Un roman d'
Arto Paasilinna est toujours la promesse d'un bon moment de lecture : le maître finlandais de l'humour a l'art de concocter des intrigues plaisantes, légères et qui donnent le sourire.
Prisonniers du paradis se montre à la hauteur des autres oeuvres du maître finlandais, pour qui rien n'est jamais grave ni sérieux, même pas un crash d'avion en plein milieu du Pacifique, sur une île déserte recouverte d'une jungle épaisse. Dès les premières pages, les inquiétudes du lecteur sont dissipées : les passagers et l'équipage sont tous indemnes, l'île se révèle finalement assez accueillante, et les rescapés trouvent rapidement un moyen de s'approvisionner en eau et en nourriture.
L'enjeu de ce roman n'est donc pas la survie des personnages, qui n'est jamais envisagée sous un angle dramatique, mais bien la mise en place d'une micro-société utopique, et tous les problèmes qu'elle engendre : avec des naufragés de trois nationalités différentes, comment régler les différends linguistiques liés à l'adoption d'une langue commune ? Comment répartir équitablement travail et nourriture entre les membres de la communauté ? Quelle forme de gouvernement choisir ?
Bien entendu, ces questions sont traitées avec humour et légèreté, et l'auteur s'amuse à émailler son récit de scènes loufoques et saugrenues, comme le débat sur la pose massive de stérilets aux naufragées (eh oui, vingt-six femmes pour vingt-huit hommes et tant de possibilités...), les affrontements avec des singes facétieux ou encore la découverte de la distillerie sauvage installée dans la jungle, qui sert de prétexte pour railler la propension des Finlandais à s'enivrer.
Certes, le style, simple et fluide, est peu travaillé, les personnages assez peu consistants (à l'exception du narrateur, dont l'auto-dérision désopilante et la misogynie un peu archaïque font sourire plus d'une fois) et l'intrigue peu haletante, puisque tout est donné d'emblée en quatrième de couverture, mais ces "défauts" ne gâchent en rien le plaisir de la lecture, signe incontestable du talent de Paasilinna : ce conte philosophique est plus profond qu'il n'y paraît, puisqu'il aborde tout de même de vraies questions sur l'utopie, le socialisme et l'opposition nature/culture.
Un seul vrai regret : que ce livre soit si court !
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