C'est le 3ème roman de
Laurence Peyrin que je lis, et je suis toujours aussi fan ! Les couvertures font penser à de la littérature sentimentale, un peu "roman de gare", mais dès qu'on commence la lecture on constate que ça n'a rien à voir. L'auteure nous emmène dans le Sud des Etats-Unis, principalement en 1963. C'est son époque de prédilection et elle en connaît manifestement bien l'histoire.
"
Ma Chérie", c'est d'abord Gloria Mercy Hope Merriman, née en 1933 à Chooga Pines, un bled perdu en Floride, et pas vraiment bien partie dans la vie...Soeur Bigleuse est son surnom, et elle n'a qu'un seul ami, Benjamin, avec qui elle fait les 400 coups.
Mais comme souvent, le vilain petit canard se métamorphose en un beau cygne, et Soeur Bigleuse devient Miss Floride en 1952, mannequin à Miami, et après un mariage bancal, rencontre Gerry
Grayson, un riche agent immobilier qui fait d'elle sa maîtresse. Pendant 10 ans, elle va côtoyer le gratin des quartiers chics de Miami, habiter une splendide villa et avoir des "amies" tout aussi privilégiées qu'elle. Elle devient "
Ma Chérie", et oublie peu à peu d'où elle vient.
Bien sirupeux tout ça, me direz-vous... Oui, mais tout va basculer en quelques heures, après l'arrestation de G.G pour escroquerie et par conséquent la fin du rêve pour
Ma Chérie qui va brutalement redevenir Gloria.
Et c'est là que l'histoire devient beaucoup plus profonde, car l'héroïne, lâchée par toutes ses relations et obligée de revenir chez ses parents sans un sou, va se retrouver confrontée à certaines réalités de son époque dont elle ignorait tout dans son cocon bourgeois. La ségrégation raciale, qu'elle découvre en laissant s'asseoir à côté d'elle Marcus dans le car qui la ramène à Chooga Pines. Marcus est noir, ce qui vaudra à Gloria nombre de regards critiques dans cette Floride profonde, mais cela ne les empêchera pas de sympathiser et de se revoir plus tard. Gloria découvrira également les séquelles laissées par la guerre de Corée chez ses survivants (dont fait partie Benjamin, son ami d'enfance, avec qui elle renouera des liens compliqués). Elle-même n'est pas sortie indemne de sa "chute sociale" et va devoir réapprendre à se connaître et à se prendre en main, notamment en travaillant dans le restaurant de sa pire ennemie d'autrefois.
Je ne veux pas trop en dévoiler, mais comme pour "
Miss Cyclone" ou "La drôle de vie de
Zelda Zonk", je me suis vraiment plongée avec délices dans ce roman, et je suis impatiente d'attaquer "
L'aile des vierges" qui m'attend à la bibliothèque.
Laurence Peyrin fait vraiment partie des auteurs que j'apprécie, tant pour ses qualités d'écriture que pour l'intérêt des thèmes de ses romans. Ne vous arrêtez surtout pas aux couvertures, vous passeriez vraiment à côté de personnages bien plus complexes qu'on ne le croirait.