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EAN : 9782019560645
76 pages
Hachette Livre BNF (01/10/2016)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Par lui de mon malheur l'instant fatal arrive.
Cet Ami si longtemps de Thésée attendu,
Pour partager sa joie, en ces lieux s'est rendu.
Il vient être témoin du bonheur de sa flamme.
Ainsi plus de remise ; il faut m'arracher l'âme,
Et me soumettre enfin au tourment sans égal
De voir tout ce que j'aime au pouvoir d'un Rival.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette pièce de Thomas Corneille a été créée le 26 février 1672, à l'Hôtel de Bourgogne, prenant la suite du Bajazet de Racine, avec la Champmeslé, considérée comme la plus grande comédienne de son époque dans le rôle titre. C'est la seule pièce de Thomas Corneille (en dehors des oeuvres lyriques) qui traite d'un sujet mythologique. le sujet d'Ariane était à la mode, plusieurs oeuvres y faisait référence, par exemple une comédie-héroïque de Donneau de Visé « Le mariage de Bacchus et d'Ariane » venait d'avoir un beau succès. Par ailleurs Thomas Corneille avait publié un recueil, une sorte d'adaptation d'Ovide, qui comportait une « Épître d'Ariane à Thésée », inspirée par la dixième héroïde. Les héroïdes d'Ovide sont des lettres d'amour adressées par des femmes délaissées ou abandonnées à l'objet de leur amour. Elles ont beaucoup inspirées les auteurs du XVIIe siècle. Même s'il n'y a pas de lettres concernant Bérénice et Titus, Racine s'est inspiré de leur esprit pour sa pièce de 1670, et Thomas Corneille utilise une thématique en vogue , beaucoup moins romanesque, plus sobre, que la plupart de ses oeuvres. La pièce était très attendue, elle a été un succès, fut reprise régulièrement, et elle fait partie de deux pièces de Thomas Corneille dont Voltaire rédigea un commentaire.

Nous sommes à Naxe (Naxos). Ariane et Thésée s'y sont réfugié après leur fuite de Crète, Ariane attend que Thésée l'épouse, mais il a repoussé la cérémonie jusqu'à l'arrivée de son meilleur ami, Pirithoüs. le roi de Naxe Oenarus s'est épris d'Ariane, passion qu'il juge sans espoir. Mais Thésée n'aime par réellement Ariane, à qui il a promis le mariage pour être aidé dans le labyrinthe, en revanche il est tombé amoureux de Phèdre, la soeur d'Ariane qui s'est enfui avec eux, et Phèdre partage ses sentiments. Il charge Pirithoüs de faire comprendre à Ariane qu'il ne l'aime pas et la pousser à épouser Oenarus. Ariane se lamente, et charge Phèdre de faire revenir Thésée à des meilleurs sentiments, avec le succès que l'on imagine. Devant les refus de Thésée, elle semble se résigner à épouser Oenarus, mais à condition que le mariage de Thésée avec la femme qui a pris son coeur (et dont elle ignore l'identié) ait lieu avant. Mais elle avoue à Phèdre, qu'elle ne fait cette promesse que pour connaître la femme pour qui Thésée l'abandonne et qu'elle projette de la tuer devant les yeux de son amant, étant en plus assurée d'impunité, en épousant ensuite le roi. Thésée propose donc à Phèdre de partir en secret la nuit, ce qu'elle finit pas accepter. Ariane comprend qu'elle a été jouée par son amoureux et par sa soeur et tombe en pâmoison, Oenarus a bon espoir de l'épouser.

Ce n'est pas la version la plus connue de la légende d'Ariane, elle épouse en général Bacchus, mais dans une version du mythe, le mari est un prêtre du dieu. Thomas Corneille a transformé le prêtre en roi. La fuite avec Phèdre est aussi une transformation de Thomas Corneille, il est censé l'avoir épousé bien plus tard. Mais ce genre de modifications étaient pratiques courantes à l'époque.

