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Cécile Arnaud (Traducteur)
EAN : 9791037106254
208 pages
La Table ronde (03/02/2022)
4.22/5   91 notes
Résumé :
Une tempête de neige paralyse l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne à la veille de Noël. Tous les avions sont cloués au sol, mais pour Tom et Lorna, il est hors de question de laisser leur fils seul grippé dans son logement d’étudiant à Sunderland, en Angleterre. Thermos, sandwichs, sac de couchage, il charge sa voiture, vérifie qu’il a les billets pour la traversée du ferry, et assez de CD pour la longue route qui l’attend. Rien en revanche ne peut le préparer au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Irlande du nord, Belfast.
Tom est photographe, marié à Lorna. Ils ont deux enfants, Luke et Lilly. Luke est étudiant en Angleterre, à Sunderland.
On approche Noël. La neige a bloqué routes et aéroports. Luke est malade et seul et n'arrive pas à rentrer à la maison. le père va chercher son fils en voiture.
Un voyage au coeur de l'hiver, un voyage au coeur de la vie, de sa propre vie,
Dans ma profession , beaucoup de photos de mariage, de fêtes de famille ou d'autres occasions festives, que des beaux couples heureux, des visages souriants figés sur l'image. Des photos qui promettent le bonheur éternel, même en cas de tragédie…..
Luke , « …je ne l'ai pas étreint, car on y va jamais aussi loin »….
La photo en noir et blanc avec ma mère, père absent….
« Ce sera le premier Noël donc ce ne sera pas facile…. »???…
Et dans le fond la voix persistante de Daniel…Daniel ? « M'as-tu jamais dit que tu m'aimais ? ». Il apparaît, il disparaît, il est partout…

Le titre de la v.o. est «  Travelling to a strange land », strange traduit en français par « inconnu » ici n'est pas exacte. le passage dans le livre « I'm travelling in a strange land. The world outside the car is snowbound, utterly changed – so much snow that everywhere looks deeply buried. » correspond au voyage de Tom dans un pays sous la neige où tout a été enseveli. L'image de cette vue sans repères , étrange, se double d'une autre, nouvelle, visuelle uniquement à travers le rêve de l'imagination, impossible à décrire avec les mots. Cette nouvelle image d'un monde étrange est son monde intérieur qui se déroule à travers ce voyage blanc. Il peine à l'atteindre car ses sens sont figés, congelés. Et Daniel ? Fait-il part de ce monde intérieur ou est-il enfermé à l'extérieur ? La neige a tout recouvert, mais lui il n'est plus sûr s'il peut continuer à LE tenir recouvert . Il a peur de ne pas avoir assez de force intérieur pour continuer à LE maintenir caché et peur de LE révéler malgré lui, au mauvais moment à sa femme. Il aimerait tellement être enseveli lui-même sous cette neige et tout oublier…..ou au contraire ne vaudrait-il pas mieux pour lui d'ensevelir ses erreurs, ses regrets et tout ce qui est nocif en lui auquel il a laissé libre cours ?


Un livre qui semble simple comme histoire, psychologiquement complexe, dont la trame se dévoile très lentement. David Park arrive à coucher sur papier des sensations qu'on éprouve naturellement mais restent dans l'inconscient . Et même si on en prend conscience, on ne les prend que rarement en considération bien qu'elles sont des facteurs déterminants de nos humeurs, nos états d'âme, des conditions psychiques malheureusement non éphémères.

Waouh ! Un texte poignant , très dense mais très explicite, d'une prose cristalline et précise sur les relations familiales complexes, la mémoire, les regrets et l'amour. Un auteur irlandais découvert encore une fois grâce à Laurence ( @diablotin0), merci.
J'ai adoré !


« Things are more complicated than choosing between what I think is right and what I don't know is wrong. »
Les choses sont plus compliquées que choisir entre ce que je pense que c'est juste et ce que je ne sais pas que c'est mal.
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Alors qu'une tempête de neige cloue les avions au sol dans tout le Royaume-Uni, Tom abandonne son épouse et sa fille aux préparatifs des toutes proches fêtes de Noël pour aller chercher son fils Luke, coincé avec la grippe dans son logement d'étudiant à Sunderland, dans le nord de l'Angleterre. Parti en voiture de Belfast, il prend le ferry vers l'Ecosse, puis à nouveau la route pour quelque trois cents kilomètres jusqu'à sa destination située sur la côte opposée, près de Newcastle.


