Quand on déclame des textes, la poésie devient musique.
Quand on les garde pour soi, qu'on les intériorise, les poèmes deviennent alors des tableaux.
Dans cet ouvrage, "Belles rimes pour grands tableaux", les mots courent sur chaque page, s'échappent de leur matrice originelle pour s'immiscer et se blottir contre les lignes sinueuses d'un ciel étoilé torturé, s'attachent au regard doux d'un canotier, se cachent sous le feuillage d'un arbre verdoyant, glissent sur un paysage dégoulinant, se fondent sous les couleurs chatoyantes d'un brûlant à-plat, s'envolent un à un comme un vol de corbeaux...
Cet ouvrage destiné à la jeunesse marie admirablement des textes poétiques bien connus à des tableaux célèbres. Les choix sont judicieux, permettent un enrichissement mutuel entre le texte et la scène mis en parallèle et une envolée certaine du lecteur vers l'imaginaire. Ces deux langages artistiques paraissent soudainement indissociables l'un de l'autre et s'unissent naturellement de façon immuable.
Ma page préférée : celle du poème de
Ronsard, l'Ode à Cassandre illustré par un tableau de Rosetti, Lady Lilith. On y retrouve bien des éléments présents dans le poème : les roses, les plis de la robe, l'éclat de la jeunesse..
Du tableau, se dégage cette même mélancolie que celle de
Ronsard évoquant les beautés éphémères, cette même délicatesse des vers, ce même lyrisme.
Une bien belle découverte...