La pièce présente peu de péripéties, le spectateur sait tout de suite à quoi s'en tenir, Thésée s'ouvrant à Pirithoüs immédiatement. L'intérêt est concentré sur les réactions, la souffrances et les lamentations d'Ariane. La pièce met en évidence le côté illogique du sentiment amoureux, qui avant tout échappe à toute forme de reconnaissance, Thésée reconnaît tout ce qu'il doit à Ariane, toutes ses qualités, mais il ne l'aime pas au final. de même Phèdre, doit beaucoup à sa soeur, mais ne peut échapper à la passion qui s'empare d'elle et qui la rend ingrate. Cela préfigure la Phèdre en proie à l'amour pour Hippolyte, même si ici c'est beaucoup plus sage. le Thésée de Thomas Corneille quand à lui, fait penser au Jason de Pierre Corneille, inconstant, soucieux de son intérêt et de son plaisir avant tout. le personnage d'Oenarus, amoureux noble et désintéressé, évoque quand à lui un peu Antiochus, le troisième personnage de Bérénice, amoureux de cette dernière sans aucun espoir. Oenarus aura plus de chance au final.

La pièce a d'incontestables qualités, Thomas Corneille est très à l'aise dans le vers galant, qu'il manie à merveille. Ses personnages respectent les codes du langage amoureux, et des conventions de son temps pour exprimer leurs sentiments. Cela a certes un peu vieilli mais garde du charme, c'est élégant. Cela n'a pas la force, l'intensité, de grandes pièces de Racine et de Pierre Corneille, mais c'est plaisant. Thomas Corneille est à découvrir, pour mieux connaître les goûts de son époque, et d'autant mieux apprécier les très grandes pièces du XVIIe siècle.
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Ariane et Thésée se sont arrêtés à Naxos, après qu'Ariane a trahi pour lui son père et son royaume. le roi local est tombé fou amoureux d'Ariane, mais reste très poli. Phèdre a accompagné sa soeur, et malheureusement, elle et Thésée tombent amoureux. Thésée n'a pas le courage de faire la chose honnête, à savoir plaquer Ariane (même si Phèdre refuse de faire quoi que ce soit tant que ce n'est pas clair de ce côté), il fait croire qu'il attend son meilleur ami Pirithoüs avant de célébrer le mariage quand en fait il essaie de gagner du temps. Il essaie même de demander à Pirithoüs de faire l'intérmédiaire et de plaquer Ariane pour lui. Finalement, il s'y résout, et essaie de convaincre Ariane d'accepter les avances du roi... d'un côté, c'est de la tragédie, mais de l'autre, c'est totalement du triangle amoureux entre adolescents crédibles et un peu bêtes, et personne n'est honnête.

Il est difficile d'avoir de la sympathie pour Thésée, qui s'est enseveli sous les mensonge et refuse de faire le moindre effort pour s'en sortir ; pour Ariane, incapable de voir une réalité qui est pourtant évidente, qui trouve elle-même des excuses à Thésée et ne considère jamais les sentiments de sa soeur ; c'est plus ambigu pour Phèdre, qui est touchante dans sa solitude mais toujours très dissimulatrice. Quant au roi et à Pirithoüs, ils sont ennuyeux.

Les vers sont globalement tout a fait décents, mais ceux de la toute fin sont étonnamment fades. Très mauvaise fin, pour un passage qui aurait pu être puissant.

