AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081511750
200 pages
Flammarion (12/05/2021)
3.82/5   25 notes
Résumé :
Journaliste de mode, Alice Pfeiffer observe ses collègues accumuler des pièces fabuleuses au fil des collections, des saisons et des ventes presse. Pas elle. Pour son plus grand plaisir,
elle collectionne « les trucs moches ».
Ce que l’on nomme « moche » touche souvent à l’affect, au rire, ou encore au réconfort.
Et il est tendance : pensons aux chaussures Crocs, aux concours des pulls moches de Noël, jusqu'aux nains de jardin dans l’art contemp... >Voir plus
Que lire après Le goût du mocheVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Alice Pfeiffer est journaliste de mode. Dans cet essai, elle s'interroge sur son propre « goût du moche », c'est-à-dire son appétence particulière pour les objets laids, les objets en plastique fabriqués en série, par exemple. Elle essaie de comprendre d'où lui vient ce goût, s'interroge sur son enfance, son habitus aussi, pour tenter d'élargir ses observations empiriques (ou plutôt ses sensations, ses élans vers le moche) en les analysant à travers des théories sociologiques ou en donnant des exemples concernant l'art, en particulier l'art contemporain et ses théorisations. Elle compare ainsi le « moche » avec d'autres concepts proches comme le kitsch, le vulgaire, ou même le laid.
Beaucoup d'exemples sont donnés, parfois même accumulés, mais la lecture n'est pas si aisée car il n'y a aucune illustration et cela manque beaucoup. On veut voir, on veut admirer par nous-mêmes toute cette mocheté ! Les références nous y invitent, et le livre aurait dès lors mérité d'être éclairé par des photographies bien choisies.
Commenter  J’apprécie          40
Avez vous pensé que ce qui est moche pour vous peut être le summum de la beauté pour l'autre. En partant des théories de Bourdieu sur la notion "de distinction sociale", l'auteure tente de nous expliquer ce qu'est le "goût" en général et en particulier celui du "moche" en subdivisant les chapitres des différents mots du laid: soit le ratage, le kitsch, le ringard, le vulgaire, le dégueulasse, le joli-laid et le néo-moche .
J'avais écouté sur Arte dans "28 minutes" Alice Pfeiffer présenter son livre avec beaucoup d'humour, j'ai été un peu déçue en le lisant, je n'ai pas appris grand chose à ce niveau.
Merci en tout cas à masse critique pour cet envoi.
Commenter  J’apprécie          50
Dans cet essai, Alice Pfeiffer fait le pari de « délimiter et cartographier les différentes émanations du moche ». Je l'avais découvert l'année dernière dans l'émission L'été comme jamais sur France Inter. La journaliste de mode, passe en revue tout ce qui peut être perçu comme « moche » : le raté, le kitsch, le ringard, le vulgaire, le dégueulasse…

Elle explique que la définition de ce qui est moche, ou non, est une question qui a beaucoup à voir avec la classe sociale de la personne qui parle. En effet, le décalage ne peut être compris qu'en appartenant à un même univers de référence.

Elle affirme également que le moche s'inscrit dans une durée relativement proche et est donc finalement assez éphémère. C'est une question de moment : quelque chose de moche a un moment donné peut être perçu comme « radical » à un autre et même tendance, par la suite.

