L'écriture d'un livret d'opéra impose certainement des contraintes qui font privilégier l'octosyllabe à l'alexandrin. Si ce rythme convient mieux à une version chantée, il est néfaste à la lecture.
Simon-Joseph Pellegrin s'est appuyé sur la pièce de Racine avec le souci de rendre plus vraisemblable les soupçons de Thésée à l'égard de son fils et d'exploiter l'appui que cherche Hippolyte auprès de Phèdre dans son amour d'Aricie. L'ensemble reste cependant très inférieur, du point de vue de la littérature et de la tragédie, à l'oeuvre de Racine. Peut-être la tragédie trouve-t elle dans le chant ce qu'elle ne trouve plus dans les mots ... Peut-être l'intention n'est-elle d'ailleurs plus tragique puisque si Phèdre n'échappe pas à son destin,
Hippolyte et Aricie connaisse une "happy end" bucolique.
Plus conformément à la tradition antique qu'à la tradition classique, les dieux sont de nouveau omniprésents et en nombre : Amour, Diane, Jupiter, Neptune, Pluton, Mercure, davantage cependant comme instruments de l'intrigue qu'à l'origine de celle-ci. A chaque fois que les dieux prennent de l'importance ou au moins de la place dans le mythe de Phèdre, la tragédie devient moins humaine et moins profonde.
A lire (mieux peut-être à entendre avec la musique de Rameau), par curiosité pour les amateurs de Phèdre.