Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui faisait que Socrate avait tant de pouvoir sur ses disciples ? Par l’art de la maïeutique qu’il leur enseignait, par la méthode de pensée qu’il leur donnait, il leur donnait surtout un pouvoir accru sur leurs propres vies. On y revient. Et si le véritable homme de pouvoir, loin de tenir les autres en laisse par son pouvoir, n’était pas celui qui est capable d’offrir aussi l’autonomie à ceux sur qui son pouvoir s’exerce ? On serait alors loin du cliché de l’homme de pouvoir qui tient en laisse ceux sur qui son pouvoir s’exerce.
Merleau-Ponty disait : quand est-ce qu’on sait qu’il y a un vrai dialogue ? On sait qu’il y a eu un vrai dialogue quand on a produit un résultat : et finalement, on ne sait plus qui a apporté quoi. On est parvenu à instituer un être ensemble et c’est lui qui a le pouvoir de produire un vrai résultat. Le pouvoir ne vient pas de l’argumentation de l’un ou de l’autre mais de l’être ensemble, de l’intersubjectivité.
On arrive ainsi à une idée simple : le pouvoir politique de cet homme, même dans le cadre de la légitimité rationnelle légale, qui semble la plus objective, n’est pas fondé objectivement sur l’argumentation rationnelle, ni sur la Raison historique qu’il incarnerait, ni dans les institutions, mais dans la manière dont les autres hommes se représentent ce « ration-nel » et ce « légal ».
Augustin Trapenard accueille Charles Pépin, pour son essai "Vivre avec son passé", publié chez Allary Editions, Laure Murat, pour "Proust, roman familial", un essai sur le pouvoir émancipateur de la littérature édité chez Robert Laffont, Agnès Desarthe, pour "Le Château des Rentiers", paru aux Editions de l'Olivier, Nathacha Appanah, pour "La Mémoire délavée", publié au Mercure de France, et Neige Sinno, pour "Triste tigre", paru chez P.O.L. et récompensé par le prix littéraire "Le Monde 2023.