J'ai trouvé ce livre étonnant, et curieusement, plutôt beau (ce jaune fluo émanant de la reliure… ce texte violet et ondulant…) ! L'ensemble est bien écrit et se lit assez rapidement. le moche, c'est un sujet qui paraît trivial mais qui est finalement très intéressant d'un point de vue sociologique !
Commenter  J’apprécie          20
Un savoureux manifeste du mauvais goût à l'usage des amateurs de kitsch de tout bord. Lorsque le moche et le ringard s'élèvent à hauteur d'art c'est l'occasion de réfléchir à ces notions souvent galvaudées. Alice Pfeiffer, journaliste de mode qui cache à tous son amour du moche et du ringard, à l'opposé des tendances dont elle fait la promotion à longueur de journée. A partir de sa propre expérience et de références littéraires pertinentes elle démontre que le moche n'est jamais le contraire du beau. En marge des normes esthétiques, un objet "déclassé" passe à la vitesse grand v de désirable à rebutant, sauf pour certains esprits décalés, qui aiment à vivre à contre-courant... Comment une veste à frange à la pointe des seventies est ressortie des placard par une jeune fille des années 90 qui la trouve trop classe, au grand désespoir de ses parents ! Car la mécanique cyclique de la mode est à l'oeuvre dans ce permanent passage du moderne au ringard, d'autant que de nos jours les codes sont bouleversés par un changement frénétique des prescriptions vestimentaires. le moche était aussi, et il ne faudrait pas l'oublier, l'expression d'un mépris de classe pour devenir aujourd'hui un objet de récupération, de prestige, dans un grand processus de réhabilitation. Un ouvrage décomplexant, qui pique un peu les yeux mais reste passionnant et percutant !
Commenter  J’apprécie          10
Le goût du moche est un essai un peu ovni écrit par la journaliste de mode Alice Pfeiffer. Derrière cette sublimissime couverture se cache une intéressante théorie sur ce qu'est le goût, spécifiquement du moche, et en quoi il est intrinsèquement lié à la classe sociale. L'idée de ce livre lui est venu, je cite, "d'une interrogation intime" sur sa passion inexplicable des objets "objectivement affreux". Elle évoque au fil des pages le kitsch, le ringard, le dégueulasse ou encore le vulgaire en les interrogeant d'un point de vue sociétal. J'ai trouvé intéressant qu'Alice Pfeiffer évoque sa "position" de privilégiée (Parisienne, bourgeoise, blanche) car elle lui permet de parler et d'aimer le moche sans être moquée.
Bémol : j'aurais aimé en lire plus sur ce néo-moche, ce joli-laid ou ce kitsch, en effet les chapitres sont un peu courts !
Merci à Babelio pour cet envoi !
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
Liberation
09 septembre 2021
Comme Alice Pfeiffer a le verbe alerte, c’est souvent très drôle [...]. Mais au-delà des anecdotes, elle décortique très bien les enjeux sociaux, politiques et moraux que brasse le jugement de «moche» (et autres «kitsch», «ringard», «plouc»…), mais aussi l’outil de résistance à la doxa que le moche peut être, tout en devenant parfois prescripteur à son tour.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Des bottes UGG évoquant des pattes d'ours aux sandales Crocs en silicone pastel, ce que beaucoup nomment laid touche souvent à l'affect, au rire, au (ré) confort, au souvenir, qualités auxquelles on accorde une importance autre qu'à l'esthétique pure, habituellement dominante, et qui peuvent devenir un geste quasiment punk. Rien ne m'est plus jubilatoire que de voir une foule s'offusquer dans le métro à la vue d'un tatouage vaguement tribal ou d'une fausse fourrure criarde. C'est ce qui m'a toujours plu dans le disgracieux : en occultant les goûts dominants, pour ne pas dire "dominateurs", il questionne et transgresse l'ordre moral. (p. 26)
Commenter  J’apprécie          10
Le laid possède une forme de puissance, de noblesse, mobilisant des émotions plus terrifiantes que ridicule : Il a pour synonyme horrible, odieux, repoussant, affligeant, outrageant. Le moche, lui, est son petit frère dénigré, associé au minable, au méprisable, à l'indigne. Il se déploie dans une tradition de grotesque, de cocasse, d'absurde, dénué de toute force ou valorisation. Plus familier que le laid, il est également employé pour désigner une action ne dit-on pas « c'est moche ce que tu as fait » ? Autrefois le terme mocheté désignait avant tout de l'immoralité.
Commenter  J’apprécie          10
J'y lis une historicité joyeuse, l'arrivée de la production en masse qui me fait sourire, d'un rêve technologique aujourd'hui poussiéreux, mais qui ne m'effraie pas compte tenu de la distance temporelle que je reconnais à l'objet. Ce passé n'est pas le mien, ne révèle rien de moi si ce n'est ma propre jeunesse. Pour mes parents, c'est une erreur stylistique à oublier le plus vite possible. Cette veste, et le passé qui continue de l'alourdir, s'éloigne d'un classicisme intemporel et de rigueur - et vient souligner leur propre embourgeoisement ainsi que leur âge. (pp. 77-78)
Commenter  J’apprécie          00
Quel lien entre le moche et l'individu ? Voici le premier dilemme auquel se heurte toute description et hiérarchisation de l'apparence : ce que l'on trouve laid n'a rien ou presque d'objectif, et est intimement lié à une classe, une communauté. En décrétant l'aspect vilain d'un objet, on en mesure la distance et on se positionne socialement. (p. 28)
Commenter  J’apprécie          00
En ce sens, le moche est un moment et non une qualité figée, un instant où se croisent les projections, les peurs, les tabous, et qui évoluera dans la perception, entre les générations, à travers un pays et même une ville. Plastique et politique, mutant dans sa forme, ancien dans l'effet généré... (p. 33)
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Alice Pfeiffer (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alice Pfeiffer
Le moche n'est pas l'inverse du beau mais il se construit en opposition à celui-ci. Il se dresse contre les codes esthétiques en place. Alice Pfeiffer, journaliste de mode, fait l'analyse du laid dans "Le goût du moche" (Flammarion).
autres livres classés : laideurVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Alice Pfeiffer (1) Voir plus

Lecteurs (83) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}