Alors, qu'est-ce que j'aime dans cette pièce ? La relation entre Ariane et Phèdre, clairement. Elles s'adorent, et pourtant leur relation est loin d'être parfaite, elles se font du mal, Ariane néglige Phèdre qui lui a tout sacrifié comme elle-même a tout sacrifié à Thésée et ne fait pas attention à ses sentiments, Phèdre cache à sa soeur l'infidélité de son petit ami trop longtemps, mais juste parce qu'elle voulait qu'il lui dise. Dans la plupart de leurs dialogues, la façon dont leur affection se transforme en cruauté inconsciente est frappante et complexe,
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ARIADNA de Thomas Corneille"Ah, ¿qué me haces ver tú demasiado cruel? el abismo de dolores que me pierden, ¿por qué abrirme los ojos cuando los quiero cerrar? Ay es verdad entonces que mi alma errada sólo adora a un ingrato adorando a Teseo? ¡Dioses contra tal tragedia sostengan mi razón que cede al horror de esta traición...!"Me encantó esta tragedia y será de mis favoritas. Thomas Corneille no tan famoso como su hermano Pierre creó también numerosas obras teatrales y fue reconocido en la Academia francesa en lugar de su hermano."Ariadna" por supuesto trata de la historia de amor entre Teseo y Ariadna. No siendo fiel a la leyenda crea dos triángulos amorosos que implican a Ónaro, rey de Naxos (en la mitología original simple sacerdote de Dionisios) y a Fedra, hermana de Ariadna.Luego de que Ariadna ayudó en sus pruebas sobre todo contra el Minotauro a su amado Teseo y éste le prometió llevarla a Atenas y hacerla su esposa, ambos están detenidos en la isla de Naxos, las dudas de Teseo son la principal causa y pronto estallarán los sucesos.La tragedia me gustó mucho por la manera como enfoca los conflictos amorosos, que a pesar de diferir con la historia original es una buena y verídica adaptación. Los diálogos de Ariadna sobre todo son lastimeros y con mucha fuerza. Las complicaciones tampoco tienen pierde en esta obra muy bien lograda. Me gusta mucho cuando en las obras neoclásicas, a pesar de su intención doctrinaria y educativa, muchas veces todo se rompe para poder expresar las pasiones en todo su esplendor, toda mi simpatía a esta adaptación.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
ARIANE : Ah ! ma sœur, savez-vous ce qu'on vient de m'apprendre ?
Vous avez cru Thésée un Héros tout parfait,
Vous l'estimiez sans doute ; et qui ne l'eût pas fait ?
N'attendez plus de foi, plus d'honneur ; tout chancelle,
Tout doit être suspect, Thésée est infidèle.
PHÈDRE : Quoi, Thésée...
ARIANE : Oui, ma sœur, après ce qu'il me doit,
Me quitter est le prix que ma flamme en reçoit,
Il me trahit. Au point que sa foi violée
Doit avoir irrité mon âme désolée,
J'ai honte, en vous contant l'excès de mes malheurs,
Que mon ressentiment s'exhale par mes pleurs.
Son sang devrait payer la douleur qui me presse.
C'est là, ma sœur, c'est, sans pitié, sans tendresse,
Comme après un forfait si noir, si peu commun,
On traite les ingrats, et Thésée en est un.
Mais quoi qu'à ma vengeance un fier dépit suggère,
Mon amour est encore plus fort que ma colère.
Ma main tremble, et malgré son parjure odieux,
Je vois toujours en lui ce que j'aime le mieux.
PHÈDRE : Un revers si cruel vous rend sans doute à plaindre ;
Et vous voyant souffrir ce qu'on n'a pas dû craindre,
On conçoit aisément jusqu'où le désespoir...
ARIANE : Ah ! qu'on est éloigné de le bien concevoir !
Pour pénétrer l'horreur du tourment de mon âme,
Il faudrait qu'on sentit même ardeur, même flamme,
Qu'avec même tendresse on eût donné sa foi,
Et personne jamais n'a tant aimé que moi.

Acte II, Scène 7.
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OENARUS.
Vois par là de l'Amour le bizarre caprice.
Phèdre dans sa beauté n'a rien qui n'éblouisse.
Les charmes de sa Soeur sont à peine aussi doux,
Je n'ai qu'un mot à dire pour en être l'époux ;
Cependant, quoique aimable, et peut-être plus belle,
Je la vois, je lui parle, et ne sens rien pour elle.
Non, ce n'est ni par choix, ni par raison d'aimer,
Qu'en voyant ce qui plaît, on se laisse enflammer.
D'un aveugle penchant le charme imperceptible
Frappe, saisit, entraîne, et rend un coeur sensible,
Et par une secrète et nécessaire loi
On se livre à l'Amour sans qu'on sache pourquoi.
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OENARUS.
Ne vous offensez point, Princesse incomparable,
Si prêt à succomber au malheur qui m'accable.
Pour la dernière fois j'ai tâché d'obtenir
La triste liberté de vous entretenir.
Je la demande entière, et quoi que puisse dire
Ce feu qui malgré vous prend sur moi trop d'empire,
Vous pouvez sans scrupule en voir mon coeur atteint,
Quand pour prix de mes maux je ne veux qu'être plaint.
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THÉSÉE.
Apprenez-moi donc à ne vous plus aimer,
À briser ces liens où mon âme asservie
A mis tout ce qui fait le bonheur de ma vie.
Ces feux dont ma raison ne saurait triompher,
Apprenez-moi comment on les peut étouffer,
Comment on peut du coeur bannir le chère image...
Mais à quel sentiment ma passion m'engage !
Si la douceur d'aimer a pour vous quelque appas,
Me pourriez-vous apprendre à ne vous aimer pas ?
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Pirithous
ô Dieux ! est-ce vous qui parlez ? Ariane en beauté partout si renommée, aimant avec excès, ne serait point aimée ? Vous seriez insensible à de si doux appas ?
Thésée
Ils ont de quoi toucher, je ne l'ignore pas (...) mais quand le cœur se tait, l'Amour a beau parler.
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