"Je voulais des changements, de l'excitation, je voulais moi-même partir dans toutes les directions, comme les fusées colorées du 4 juillet." (
La cloche de détresse, P.116 -
Sylvia Plath)
Sylvia Plath, poétesse et auteur du roman La cloche de la détresse, épouse du poète
Ted Hughes dont elle venait de se séparer, a été retrouvée morte aux premières heures du 11 février 1963, après avoir été intoxiquée par le gaz en mettant sa tête dans le four. Ses deux jeunes enfants dormaient dans la pièce voisine. Ce suicide à l'âge de 30 ans a fait d'elle une légende et une héroïne romantique.
Coline Pierré a été impressionnée et inspirée par la lecture des Journaux de
Sylvia Plath de 1950 à 1962, qui montrent les débuts d'une jeune écrivaine. Elle lui rend hommage dans cette uchronie, où elle invente une réalité alternative à cette terrible tragédie : Et si
Sylvia Plath n'était pas morte ? Dans cette fiction, l'auteur offre à
Sylvia Plath sa revanche sur la vie, et la sort du mythe qui l'entoure. Nous suivons donc Sylvia qui tente de reprendre goût à la vie après son suicide raté.
"Au fond, son destin à elle, se demande Sylvia, n'était-il pas plutôt de mourir avec le vieux monde. de disparaître avant de devenir ringarde? Elle veut être le changement."
Bien que la société mette un frein à l'ambition des femmes qui veulent être plus que de simples femmes au foyer, la société londonienne est en pleine ébullition et en plein changement, notamment avec le phénomène des Beatles. Sylvia vit dans l'ombre écrasante de son mari et est jalouse de sa liberté, elle qui veut "etre une poétesse, une intellectuelle et une femme et une mère et une amie et une épouse et une amante sans hiérarchie." le chemin vers la guérison et l'acceptation est long, mais elle rencontre deux femmes, Greta, qui veut adapter
La cloche de détresse en comédie musicale, et Simone, sa baby sitter française, avec qui elle se lie d'amitié et qui la soutiendront.
J'ai beaucoup aimé me plonger dans l'atmosphère de Londres en 1963, que
Coline Pierre rend très visuelle avec la musique, les vêtements et les touches de couleur. J'ai aussi adoré découvrir une héroïne sensible, si humaine avec ses faiblesses et ses doutes, qui nous renvoie à nous-mêmes car ne voulons-nous pas être libres, être tout et vivre intensément ? Un livre à l'image de sa couverture : pop et frais ! J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, grâce à la plume poétique de l'auteure, et il m'a donné envie de lire d'autres ouvrages de
Sylvia Plath.
"Je me suis assise sur la fourche de ce figuier, mourant de faim simplement parce que je ne parvenais pas à décider quelle figue j'allais manger. Je les voulais toutes, mais en choisir une signifiait perdre toutes les autres." (
La cloche de détresse, P.108 -
Sylvia Plath)