Pierre a un projet d'avenir : mourir à 20 ans, pour rejoindre son frère jumeau victime d'un accident quand il avait 10 ans. Car depuis ce drame, Pierre survit plus qu'il ne vit. Isolé, moqué et mal dans sa peau, il est sur pilote automatique et attend son heure.
Malgré tout, il reste un ado avec un corps et un coeur qui vibrent. Il aimerait aimer, il aimerait qu'on l'aime. Il aimerait qu'on le touche. Mais il est trop mal. Il a trop mal.
Seule chose qui lui vide la tête : la course. Alors Pierre enfile ses baskets, avale les kilomètres, dans l'espoir peut-être aussi, que son coeur lâche…
Ou qu'il trouve de quoi battre encore.
Difficile de faire un résumé plus gai de ce titre qui, comme je le disais plus haut, est très noir. Sous forme de journal intime, le discours de Pierre est assez glaçant. le jeune homme est triste, il est vide, il n'a envie de rien et les premiers chapitres sont assez difficiles.
Et puis, son quotidien change un peu, avec la course. Cette pratique intensive va modifier son corps et le regard que les autres portent sur lui.
Ici,
Anne Percin dresse le portrait sans concession d'un adolescent en souffrance extrême, figé dans un drame qu'il n'arrive pas à surmonter. Elle n'a pas peur de plonger au coeur de l'intime, de dire le pire, celui que l'on ressent quand on est au plus mal. Et ça sonne très juste.
Et si cela semble aussi réel, c'est aussi que ce texte, le premier de l'autrice je le rappelle, a été écrit - en partie, il y a aussi de la fiction- à partir du vécu d'
Anne Percin. La postface en dit plus sur la genèse de ce livre et l'on saisit mieux encore la justesse des propos, derrière la noirceur.
Et puis il y a quand même un peu de lumière dans ce texte. Elle se faufile, comme toujours. Il faut savoir la voir. Pierre va trouver un autre moyen de s'exprimer, de s'apaiser.
Rien n'est facile dans ce texte.
Anne Percin a pris le parti de décrire la vie telle qu'elle est parfois, dure et sans pitié. Mais elle offre aussi une part belle à la possibilité de se relever, même quand on croit que le bonheur est hors de portée.
Un texte percutant que je vous conseille grandement.