que d'imaginer que les persécutés se serrent les coudes et agissent comme un seul homme pour combattre le tyran despotique. En réalité, deux enfants martyrs ne sont pas forcément solidaires et leur destin commun ne les rapproche pas nécessairement. Souvent ils ne se considèrent pas comme compagnons d'infortune, mais chacun voit en l'autre l'image terrifiante de leur bourreau commun. il en va probablement ainsi entre les arabes et les juifs, depuis un siècle. (Ch. 43 pge 564 Folio)
Commenter  J’apprécie          70
Les documents qui se trouvaient ou ne se trouvaient pas là-bas on dû brûler une dizaine de fois, pendant l'occupation polonaise, celle de l'Armée rouge, puis à l'arrivée des nazis qui nous ont tous fusillés et jetés dans des fosses qu'ils ont recouvertes de sable. Ensuite, il y a eu encore Staline avec le NKVD, et Rovno est passée de main en main, comme un petit chien martyrisé par une bande de voyous : laRussie-laPologne-l'Allemagne-laRussie. Aujourd'hui, elle n'est ni à la Pologne, ni à la Russie mais à la République d'Ukraine, ou peut-être à la Biélorussie ? Ou à des mafias locales ? En fait, je ne sais pas à qui elle appartient aujourd'hui. Et ça m'est égal : ce qui existait a disparu et ce qui existe aujourd'hui ne sera plus d'ici quelques années. 
(page 310)
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (912) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Amos Oz (1939-2018) R.I.P

    Mon père parlait 11 langues, mais il a fait mon éducation en Hébreu, j'étais alors un « petit chauvin déguisé en pacifiste». Un «nationaliste hypocrite et doucereux », un « fanatique », qui jouait à la guerre et s’enflammait contre les Anglais et les Arabes, j'étais, j'étais, comme une panthère dans la .....?......

    Nuit
    Cave
    Tourmente
    Neige

    10 questions
    40 lecteurs ont répondu
    Thème : Amos OzCréer un quiz sur ce livre

    {* *}