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EAN : 9782080437136
220 pages
Flammarion (21/02/2024)
3.5/5   1 notes
Résumé :
La colline est toujours plusieurs corps, c`est la force de l`apparence. Elle peut devenir le vôtre, celui du désir d`écrire, d`aimer. Alors toutes les images tourbillonnent jusqu`à vouloir suspendre le dialogue qui les nourrit, mettre la présence à l`épreuve de leur élan. Dans la vraie vie, avec les images arrive la fiction, et quand les corps touchent à ça, quelque chose se brise. La vitre des mots vole en éclats. La catastrophe affronte l`hypothèse du bonheur. C`e... >Voir plus
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          INTERLUDE
  
  
  
  
On aimerait une prose qui épouserait notre promenade, un
réel d’écriture et une dilatation d’amour dont on connaîtrait
les illusions – le sachant ne le sachant pas – la découverte
d’un lieu, la naissance d’un pas composé, aimé, pouvant
sauter le ruisseau dans l’élan des yeux, des forces en action,
la perdrix figée, le lièvre qui a peur, la phrase irait comme
ça, la lettre que je vous écrirais en même temps, bien
qu’il soit trop tôt pour nous, puis trop tard, la vie ayant
passé dans l’intervalle, les temps toujours brisés malgré ces
accompagnements et cette malice que les corps si douce-
ment montraient, si souplement la couleuvre glissant mais
trop tard aussi, les yeux n’ayant pas eu le temps, ce qui les
troublait, les trouble encore, les nôtres pourtant rompus à la
fiction mais avides d’instants, sûrs d’avoir rêvé, heureux de
n’avoir pas inventé cet éclat pareil à de la littérature quand
il n’en était pas question entre nous, et on remarque alors
qu’un paradoxe commencerait à s’affaiblir, la vigilance des
mots se mettrait à fondre, on suivrait ce qui se passe entre
nous, le cœur qui vague même s’il ne vague qu’en souffrant
et que c’est bien ici que ça a lieu, dans cette phrase main-
tenant, dans ce corps dont l’intrusion chancèle, auriez-vous
senti cela, la tactilité du récit, le ruisseau engourdi, le muret
sauté et nous voici à nouveau réunis entre deux virgules,
épris du même temps, étreints, car il s’agirait vraiment du
même temps mais c’est invraisemblable de le sentir seule-
ment sans le vivre, sans l’avoir vécu, sans même l’avoir écrit,
ce grand chambardement d’images peintes, dites ou nues
quelle différence ? la prose témoignerait pour les corps,
l’image nue serait la première, celle des yeux qu’on a dans
la tête – le sachant, ne le sachant pas – venue de l’optique,
le corps en étant le tenant, le physiologue averti, sommé de
prendre la main pour choisir le ruisseau, le sentier et c’est à
ce moment précis que la prose explose, laissant le texte en
miettes, la vie irrattrapable là, de plein fouet, on se retourne
et presque rien n’est arrivé.
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                VI
  
  
  
  
Le genêt se répand, trempe dans le jaune. L’image est pas-
sée et repartie. Dans le corps elle a changé de nature. Jaune
est le nom de cette modification, le pivot du désir quand
les yeux tournent, se retournent, écrivent qu’ils le font,
se perdent dans la phrase qui boîte, vont dans le paysage
pour calmer la douleur, dans l’image pour son silence. Ils
reviennent chargés d’invitations, de déceptions, spécifique-
ment hachés dans le corps et prêts à tout. Tête penchée,
joues en feu.

23 février

-Comment éviter le malheur de ne pas vivre dans le même
monde, si les images ne se superposent pas, si les paysages
s’additionnent sans résultat ?

Les aperçus, les bribes, les éclaboussures : ce serait la défi-
nition du désir. Des pans de genêts à l’intérieur d’un flux
silencieux…

-Ce serait le bonheur ?

-Ce serait l’heure riche de la distance et de la divagation.
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Préambule :
  
  
  

L’oubli, si souvent traversé au présent, devient vite l’inou-
bliable : ce qui ne peut que resurgir par quelque biais, par
la langue et par toutes sortes de pressions pour dégager et
extraire ce qui fut violemment incorporé. L’inoubliable, ou
l’enterré vivant en nous. Le vécu le plus intense étant aussi
le perdu le plus profond ; la mémoire, un horizon pour se
mettre en route, et le présent ce que l’on souhaite vivre
mais qui s’efface à mesure : le désir même, la puissance
d’éloignement du désir.

Vous – la plurielle revenue des ombres – êtes occupée
dans des images qui agissent et se répètent. Vous parlez
derrière un mur d’air. Vous ne répondez qu’en bougeant
dans l’image, sous la protection du silence. Puisque aussi
bien la colline est un corps, le vôtre peut en répondre. Vous
absorbez l’entière intimité de l’érotique du monde.

Intruse convoitée, étincelles de la biographie, auriez-vous
fait de nous des personnages, comme dans les livres ?


p.12
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I
  
  
  
  
8 octobre

Colline est votre nom en paysage, en flaques citron et rose
sommeil. Sa récurrence nomme l’arc-boutement du désir,
d’autant plus violent que tout est réel, même l’interpréta-
tion des songes. D’où la douleur de la langue dans l’exten-
sion du bois, vers nos espaces inconjugables, juxtaposés tels
des mots s’envolant d’une bouche close vers l’image où
vous souriez.

Avec le langage, nous n’allons que de l’avant, mais plombés
autant que remorqués. L’image, le paysage qui reviennent
en boucle nourrissent cette avance qui ne sait plus qu’ou-
vrir un corps éperdu, virant telle une buse autour du rose
évanoui.


p.17
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I
  
  
  
  
9 octobre

Que les images grâce auxquelles nous vivons nous satis-
fassent, elles qui sont capables à la fois d’enclore et de feindre
la grande volatilité de ce qui arrive, qu’elles demandent
toujours plus de précisions, qu’elles réclament aussi d’ac-
complir l’apparence, d’exaucer ce que nous y avons vu et
de trouver une parade à n’être que des images, à regretter
leur empire, à dénoncer leurs œuvres et leur pouvoir, oui,
qu’elles nous satisfassent néanmoins.

Jaune qui monte, rose qui fleuve ; et vous en faites partie
au même titre que la soie du genêt, l’absorption du renard.

Images puissantes, inlassables, comme les phrases qui vont
et viennent, vont et reviennent, vont pour revenir sur la
déchirure où elles naissent, la douleur qu’elles aggravent,
le désir qu’elles augmentent. Images qui auront dévié la
violence en la réalisant autrement, l’autrement de la langue
à côté de l’autrement de l’image, de la jupe aux cheveux
courts, de la douceur obtenue.

Appliquant au paysage l’ensemble et l’immensité des ques-
tions, l’ensemble et l’immensité de la nuit qui tombe, du
noir qui gagne votre épaule, monte sous les paupières.

« Je pense que c’est le désir sexuel qui retient l’art à l’inté-
rieur de la figuration. »


p.18
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