L'enneigement des voies de circulation complique considérablement le périple, et même s'il progresse très lentement, il faut au conducteur toute sa vigilance pour faire face aux embûches qui jalonnent son trajet. Après plusieurs faux départs en raison d'une côte d'abord infranchissable, c'est avec une certaine inquiétude, partagée par l'épouse restée à domicile et dont les réguliers appels téléphoniques semblent bientôt l'unique lien avec la vie et la normalité, que l'on se retrouve seul avec Tom, à ne compter que sur soi-même pour affronter l'hostilité blanche dans laquelle le monde, déréglé par le réchauffement climatique, semble avoir sombré.


Pourtant, tandis que la réalité extérieure paraît s'être dissoute dans une nébuleuse de blancheur impalpable, c'est insensiblement à une toute autre confrontation, intérieure celle-là, que Tom se retrouve exposé. Sur l'écran immaculé et uniformisé du paysage, viennent s'imprimer des images invasives, irrépressible résurgence d'une douleur mal enfouie liée à un drame récent qui se dévoile par bribes au lecteur. Et, dans une narration d'une confondante sobriété, en une succession de flashes dont la rémanence fait écho à l'éternité que le métier de photographe de Tom insuffle à chacun des instants qu'il capture dans ses clichés, se révèle cette fois la poignante désolation du paysage intérieur d'un père, meurtri par l'impuissance, le regret et la culpabilité, qui cherche désespérément la force de tenir le cap, de donner le change aux siens et de passer un Noël aussi normal que possible.


Périple aventureux dans un environnement rendu méconnaissable par les conditions climatiques, le voyage en territoire inconnu est aussi celui de ceux, qui, fils à la dérive ou père incapable de trouver l'absolution et la paix, se perdent et avancent à tâtons dans leur vie, sans rien ni personne pour les guider. Un texte magnifique, d'une parfaite exactitude psychologique, et d'autant plus poignant qu'il contient l'émotion en un délicat jeu d'équilibre entre l'ombre et la lumière, la douleur et l'espoir. Parce que, même après la pire des épreuves, quand plus rien ne paraît plus ressembler à rien, il faut trouver le moyen de vivre, et que ce chemin se trouve seul, sans que l'on puisse prédire par quoi il faudra en passer.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il y a les voyages de notre corps
et ceux de notre âme
Comme la musique a le pouvoir de mener à des lieux insoupçonnés, notre esprit peut s'échapper à la vue de la neige immaculée
Et des images mentales surgir
Celles d'êtres aimés
Vivants comme disparus
Celles de nos culpabilités, de nos regrets. de ce qu'on aurait dû faire et qu'on na pas pas fait. de ce qu'on pense qu'il faudrait avouer et pourtant qu'on avouera pas.
C'est ainsi.
David Park l'a bien compris qui nous raconte le voyage terrible et émouvant d'un père qui n'a pas su faire, et qui ne peut se le pardonner.
« en repensant à la femme à l'école, dans le local sous l'escalier, nous expliquant qu'il suffisait de gagner une fois, je me dis qu'il suffit aussi d'une fois pour tout perdre. »
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J'ai beaucoup aimé ce voyage. Je me suis assise à coté de cet homme et je l'ai écouté. Il m'a profondément émue par son désarroi, son sentiment de culpabilité, sa volonté de rédemption, son désir de sauver sa famille qui est passée récemment par une épreuve dont je ne vous livrerai pas le détail.

