C'est comme consul que l'auteur a pris ses fonction à Kiev en juin 1990. Il en a été nommé ambassadeur 6 mois avant son départ pour l'ambassade de Moscou en janvier 1993.le journal rapporte l'évolution rapide de la République soviétique d'Ukraine vers une indépendance juridique quasi totale acquise par le referendum du 1er décembre 1991, indépendance qui fut un des facteurs de désagrégation de l'URSS et source de conflit avec la Russie. Il montre aussi l'attitude d'une diplomatie française assez pitoyable qui, à Paris, fut lente à comprendre ce bouleversement et en tirer les conséquences, contrairement à l'administration américaine. Il est aussi question des problèmes liés à la dénucléarisation de l'Ukraine, aux particularités historiques, sociologiques, linguistiques, religieuses, économiques opposant les régions orientales et occidentales du pays.
Ce livre prend la forme d'un journal. C'est un témoignage de l'activité de l'auteur, de ses entretiens avec les personnalités politiques de Kiev et des analyses qu'il envoyait à Paris. Situation exceptionnelle, il avait le privilège d'assister aux débats du parlement ukrainien, y compris lorsqu'ils portaient sur des questions militaires. C'est aussi le témoignage des difficultés matérielles auxquelles fut confronté le diplomate lors de la création du poste. le récit alterne des propos sur l'évènement majeur de l'histoire du monde qu'a constitué l'écroulement de l'URSS et en même temps relate les soucis prosaïques du quotidien d'un diplomate. Souvent quand on relate un grand événement, une catastrophe, un fait exceptionnel, la plume ou la camera s'accroche à un détail insignifiant et sans intérêt, prosaïque, comme s'il s'agissait de vérifier qu'on ne rêve pas en constatant la présence d'un objet du quotidien. Il y a un peu de ce cocktail dans le livre.
Mais indépendamment de cet aspect esthétique, de l'intérêt documentaire, de l'art qu'a l'auteur d'envoyer des piques délicieuses (et combien crédibles) à son administration , de l'intelligence et de la subtilité que manifestaient les caciques des partis communistes dans la lutte pour le pouvoir, ce livre a l'ambition sous-jacente d'une réflexion sur l'origine de la guerre actuelle
On le voit dans la chronologie, le conflit s'est explicité très tôt, dès que l'Ukraine, à l'exemple des pays baltes et de la Russie, a concrétisé son projet d'indépendance. le 16 juillet 1990 le Parlement ukrainien adoptait une déclaration de souveraineté (rédigée par son PC réactionnaire qui cherchait se mettre à l'abri des réformes provoquées par
Gorbatchev) qui. C'était une sorte de programme vers l'indépendance , laquelle fut proclamée par le parlement le 24 aout 1991.Deux jours après, le 26 aout , un communiqué du président russe Eltsine, menaçait l'Ukraine de soulever la question d'une révision des frontières dans le cas où il n'y aurait pas des accords d'alliés entre les deux pays, ce que l'Ukraine refusa obstinément dans la crainte de son puissant voisin le Parlement russe s'empara quelques temps plus tard de la question de la Crimée pour contester la légalité de son rattachement administratif à l'Ukraine en1954.
Ce journal, factuellement très riche (notamment sur l'engagement de James Baker d'une non extension de l'OTAN) n'est pas cependant une simple chronique mais aussi dans ses dernières pages une réflexion sur la recherche d'une solution