L'éditeur a placé avant le début du roman une longue biographie de Françoise Parturier, et bien lui en a pris. Femme de lettre, elle candidate à l'Académie française (sachant que jamais ils n'accepteront une femme en 1970) pour dénoncer le sexisme des académiciens. Cela donne donc le ton, puisque le roman tourne autour d'une famille de grands intellectuels, futurs ou actuels académiciens.
J'ai donc bien ri de la description qu'elle fait de ces intellectuels, plus riches par leurs fréquentations que de leur travail, qui noircissent des cahiers du matin au soir et ont "de l'encre jusqu'à la verge" mais font faire le principal de leurs écrits par de jeunes élèves voulant montrer leur zèle. Accumulant tous les titres possibles et inimaginables -car ceux-ci sont donnés par les mêmes personnes- ils se croient bien supérieurs à ceux qui n'ont selon eux pas assez travaillé, puisqu'ils n'ont pas autant réussi.
J'ai également bien aimé la description de la jet-set, où tout le monde se déteste mais se doit d'entretenir son réseau, où les héritiers qui ont tout dilapidé continuent d'entretenir un mode de vie royal pour sauvegarder les apparences alors que tout chez eux est hypothéqué... Sans compter l'homosexualité très présente et très assumée en petit comité, à condition que celle-ci soit couverte par un mariage hétérosexuel "de bon ton" pour l'image publique. De même, des sous-sols de l'Elysées aux grands palaces de Saint-Tropez, ces intellectuels organisent des orgies où alcool et jeunes hommes mineurs sont autant d'amusements qui les distraient des heures passées en bibliothèques.
Finalement, l'intrigue policière n'a pas grand intérêt, et le style "grande littérature" de 1991 n'a pas toujours bien vieilli, mais cette critique des grands académiciens vaut le coup d'oeil ! A condition d'en saisir l'ironie bien-sûr...
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mon dieu que je me suis ennuyée avec cette lecture, j'avais abandonné une première fois ce livre, mais cette 2ème tentative a été aussi laborieuse que la première fois. A oublier très vite.
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Michel Hilartin s'était toujours dit et cru de gauche, cette gauche de la rive gauche, des beaux quartiers de la rive gauche, celle qui proclame l'absurdité de la lutte des classes au nom des Droits de l'homme, des lycées, des grands concours et de l'Unesco.
Le Professeur qui avait beaucoup travaillé - et il lui en avait coûté -, ne se sentait pas privilégié, croyant possible à chacun dans une société démocratique et libérale d'arriver là où il était. Les lois n'ouvraient-elles pas à tous les portes de la réussite ? Les exemples édifiants ne manquaient pas. L'aristocratie de l'esprit n'avait-elle pas remplacé depuis longtemps celle de la naissance ?
Tous ces grands esprits qui découvrent qu'aucune chose ne sera deux fois, et que rien n'est en même temps deux fois, s'empressent de fermer les volets pour mieux le dire.
Les femmes sont-elles idiotes ou exploitées comme tous les faibles ? Miss Lowry avait-elle le choix ?
Quoi qu'elles en disent, quoi qu'elles en pensent, les femmes sont et seront toujours à la merci des hommes. Simon pensait à sa mère qui dans les P.T.T. travaillait plus que ses collègues de même niveau et gagnait moins.
Rien n'avait changé, pensait-il, et il se mit à plaindre les femmes, ce qui est toujours une pensée réconfortante pour un homme.
L'Amant de cinq jours (1961) - bande annonce