Tom part seul au volant. le pays est bloqué par la neige, les aéroports fermés, et il est impossible d'abandonner son fils malade dans son université pour les vacances de Noël. Alors , malgré les routes enneigées, la tempête qui menace, les conseils de prudence des autorités, il part pour un long périple de Belfast à Sunderland.
La musique l'accompagne, parfois recouverte par la voix de Daniel, qui résonne dans sa tête, a moins qu'il ne soit venu un instant s'asseoir à coté de lui.
Dans cette solitude amplifiée par la blancheur monotone du paysage, et le peu de trafic sur la route, Tom revoit des moments clés de sa vie, et peu à peu on comprend quel est ce drame qui a secoué cette famille.
Le voyage de Tom est autant dans ce paysage d'hiver, vers son fils malade, qu'intérieur. Il se révèle peu à peu, au lecteur, un homme faillible, qui a fait ce qu'il a pu, et qui a échoué à éviter le pire. Il n'en est que plus attachant. Ce récit m'a emportée, envoûtée, aidé en cela par l'écriture si belle de l'auteur.
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Montez en voiture, démarrez le moteur pour dégivrer le pare-brise, mettez le chauffage à fond et puis lancez cette chanson : https://www.youtube.com/watch?v=lpcsThJEgWM. Vous êtes prêts pour ce road trip sous la neige, seul avec vos pensées et celles du narrateur… Il fait vraiment très froid, les routes sont gelées à tel point qu'à chaque montée vous craignez de redescendre en glissant. La neige n'arrête pas de tomber, le brouillard et la tempête font rage qui empêchent les avions de décoller, glacent et embrouillent les pensées noires du narrateur qui se trouve seul face à elles dans ce blanc immaculé. Photographie en noir et blanc d'un esprit errant.


Le narrateur est photographe. Et pendant qu'il brave les éléments pour aller chercher son fils coincé chez lui avec la grippe trois jours avant Noël, ce sont les clichés de sa propre vie qui défilent. Sa femme restée avec leur petite dernière à la maison, préparant Noël en faisant griller les marshmallow dans la cheminée ; son fils à qui il n'arrive pas à dire qu'il l'aime… Et puis le fantôme de cet autre fils, arraché, à qui la culpabilité ressentie par le père fait exprimer beaucoup de reproches. « Je ne sais pas ce que nous allons faire à propos de Daniel. Fait-il partie de notre monde intérieur ou est-il enfermé dehors ? »


« Continuez sur l'A75. Au rond-point, prenez la deuxième sortie. » Daniel, en train de lui reprocher de ne jamais lui avoir dit qu'il l'aimait. Daniel, mutique, dont il n'a pas réussi à percer la carapace. Daniel, en colère et jaloux de la relation de ses parents avec celui qui reste, et celle qui l'a remplacé. Quand et comment ont commencé ses problèmes ? Des clichés fantômes, plus vrais que nature. Et sa voix qui dit les maux qui tuent, sa façon de disparaître tout de suite après, comme l'instant meurt après la photo. Comme chaque instant, quand on y pense. L'un après l'autre, ils s'égrènent, se fixent, disparaissent. Et jamais ne reviennent.


« Tu racontes des conneries, lui dis-je encore une fois, même s'il n'est plus là, et sans me rendre compte que je crie. Des conneries. Et je frappe le volant avec mes paumes puis sursaute quand j'appuie par mégarde sur le klaxon. »


David Park nous offre le récit d'un homme qui, en allant chercher son deuxième fils fils, part à la rencontre du premier. « Le monde à l'extérieur de ma voiture est couvert de neige, complètement transformé - tant de neige que tout paraît enseveli » Comme la vie à l'intérieur du narrateur, recouverte d'un glaçage de culpabilité, de peine et de colère, dont il sait devoir sortir mais sans savoir comment. Mais cette année il a promis d'essayer encore plus fort de passer un joyeux Noël « avec l'espoir que, même dans l'obscurité hivernale, ces quelques jours les conduiront peut-être dans un endroit où ils pourront retrouver la joie. »


