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EAN : 9782021413663
480 pages
Seuil (16/04/2019)
3.95/5   11 notes
Résumé :
18 septembre 1961, peu après minuit. Une épave de quadrimoteur gît dans la brousse rhodésienne, au cœur de l'Afrique. À bord de la carcasse fumante, seize corps, dont celui de " Monsieur H ", Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l'ONU. Est-ce un banal accident d'avion ? Ou bien ce courageux diplomate suédois, qui tentait de régler la crise du Katanga au Congo, a-t-il été victime d'un complot ? Ainsi commence l'une des plus grandes énigmes de l'après-guerre.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Quelqu'un devait prendre les choses en main au Katanga, ce trou noir menaçant d'engouffrer le coeur du continent africain dans une guerre sans fin ».

Nous sommes en 1961 la décolonisation de l'Afrique est en marche. Mais dans l'ancien Congo belge, tout juste indépendant, la province du Katanga a fait sécession — soutenue par des Occidentaux qui y ont des intérêts — après quoi, pour éviter le démantèlement du pays, l'ONU a lancé deux opérations militaires contre les mercenaires katangais.

Une situation pour le secrétaire général aux Nations Unis favorable à l'autodétermination, Dag Hammarskjöld, qui nécessite selon lui, dans un souci de pacification, qu'il aille sur place rencontrer coûte que coûte le dirigeant séparatiste katangais, Moïse Tshombé, en fuite à Ndola depuis l'intervention des Casques bleus. C'est ainsi que le 18 septembre 1961, après avoir atterri à Léopoldville, Monsieur H prend le DC-6 de l'ONU, l'Albertina, pour la ville de Rhodésie du nord voisine du Katanga où l'attend Tshombé. Il n'y arrivera jamais, la carcasse fumante de l'avion et seize corps dont celui de Hammarskjöld sont retrouvés quelques heures plus tard dans la brousse rhodésienne.

Attentat ou accident, aujourd'hui on s'interroge encore, la preuve en est qu'en 2016 l'ONU a décidé de rouvrir le dossier. de son côté, le journaliste Maurin Picard a enquêté, parcourant le monde à la rencontre d'historiens, d'universitaires, de journalistes et des rares témoins encore vivants. Avec patience et détermination, malgré le temps écoulé et les documents classifiés, il s'est appliqué à reconstituer le contexte du moment, celui de l'après colonisation et de la guerre froide dans le maelström politique africain.

Rédigé d'une écriture fluide et étayé par un conséquent travail de recherche, un essai agréable à lire et d'un grand intérêt pour le contexte géopolitique, économique et financier qu'il décrit. le seul bémol est peut-être la thèse qu'il défend, celle d'une énième thèse conspirationniste.

Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil.
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Ils ont tué Monsieur H Maurin Picard le Seuil.

Merci beaucoup aux éditions du Seuil et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir cette enquête approfondie sur un personnage politique international méconnu et dont la fin tragique est tombée dans l'oubli et les faits divers de la guerre froide.
Cette affaire de 1961 que l'auteur nous relate représente un gros travail d'enquête journalistique entravée par les versions officielles et les archives encore inaccessibles.
C'est donc une lecture passionnante pour découvrir un pan de l'Histoire de la décolonisation et de ses conséquences à l'échelle internationale en plein conflit Est/Ouest.
La plume d'un romancier et la verve d'un journaliste rendent la lecture de cet ouvrage facile et prenante.
Nous sommes ici face à un essai écrit par un journaliste à destination du grand public.
Le travail d'enquête est extrêmement présent mais peu et/ou mal référencé. le manque de précision dans les notes de bas de page est pour moi rédhibitoire, je parle ici en particulier du référencement des sources utilisées qui ne sont pas citées au fil de la lecture bien que l'on puisse noter la présence d'une bibliographie et d'un index en fin d'ouvrage. L'attention est cependant portée sur le détail, je remercie particulièrement la note de la page 183 de me donner la conversion de 1000 pieds en mètres !
Cela n'enlève rien au travail d'enquête et à la qualité de celui-ci !
Je conseille cette lecture pour ceux en quête d'un ouvrage fourni, détaillé et donnant un nouvel éclairage sur l'affaire de Monsieur H.
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Le 18 septembre 1961, l'Albertina, le DC-6 transportant de Léopoldville à Ndola Dag Hammarskjöld, le Secrétaire général des Nations unies, disparaissait subitement des écrans radars. L'épave et les corps des 16 passagers et membres d'équipage furent retrouvés quelques heures plus tard dans la brousse rhodésienne. L'enquête officielle conclut à un accident suspect, malgré les fortes réserves d'investigateurs privés.

