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4,14

sur 4693 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je pense que je me souviendrai à jamais de l'incipit de ce merveilleux roman de Marcel Pagnol, second tome de la trilogie de ses « Souvenirs d'enfance ».
Le Château de ma mère porte une émotion peut-être plus forte que le premier tome, La Gloire de mon père. Je pense que je saurai toujours le dire par coeur. Je ne sais pas pourquoi, moi qui n'aime ni la chasse, ni les chasseurs...
« Après l'épopée cynégétique des bartavelles, je fus d'emblée admis au rang des chasseurs, mais en qualité de rabatteur, et de chien rapporteur. »
Je me souviens de cette phrase comme « Un sésame, ouvre-toi ! », la sentence magique qui fait ouvrir les pages d'un livre, le bonheur autant de partir dans les collines l'air fier et conquérant que celui de revenir bredouille, la tête pleine de vent et d'azur. J'aime quand les chasseurs reviennent bredouilles avec du ciel et le mouvement des arbres dans les yeux... En fait, ils reviennent souvent bourrés, ce qui n'empêche...
Ce livre est un chant, une musique, une mélodie, la cymbalisation des cigales, le vent dans les oliviers, la plainte d'un chagrin aussi lorsqu'un être cher vient à disparaître.
C'est une émotion à fleur de peau
Enfant, je craignais l'école, le simple fait d'y aller le matin me faisait vomir mon petit déjeuner. Je ne sais pas de quoi j'avais le plus peur : des instituteurs ou des autres élèves. L'institutrice était sévère, taper avec une baguette de bambou sur les doigts tendus et fermés d'une main frêle, c'était une pratique courante à cette époque (1970, ce n'est pas non plus le moyen-âge...). Dehors, dans la cour de récréation, la sanction était presque pire, comme une vengeance les mauvais élèves battus crachaient, en s'étant empli la bouche de l'eau du lavabo du préau, sur ceux qui avaient des bonnes notes... Ma mère eut cette astuce de me faire boire une mixture de sa composition, un médicament miracle disait-elle pour soigner cela, en fait c'était un grand verre d'eau dans lequel elle avait mis un peu de sucre. Je buvais le remède magique et je me sentais brusquement empli de courage, ma peur disparaissait... Mais certains jours j'aurais voulu boire plutôt la potion magique d'Astérix et me sentir invincible... Aujourd'hui le Château de ma mère pourrait être le plus beau des antidotes face à la peur d'aller à l'école.
Le château de ma mère, c'est le soleil de la Provence avec une émotion en plus. La tendresse familiale s'estompe comme un brouillard sur le paysage, elle laisse le pas à un autre paysage, un autre voyage paré à quitter l'enfance.
Le château de ma mère, c'est l'amitié de Lili. Lili des Bellons. Ah ! Comme je me suis attaché à ce beau personnage, si libre de tout, qui n'avait pas de peur, ni de l'école, ni de la vie... Je l'admirais... le château de ma mère, c'est la lumière de la Provence qui descend sur cette amitié, c'est la vie comme un fil ténu et invisible qui relie les personnages les uns aux autres et peut-être nous autres vivants avec ceux qui ne sont plus là.
Le Château de ma mère, c'est aussi l'évocation du malheur quand, enfant, on possède encore la puissance d'y croire sans y penser, d'agir, la force de retenir d'un geste encore ferme et peut-être inconscient les idées noires, la guerre, la mort, ceux qui partent, avant que tout cela ne déferle et ne se déverse comme un flot impossible sur le paysage de l'enfance.
Retenir le malheur jusqu'à ce que ce geste ne soit plus possible...
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Suite du tout autant célèbre « La Gloire de mon Père » et paru en même temps en 1957, ce second tome des souvenirs d'enfance est tout aussi enchanteur et nous plonge également dans cette si tendre et heureuse période qu'est l'enfance. Celle ci continue de se dérouler dans la garrigue de cette belle Provence.