Alors voilà ce que nous allons faire avec lui : continuer d'avancer, de petite lumière en petite joie jusqu'à ce que, peut-être, la tempête arrête de faire rage dans son coeur, et que le brouillard s'apaise dans sa tête. En attendant, voici un beau voyage dans ses nuits blanches. Merci Bookycooky pour la découverte !
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critiques presse (3)
Liberation
19 septembre 2022
Au fil des pages, le lecteur plonge dans une introspection ponctuée de photographies de Tom, portraits ou paysages, entre espoir et désespoir. J’ai été touchée par ce personnage un peu décalé, s’accrochant à la photo authentique, refusant l’appareil des portables, son regard bienveillant sur les autres, l’authenticité de son mal-être – celle d’un Irlandais du Nord, agnostique, s’interrogeant sur les années de «Troubles» entre les deux communautés.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
04 mai 2022
En pleine tempête de neige, un père quitte Belfast en voiture pour ramener son fils d'Angleterre. Un voyage de tous les dangers.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaCroix
07 février 2022
Sur des routes couvertes de neige, un père en quête de rédemption part chercher son fils. Le Nord-Irlandais David Park éblouit par la délicatesse infinie de ce portrait d’un homme meurtri.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Les gens ne comprennent pas les photos. Ils pensent qu’elles figent toujours l’instant dans le temps, alors qu’au contraire, elles l’en libèrent, et ce que l’appareil a saisi échappe à jamais à son écoulement. De sorte que ça existera toujours, vivra toujours tel qu’en cette seconde précise, avec le même sourire ou le même air renfrogné, la même couleur de ciel, la même lumière ou la même ombre, la même pensée ou le même battement de cœur. C’est l’éternel qui est libéré dans la soudaine immobilité créée par le clic de l’appareil photo.
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So I suddenly understand that biology and genes don’t actually bestow a connection, that whatever finally exists is only through what has been made with these same hands that grip the wheel and not just by a name on a birth certificate.
J’ai soudain compris que biologie et gênes ne sont en fin de compte à la source d’aucun liens affectifs, ce qui existe est uniquement ce qui a été conçu avec ces mêmes mains qui tiennent le volant et rien à voir avec un nom écrit sur l’acte de naissance.
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(...) je réalise que quand on fait un pas en avant, même un petit pas, l’étau de la peur se desserre un peu. Elle est encore là, mais diminuée, et on s’autorise à moins se considérer comme une victime sans défense, car au bout du compte c’est le sentiment d’impuissance qui nous tue. 
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On cloue au pilori les parents de ces ados partis rejoindre l’État islamique ; on les traite de mauvais parents, ou alors on les soupçonne d’avoir su ce qui se passait dans la tête de leurs enfants. Au mieux, leur radar est défectueux et n’a pas su détecter ce qui s’insinuait dans leur foyer pour contaminer l’esprit de leurs gamins. Il fut un temps où j’aurais peut-être pensé la même chose. Je dis bien peut-être. Mais c’était avant. Maintenant, je me garde des jugements et des suppositions faciles. Et élever un enfant, ce n’est pas comme conduire cette voiture, avec l’assistance d’une voix pour me guider, avec les traces laissées par d’autres véhicules que je peux suivre malgré la neige, avec les feux et les panneaux pour m’indiquer quand m’arrêter et démarrer, pour me signaler de possibles dangers. Au lieu de cela, on se trouve dans une espèce de blizzard d’idées confuses et contradictoires, et alors qu’on croyait connaître la meilleure direction à prendre, on doit vite admettre qu’on est perdu et que les points de repère familiers auxquels on accordait tant d’importance ont disparu dans un brouillard blanc.
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À l’évocation de la maison de Luke, une image restée dans ma mémoire se précise ; c’est un cliché de Denis Thorpe, qui a travaillé pour le Guardian et photographié le nord de l’Angleterre, en noir et blanc, dans un style d’un réalisme cru. La photo à laquelle je pense, Mr Lowry’s Hat and Coat – prise le lendemain de la mort du peintre – montre deux manteaux et des chapeaux pendus à des patères dans le clair-obscur d’une entrée, un papier peint vaguement floral, une cimaise. La doublure d’un des manteaux, tournée vers l’extérieur, accroche un peu de lumière. La photo parle d’absence, d’un espace qui s’ouvre et se remplit d’immobilité, se concentrant sur les reliques d’une personne qui a été et n’est plus.
Quand j’entre dans les chambres de mes enfants, je ressens parfois puissamment à quel point nos vies et les lieux où nous vivons déteignent les unes sur les autres. Leur respiration semble encore présente dans la pièce vide, tous leurs souvenirs et leurs rêves paraissent fondus dans les plis d’un tissu ou le grain d’une surface. Seule la froideur de la technologie résiste : on aura beau effleurer le clavier d’un ordinateur ou l’étui d’une tablette, on n’y percevra jamais l’enfant absent. Il y a un mot de passe, un pare-feu qui nous empêchent de retrouver la moindre trace de l’existence de son utilisateur, et ces appareils demeurent séparés du reste de la chambre, imprégnée partout ailleurs de la force de l’être à qui elle appartient.
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