Le déplacement du SG en Afrique centrale n'avait rien d'une promenade de santé et était même considéré à haut risque. Suite à la sécession de la province du Katanga, intervenue quelques jours après l'Indépendance de la République démocratique du Congo en juillet 1960 et soutenue par les puissances et les intérêts occidentaux, plusieurs événements agitèrent la région ; ils débutèrent par l'opération Rum Punch des forces de l'ONU visant à neutraliser les mercenaires (essentiellement français) sur lesquels s'appuyait Moïse Tshombé, qui fut suivie de l'opération Morthor, déclenchée cette fois-ci sans l'aval du SG, dans l'espoir d'écraser totalement l'armée katangaise. Les deux furent très mal reçues par les États occidentaux qui souhaitaient le maintien d'une forte autonomie du Katanga pour des raisons économiques (ressources minières) et géopolitiques (lutte contre l'influence soviétique). C'est dans ce contexte qu'Hammarskjöld entama son ultime voyage au Congo, convaincu que de la réussite de sa mission pour éviter le morcellement du Congo dépendait son maintien à la tête de l'organisation et la survie des Nations unies, dont le rôle était contesté par l'URSS, voire même l'avenir même de la paix dans le monde. Nombreux étaient donc ceux qui souhaitaient « rogner les ailes du secrétariat » et avaient même intérêt à voir disparaître son chef.

Maurin Picard, journaliste, spécialiste des USA et des missions de maintien de la paix par les Casques bleus, rouvre le dossier et se livre à une enquête minutieuse, rendue difficile par l'ancienneté des faits – 58 ans – et la disparition de la plupart des témoins. Il décrit d'emblée un contexte particulièrement complexe du fait des intérêts en jeu : économiques et mercantiles avec l'exploitation des richesses géologiques de la Copperbelt katangaise gérée par des compagnies occidentales réunies au sein de l'Union minière du Haut-Katanga, une entité anglo-belge ; stratégiques du fait des visées des deux blocs alors en présence ; idéologiques, le régime sud-africain de l'apartheid devant faire face aux mouvements indépendantistes en Afrique centrale et australe, en particulier en Rhodésie du Nord, qui deviendra la Zambie en 1964, et en Rhodésie du Sud, qui deviendra le Zimbabwe quelques années plus tard (et non le Mozambique comme le signale de manière erronée la carte de la page 35).

L'enquête emmène le lecteur au coeur du bois d'acacias où l'avion s'est écrasé, mais aussi aux Nations unies à New York, en Suède d'où étaient originaires le SG et les membres de l'équipage, en France, en Angleterre et en Belgique. La reconstitution des préparatifs et du vol du quadrimoteur au dessus du Congo alterne avec les témoignages des rares survivants du drame : des diplomates et des hauts fonctionnaires, mais aussi des mercenaires, des « affreux », pour reprendre la terminologie de l'époque. Maurin Picard tient le lecteur en haleine, émet des hypothèses argumentées qu'il n'hésite pas à remettre en cause s'il n'arrive pas à trouver des éléments qui les justifieraient, et reprend patiemment sa recherche. On va ainsi de rebondissement en rebondissement. Son travail est en tous points remarquable – les informations techniques sur le vol et la reconstitution du crash sont par exemple d'une précision extrême – fait de Ils ont tué Monsieur H un essai passionnant même si, malgré un index des noms et une table des sigles, ainsi qu'un inventaire des arguments à mi-parcours (p. 170), le lecteur se retrouve parfois noyé sous les détails.

Dag Hammarskjöld était un grand Secrétaire général de l'ONU, de par sa vision politique et son courage. Son multilatéralisme et son refus de choisir entre le camp occidental et le camp soviétique, son engagement sincère en faveur de la décolonisation et des Etats nouvellement indépendants, notamment en Afrique, et contre le régime sud-africain de l'Apartheid, lui valurent critiques et inimitiés de la part de beaucoup de pays, la France et le Royaume-Uni en particulier. Cela pouvait-il aller jusqu'à l'élimination physique de celui qui se révélait « plus général que secrétaire » ? Maurin Picard en est persuadé et parle de « crime presque parfait » dans son avant-propos. A défaut de pouvoir démontrer de façon irréfutable la thèse du complot, il va à l'encontre de la thèse officielle de l'ONU qui « ne pensait qu'à rabattre le couvercle sur cette interminable affaire » et conclut un an après le drame à un accident suspect, sans aller plus avant.

Extrêmement documenté pour ce qui concerne les diverses hypothèses sur la préparation et la réalisation de la destruction du DC-6 – comme il a été dit plus haut, on s'y perd un peu, mais le chapitre 24 « Reconstitution » constitue une bonne synthèse – le livre se révèle très intéressant quand il aborde les raisons politiques qui auraient pu être à l'origine de l'élimination de Dag Hammarskjöld : ambitions françaises au Congo alors que l'influence belge vacille et prémices de la « Françafrique », maintien de la position stratégique britannique en Rhodésie, obsession des Etats-Unis pour la lutte contre le communisme international... Alors que les nations occidentales et les « boutiquiers » français, anglais et sud-africains voulaient ardemment continuer à gérer l'Afrique, surtout celle qui regorge de ressources géologiques, le Secrétaire général n'a-t-il pas été « la victime de certains cercles financiers pour lesquels une vie humaine ne vaut pas un simple gramme de cuivre ou d'uranium » ?