A lire et relire tant l'insouciance de l'enfance y est sublimement évoquée.
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Magnifique! A lire et à relire. Ce texte est une pure merveille, empli d'une grande poésie et de beaucoup d'émotion..
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Les beaux Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol, prennent un tour plus angoissant avec le grand détour évité par la famille pour rejoindre la maison de campagne.
Famille que je me représentais, dans un panoramique au raz du canal, marchant en file indienne vers leur petit paradis.
Ah, peuchère!
Lorsque j'ai lu le livre pour la première fois, mon coeur d'enfant palpitait au passage ou la famille est interceptée par un gardien mal léché.
La fin de l'histoire fut un choc pour moi. Marcel Pagnol y faisait un saut de quelques années plus tard, avec une vérité moins agréable à lire pour le jeune lecteur.
L' auteur, à la fin du Château de ma mère, estimait -sans doute à raison- qu'un enfant pouvait (et devait) savoir certaines choses.
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Bon, allez, je le dis : j'ai versé ma petite larme en refermant le second tome de la trilogie de Marcel Pagnol "Souvenirs d'enfance". Mais ne craignez pas que je révèle pour autant la cause de cet épanchement lacrymal, simplement c'est une façon de témoigner de la pureté de l'émotion ressentie à la lecture du "Château de ma mère", cette ode pleine de fraîcheur et d'amour véritable que l'auteur chante pour nous avec le bel accent du Midi ; un chant poétique et pastoral amplifié par les échos des collines marseillaises.

Tout comme pour la lecture du magnifique diptyque "L'eau des collines", c'est avec reconnaissante que j'ai reçu de Marcel Pagnol ce cadeau incroyable que représente un roman riche en émotions et au style impeccable où chaque personnage a sa place, où aucun n'est le faire-valoir d'un autre, où les décors prennent vie avec une acuité de scène d'avant l'orage, et où les relations entre les êtres - qu'ils soient humains ou non - sont belles de simplicité, même dans la prédation.

Quel voyage nous offre Pagnol ! Plus je découvre son oeuvre et plus il me transmet naturellement l'envie de la savourer en intégralité.


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Où l'on retrouve le petit Marcel là où "La gloire de mon père" l'avait laissé: batifolant dans la garrigue et mortifié à l'idée de devoir quitter ses collines pour retourner en classe.
Qu'à cela ne tienne: la famille décide de venir chaque fin de semaine dans leur cahute de rêve, faisant pour cela à pied quatre heures de route à l'aller et quatre au retour.
Mais cette famille bénie du bon Dieu (pardon Monsieur l'instituteur pour l'offense à votre laïcité forcenée!) rencontre un bon Samaritain qui lui ouvrira la porte d'un raccourci le long du canal, obligeant notre joyeuse troupe à braver la loi...
Pas besoin d'avoir soi-même baigné ni dans l'époque, ni dans les lieux pour succomber au charme de ces souvenirs d'enfance, gorgés de soleil, de bienveillance familiale et d'accents chantant : ce texte est délicieux et fait un bien fou!
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Une table. Deux chaises. Et une collègue qui me glisse un mot que j'avais écrit pas plus tard que la veille. J'eus beau pencher le papier en tous sens, enlever mes lunettes, les remettre et écarquiller les yeux, rien n'y fit. Impossible de me relire. Ce bout de phrase reste une énigme. Un morceau d'art abstrait indéchiffrable, même pour celui qui l'a conçu. Un jet d'encre digne d'une ordonnance de médecin. Illisible. Ne pas pouvoir se relire est une étrange sensation. On sait qu'il s'agit de notre écriture, on ne peut le nier, ça crève les yeux. Cette manière de relier les lettres entre elles est la nôtre mais le contenu semble étranger, comme si un petit malin s'était emparé de notre style pour gribouiller n'importe quoi.