Ils ont tué Monsieur H mérite une lecture approfondie pour qui souhaite revenir sur un événement important de la politique menée en Afrique suite aux décolonisations. L'auteur se garde bien d'apporter une réponse définitive et de soulever la chape de plomb qui pèse sur ce qu'il qualifie lui-même de whodunit, un polar à énigme où tous les protagonistes pourraient être coupables. Il a toutefois le mérite, au regard des informations dont il a pu disposer – des documents ont été détruits et de nombreuses archives sont encore classifiées – d'ouvrir des pistes sur une « conjuration des opportunistes » visant à faire disparaître celui qui souhaitait que l'Organisation des Nations unies soit un acteur à part entière de la politique mondiale. Une question se pose toutefois à laquelle le livre n'apporte pas de réponse : la démarche de Dag Hammarskjöld, qui privilégiait la négociation pour éviter le morcellement du Congo, avait-elle le soutien de l'Organisation ? le déclenchement sans son aval de l'opération Morthor permet d'en douter et peut laisser penser qu'il ne fut peut-être qu'un visionnaire solitaire qui aura finalement payé le prix de son idéal.

Merci à Babelio (masse critique) et aux Editions du Seuil.

Lien : http://www.polars-africains...
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Le lecteur que je suis aurait pu craindre de s'ennuyer. Plus de 400 pages sur une enquête portant sur des faits âgés de 58 ans, pour lesquels on a beaucoup écrit déjà.
Il n'en est rien. le style donne de l'actualité à ces faits, ainsi que le contenu même du livre lorsque l'auteur partage ses voyages, mais aussi ses doutes, ses frustrations et moments d'enthousiasme.
En fin d'ouvrage, la chronologie purement factuelle et avérée des évènements est très précieuse pour aboutir à une conclusion objective.
Elle montre aussi que l'auteur a été clairvoyant et persévérant. Sans omettre les enseignements qu'un tel drame nous apporte encore aujourd'hui.
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critiques presse (3)
LeFigaro
10 mai 2019
Une enquête fouillée sur les conditions douteuses de la mort du secrétaire général de l’ONU en 1961, dans un crash aérien.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LePoint
03 mai 2019
Le livre est plus passionnant qu'un polar, car, à la fin de la lecture, personne ne sait qui est le coupable.
Lire la critique sur le site : LePoint
Liberation
02 mai 2019
Plus d’un demi-siècle après les faits, le journaliste Maurin Picard lève le voile sur cette affaire stupéfiante et signe une enquête brillante façon polar.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tous les hommes rêvent, mais pas forcément de la même manière.
Ceux qui rêvent la nuit dans les confins poussiéreux de leurs âmes se réveillent avec le jour pour réaliser ce qui n'était que vanité.
Mais les rêveurs de jour sont des hommes dangereux, car ils pourraient vivre leur rêve les yeux grands ouverts, et le réaliser.


(Colonel T.E. Lawrence, introduction supprimée aux Sept piliers de la sagesse, 1926)
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J’attends
là, où ils m’ont mis
tout nu devant la cible,
cloué par les premières flèches.
L’arc se tend encore.
La flèche siffle
et me manque.
Est-ce qu’ils jouent ?
La main a-t-elle tremblé ?
Où est-ce le vent ?
Qu’ai-je à craindre ?
S’ils atteignent leur but
et me tuent,
pourquoi pleurer ?
D’autres m’ont précédé.
D’autres me suivront

(Dag Hammarskjöld, New York, 8 juin 1961)
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Le courage n’est pas donné à tous les hommes, lorsqu’ils se trouvent placés dans des circonstances extrêmes. La faculté d’agir, quand tout semble perdu ou compromis, distingue des êtres rares, prêts à risquer leur vie, en s’accrochant au plus ténu des espoirs. Ces individus-là ont le pouvoir de changer le cours des événements.
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Les contours de la conjuration tiennent du mirage, apparaissant et disparaissant à mesure que les pistes nouvelles s’ouvrent et parfois se referment.
Il en ressort des certitudes quant à l’identité des commanditaires et des exécutants, au mobile des uns et des autres, aux préparatifs de l’attentat et aux moyens employés. Mais point de preuve à charge discutable, si l’on excepte les témoignages des charbonniers.
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Le 27 mai 1980, le vieux lion rhodésien, âgé de soixante-treize ans, lui signifie une fin de non-recevoir, un brin moqueur : « Je comprends ce que les Suédois éprouvent. Ils n’ont pas eu de héros depuis Charles VII. Et bien sûr, il est très difficile d’avaler que la mort du seul homme qui ait réussi sur la scène mondiale toutes ces années soit due à la faute d’un pilote suédois. C’est dur à avaler. »
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Des héros ordinaires.
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