Cette patte de mouche est heureusement chose rare dans ma production écrite. le cahier qui accompagne mes lectures, celui où je note des pensées prises sur le vif, permet la relecture. Il y a certes des ratures, des flèches qui s'entrechoquent, ainsi que des idées farfelues, mais il s'agit surtout d'une base utile afin de préparer mes petites analyses. le roman de Marcel Pagnol, le Château de ma mère n'a pas dérogé à cette règle. Il s'est retrouvé dans mon carnet de notes afin que je lui tire le portrait comme il se doit. 😉

Nul ne l'ignore, le Château de ma mère est la suite des aventures du jeune Marcel Pagnol qui continue de nous relater ses souvenirs d'enfance. Comme dans La Gloire de mon père, on voyage à travers le temps. Nous sommes, à nouveau, plongés au début du XXème siècle dans cet arrière pays marseillais qui ressemble à une carte postale d'antan. Tout y est, de la géographie des paysages jusqu'aux expressions typiques du Sud. Cela respire un ailleurs temporel et un mode de vie quasi disparu aujourd'hui. Point de préambule avec l'écriture de Pagnol, sa douce poésie méridionale est présente dès les premiers mots de ses ouvrages et se confirme encore dans ce roman-ci.

Ce deuxième opus est aussi l'occasion de prendre une bouffée d'oxygène, à courir les collines en compagnie de Marcel et de Lili. Ces deux amis, pas plus hauts que trois pommes, font les quatre cents coups au grand air. Chaque jour est synonyme d'aventures. Un bout de bois, quelques pierres et l'imagination fait le reste à cet âge! le tour de force est de l'écrire de façon réaliste sans perdre de vue la magie inhérente à l'enfance.

Tout sonne juste sous la plume de Pagnol, comme la lettre qu'il rédige avant de fuguer :

“ Mon cher Papa,
Ma chère Maman,
Mes chers Parents,

Surtout ne vous faites pas de mauvais sang. Ça ne sert à rien. Maintenant j'ai trouvé ma vocation.
C'est : hermitte.

J'ai pris tout ce qu'il faut.
Pour mes études, maintenant, c'est trop tard, parce que j'y ai Renoncé.

Si ça ne réussit pas, je reviendrai à la maison.
Moi mon bonheur, c'est l'Avanture. Il n'y a pas de danger. J'ai emporté deux cachets d'Aspirine des Usines du Rhône. Ne vous affolez pas.

Ensuite, je ne serais pas tout seul. Une personne (que vous ne connaissez pas) va venir m'apporter du pain, et me tenir compagnie pendant les tempettes.
Ne me cherchez pas : je suis introuvable. “

Le Château de ma mère donne aussi à voir un trait de caractère qui s'est perdu dans les méandres des néologismes actuels, et sans doute à venir. Il s'agit de la gentillesse, ce mot autrefois classé au pinacle des qualités et maintenant connoté négativement comme un aveu de faiblesse. L'époque lui préfère le mot-valise interprétable à souhait, la bienveillance.

Même s'il s'agit d'une biographie romancée, Pagnol montre des personnages gentils. Ils ont chacun leurs humeurs, leurs traits de caractère qui les distinguent les uns des autres mais l'altruisme est au centre du livre tel un noyau atomique. L'auteur français dépeint à merveille une société de l'entraide et c'est sans doute ce qui donne un souffle rafraîchissant au livre, surtout quand on le lit à l'heure actuelle.

Enfin, cette douce empreinte n'exclut pas la gravité de la vie. La preuve est ce moment de bascule où l'implacable gardien découvre que la famille Pagnol s'immisce régulièrement sur un terrain privé afin de prendre un raccourci. On découvre alors une face plus sombre dans cette histoire, un père qui se fait du mouron et se met à plat ventre pour tenter de s'extirper d'une situation délicate. Cette détresse déteint alors sur le petit Marcel qui se voit soudainement confronté à des problèmes d'adultes. Cet événement agit comme un point de non-retour et sonne la fin de l'innocence. Un épilogue tragique pour un livre franchement enchanteur.

" le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l'eau celle des moulins.

Cinq ans plus tard, je marchais derrière une voiture noire, dont les roues étaient si hautes que je voyais les sabots des chevaux. J'étais vêtu de noir, et la main du petit Paul serrait la mienne de toutes ses forces. On emportait notre mère pour toujours. "

À l'instar de la Gloire de mon père, le Château de ma mère est un roman marquant tout simplement parce qu'il est d'une incroyable justesse dans son indémodable propos. À relire sans hésitation.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Dans ce deuxième tome des souvenirs d'enfance, il est question d'amitié, des secrets des collines, d'initiation au piégeage des oiseaux, d'une rentrée des classes qui a failli ne pas avoir lieu pour Marcel, d'une clé donnée à Joseph par le piqueur du canal de Marseille et permettant à la famille, en passant par des propriétés privées aux châteaux impressionnants, de prendre un raccourci sur le chemin des vacances...
Les mots de Pagnol, pétris d'humour et d'émotion, vont droit au coeur et son immense talent de conteur rend ce récit inoubliable.
Cependant, évoquer l'enfance ne va pas sans souffrance et Pagnol nous en donne la mesure dans le premier épilogue dont la tristesse infinie poursuit le lecteur longtemps après avoir refermé le livre…
Dans le deuxième épilogue, Pagnol nous raconte comment, sans l'avoir vu, il achète en 1941 le château de la Buzine qui se révèlera être justement celui où sa mère a vécu sa plus grande frayeur. Cet incroyable hasard, presque trop beau pour être vrai et auquel j'ai du mal à croire, je ne vous le cache pas, permet néanmoins à l'écrivain de clore son livre par un hommage bouleversant à sa mère, signant là un des plus beaux excipit de la littérature.
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Second volet de la trilogie relative à ses souvenirs d'enfance, le Château de ma mère de Marcel Pagnol est en revanche plus triste et émouvant que La Gloire de mon père mais garde néanmoins ce parfum d'authenticité qui m'ont conquis.
Il s'agit en effet du prolongement chronologique de la Gloire de mon père. Pagnol n'a pas de pareil pour conter avec talent sa rencontre avec Lili des Bellons, et ses promenades dans les collines avec son ami pour poser des pièges. La fin de l'été et le retour à Marseille sont vécus douloureusement par le jeune Marcel, si bien que la famille décide de monter chaque samedi à La Bastide Neuve, malgré un trajet long et fatigant. Mais l'un des élèves de son père instituteur leur vient en aide : Bouzigue, le piqueur du Canal de Marseille leur remet une précieuse clé qui va leur faire gagner du temps et éviter un long détour ... l'aventure n'en sera que plus belle pour le jeune Marcel à La Bastide Neuve.
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Ce 2ème tome continue sur les vacances de Marcel sur la colline avec les parties de chasse. Et il rencontre celui qui deviendra son meilleur ami, Lili. Lui est un habitué des environs et Marcel se détache alors des parties de chasse avec son père où il ne servait finalement qu'à chercher le gibier tombé sous les coups de fusil. Lili pose des pièges aux endroits stratégiques et Marcel devient alors un rebelle de la campagne où il se bat contre des « grosibous ».

J'ai encore une fois adoré ce tome. J'ai ri, pleuré et j'ai admiré ce petit garçon plein d'empathie, plein de courage, plein d'audace et plein d'admiration pour ses parents, quelle que soit la situation.

La gloire de mon père et le château de ma mère étaient au programme à l'école quand j'étais au collège je crois. Malheureusement, je n'en garde aucun souvenir. Je ne sais pas ce que j'en pensais à l'époque et si ça m'a fait autant rire que maintenant. Dans tous les cas, ce livre doit être lu enfant ET ensuite à l'âge adulte. La vision d'adulte rend les livres très très drôles !
Lien : https://letempsdelalecture.w..
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